orphelins de l'Éden

10.31.2008

vision

En travaillant aujourd'hui, mon esprit a erré. Sautillant d'une idée qui menait à une autre, je suis arrivée à penser que si j'avais mon mot à dire dans un regroupement d'individus vivant ensemble selon certaines règles de vie, du genre une communauté reliée par des valeurs similaires, je proposerais ceci: quand un membre du groupe aurait besoin d'un remontant moral, l'ensemble se réunirait pour se concentrer sur la guérison spirituel de cet être affaibli en se recueillant soit par la prière, soit par la visualisation, soit par la méditation. Chaque participant contribuerait à augmenter l'intensité énergétique d'une entité vivante en la bombardant d'amour, de réconfort, d'enveloppement.

Et puis, cette pensée m'a amenée à revisiter une parenthèse de ma vie survenue entre les rues Bélanger et Jean-Talon, sur l'avenue Papineau, qui a pris lieu il y a environ cinq ans. Je me souviens que j'étais avec mon amoureux, près du véhicule. Je ne sais plus comment cet homme et moi avons commencé à parler, mais je me souviens qu'il était hispanophone et qu'il s'exprimait dans un anglais approximatif. Je crois qu'il sortait de l'église à deux pas de là, institution religieuse que je n'avais jamais vraiment remarquée avant ce moment, bien que je venais d'habiter le coin pendant quatre ans. L'homme parlait avec exaltation. Nous en sommes rapidement arrivés à la foi. Il m'a dit qu'il avait vécu un miracle, un véritable miracle, du genre de celui qui a permis l'érection de l'Oratoire. Il m'a raconté que quelqu'un dans son village natal, une femme, était tombée gravement malade. Grabataire, elle en était à rendre l'âme lorsque tous les villageois se sont réunis pour prier collectivement pendant toute une nuit. Un peu comme une veillée mortuaire, mais avant que l'âme ne quitte pour de bon. Un dernier cri du coeur lancé à cette force vitale qui insuffle tout et chaque chose. Entends-nous t'implorer de demeurer dans elle encore un peu plus longtemps, réponds à notre requête de gens l'aimant et lui souhaitant un sursis. L'homme croit au miracle parce qu'au petit matin, la femme a repris du mieux et a poursuivi sa vie encore quelques années, complètement remise sur pieds malgré l'avis des scientifiques qui l'avait condamnée à six pieds sous terre, sans possibilité de s'en tirer.

Puis mon esprit a repensé à cette autre conversation échangée avec un autre étranger, dans un salon de thé de la rue Émery cette fois-là. Le jeune homme et moi jouions au go. Pendant que nous déployions nos stratégies à la chinoise, nous parlions de nos croyances, de nos espoirs, de nos impressions d'humains sur cette croûte. Il me raconta qu'il avait lu quelque chose à propos d'une manifestation pacifique qui avait eu lieu dans la région de la ville de Washington il y a plusieurs années maintenant. Des milliers de gens s'étaient réunis pour prier ensemble dans les endroits publics. Pendant cette période de recueillement à grande échelle, le niveau de criminalité avait baissé de façon si significative dans la cité habituellement minée par une sourde agressivité que la corrélation avait été rendue évidente. Claire et nette. Le taux vibratoire de l'ensemble, concentré sur une fréquence paisible et positive, avait influé sur l'énergie collective des autres humains se trouvant dans un rayon de proximité significatif.

Imaginez le pouvoir de tous les monastères de la Terre réunis ensemble, ces châteaux forts de la bonne vibration. Imaginez maintenant de changer nos façons de nous comporter dans les familles et d'adopter ce genre d'option, ce genre de transfusion empathique pour un de la meute. Imaginez tous les rapprochements certains, tous les maux pansés. Reste à savoir si l'humain, l'homme, l'individu, l'individualiste, est rendu là, s'il est prêt à mettre de côté son nombril pour devenir un canal, un transmetteur, un capteur. Et puis d'abord, qui de nos jours se recueillent consciemment, intentionnellement? Qui osent partager ces expériences avec leur entourage? En dehors des regroupements spirituels, qui s'aventure sur le chemin de la connection avec le grand tout, le grand manitou? Qui parle à lui-même sous les réverbères d'une rue endormie?

10.29.2008

au bout de toute chose il y a un dénouement

Nous revenons d'un autre rendez-vous chez le vétérinaire. Malgré un bilan sanguin # 1 confirmé avant-hier et deux nuits d'affilée sans vomissement, la magie fut rompue par la découverte de flaques séchées dans le couloir et sur notre lit à mon retour du boulot cet après-midi. L'étape suivante, c'était une radiographie pour identifier la présence d'anomalies probables, du genre masses. Dans la cuisine, à l'arrivée de M., avant le rendez-vous, nous avons décidé que si des masses étaient trouvées et qu'elles étaient cancéreuses, nous ne revenions pas avec elle au paradis ce soir. Encore des larmes mes amis. Je peux vous confirmer que mes canaux lacrymaux sont bien débloqués dernièrement. Avant de quitter, sans être mélodramatiques, nous avons pris notre première photo de petite famille, M., Nougat le gros chat dans ses bras, et moi, la tête appuyée sur son épaule, les yeux rougis.

En gros, nous sommes revenus avec elle après une heure trente à la clinique. Le vétérinaire nous a interprété l'image en noir et blanc sur laquelle le squelette et les organes de notre chérie étaient mis à nu. Voyez ici ces deux vertèbres sont soudées, ce qui veut dire que votre vieille chatte a perdu un peu de sa souplesse. Je vous en fais mention parce que c'est là, même si ça n'a rien à voir avec les vomissements. Aussi, je tiens à souligner que sa vessie ici, ses reins là, la pointe photographiée de son foie que nous apercevons à gauche, son estomac juste à côté, tout ça semble en bon état, de formes normales, bonnes nouvelles donc. Enfin, dans le côlon, on peut apercevoir les nombreuses crottes rondes qui attendent à la queue leu-leu le moment de leur expulsion, mais là, juste là, vous voyez ici, je veux dire, comment vous expliquez... regardez les lignes blanches que je pointe du bout de mon crayon, elles là, elles ne sont pas supposées être visibles à ce point. Habituellement, comme ailleurs dans l'intestin, les parois ne sont pas assez épaisses pour apparaître clairement sur le film. Habituellement, on comprend la démarcation parce que des tuyaux ombragés se détachent de l'ensemble. Hors, ces lignes blanches, elles sont anormales et leur existence pourrait être à l'origine des vomissements. Que sont-elles exactement? Des amas de cellules anormales qui peuvent être contrôlées par médication. Pour déterminer leur épaisseur et leur degré d'avancement, vous pourriez faire faire une échographie. Ah, vous dites que les soirs où votre animal reçoit sa dose de cortisone pour son problème de prurit concordent avec les nuits d'accalmie, exemptes de régurgitation. En effet, votre question est bonne, la médication qui peut contrôlée ce problème d'épaississement de la paroi de l'intestin grêle est à base de cortisone. Bien sûr, les doses devraient être augmentées et ajustées pour le confort de votre animal par rapport à ce qu'elle ingurgite déjà.

Nous avons donc quitté avec une prescription en poche et beaucoup d'espoir. Oui de l'espoir parce que Nougat le gros chat vit en prenant de la cortisone depuis un peu plus de deux ans maintenant et que les symptômes secondaires qui étaient susceptibles d'apparaître dès lors ne se sont jamais pointés le bout du nez depuis. Pas de diabète précipité par un débalancement hormonal. Bilan sanguin # 1 l'attestant. D'ailleurs, le vétérinaire nous a avoué être surpris par les résultats spic and span de notre chat âgé. En soi, c'est assez inhabituel. Moi, ce que j'en comprends, c'est que notre chaton d'amour, il est encore là pour rester. Surtout que les fameuses doses de cortisone pour contrôler son prurit étaient minimales, tant et tellement que les vétérinaires rencontrés depuis qu'elle a commencé son traitement sont toujours surpris de constater que les faibles doses que nous lui administrons suffises pour contrôler ses démangeaisons. Surprise sur surprise, Nougat le gros chat nous confirme qu'elle est d'une espèce bâtarde aux gènes bétons. Alors comme la première fois pour son problème de prurit, nous arriverons à trouver la zone confort de notre chérie pour que cesse ses vomissements. En plus, le médicament qu'elle prendra à présent couvrira les deux problèmes et il n'y aura pas vraiment de différence d'avec avant. Enfin, c'est ce qu'on espère. On espère surtout que ses vomissements cessent, que ses démangeaisons soient contrôlées, qu'elle retrouve la tranquillité de ses vieux jours à se rouler en boule.

Parce que oui la médication peut soulager suffisamment pour poursuivre l'existence d'un être cher au-delà d'une maladie. Bien sûr, nous sommes loin de parler d'acharnement dans ce cas-ci. Nous nous serions acharnés si une masse avait été repérée et qu'après avoir procédé à une aspiration infructueuse, il aurait fallu passer à une biopsie sous anesthésie générale pour déterminer si elle était cancéreuse, tout ça avec la poursuite des vomissements. Est-ce que nous encourageons l'industrie phamarceutique en nous rendant au comptoir du Jean-Coutu pour faire remplir un flacon de petites pilules? Je crois sincèrement que nous utilisons cette ressource avec discernement.

À ce sujet, chère M-H, dans ton commentaire laissé suite à mon dernier message, tu t'excusais de devoir me ramener sur le droit chemin, celui de la mort digne si tel devait être le cas, celui qui ne me ferait pas tomber dans le piège de l'aveuglement sentimentaliste au profit d'une industrie qui roule sur l'or sur le dos des maux. Je suis désolée de te dire ici que cette montée de lait de ta part m'a fait réalisé à quel point notre amitié est jeune. Je pensais que tu savais déjà que je ne suis pas de ceux qui vont à leur pharmacien ou à leur médecin les yeux fermés, la langue tendue. Je ne communie pas niaisement avec cette business qui déresponsabilise l'individu et le déconnecte de sa propre santé, de son propre corps en remettant tout le pouvoir du diagnostique entre les mains des praticiens à la blouse blanche. Je suis de ceux qui participent au mieux de leur capacité à leur remise sur pied quand besoin de le faire survient. Je fouille et farfouille, je questionne, je contre-vérifie, je teste des moyens alternatifs, je lis, je m'informe et puis, quand toutes mes pistes me mènent au recours de la médecine moderne, j'y vais en connaissance de cause, en tant qu'être sachant aller au bout de son mal en l'abordant bien en face, les yeux dans les yeux. Comme mon amie-collègue Cht. a dit après avoir lu ton commentaire, sûrement que le deuil de ton Figaro, chère M-H, est remonté à la surface à la lecture de mes lignes et que c'est pour ça que tu t'es emportée. Sûrement. Pour ça et parce que tu pensais que je dérapais, d'où ton désir de m'aider avec amitié, à ta façon. Merci. Sache que mes décisions ne sont pas prises à la légère ni les solutions adoptées sans avoir d'abord pesé leurs conséquences. Je suis une enfant d'Hippocrate. Même pour aborder la santé de Nougat le gros chat.

10.27.2008

jolie demoiselle de mon coeur

La voici. Nougat le gros chat qui passe le cap de son treizième anniversaire ces jours-ci. Cette chère compagne entame une nouvelle année, celle de mon nombre favori, le 13, mais quelque chose ne va pas. Mon amour de chaton est malade. Depuis le jour où nous l'avons apportée chez la vétérinaire pour qu'elle reçoive sa prescription de Revolution suite au passage de Mowgli, l'orphelin parasité, dans notre paradis, elle vomit presqu'à chaque nuit. Elle régurgite sa nourriture en deux ou trois poussées, sans une trace de poils, mais heureusement sans trace de sang non plus. Nous sommes donc retournées chez son toubib samedi dernier avec elle. Ensemble, nos trois cerveaux réunis ont tenté de cerner la source de ce symptôme inquiétant. Finalement, nous avons conclu à l'impasse qui a mené à la décision de lui faire faire un bilan sanguin. À l'heure qu'il est, j'attends l'appel de la clinique pour l'interprétation des résultats.

À 4 h 33 cette nuit, de retour dans mon lit après avoir ramassé les deux flaques que Nougat le gros chat venait d'expulser à coups de spasmes, je me suis dit que je ne serais pas capable de supporter son départ. Je sais bien que ses signes de vitalité ne laissent pas du tout présager le pire pour l'instant, mais que voulez-vous, mon esprit s'est rendu jusqu'à cette éventualité et j'ai versé une grosse larme dans le silence de la noirceur. Nougat le gros chat de velours, ma peluche adorée, ma compagne fidèle aux travers toutes ces années, je ne m'imagine pas sans. Autant que nous ne nous témoignons pas une affection physique fusionnelle pareille à celle de M. et elle, autant que notre complicité spirituelle est totale. Quand je lui parle elle me comprend et quand elle me parle, je la comprends à mon tour. Nous sommes des partenaires de vie depuis si longtemps qu'il ne pourrait en être autrement.

Une collègue m'a dit aujourd'hui que de nos jours, il existe des médicaments pour tout, et ça m'a remonté le moral. Je ne veux pas que Nougat le gros chat souffre. Si la vétérinaire réussit à mettre le doigt sur le bobo et à lui redonner une bonne santé, je serai comblée. Bien sûr, si cela veut dire qu'elle devra ingurgiter un nouveau médicament, nous sommes prêts à lui administrer, tant et autant qu'elle vive confortablement. Mon chaton d'amour est de plus en plus comparable à une personne âgée. Je dois la câliner dans cet âge d'or. C'est ma responsabilité d'être aimant et reconnaissant. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

10.25.2008

une spirale est la succession de motions cycliques évolutives, au début et à la fin incertains

Hier soir, nous nous sommes mis au lit quelques minutes à peine après avoir regardé The Happening de M. Night Shyamalan, un film décrit comme étant un thriller paranoïaque. En gros, l'histoire tourne autour d'un phénomène étrange qui décime la population américaine de la région nord-est du pays en une journée. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir, mais disons que plusieurs scènes du long métrage donnent la chair de poule. Quand le film a pris fin, nous en avons discuté, M., sa soeur Am. et moi. Puisque le phénomène étrange est basé sur la corrélation hypothétique entre de nombreuses théories scientifiques réelles mentionnées au fil du déroulement de la trame narrative, nous nous sommes questionnés sur les probabilités que cette fiction devienne un jour réalité. Je peux vous dire que notre réponse n'a pas donné avantage à la race humaine dans cette nature.

L'humain dans la nature, qu'est-il? Dans mon livre à moi, il est une espèce comme une autre, seulement pourvue d'une mécanique physiologique plus avantageuse d'un point de vue de domination. Bien que nos ongles courts ne concurrencent aucunement avec les griffes lacérées des grands félins, bien que nos dents plates soient davantage semblables à celles des orang-outan qu'à celles des requins blancs, bien que notre peau ne nous protège pas des températures froides comme les fourrures isolantes des ours ni des blessures comme les cuirs épais des corps des rhinocéros ou des éléphants, notre cerveau développé nous a permis l'adaptation nécessaire à notre survie sur la croûte terrestre et notre dextérité a su la mettre en oeuvre.

Bien sûr, la race humaine n'est pas la seule à s'être adaptée depuis son apparition sur le spectre de l'évolution. Pas plus tard qu'hier, je disais à M. à quel point les insectes ravageurs sont dotés d'une capacité d'adaptation fulgurante, tant et tellement que depuis l'utilisation des pesticides et autres insecticides chimiques pour "épargner" les cultures, les insectes ravageurs ont su développé une génétique les protégeant des produits toxiques et conséquemment, les chimistes ont dû augmenter les doses d'agents fatals dans leur mixture et miner ainsi davantage notre propre santé. Un bien dangereux cercle vicieux.

D'autres espèces n'arrivent pas à suivre la cadence. Leur évolution génétique ne répond pas aux nombreux facteurs détériorant leur environnement et elles finissent par disparaître après avoir été menacées. Si vous voulez plus d'informations à ce sujet, rendez-vous sur le site web de l'Union internationale pour la conservation de la nature pour lire le résumé des résultats dépeints par la Liste Rouge de l'organisme mondial.

Notre planète souffre et nous avec elle. Faut-il baisser les bras pour autant, s'effondrer face à ce futur fatidique? Dans la pop-psycho-spiritualité-que-l'on-peut-même-retrouver-sur-la-page-d'accueil-sympatico, on ressasse souvent cet impératif: vivre le moment présent. En fait, vivre le moment présent, c'est aussi une notion abordée dans le bouddhisme entre autres, philosophie religieuse qui remonte pourtant au cinquième siècle avant Jésus-Christ. Vivre ici et maintenant, saisir l'opportunité de faire le meilleur avec ce que l'on a. Vivre ici et maintenant, saisir toutes les beautés de ce monde encore intactes. Vivre. Ici et maintenant. Avec respect. Pour récolter la joie de vivre. Ici et maintenant.

10.23.2008

il paraît qu'on récolte ce que l'on sème

Entourée d'un vidéaste-metteur en scène-monteur, d'un apprenti-monteur-acteur et d'un peintre-danseur, j'ai participé à un souper d'anniversaire tout à fait fantastique hier soir. Jl. était célébrée par onze amis tous venus souligner l'importance de sa présence dans leur vie. Nous avons mangé pareil à des convives royaux et ri de bon coeur au fur et à mesure que les réparties fusaient. À la fin du repas, Jl. a ouvert ses cadeaux. Ses deux collègues lui ont offert un Sauternes. Jl. a lancé à l'intention de son amoureux Tv. qu'ils pourraient la partager avant de concevoir leur deuxième enfant. Là, à ce moment bien précis, j'aurais dû me taire, laisser la proposition de Jl. faire planer leur imagination. Mais voilà, j'ai cru bon d'ajouter un bémol. Moi et ma foutue grande gueule.

J'ai ajouté sérieusement que de boire une bouteille la même soirée qu'ils tenteraient une grossesse ne serait pas une bonne idée car selon mon ostéopathe, l'alcool augmente l'acidité des corps ce qui, conséquemment, diminue l'efficacité du processus de fécondation. Les spermatozoïdes perdraient l'immunité de leur longévité propre à un milieu basique. Ouf. Gazant. Ultra gazant. Tant et tellement qu'une des deux collègues de Jl. qui voulait sans doute détendre l'atmosphère subitement devenue par trop doctorale clama que l'alcool avait été de la partie lors de ses deux conceptions. De son côté, Jl. a surenchéri en affirmant que sa fille avait été conçue pendant une soirée bien arrosée.

J'oublie.

J'oublie qu'autour de moi, personne d'autre que nous ne semble avoir de la difficulté à concevoir un enfant, que mes manies et théories factices visant une santé optimale ne sont d'aucune aide devant cette évidence aussi évidente qu'un nez au milieu d'un visage: aucun foetus ne s'implante dans moi. Bien sûr, mon entourage ne manque ni compassion ni d'empathie, mais disons que je n'aime pas ressasser le sujet. Pas envie de tomber dans ce que j'appelle la victimite, pas envie de susciter la pitié, pas envie de générer over and over again le malaise de cette incapacité. D'ailleurs, je vous avais promis de ne plus vous emmerder avec ça. Mais il fallait bien vous tenir un peu au courant.

Alors voilà, j'oublie que les questions que nous nous posons, personne ne se les pose. J'oublie que cela n'intéresse pas ceux qui réussissent à perpétuer leur génétique avec une simplicité désarmante. Cela ne les intéresse pas parce que ça ne les concerne pas. Ça serait peut-être pareil pour n'importe quel autre souci qui marginalise. N'empêche que plus le temps passe, plus je constate notre isolement à vivre cette épreuve. M. est un bon partenaire d'épreuve. Grâce à Dieu.

Je continue donc à prendre ma température à tous les jours à 5 h 30 tapantes, samedi et dimanche inclus. Je trace tranquillement mes courbes de température. J'identifie mon ovulation. Je prends du vitex à partir de ce moment. Et nous faisons l'amour avec amour. Parce que non nous ne sommes pas stressés outre mesure. Cette fameuse réplique que tout un chacun me sert quand j'ose aborder le sujet parce que la question bébé survient - "Oh tu sais quand tu laisseras aller, quand tu décrocheras, tu tomberas enceinte" - je la défléchis avec ce raisonnement:

A - Je sais que tout le monde le fait en se basant sur l'histoire d'une amie d'un ami qui est tombée enceinte après trois ans d'attente et de rendez-vous en clinique de fertilité quand enfin ils avaient opté pour l'adoption parce que les médecins n'arrivaient pas à déceler le pourquoi du non fonctionnement de leur procréation. Genre de mythe urbain sympathique qui est mieux que de se retrouver avec le silence souvent trop lourd pour l'interlocuteur embarrassé.

B - Vivant la situation de visu, je sais que nous ne sommes pas obsessifs. Seulement, je crois qu'il est normal de se poser des questions dans un premier temps et ensuite de chercher à trouver des pistes de solution. Vouloir un enfant, ce n'est pas comme hésiter entre deux teintes pour le salon. Nous y allons à notre rythme parce que non ce n'est pas quelque chose de facile à avaler. La reproduction, ça interpelle notre fonction de base. Sommes-nous disfonctionnels? Nous le saurons bientôt. Nous en aurons le coeur net.

Pourquoi nous retrouver dans l'oeil de cet ouragan? Avons-nous offensé les dieux et si oui, pourraient-ils nous guider sur le chemin du repentir? On en vient à se demander ce genre de connerie. Très judéo-chrétien comme schème d'appréhension. Se flageller pour expier une faute karmique qui expliquerait cette incapacité à enfanter. Bien sûr, M. et moi, nous n'avons pas partagé ce genre de réflexion. C'est seulement dans ma tête de linotte que ça pourrait naître. Malgré tout, je le répète, je n'obsède pas. Disons seulement qu'au moins une fois par jour, pour X, Y raison, je suis confrontée à mon utérus en grève. Comment ne pas pousser un soupir de découragement une fois de temps en temps? Comment ne pas me laisser gagner par ce découragement un peu plus à chaque mois où je saigne?

Je tiens à vous dire maintenant que je n'accepterai aucun commentaire suite à ce message. Je sais que ma douleur est palpable. Cela suffit pour tout le monde.

10.21.2008

petit démon

Temps de chien, humeur de chien. Il y a des jours comme ça où le simple fait de me retrouver parmi mes congénères m'hérisse. Surtout lorsque plusieurs y vont de leur manie de toujours vouloir le dernier mot. Ces discours de sourds me puent au nez et je préfère alors me fermer comme une huître, jusqu'au retour d'une communication plus fluide.

Humeur de chien pour aucune raison en particulier sinon. Peut-être était-ce quelque chose à voir avec la pression atmosphérique, peut-être était-ce quelque chose avec le fait que l'emmerdement se perpétue et se décline de mille et une agonies au onzième. Alors quand je sors à ma petite pause dans la pluie froide qui me mouille les bouts de pied et que je me retrouve en face d'une jeune femme insolente qui veut avoir le dernier mot au comptoir du Pain Doré, je ne peux m'empêcher de marmotter une insulte lui étant destinée quand je sors. Garce.

Je n'aime pas me comporter bassement. Insulter de façon hypocrite, c'est encore plus bas que de dire des choses blessantes en face. L'idéal, ce serait de ne pas craquer sous la pression de l'agressivité ou de la colère. L'idéal, ce serait de respirer un bon coup et d'éclaicir la situation avec classe et détachement. L'idéal, ce serait d'interrompre le cercle vicieux des sentiments négatifs.

Quand je quitte la boulangerie et que je retourne sous la pluie froide qui me mouille encore les bouts de pied, je réfléchis à ce que j'aurais pu faire de différent dans la situation qui vient de me souiller d'une certaine façon puisque ma réaction a généré une dose de négativité que j'ai ensuite rejetée dans l'univers qui nourrit ensuite tous les autres organismes ensuite, moi incluse. Bien sûr, cette vision globale peut sembler exagérée, mais vraiment, si elle était davantage appliquée, le taux de mauvaises vibrations chuterait drastiquement et le fameux aimer vous les autres deviendrait réalité pour générer un monde ouaté et paisible.

Sauf que voilà, je suis de chair et d'os, sans cesse confronter à faire de mon mieux avec mon énergie. Il me reste encore beaucoup de croûtes à manger avant d'avoir mes ailes. Heureusement, ça veut dire encore une panoplie d'expériences en perspective.

10.19.2008

pécule

Décidément, cette saison se fait magnifique, tout en rayons et en fraîcheur vivifiante. Un automne peu pluvieux pour tous les chialeurs qui ont invectivé l'été dernier. Mais ça y est, au petit matin, une gelée recouvre les surfaces. Gazons encore verts qu'elle pétrifie, vitres et carrosseries de voitures qu'elle embue. L'hiver, mes amis, nous engourdira très bientôt.

D'ailleurs, M. s'est fait un beau cadeau aujourd'hui. Monsieur s'est offert un manteau d'hiver d'excellente conception et de design sobre, deux conditions garantes de durabilité. Quand il doit dépenser de grosses sommes, mon amoureux angoisse. Moi, je tente de substituer cette insidieuse complice de la culpabilité par un réalisme honnête en lui expliquant qu'il a étudié des années durant pour arriver à bosser son quarante heures semaine, parfois plus, en exerçant une profession qu'il aime et qui le rémunère à la mesure de son effort. Avec cet argent, il comble ses besoins de base: logement, nourriture, habits. A-t-il le droit de se procurer des articles plus coûteux parce que de meilleure qualité? Bien sûr que oui bon dieu. Surtout que M., il est économe comme pas un. Il engrange pareil à la fourmi. Le crédit et lui, ça ne fait pas bon ménage. Monsieur paie rubis sur l'ongle.

L'argent. Je crois que le citoyen moyen n'est pas assez conscient de ses avoirs fiscaux. Il faudrait être davantage informé des nombreuses sphères de nos existences affectées par notre patrimoine. Il y a quelques semaines, nous avons rencontré au paradis un jeune homme de notre génération venu nous aider à faire le tour de la question. À l'origine, mon obtention d'une permanence a mené au questionnement d'adhérer ou non à mon régime collectif d'assurance vie, surtout que je défraie déjà une somme mensuellement pour une police d'assurance à laquelle j'ai souscrite lorsque j'avais 25 ans. D'une question à l'autre, nous avons constaté qu'il faut être prêt à faire face à la musique si jamais quelque chose arrive à un de nous deux. Parce que mon père est décédé quand nous étions adolescentes et que ma mère a pu se fier sur la somme rattachée à son assurance vie pour entre autres payer pour nos études, je sais qu'il est important de se préparer pour toute éventualité.

Si je devais retourner aux études, j'aimerais suivre des cours en économie. L'univers des chiffres et des investissements, des systèmes fiscaux et des législations est tellement vaste et complexe qu'il est difficile de s'en intéresser malgré que nous travaillions à semaine longue pour mériter des salaires que nous utilisons peut-être pas au meilleur de leur potentiel au final. Comme pour ma santé, j'aime savoir que j'ai un certain contrôle sur cet aspect fondamental de mon existence et plus je creuse pour comprendre, plus je réalise l'étendu des notions à assimiler. Heureusement, ma persévérance et ma vigilance portent fruit puisque de plus en plus, lorsque je rencontre des conseillers financiers, je suis et saisis la terminologie, les différents produits, les effets dominos subséquents à ce qu'ils proposent. Tant et tellement que M. et moi, ensemble, nous pouvons arriver à faire des choix qui nous permettent de jumeler rendement et éthique, deux valeurs clés que nous voulons récolter au moyen de notre argent. Il n'y a rien de tel que de s'informer, surtout quand c'est pour mieux s'émanciper.

10.17.2008

Est-ce que l'univers a continué à nourrir le filon de la coïncidence mentionnée dans mon dernier message, celle de mon ancienne carrière? Tout ce que je peux vous répondre pour l'instant, c'est un bien mince oui. Ce que je peux aussi rajouter ici pour tenter de détourner vos questions surgies de ce mystère qui l'est encore pour moi également, rassurez-vous, c'est qu'une série de coïncidences en appelle bien souvent une autre et voilà, trois fois dans ma journée d'hier plutôt qu'une, j'ai rencontré très clairement la notion des HFT, hautes fréquences transitoires, et des filtres disponibles pour diminuer leurs effets nocifs et encore trop peu connus sur la santé des organismes vivants. Hmm-hmm, sans blague.

Cela étant dit, sortez vos flûtes et vos trompettes parce qu'aujourd'hui, là, maintenant, now, mesdames et messieurs, vous fêtez avec moi, nul autre que mon tout personnel 400e message!



Eh oui, je crois bien que ce gros chiffre valait une petite mention un peu haute en couleurs. Tout ce travail agréable, tous ces mots alignés par plaisir, tout le bien que j'en récolte, je tiens à vous en remercier parce que si vous n'étiez pas là chers lecteurs, tout ce travail serait considérablement moins agréable, tous ces mots alignés par plaisir se languiraient bien davantage de vivre dans un regard autre que celui de leur locutrice, tout ce bien que j'en récolte ne se récolterait justement pas encore tout à fait puisque son effet découlant de notre synergie, celle impliquant vous et moi, se laisserait désirer.

Et pour mettre une belle cerise sur le sundae de cet événement, je tiens à souligner qu'au même moment où je passe ce cap, la journée même - encore une coïncidence pas possible - une nouvelle blogueuse m'annonce qu'elle s'ose dans ce genre de cyberespace personnalisé et que c'est un peu grâce à Orphelins de l'Éden, mon mien de blog, que toi, Deliah, qui reviendra peut-être nous laisser la porte d'entrée de son univers dans un commentaire, tu t'est lancée. Bien sûr, c'est surtout parce que tu aimes écrire et que, comme moi, tu voulais avoir un terrain de jeu qui te permettrait de conjuguer l'acte de création solitaire avec la livraison de la marchandise. Longue vie à ton coin d'épanouissement créatif. Pour poursuivre sur la lancée de cette coïncidence là, je tiens aussi à te féliciter M-H parce qu'aujourd'hui même, jour de célébration de tous genres, prend fin, et avec succès s'il vous plaît, le stage rattaché à la formation que tu as suivie en vue de t'engager dans une nouvelle carrière. Longue vie à ton épanouissement professionnel.

De mon côté, quand je me tourne vers ce passé accumulé en trois cent quatre-vingt-dix-neuf messages, je sais bien que ce sont rien de plus que des Polaroïds séchés depuis belle lurette glissés dans un album qui commence déjà à craquer lorsque l'on lui tourne les pages lourdes. Mais peu m'importe, ces saisies sont ma mémoire, ce sont mes mises en conserve, mes écrits qui restent. Leur maladresse puérile me fait sourire cependant que parfois leur verve m'impressionne moi-même. Mes écrits vivent d'eux-mêmes dès qu'ils se couchent pour s'aligner pareils aux pointillés de routes sans fin où le dépassement est toujours permis. J'aime pondre mes oeufs, un à un, et oublier qu'ils ont existé, concentrée sur le prochain à émerger. Sous vos yeux, tout est possible.

10.15.2008

message, bouteille, océan

Fait étrange, ma journée de travail s'est terminée en annonçant à un collègue relativement nouveau au onzième, littéralement dans les deux dernières minutes de notre quart, que j'ai une formation en enseignement moral et religieux. À voir son expression, je crois qu'il a été surpris de la matière plus qu'il ne l'a été de l'aspect pédagogie puisque justement, nous parlions de la capacité à livrer un discours orale devant foule, ce qui a dévié à la mienne en particulier. Donc le fait étrange en soi, pour y arriver, c'est que, parvenu à l'autobus vingt minutes plus tard, j'engage, pour un deuxième soir consécutif, une conversation avec J-P, le jeune homme handicapé (il faut vraiment que je trouve une autre façon de le désigner... tiens disons J-P celui qui rêve d'être Français) et dès que l'appareil sur roues se met en branle, il me questionne sur ma formation d'enseignante, sur ma brève carrière, sur la différence entre livrer la matière au niveau secondaire et livrer la matière au cégep ou à l'université, sur mes cours universitaires suivis pour l'obtention de mon bac, sur la différence entre le programme offert à l'UdM versus le programme proposé par l'UQÀM. Bref, disons que l'univers a eu drôlement de la suite dans les idées et que devant cette évidence, je n'ai pas d'autre choix que de garder mes canaux ouverts afin de comprendre le pourquoi de la survenance de cette coïncidence dans le cours actuel de ma vie, surtout qu'il y avait un méchant bail que je ne m'étais référée à cette part de mon identité. C'est souvent comme ça avec les coïncidences, elles guident, réactualisent ou préparent, selon.

En passant, Dn. et Mr., les parents adoptifs de Mowgli, ont décidé de garder son nom. Aussi, j'ai été heureuse d'apprendre ce matin qu'ils ont tous les trois passé une bonne première nuit ensemble, étape assez cruciale merci selon ma petite personne. Dn. a fait des courses sur l'heure du dîner pour chouchouter monsieur chose. Il aura le plaisir de gratter un poteau de tapis et le délice de boire une formule pour chaton vendue dans les animaleries. Oh la la comme je suis heureuse qu'il ait trouvé un foyer douillet.

Je vous laisse, j'ai un chili à concocter. Décidément, la grande forme émotionnelle, ça m'afflige de logorrhée.

10.14.2008

tout est bien qui finit bien

Mowgli a quitté le paradis. Mais sans larmes, seulement avec de gros sourires et des voeux de bonheur. Eh oui, monsieur chose a été adopté par Dn., une de mes collègues de travail, et son amoureux Mr. C'est parce que j'avais le coeur lourd ce matin en rentrant au travail et que j'ai trouvé Dn. devant la machine à café dans la cuisine, qui m'a demandé comment avait été mon week-end, que je lui ai relaté toute l'histoire de cette petite boule de poils apparue de sous mon balcon jeudi soir dernier. À la fin du récit, elle a tout simplement dit qu'elle demanderait à son amoureux ce qu'il penserait d'avoir un chaton et voilà, un coup de téléphone après l'autre, ils ont fini par débarquer au paradis à 20 h ce soir pour venir connecter avec Mowgli tout endormi qui est reparti avec eux dans nune boîte à chaussures.

Ce qui réchauffe mon coeur - qui pour vous le rappeler, était devenu le spectre de lui-même - c'est de savoir que ce matin quand j'ai quitté le paradis à 6 h 20 et que j'ai éclaté en sanglots à l'arrêt d'autobus en pensant que c'était la dernière fois que je le voyais cet adorable chaton et que je n'avais plus espoir qu'il soit sauvé, j'avais tort d'avoir baisser les bras. Dans ma tête, toutes les pistes avaient été explorées: nenni pet shops parce que je n'aurais pu leur cacher que Mowgli avait des parasites et qu'eux, bien sûr, n'auraient pas voulu d'une bête qui contaminerait toutes les autres du commerce; nenni le donner puisque qui voudrait d'un animal parasité et si oui, personne ne me venait à l'esprit à part un ami qui a décliné sa venue dans son foyer parce qu'il veut plutôt un chiot pour ses garçons qui le supplient d'en avoir un; nenni la SPCA Montréal parce que je n'habite plus le territoire de la métropole. Ne nous restait plus que le refuge et son ultimatum lugubre d'une semaine à vivre seulement avec la possibilité qu'il soit adopté, mais avec cette possibilité, l'inquiétude qu'une deuxième dose de médicament vermifuge lui soit administré en moins d'un mois, ce qui n'aurait pas été une bonne chose pour la santé du chaton.

Mon coeur a repris vie quand Dn. a allumé une petite étincelle d'espoir, suffisante du moins pour que je me rue sur un appareil téléphonique et que je dise à M. de rentrer au travail plutôt que d'aller au refuge à son ouverture à 9 h afin de laisser encore une journée à Mowgli parce qu'il y avait tout à coup une lueur d'happy end. Et dans l'attente, une autre collègue, Lc., est venue me dire qu'elle-même qui a dû se départir de ses deux chats ce printemps les avait amenés au Berger Blanc parce que là-bas, comparativement au refuge de la rive-sud, les bêtes ont un gros trois mois pour avoir une chance d'être adoptées et de plus, pendant ce temps d'attente, elles y sont bien traitées. Alors, tout à coup, je me retrouvais avec une deuxième possibilité pour Mowgli et mon plan était simple: me rendre au Berger Blanc avec Fr., notre ancien voisin d'en-dessous, et lui faire dire qu'il avait trouvé la bête dans son cabanon et qu'il avait tenté l'expérience de garder le minet et donc c'était rendu chez le vétérinaire qui a administré une dose de Revolution à l'animal, mais que finalement, il réalisait que c'était trop pour lui et qu'il avait décidé de s'en départir. Enfin, quelques minutes avant que ma journée au onzième se conclut, Cht., mon amie-collègue qui m'a si gentiment écouté pleurnicher ce matin avant ma conversation avec Dn., vient me voir pour m'annoncer qu'elle en a parlé à son amoureux, et qu'ils seraient peut-être prêts à prendre Mowgli pour un essai. Wow. Une journée débutant avec une fin inexorable se déroule avec l'excitation d'un sac de surprises. Et puis, coup de théâtre, pour toper le tout, quand j'arrive au paradis, M. a laissé un message sur notre répondeur pour déclarer avec joie qu'il a trouvé une maison pour monsieur chose. Quand je l'appelle pour lui dire que Dn. et son amoureux viendront ce soir, il m'explique que c'est une amie d'une collègue à lui qui a une ferme et qui serait prête à recueillir le chaton qui vivrait avec cinq autres chats dans l'environnement de foin et de bétail.

Hourra donc! L'univers a entendu notre cri du coeur et notre échec est devenu un sursis qui a permis ce dénouement heureux. Mowgli, ce chaton au destin bien particulier, se retrouve avec une plénitude d'horizons d'avenir tous plus beaux les uns des autres. Je lui souhaite d'avoir trouvé un foyer auprès de Dn. et Mr., mais sinon, il ira à la ferme. Merci la vie. Merci pour lui.

10.13.2008

pouvons-nous remonter dans le temps, je vous en prie Seigneur, remonter là où il n'existait pas encore, pour lui épargner ce destin cruel

Beau, oui, terriblement. Monsieur chose comme je l'appelle même si nous l'avons baptisé Mowgli puisqu'il est apparu dans la jungle de nos arbustes avant pareil au petit sauvageon. Mais voilà, après seulement quelques heures et une nuit ponctuée de cris déchirants, nous avons réalisé que notre bonne idée n'était peut-être pas la meilleure. Je vous épargne les larmes qui ont accompagné nos nombreuses discussions remplies de culpabilité, de remords, de questionnements, mais au final, nous avons décidé de retourner le petit chaton au refuge. Si mon coeur était en mille éclats vendredi, il est maintenant ciselé en lanières et vidé de son sang car jeté sur un gril brûlant.

Nous avons fait une erreur. Une grave erreur puisqu'elle implique la vie d'un être. Mais nous réalisons qu'un chaton, ça chamboule le beat du paradis significativement en mettant en péril la santé de notre Nougat le gros chat puisque Mowgli est parasité par des tiques et des puces (ce sont surtout les tiques qui m'inquiètent parce que même avec le Revolution qui se débarrasse efficacement des puces, les premières peuvent survivre et se glisser sous la peau des bêtes, douleur qui les rend agressives). Aussi, bizarrement, cette venue nous fait réaliser que c'est un bébé que nous voulons, un tout rose, pas un tout poilu. Est-ce que nous avons fait un transfert? Je ne crois pas bien que Mowgli nous ait amené à des endroits où la douleur de ne pas enfanter est bien vive. Et quand ce fameux bébé se pointera le bout du nez, d'avoir un deuxième chat dans la maison, un jeune matou au pic de son adolescence de surcroît, ce n'est pas l'idéal.

Pourquoi est-ce qu'il est apparu ce petit paquet de poils? Le mal que nous lui infligeons pèsera ma conscience aussi longtemps qu'elle m'animera. Et je lui ai demandé pardon. Pardon pour cet échec, pour ces jours de sursis qui t'ont donné l'illusion d'un foyer. Mais justement, au moins, nous lui avons donné un peu d'amour, un peu de chaleur, un peu de caresses et de jeux. Pourquoi? Bon Dieu, c'est injuste de jouer avec nos coeurs comme ça. Pourquoi? Mowgli est encore avec nous jusqu'à demain. Aujourd'hui, c'est l'Action de grâces et je n'en peux plus de cette boule qui me noue la gorge et me coupe l'appétit.

10.11.2008

mini fée



Elle est arrivée dans nos vies jeudi. Parachutée de sous notre balcon avant. Je l'ai aperçue tituber au travers les arbustes touffus avec le faisceau lumineux de ma lampe de poche parce que je cherchais la source du piaillement aigu émis à intervalle régulier. Ces cris, je les ai entendus en approchant du paradis, juste après mon voyage d'autobus du soir. J'ai d'abord cru à un oisillon et mon regard s'est porté à notre corniche, mais finalement, j'ai compris que cette chose émettant ces appels à haute fréquence ne pouvait être que quelque part sous le balcon. Depuis que nous habitons le paradis, nous nous doutons bien que des animaux - marmottes, moufettes, chats - parviennent à se faufiler derrière la dense barrière de végétation pour ensuite glisser sous le grillage de plastique et se retrouver à l'abri des intempéries sous le porche de notre entrée. Mais jusqu'à maintenant, aucun animal ne nous avait interpellés comme elle l'a fait.

Quand je la vois surgir sous les branches piquantes d'un arbuste à la croissance au ras du sol, je me dis que c'est pas possible tellement c'est arrangé avec le gars des vues. Elle est grise, au poil court, tigrée, avec des yeux bleus. À la voir avancer à tâtons vers la canne de nourriture en agitant ses moustaches à toute allure, je comprends qu'elle ne voit pas clairement. Ses yeux, c'est son sens olfactif. Elle plonge le museau dans la viande et lape avidement.

Je me dis que c'est arrangé avec le gars des vues parce qu'elle est exactement comme M. avait décrit le chaton qu'il voudrait si nous venions à avoir un deuxième minet. En plus, ce n'est pas plus tard qu'il y a deux semaines qu'il s'est réveillé un beau matin pour me dire que Nougat le gros chat lui avait confié qu'elle voulait un petit frère. Sachant très bien d'où originait la demande ou plutôt de qui, j'ai expliqué à M. qu'un chat, c'est un engagement à long terme, que ça demande toute une période d'adaptation. Tout en disant ça, une partie de moi me disait que Nougat le gros chat aimerait bien avoir de la compagnie contre qui se coller pendant ses longues siestes, partager une complicité comme elle a déjà connue auprès de Zel le chat ou de Maya le carlin. D'ailleurs, je vous l'ai déjà dit, je pense que sa manie maladive de s'arracher le poil a coïncidé avec le moment où elle s'est retrouvée seule sur son territoire.

Sûr, Nougat n'est plus jeune. Elle va atteindre l'âge vénérable de treize ans à la fin du mois d'octobre. Sûr que lorsque nous avons réussi à prendre la petite miss de poil dans nos mains pour la transporter à l'intérieur jeudi, Nougat n'a pas du tout apprécié cet envahissement. Ce soir-là donc, j'ai préparé le souper et nous nous sommes mis d'accord pour l'apporter à un refuge ici, dans la région de St-Hubert-on-the-beach. Parce que non, nous n'avons pas tout de suite compris que cette apparition signifiait un tournant dans nos vies. Nous nous sommes dit: "Nous l'apporterons là où les animaux orphelins ou perdus aboutissent dans l'espoir de se faire recueillir par des humains recherchant de la compagnie." Nous nous sommes convaincus de ça parce que, comme je l'ai dit, un autre animal dans une maison, c'est tout un contrat et aussi beaucoup à cause de la réaction négative très nette de Nougat. Elle nous a boudé instantanément et a refusé que nous la flattions pour la rassurer.

Alors, après un deux heures à nous courir après nos pieds dans la cuisine et à se blottir dans le creux de nos mains, nous avons enroulé ce petit chaton à peine sevré dans une serviette pour aller la déposer à la Société de Contrôle D'animaux Domestiques de notre municipalité. Ses paupières sont tombées pareilles à des chapes de plomb et pendant tout le voyage, elle n'a pas bougé un poil tellement elle était en confiance cette petite créature entubée dans du molletonneux.

Nous l'avons déposée sur le comptoir de la SCDD. L'homme au ventre rond l'a regardée avec un air plein de pitié. Il nous a demande nos coordonnées. Je lui ai demande à mon tour quelles étaient ses chances d'être adoptée. Il a été honnête: une sur dix. Qu'arrive-t-il avec les autres? Encore honnête: ils sont euthanasiés.

Le système est simple, il y a un enclos pour chaque jour de la semaine. Quand la journée commence, il est sur le béton et plus elle avance, plus il se remplit de félins amenés de partout dans la région. Quand une semaine a passé, les animaux restants dans les enclos sont endormis pour faire place aux nouveaux arrivants. Il nous propose de le suivre pour voir les bêtes. Nos coeurs se fendent en mille miettes devant tant de yeux tournés vers nous. Des centaines de belles boules de poil confinées à attendre le dénouement de leur destin.

L'homme prend l'animal que nous venons d'abandonner et le dépose dans la cage du jeudi. Elle est parmi les plus petites là. Enjouée, elle va vers les plus gros animaux avec naïveté pour se faire aussitôt repoussée à coups de crachats secs. Dans l'enclos du lundi, une chatte espagnole allaite sa nombreuse portée, et sans doute d'autres chatons affamés profitant de la manne, dans une boîte placée dans un coin. De retour dans le hall d'entrée du bâtiment, je n'arrive pas à accepter ce que je viens de voir. L'homme dit que la nature est ainsi faite, qu'elle comporte son lot de cruauté. Je réponds que ça n'empêche pas que ce soit difficile à avaler comme réalité. Il hoche lentement la tête de haut en bas.

Dans la voiture, M. tente de me consoler en me disant que le bébé chaton serait mort de froid si nous ne l'avions pas récupéré. Il pense que mourir avec une piqûre, ce sera moins long, moins souffrant. Il continue en m'expliquant que nous ne sommes pas responsables du destin tragique de cet animal, que ce sont plutôt les propriétaires d'animaux qui ne font pas stérilisés leurs bêtes de compagnie qui sont les inconscients dans cette histoire. Mon coeur pèse toujours.

Le lendemain, vendredi matin donc, je raconte l'histoire à ma soeur G. Mon coeur est encore dans mes talons, incollable. G. tente tant bien que mal à me convaincre que nous avons pris la bonne décision en acquiesçant au raisonnement que je lui sers. Mais je pleure quand même et je vais me réfugier dans une toilette du onzième. Je réussis à passer la journée, mais quand j'arrive au paradis, je ne peux m'empêcher de regarder à nouveau le photographies que nous avons prises de la miss grise la veille, juste avant son départ. Quand M. revient du boulot, nous en parlons et nous pesons le pour et le contre.

Enfin, accompagnés de la mère de M., parce que nous l'avons amenée à un rendez-vous chez son chiro, nous sommes retournés te chercher petite Rose. Rose, même si tu es grise. C'est ton papa qui a trouvé ton nom de petite miss. Je t'ai baignée pour chasser les parasites qui te suçaient le sang. Aujourd'hui, nous t'amènerons voir un vétérinaire pour qu'il te scrute de fond en comble. Je suis persuadée que tu as une santé de fer pour avoir survécu tout ce temps dans les conditions difficiles dans lesquelles tu m'es apparue. Je réalise maintenant que c'est toi que j'entendais piailler cet été quand j'écrivais depuis la pièce orange à la fenêtre ouverte. Je pensais qu'un oisillon niché dans la haie de cèdre requerrait son ver quotidien, mais c'était toi.

Tu es si petite et tu cherches la tétine de ta maman au creux de mon bras. J'espère que tu ne souffriras pas trop de ce sevrage drastique. Quel chat deviendras-tu au paradis? J'espère que maman a raison quand elle pense que Nougat le gros chat finira par faire la paix avec ton arrivée et qu'elle ira jusqu'à t'enseigner les bonnes manières. Vous ferez une bonne paire, j'en suis persuadée. Et nous, nous t'aimons déjà. Bienvenue à toi Rose la petite miss.

10.09.2008

mandala

D'une ville enfouie sous l'épaisse noirceur d'un matin pluvieux, Montréal, à l'heure du midi, est redevenue colorée avec ses toits d'églises verdis, ses condominiums aux briques rouges, ses touffes de végétation aux teintes automnales. Les nuages encore épais couraient rapidement, poussés par un vent venu de l'ouest.

Finalement, on peut dire que le vent souffle aussi socialement. L'économie fait que plusieurs mangent leurs bas, sans mauvais jeu de mot. Elle provoque un revirement dans la campagne électorale. Faites que les jours passent à la vitesse de l'éclair d'ici là et que la tendance s'amplifie et se maintienne.

D'ailleurs, avez-vous remarqué la chute évidente du prix de pétrole à la pompe depuis la semaine dernière? Drôle de coïncidence quand on se souvient qu'une des attaques les plus redondantes servies par les chefs de l'opposition pendant les débats de la semaine dernière justement concernaient les faveurs accordées par le gouvernement conservateur aux pétrolières. Entre vous et moi, est-ce que les pétrolières aimeraient voir un autre chef que Harper élu mardi prochain? Non, bien évidemment que non.

Aujourd'hui, c'est Yom Kippur. Pendant ma marche du midi, j'ai croisé plusieurs Juifs vêtus sobrement et élégamment qui revenaient d'une célébration à la synagogue. Sur les ondes radios à l'aurore, un correspondant en Israël expliquait que les rues étaient vides en ce jour solennel à l'exception de quelques enfants enfourchant leur bicyclette. Même les banques sont fermées aujourd'hui là-bas. Remarquez, la bourse de New York était aussi fermée le jour suivant le lundi noir d'il y a trois semaines parce que c'était Rosh Hashanah ce mardi-là.

Le monde est à l'image des individus. Parmi plusieurs événements, il faut arriver à départager selon ses valeurs. Besoins spirituels, besoins matériels, tous deux décortiqués en sous-éléments selon nos priorités. Avec Jl. au téléphone pendant ma petite pause du matin, nous parlons un peu des contradictions qui brouillent parfois notre mode de vie. Déchirée entre des valeurs familiales et des valeurs de subsistance, il faut arriver à continuer avec cohérence. Trouver l'équilibre entre les différentes cellules qui constituent nos vies. Conjuguer notre individualité avec notre identité sociale et ce sous l'influence de multiples facteurs tels que les patterns hérités de notre éducation, les conventions, les obligations. Il faut une éternité pour démêler un tant soit peu les morceaux de notre puzzle et une autre pour débuter à les emboîter et une troisième afin de débuter à avoir une vue d'ensemble. Sans parler de l'éternité qu'il faut pour réaliser que l'image qui se forme dans le puzzle représente une boîte cartonnée contenant une infinité de pièces à démêler un tant soit peu. Heureusement, sourire ne prend que le temps de sourire.

10.07.2008

collisions subtiles

Deux fois aujourd'hui que je me suis fait dire que j'ai l'air fatigué. Moi la marmotte qui revendique le droit à son huit heures de cocotte par nuit, j'ai, en effet, moins de six heures de sommeil dans le corps. Plus qu'un droit en fait, un véritable besoin. Mes heures de repos remplissent mes batteries et me garantissent un esprit sain. Ce qui est mieux pour tout le monde.

Si j'ai si peu dormi, c'est que je me suis bougé le popotin jusqu'à tard hier soir au son grunge de Beck, accoutré pareil à un Juif hassidim avec son ample chemise blanche tassée sous un complet sombre et son feutre sur la tête. Un concert décoiffant pour tout dire, alignant les chansons à un rythme essoufflant. La messe rock s'est ouverte sur son plus gros tube et une fois lancé, ce génie a poursuivi son chemin dans son vaste répertoire. À la fin du spectacle, il a invité les membres de MGMT, groupe qui a assuré brillamment la première partie de la soirée, à le rejoindre sur scène pour qu'ils improvisent ensemble. Les deux bands fusionnés ont donné une prestation originale, pleine d'énergie joyeuse et authentique. Assurément un beau moment dans nos vies.

Alors vers 14 h, cet après-midi, mes paupières se sont alourdies considérablement, mais il faut dire pour ma défense que même avec mon huit heures de sommeil dans le corps, les journées sont longues au onzième ces temps-ci. Je me retrouve souvent à devoir lire des documents officiels rédigés dans une langue de bois. Mon cerveau est lent. Je suis de celle qui croit au pouvoir entraînant d'un rythme de vie stimulant et soutenu. Plus on est occupé, plus on a d'énergie pour vaquer à ces occupations. Inversement, si notre quarante heures semaines ne nous rentre pas dans le corps, nous en sortons presque plus épuisés. Bon, d'accord, je vous entends déjà rouspéter et dire que j'exagère, que d'avoir une pause de temps en temps, ça fait du bien. Oui, accordé. Ce que je veux surtout insinuer, c'est qu'une pause qui s'allonge et s'éternise, ce n'est pas bon pour l'esprit ni la volonté. Ça transforme en amibe et ça bouffe l'entrain. L'humain est fait pour le travail. Il a besoin de faire aller ses neurones, ses dix doigts, ses deux pieds. Il a en lui de s'épanouir par l'effort et l'accomplissement.

Est-ce que je m'accomplis en dehors du onzième? Oui, bien sûr. Malgré cette paresse qui me nargue de son opium, je me pousse à me réaliser, à continuer mon boulot de femme, d'être humain, de conjointe, de propriétaire du paradis, de citoyenne, de voisine, de collègue. Je réussis à fermer mon jardin, je sème le sourire aussi souvent que je le peux, je colle mon front à celui de Nougat le gros chat ou à celui de M., je parle à ceux qui me tendent la parole, je marche au petit matin.

J'aime cette nouvelle habitude de marcher pour me rendre au boulot. Je longe René-Lévesque et après deux semaines, je reconnais déjà les signes qui me disent que je suis inscrite dans une routine qui croise le chemin de d'autres routines. Deux coins de rue après ma sortie du 1000 de la Gauchetière, je vois cet homme bossu qui traverse Peel. Plus loin, passée le Crystal, je croise un joggeur. Arrivée au coin de Guy, j'aperçois un homme dans la soixantaine,vêtu d'un jean et d'un coupe-vent bleu. Environ à ce moment, un homme au sac en bandoulière, installé sur un scooter blanc, passe à ma gauche, dans le flot constant des véhicules. Devant le couvent, je croise un homme de mon âge, au visage rond et très pâle, tiré à quatre épingles, mais grelottant dans l'air glacial. Ensuite, devant le Musée de l'Architecture, un Asiatique âgé droit comme un i marche de l'autre côté de la rue dans la même direction que moi. Finalement, quand le onzième surgit au loin, une jeune femme aux chaussures brunes vient parfois dans ma direction sur le trottoir, mais pas à tous les matins. Deux semaines et déjà une routine. À croire que la régularité nous assure notre emprise sur les jours qui filent. À croire que nous sommes unis par ces chassés-croisés invisibles. Seuls, ensemble.

10.05.2008

les derniers soubresauts des fourmis

Tirée d'un gros dodo, qui m'a valu la visite de nombreux songes étranges, dont un où 46 jeunes gens envahissaient ma cours arrière pour accomplir les travaux de préparation avant l'hiver parce qu'ils avaient choisi par hasard notre maison pour orchestrer cet acte généreux, je regarde ma journée à venir, ce premier dimanche du dernier mois des récoltes dans notre coin du monde, et je sais que j'abattrai cette énorme besogne accompagnée de mon amoureux. Il y a des jours comme ça où la barre est haute et malgré tout, on réussit à sauter par-dessus, exténué, mais fier de notre médaille au cou.

Aujourd'hui, il faut fermer le jardin, planter les vivaces que maman, aidée de son amoureux Jc., nous a fait don hier, relever une partie du terrain pour éviter l'accumulation des eaux de pluie à la jonction de la fondation du paradis. Les mains dans la terre donc. Bien emmitouflés.

Deux journées de labeur extérieur de suite puisque hier, nous avons cordé le bois de maman en prévision de l'hiver. Pendant que nous travaillions à empiler les bûches, ma soeur G. et grand-maman popotait dans l'antre, bien au chaud. Ainsi, nous avons partagé deux bons repas tous ensemble. Tous, mais pas tout à fait. Quand ma soeur B. a appelé depuis Hong Kong pendant le repas du soir, nous sachant réunis pour la corvée, sa voix nous a révélé à quel point elle aurait aimé être avec nous et bien sûr ma B., nous aussi toi et ta petite famille, vous nous manquez tous. Énormément. G., qui a habité dix ans loin du noyau familial, a encore répété à quel point il est difficile de ne pas être là, avec l'ensemble, à de telles occasions.

Pourtant ma B., quand j'empilais les bûches, j'ai pensé à toi à plusieurs reprises. Je me souviens de la dernière fois que nous avons accompli la corvée pendant que tu étais encore parmi nous. Ce jour-là, j'ai pris une photo de nous toutes avec mon appareil manuel, n'ayant pas encore passé au numérique. Tu quittais quelques semaines plus tard. Je me souviens que toi et moi, nous nous sommes retrouvées seules à emboîter les bouts de bois à plusieurs reprises pendant la journée et que nous avons jasé et ri. Ce feeling de cette fois-là, il m'accompagnait hier. Tu étais là ma B., rieuse et resplendissante.


L'automne donc. Avec ses couleurs et ses pommes. D'ailleurs, la fin de semaine prochaine, ce sera le plaisir d'aller les cueillir. Je m'inquiétais de notre retard à le faire, mais Jc., qui a déjà travaillé dans un verger, m'a rassuré en me disant que les Cortland, elles sont meilleures après un premier gel. Maman est convaincue qu'il est pour cette semaine ce fameux saisissement des sols. La fin de semaine prochaine, nous aimerions aussi aller chercher des volailles dans la fermette d'une tante à M. Samedi dernier, il y avait une célébration du côté de la famille de Cl., maman de M. Tantes, oncles, cousins et cousines, tout ce beau monde se sont retrouvés pour remettre à jour les informations sur l'un et l'autre de visu. Pendant le souper, nous avons partagé la table avec deux couples formés par deux des soeurs de Cl., donc deux tantes de M. J'ai passé un bon moment à discourir avec Cd., l'amoureux de Fr. et j'ai aussi découvert que la tante de M., Pl., et Cld., son amoureux, habitent sur une terre où ils font l'élevage de volailles de toutes sortes - cailles, canards, oies, dindes, poules - qu'ils nourrissent de bons grains. Ils procèdent aussi à l'emballage des volatiles proprement abattus et vendent cette chair qu'ils ont engraissé avec soin. Nous les contacterons pour nous rendre chez eux et faire le plein en prévision des mois à venir. Surtout, j'ai comme mission particulière de revenir avec l'oie qui servira à nourrir les invités du réveillon de Noël qui aura lieu chez ma soeur G. et Rb., son amoureux, qui seront depuis peu, parents du petit Lc.

Lundi prochain, je peux affirmer que nous pourrons rendre grâce en connaissance de cause, ayant été bien nourris par les produits de la terre des mois qui viennent de filer et s'étant préparer aux mois plus difficiles en engrangeant quelques-uns de ceux-ci. Fins prêts pour les marmites fumantes et les joues rouges.

10.03.2008

inepties

L'héroïne du roman qui m'a fait pouffée de rire ce matin dans l'autobus autour de 6h55, au moment où elle bouillait de désir naïf pour l'homme en face d'elle, cherche le vent d'ouest. Elle parcourt la ville de Montréal en interrogeant tous ceux qu'elle croise sur son chemin pour le dénicher afin de le ramener dans son village natal. Eh bien, parfois, la réalité et la fiction auraient avantage à s'entraider en emmêlant leurs trames. Parce que cette dame âgée avec qui je me suis retrouvée dans l'ascenseur pendant quelques minutes sur mon heure de dîner m'a interpellée en me parlant du vent froid de l'hiver. Une façon comme une autre pour nouer un fil ténu de conversation.

Froid, oui. J'ai même enfiler ma tuque et mes mitaines ce matin en empruntant mon nouveau parcours de marche inauguré la semaine dernière. Les gens que je croisais tremblotaient et une paire d'yeux a bien failli m'arracher mon bonnet à son profit. La seule ainsi vêtue, je n'avais aucun regret, du genre qu'une âme qui se soucie du regard des autres aurait peut-être eu. En grande frileuse, j'assume totalement ma tenue douillette.

M. est installé sur l'ilôt. J'entends les bulbes, tubercules et crucifères se faire trancher à coups de lame achevant chaque mouvement sur le bois de la planche à découper. M. est le maître des soupes. Il arrive toujours à concocter une soupière pleine qui réchauffe l'estomac de bonnes choses aux parfums bien assortis.

Ce froid donc, il m'enveloppe et m'invite à languir l'abandon à la fatigue. Ce soir, dans les bras de mon amoureux, sûrement la poitrine écrasée sous le poids agréable et chaud de Nougat le gros chat, je ne ferai pas grand-chose. Je laisserai mon esprit vogué sur les ondes télévisées et tôt, je me glisserai dans un sommeil peuplé, ni de réalité ni de fiction mais de songes étranges, pourtant naturels pour cette case horaire.

La voilà cette poésie qui s'infiltre dans mes divagations bien maigres. Combien j'aimerais vous raconter cette histoire pas possible d'un âne qui a bloqué la circulation sur une île importante de la Méditerranée autour de midi hier parce qu'il n'avait pas eu sa ration de graminées à la même heure que d'habitude et que, chargé lourdement de toute manière par son propriétaire cruel, il a décidé de figer sur place, aussi impressionnant que la femme de Loth, cette statue de sel rendue telle par curiosité malsaine ou était-ce par inquiétude impie? Combien j'aimerais vous dire le cafouillis de véhicules rendus complètement inutiles devant cet animal obstiné obstruant le carrefour principal de la ville principale de cet île principal avec un culot magistral, et poursuivre en vous détaillant les dizaines de minutes à tenter de déplacer l'animal attelé transformé en béton armé, et encore avec le dénouement gentil provoqué par l'arrivée d'une fillette tendant sa galette d'avoine à la pauvre bête aux longues oreilles basses.

Mais je sens l'oignon se dorer les pelures dans la marmite et je sens bien que demain, en cordant le bois chez maman, l'effort me ravivera de fait par l'électrochoc cartésien induit par cette organisation de la matière organique à emboîter avec la parfaite maîtrise spatiale typique d'une adepte de tétris qui excelle. Le froid, l'effort, la famille. Rien de tel pour réveiller un franc-parler et chasser cette lassitude infusant mes mots. Se taire, maintenant, avant de vous perdre à tout jamais.

10.01.2008

l'union fait la force

Pour la xième fois en quatre jours, l'album de Mother Mother, O my , roule au paradis. Les mélodies accrochent l'oreille et la tête se secoue tout naturellement. Il y a deux soirs, je me suis tapée une de ces super marches énergiques sur le rythme de ce band canadien en passant d'une chanson à l'autre, sans en sauter aucune. Bon signe.

M. a vissé sa tuque de Loco Locass sur sa tête. Ça, ça veut dire deux choses: le temps froid est revenu et, il se casse le coco pour de vrai. Monsieur voit enfin la lumière au bout du tunnel. Depuis plus d'un an qu'il bosse à livrer la marchandise que le voilà rendu au moment de peaufiner. Comme je lui dis souvent, il est un champion. Mon héros du code, mon beau loup créateur.

Nougat le gros chat est avec nous. Installée sur sa couverture pliée spécialement pour elle sur le fauteuil, pour qu'elle le voit pareil à un trône cet endroit réservé à son repos du jour et de la nuit si elle le veut. Elle s'est joint à nous dans la pièce orange. Nous formons une petite famille tranquille. Chacun dans sa bulle assez grande pour frôler celle des deux autres et former une douce synergie.

Ce soir, les chefs des partis politiques formeront eux aussi une synergie en se frottant les uns aux autres autour de la table des débats. J'espère que Dion éblouira la galerie, que Harper balbutiera sottement, que Layton calmera le jeu, que Duceppe pataugera, que la représentante du Parti vert fera qu'on se souvienne au moins de sa présence. Si tels sont mes voeux, c'est que cette élection, bien qu'elle soit inintéressante pour certains, n'en demeure pas moins importante puisqu'elle déterminera notre bien-être de citoyens pour les années à venir. Et ceux qui disent que de toute manière, tous les partis s'équivalent, eh bien, ceux-là, je les oblige à revoir leur position paresseuse et à réaliser que notre beau pays risque de se retrouver avec un foutu problème à la gouvernance si les conservateurs passent de façon majoritaire et honnêtement, qui veut se relancer dans un gouvernement minoritaire? De grâce, pensez stratégie et alliez-vous derrière l'autre parti qui a de l'expérience, celui qui a à sa tête une bouille peu charismatique, mais who cares? On n'élit pas une face, on élit un ensemble d'individus qui croient à un ensemble de valeurs. Faites le calcul et vous comprendrez qu'il vaut la peine de se serrer les coudes pour cette fois-là, même si vous êtes bloquistes, même si vous êtes néo-démocrates. Ramenez l'équilibre à l'ordre du jour, pour un gros paquet de jours collés les uns aux autres, je vous en supplie. Bon Dieu, faites que les Canadiens - et je ne parle pas des hockeyeurs Seigneur! - ne baissent pas les bras devant leur contrat de membre d'une démocratie.

Sur ce, je cours à l'instant à la salle de bain pour prendre ma température. À tenir des propos engagés de la sorte, je dois être fiévreuse, sûr et certain.