orphelins de l'Éden

12.31.2006

bottin succinct

Dernier jour de cet an qui m'a beaucoup apporté. Ma journée débute avec un peu de scrapbooking. Les pages de mon carnet de choses à ne pas laisser s'échapper de ma mémoire se remplissent de bouts de journaux, de revues. Plus je colle, plus je réalise que je suis en train de me construire un petit guide à tendance écologique, au penchant pour le développement social, en passant par une économie locale florissante et des investissements éthiques. Je grapille les informations concernant des lieux et des initiatives qui font du bien au monde. Un monde en changement, qui progresse vers un mieux-être collectif, sans pour autant oublier que tout commence avec l'acte de chaque individu.

Procurez-vous le Guide du vêtement responsable conçu par Équiterre et disponible aux Dix Mille Villages. Allez lire un bouquin des Éditions Écosociété en sirotant un café chez LUBU ou frottez votre maisonnée avec des produits dénichés à la Coop La Maison Verte ou bichonnez votre corps avec un pain de savon fabriqué au Québec par La Savonnerie au Naturel. Planifiez une aventure avec les conseils de Karavaniers du monde ou votre portefeuille financier en optant pour le Fondaction ou le Filaction. Pour les nouveaux parents, courez à la Boutique Bummis ou au Grenier de Bébé. Partout et dans presque toutes les sphères de la vie, il y a une option positive.

Alors voici mon cadeau de nouvelle année:

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www.ecosociete.org

Café-libraire installé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve employant seulement des personnes sourdes et faisant la promotion des auteurs et artistes Québécois - www.lubu.ca

Caverne du Ali Baba soucieux de l'environnement, en passant par les produits nettoyants, les articles de bureaux, les produits pour jardiner, les jeux écoéducatifs, les vêtements éthiques - www.cooplamaisonverte.com

Entreprise québécoise privilégiant des produits pour le corps et la maison sans agents cancérigènes et allergènes - www.lasavonnerieaunaturel.com

Pour un voyage respectueux des populations locales et de l'environnement - www.karavaniers.com

Pour investir votre argent dans des fonds éthiques - www.reervert.com et www.filaction.qc.ca

Enfin, pour dénicher le cadeau à offrir aux parents en devenir ou pour alléger le porte-monnaie en réutilisant des objets pour les soins du poupon- www.boutiquebummis.com et www.legrenierdebebe.ca

Alors voilà, j'ai encore plein d'autres adresses à vous offrir à la St-Valentin!

12.30.2006

digression de fin d'année

Pendant que M. se colle au gros chat Nougat - rituel du matin - et que mes frijoles mijotent, je regarde tomber la neige fine comme du sucre en poudre. Maman est allée marcher dans le bois ce matin, accompagnée de sa chienne K. Elle me dit qu'elle accueillera la nouvelle année bien au chaud, chez elle, à se régaler de bonnes émissions télé. Mollo.

Une surprise m'attendait en ouvrant mes courriels après avoir fait la vaisselle, il y une heure de cela maintenant. Un de mes anciens élèves m'a contactée. Il me dit que je l'ai marqué cette année-là - il y a quatre ans - où j'ai été son enseignante de morale. Oui, je me souviens moi aussi Mc. Cette période est sur un piédestal dans mon palmarès souvenirs. J'ai été bénie d'avoir de si beaux groupes pour toute l'année scolaire, de pouvoir rire avec des êtres en pleine effervescence, apprendre de mes erreurs, émerveiller pour semer la possibilité de l'existence bonne et belle.

Au onzième, je suis loin de cette expérience et pourtant, pas tant que ça. J'ai des collègues en or, un milieu ouvert aux nouvelles idées, compréhensif. J'ai réussi à réimplanter la cueillette de recyclage avec succès par exemple. Même Pl. récalcitrant à prime abord, armé de son humour acide, recycle maintenant à la maison. Sa femme qui est aussi une collègue est venue me remercier pour ce changement. J'apprends que partout, dans tous les milieux, nous sommes les uns avec les autres, des humains pouvant nous communiquer ce qui nous permet de vivre mieux. Chacun possédant ses propres recettes, ses astuces. Il y a Cht., l'amie des animaux, GB, le jack in the box, GM, au coeur sage et pur, Vr., la maman convertie au bio, Nk., le bricoleur, Tn., l'encyclopédie vivante, Ct., la miss organisatrice, Sb., le fureteur environnementaliste, Dn., le cook humble et discret, tous, ils me sont tous essentiels comme tous ceux à venir et tous ceux passés.

Pour cette année qui se termine parce que c'est le calendrier qui le dit, je peux dire que la paix intérieure et le sourire au coeur ont été mes meilleurs alliés. Je souhaite à tous ce nuage de douceur qui porte au travers les événements qui se présentent à nous. Voir la vie sous un angle positif est toujours le résultat d'un choix conscient. Le verre est-t-il à moitié plein ou à moitié vide? L'important, c'est qu'il y a quelque chose à boire n'est-ce pas? Et que le jour où il n'y aura plus d'eau, eh bien, ce jour là, il sera trop tard.

12.27.2006

sur des patins

De retour sur la planète "quotidien", je constate que les jours de Noël ont été comme espérés: simples et relaxants. Nous avons bien mangé, nous avons jasé, nous nous sommes échangés des cadeaux avec amour. Ma mère nous a offert, à M. et à moi, des sous pour que nous nous gâtions un peu en cette période d'économie en vue de respecter un budget, en prévision d'assumer nos versements hypothécaires. "Allez dans un spa", qu'elle nous a suggéré. Nous sommes plutôt allés chez Rousseau acheter des patins à glace.

M. et moi, on a cette manie d'aller nous équiper pour pratiquer un sport juste après le temps des fêtes. La dernière fois, c'était il y a deux ans. Nous sommes débarqués à la Poubelle du Ski pour repartir avec des skis de fond. Juste après nous sommes arrêtés à la Boutique Courir. Là, nous nous sommes vêtus de la tête au pied pour braver le froid en suant, sans inconfort. Eh bien, notre habillement est pratiquement identique, tellement qu'à la blague, je dis que la Ville de St-Hubert nous commandite en vue des prochaines olympiades. Creton et Cretonne.

C'est ainsi que cet après-midi, devant la panoplie de modèles disponibles, nous avons flashé sur le même, version homme, version femme, teintes distinctes, heureusement. Ce sont des patins récréatifs. J'ai préféré opté pour le style hockey plutôt que celui artistique. Après une petite balade, dont nous revenons, je suis satisfaite de mon choix.

Nous avons tourné et zizagué avec une foule de touristes et de familles dans le Vieux-Port. M. et moi avons réussi à apprivoiser notre nouveau moyen de tranport. Dans quelques jours, nous voulons nous aventurer sur un sentier en forêt aménagé pour les patineurs et s'étendant sur une douzaine de kilomètres. L'air frais fouette le sang et l'oxygène nourrit les cellules amorphes. Vivement un peu de temps en amoureux à profiter des jours au gré de nos envies.

12.23.2006

la veille de la Veille

Un 23 décembre sous la pluie, Fn., mon voisin d'en bas, âgé de 67 ans, dit n'avoir jamais vu ça. Dans son temps, à ce temps-ci de l'année, il y avait de la neige pour les fous et les fins. Il m'avoue s'inquiéter pour les générations futures. Nous jasons sur les balcons à l'arrière. Il sort de chez lui, surpris de voir de l'activité au palier voisin du sien. Je me rends chez mes charmants voisins pour nourrir les vers qui vermicompostent. Il dit que pour lui, c'est fini, mais que pour moi et ceux de ma génération, quelque chose est peut-être encore possible. Je lui fais remarquer qu'il contribue en mettant son bac de recyclage au chemin tous les mardis matins. Oui, c'est vrai, qu'il me répond. Salut Fn., salut Lu.

Je nourris les vers qui mangent l'équivalent de leur poids par jour en tassant, dans les coins du bac rempli de terre et de parents rapprochés des lombrics, les légumes flétris qui deviendront du compost pour nos plants de cet été. Je quitte l'appartement endormi en déposant sur la table de la cuisine mon livre de recettes enrubanné en guise de joyeux Noël. Mes charmants voisins visitent le Mexique en famille. Un repos bien mérité pour ces deux êtres débordants d'énergie et de volonté.

Demain, c'est à notre tour de rejoindre nos familles. Ma mère et moi avons discuté des repas pour les jours à venir. M. et moi sommes allés au marché cet après-midi pour une petite virée et ce soir, nous venons tout juste de terminer l'emballage et la préparation des cadeaux. L'échange sera frugal cette année. Exactement comme nous l'avons tous voulu. Noël, cette fête commerciale née en l'an 1885 au Québec selon le sociologue Jean-Philippe Warren - si vous le pouvez, lisez l'entrevue dans le Voir de cette semaine, en page 14 - sera un moment de proximité familiale ponctué de repas partagés ensemble, de jeux, de rires, de silences agréables.

M. m'annonce comme ça, tout simplement, que pour la nouvelle année, ça y est pour un bébé: "En 2007, tu seras enceinte." Si c'est pas l'esprit des fêtes ça, je sais pas ce que c'est.

Amour, paix et joie à tous et chacun d'entre vous.

12.20.2006

un coeur au chaud

Elle a accepté de nous accompagner. Je n'en ai pas parlé avant et n'en reparlerai pas souvent, mais Cl., la mère de M., est triste. Voyez-vous, son mariage de 29 ans s'est démantelé en août dernier. Un tel obstacle sur un parcours est assez périlleux. Quoi qu'il en soit, à Noël, nous serons ensemble. Ma grand-mère nous reçoit le 24, et le 25, nous serons chez ma mère, à St-Sauveur, dans une maison chauffée au bois, au milieu d'un silence apaisant. Je nous vois déjà lire nos bouquins, faire une sieste, prendre une marche, écouter un film, popoter, manger, jouer au train mexicain. Ensemble. La soeur de M. sera là aussi, chez ma grand-maman, qui a déjà préparé un ragoût de boulettes, des bines, des beignes. La famille de M. est éclatée pour l'instant, chacun tentant de retrouver l'équilibre émotionnel qu'il avait jusqu'alors connu.

Malheureusement, dans ces moments difficiles, la seule chose à faire pour parer la douleur des blessés, après l'empathie, c'est laisser le temps passer, offrir son soutien lorsqu'il nous est possible de le donner et ne pas juger l'être souffrant. Il y a un interrupteur dans chacun de nous, prêt à renouer avec sa lumière. Clic, il fait clair... vive la Lumière.

12.18.2006

cadeau mangeable

Cette année, tout mon monde reçoit le même cadeau: un livre de recettes. Mais ce livre est différent des autres puisque celui-là, c'est moi qui en suis l'auteur. Avec M., nous avons terminé la mise en page après des heures de travail hier. Ma soeur B. en est l'instigatrice. C'est ainsi que sa crainte de ne pas pouvoir cuisiner de la viande autant qu'elle le voudrait une fois arrivée à Hong Kong s'est transformée en moteur pour un projet devenu un objectif. Famille, amis, collègues de travail, voisins, tous recevront cette plaquette sur laquelle je bosse à temps perdus depuis quelques mois déjà. Et puisque mes petits plats semblent en inspirer quelques-uns, je me suis dit: "Pourquoi pas après tout?" Joyeux Noël.

12.16.2006

désacralisation

Hier soir, c'était au tour au bureau de M. de célébrer Noël. J'allais rencontrer les visages des noms et des interactions dont il me nourrit lorsqu'il me parle de ses journées de travail pendant la préparation de nos repas.

Le cocktail commencait à 18 h. Une heure pour détendre l'atmosphère avant de se mettre à table. M. estima vouloir arriver à 18 h 30. Cependant, les circonstances de ce vendredi soir dans la ville ont transformé notre allée en véritable périple. Une fuite d'eau majeure à la station Rosemont nous a obligés à emprunter une navette sur terre plutôt qu'un train souterrain. Le trafic ne pouvant souffrir davantage de véhicules, s'est densifié à l'arrivée des autobus sur la St-Denis sensés transporter les voyageurs d'une station à l'autre. Quinze minutes entre une station ont suffi pour nous convaincre que ce soir, plonger dans un taxi serait plus efficace. Eh voilà, c'est comme cela que nous avons abouti, après multiples détours pour éviter les artères principales congestionnées, sur la rue Sherbrooke, à la recherche du 1850 ouest.

Nous sommes arrivés devant le Memorial Hall, le temple maçonnique. Telle une enfant, j'ai tiré M. à l'intérieur, curieuse de voir ce qui se cachait derrière les portes lourdes et gigantesques. Ce soir, nous allions célébrer dans un lieu de culte, rien de moins. L'endroit débute avec des esacliers qui mènent à la salle de réception, là où, sans aucun doute, plusieurs serments ont dû être formulés dans le passé. C'est là que les tables étaient dressées. C'est là que les invités de la soirée devaient limiter leurs déplacements, à part pour aller aux salles d'eau, situées au fond, près d'autres escaliers, ceux-là grimpant jusqu'au septième étage. Après le souper, je pars en exploration avec Cl., conjointe d'At., ami de M. dans son milieu de travail. Nous décrouvrons les escaliers de service et quelques pièces non verrouillées. Aucune bizarrerie à souligner, à part pour l'escalier principal se terminant sur un mur, littéralement. Sur les murs de la vaste salle, des fresques dépeignant des scènes de colonisation ne révèlent aucun indice de l'interprétation des francs-maçons par rapport au monde qui les entoure. J'ai beau chercher tout autour, mais seul le symbole de l'équerre inversée surplombant une chandelle qui se consume confirme que nous sommes bien dans la demeure d'une confrérie. Sur deux murs qui se font face, des plaques dorées sont gravées des dates de la première et de la seconde guerre mondiale. Sur chacune d'elle, les dates se retrouvent entre un sphinx et un lion couchés avec la tête bien droite, s'observant attentivement. Peut-être la matière qui constate sa propre possibilité de mutation, qui sait?

La franc-maçonnerie auraient été fondée quelque part au 17e siècle. En résumé, il apprécie toutes les choses qui les entourent en les considérant d'un point de vue architecturale. Dieu devient ici le Grand Architecte. Leur regard est philosophique puisque chaque événement prend sens dans une structure certaine. Lorsqu'ils se réunissent, il discutent et échangent dans un climat ritualisé, propice au respect et à la perpétuation des connaissances.

Mais revenons-en maintenant au party de bureau. Nous avons mangé, bu et dansé. Lorsque j'ai voulu une coupe de champagne en début de soirée, c'est une amie à moi qui s'est avancée pour me l'offrir. Petit monde. Pendant l'apéro, j'ai discuté de langage oral versus langage écrit avec Rc., originaire du Nouveau-Brunswick et revenant tout juste de seize années vécues au Japon, et T., Vietnamienne intégrée à la société québécoise. Vient le repas, un potage insipide que nous tentons de rehausser avec une pelletée de sel, des énigmes que nous tentons de résoudre en groupe dans le but de remporter des prix, le plat principal, plus raffiné et réussi, les cadeaux achetés dans une razzia à la SAQ (M. remporte une bouteille de Disaronno), le dessert et finalement, la danse.

Je discute avec Lr., un homme de mon âge complètement allumé qui me confirme qu'il croit que le changement social s'opèrera grâce à la culture de notre jardin secret. Prendre le temps de développer sa créativité et éradiquer la paresse intellectuelle sont quelques outils pour un monde occidental meilleur. À la fin de la soirée, il me dit qu'il aimerait que M. et moi venions souper chez lui, pour poursuivre la discussion et rencontrer sa femme et ses enfants. Avec joie.

Je danserai pour le restant de la soirée. À un moment, la piste sera désertée à part pour moi et Rc. qui continuons à bouger sur un air de rock des années 80. La dernière heure et demie appartiendra à un petit groupe de résistants du rythme qui se défoulera avec plaisir. Quand la musique cesse pour de bon et que le groupe s'immobilise, je lance: "Merci et à l'année prochaine!" Tout le monde sourit et semble d'accord pour ce rendez-vous possible.

Nous rentrons en taxi, buvons un thé rouge et nous mettons au lit. Ce soir, une autre fête nous attend.

12.14.2006

nez rouge

Nous avions droit à une boisson et à un sandwich gratuits, mais je me suis contentée de trois clémentines pour la route.

Notre première mission nous a lancés vers Pointe-aux-Trembles. 21 h 57 était l'heure inscrite sur notre demande. Dans le véhicule, nous étions quatre. Nk. était le conducteur de la voiture accompagnatrice. J'étais l'accompagnatrice dans la voiture accompagnatrice. Je manipulais le walkie-talkie. Équipe 12 à la base, prêt pour une nouvelle demande. 10-4. Pl. et Nl. s'occupait de la voiture du client, dans lequel l'utilisateur du service voyageait jusqu'à bon port en agréable compagnie.

Nous étions munis d'une formation express déblatérée dans une quinzaine de minutes. Ma soeur G. et moi avons bien ri lorsque l'instructeur a dit "vomi-bag", pour indiquer que nous n'en disposions que d'un seul pour la soirée. Vomi-bag. Je te vois encore rire G.

Nous avons fait quatre raccompagnements en l'espace de quatre heures et demie. Il faut dire que nous avons traversé la ville de bord en bord. Des raffineries de l'est à l'Institut de cardiologie à un bâteau au Quai de l'horloge au boulevard Taschereau à la rue St-Denis à ville Lasalle (qui semble-t-il a été érigée sur un ancien site d'enfouissement) à un manoir sur le boulevard Gouin jusqu'au quartier des Hassidims.

Le moment fort de la soirée est sans doute cet homme que nous raccompagnions sur la rive-sud avec sa conjointe. Il est allé faire un tour aux toilettes et j'attendais qu'il sorte. Lorsqu'il a ouvert la porte, il s'est excusé pour le banc mouillé - ivresse rimant avec maladresse - en prétextant ne pas avoir trouvé de papier. Quand je lui ai pointé du doigt les trois rouleaux sur une tablette juste au-dessus de la toilette, il a voulu retourner l'essuyer. Par pitié, je lui ai dit que ça allait. De toute manière, qui s'asseoit sur un bol de toilette dans une station service? Le fêtard était bien embarrassé d'apprendre que je faisais partie de son escorte, mais l'embarras n'a pas duré puisqu'il était trop empressé de bombarder Pl. de musique qu'il changeait à toutes les deux secondes. Il était sympathique ce fan de M.I.A.

L'année prochaine le onzième récidive. Cette fois, nous serons plus nombreux que deux équipes sur la route. Et si je manipule l'appareil de transmission encore une fois à ce moment, je saurai comment formuler nos péripéties en formules courtes et professionnelles, comme certains l'ont fait hier soir en véritables habitués. Équipe 10, 1-0, à la base, prise en charge du client, 22 h 36, direction Plateau Mont-Royal. 10-4 équipe 10, 1-0, bon voyage.

Bon voyage sur les routes endormies de villes où les fêtes pullulent en ce temps de réjouissances et où certaines réponses ne semblent se trouver qu'au fond de la bouteille. 10-4. Et soyez prudent en appelant au 256-2510. C'est simple et sans obligation financière. Vos dons seront versés à des organismes à but non lucratif.

12.13.2006

en amour

Après l'intuition, viennent les rêves. Après ou avant, je ne sais plus. Quoi qu'il en soit cette nuit, juste avant de me réveiller, j'ai rêvé à mon premier chum steady, Tr. Il m'attendait à l'entrée du onzième pour que nous allions prendre une marche, histoire de jaser un peu afin d'apprendre où nous en sommes rendus dans nos vies respectives. Je me disais: "Ah, enfin je pourrai savoir comment il trouve ça d'être père d'une petite fille." Je lui demandais de m'attendre aux ascenceurs et puis c'est là que je me suis réveillée.

Une fois au onzième, dans la réalité, j'ai rempli ma feuille de temps. Quand j'ai écrit la date, j'ai flashé. Il y a 15 ans, j'embrassais Tr pour la première fois et notre relation allait durer trois ans. Bizarre tout de même. Je ne me souviens même plus la dernière fois où j'ai rêvé à lui. Il fallait que ce soit ce matin, date de mon envol dans le merveilleux monde de l'amour.

Avant Tr., j'ai connu deux amourettes. Ma première m'a consommée à l'âge précoce de neuf ans. J'étais en cinquième année du primaire, j'arrivais tout juste de mon village ontarien avec mon accent à couper au couteau. Il faut croire que j'ai réussi à charmer un garçon dans ma classe puisqu'il a choisi de se lier d'amitié avec mon demi-frère pour venir à la maison et déposer un coeur rempli de chocolats sous mon oreiller accompagné d'un mot. Mon premier mot d'amour. Il était Belge et son chat s'appelait Mitaine parce qu'il avait des doigts en trop sur chaque patte.

La deuxième histoire m'a blessée. Le garçon écrivait des poèmes et passait ses nuits à vagabonder dans la ville, ivre. Il était du type mystérieux. Nous nous fréquentions parce que nous étions inscrits tous deux à un camp d'expressions artistiques. Je dansais et il participait à une pièce de théâtre si je me souviens bien. Notre petite aventure pudique a duré trois semaines. Il m'a laissé par voie téléphonique en l'apprenant à mon amie pour qu'elle me livre le message. Semble-t-il qu'il n'aimait pas m'embrasser. Voyez-vous, je portais des broches. Je vous épargne quelques détails à propos de cet individu bousilleur d'estime. Mais sachez qu'il est responsable de ma première cuite, qui d'ailleurs, a eu lieu juste de l'autre côté du lac où habite maintenant ma mère. Petit monde.

Aujourd'hui, je n'ai pas oublié ni mes blessures ni mes joies d'amour. Je suis pleine du passé, mais vivante au présent. Je remercie le ciel d'avoir mis M. sur mon chemin, lui qui m'aime pour tout ce que je suis. Je remercie aussi les hommes que j'ai connus parce que ce sont eux qui me permettent de réaliser la chance que j'ai d'avoir trouvé M. Surtout, ce sont eux qui m'ont permis d'apprendre à aimer.

12.11.2006

connection

L'intuition. J'en ai parlé avec S. en fin de semaine, dimanche matin, pendant que je préparais le mélange à crêpe. Je crois que nous sommes tous intuitifs. Tous autant que nous sommes, nous avons cette possibilité de communiquer avec le monde qui nous entoure, de saisir le langage des signes qui se révèle à nous. Parfois, c'est notre voix intérieure qui nous lance des messages, des enchaînements d'idées qui nous mènent au but. Bien sûr, ce n'est qu'a posteriori qu'une intuition est confirmée. Difficile alors de savoir laquelle se concrétisera. S. croit que si qu'elle la formule en mots, l'intuition ne se matérialisera jamais. Je crois que quoi qu'il arrive, il faut savoir remercier la vie qui nous donne parfois des tuyaux et réaliser à quel point il est possible de nous sentir liés à l'ensemble qui n'est pas seulement qu'un décor inanimé, bien au contraire. L'environnement est organique, vivant, je suis en mouvement dans cette symphonie de pulsions. L'univers est un battement saisissable.

Alors, aujourd'hui, j'ai remercié le Tout par deux fois plutôt qu'une. Dans un premier temps, mon équipe pour mon expérience de bénévolat chez Opération Nez Rouge a changé. Mes deux partenaires d'origine, des collègues de travail, feront équipe avec ma patronne. De mon côté, je me retrouve avec GB et Dn., deux êtres que j'adore. Bref, lorsque Nk., l'organisateur m'a annoncé que je ne serais plus jumelée avec lui et Pl., je n'ai pas été surprise outre mesure puisque j'en avais eu l'intuition depuis le début, lorsqu'ils me l'avaient proposé il y a deux semaines.

O.K., numéro 2:
Je dois acheter de la nourriture pour Nougat le gros chat, mais depuis son traitement entamé il y a trois semaines, je dois me la procurer chez un vétérinaire puisque cette marque n'est pas en vente dans les animaleries. Cependant, je n'ai pas réussi à parler avec le vétérinaire pour savoir si je dois continuer avec cette nourriture. Je décide quand même de rentrer dans le local qui se trouve sur mon chemin du retour. Au comptoir, il y a Cn., ma coiffeuse qui ne me coiffera plus qu'elle m'apprend, sa blessure à l'épaule l'en empêchant définitivement. Elle me dit que je suis la troisième de ses anciennes clientes à la rencontrer là, dans son nouveau milieu de travail. Je ressors bredouille puisque la sorte de nourriture que je veux est écoulée et que leur commande ne rentre que demain. Quoi qu'il en soit, cette fois, mon intuition a opéré en douce et m'a menée à une rencontre fortuite.

L'intuition me réconforte dans la cohérence des choses qui ne semblent pas toujours justes. Elle m'affirme la guidance subtile de l'Ordre et du Chaos. Elle est une alliée. Une fée bienvaillante qui distribue de la poudre d'émerveillement à coup de baguette fine. Le Père Noël ne fait pas le poids face à cette lilliputienne à la générosité sans borne.

12.09.2006

le onzième communie

GB a un coffee shop comme il dit, en plein coeur de St-Bruno. C'est un lieu souterrain, une véritable caverne superbement aménagée: mur de briques et de pierres, plancher de bois (flottant, mais tout de même très beau), bar qui n'en fini plus en acajou ou merisier, je ne me souviens plus, espace ouvert, scènes, table de babyfoot, système de sons sophistiqué, écran de plasma, tables hautes et tabourets, éclairage multi-ambiances. GB et ses deux frères sont les artisans concepteurs de cet endroit qui n'est toujours pas encore ouvert au public et ce, après plus de quatre ans. Des embrouilles avec la municipalité (en fait, une politicallerie puérile) ont retardé l'ouverture de ce petit joyau. GB et ses frères estiment que ce printemps, c'est parti mon kiki.

Alors, c'est là que s'est bu de l'alcool hier soir et que s'est mangé un buffet gargantuesque parce que cette année, au onzième, nous voulions récidiver. L'année dernière, le party de Noël du bureau c'était passé là et, une fois l'effet chaleureux des lieux installé pour de bon parmi les convives, c'est la piste de danse qui s'était enflammée. Ct., une bête sociable, avait préparé des alignements de chansons qui ont réveillé le beat de notre groupe, ce rythme que nous oublions même de libérer lorsqu'une musique nous enivre dans l'intimité de notre salon. Mais l'année dernière, c'était comme si un génie venait de sortir de sa lampe pour nous accorder une exquise récréation. Des femmes et des hommes dansant dans une lumière chatoyante, dans une caverne, c'est presque une scène primitive, vous ne croyez pas? Eh bien, nous sommes sortis de ce party sur un petit nuage et cette année, nous voulions flotter de nouveau. Mission accomplie je crois.

Du moment où les participants ont commencé à pénétrer dans l'antre magique jusqu'à celui du dessert, j'ai rushé. Heureusement, Iz. et Cht. étaient là pour me rappeler à la détente et au sourire. Il faut dire que nous sommes quatre à avoir organisé le party de cette année. Puisque chacun apportait un plat, la mise en table a demandé beaucoup de coordination: les boulettes sur un brûleur, une sauce pour cannellonis sur l'autre, les carrés d'artichauts dans le micro-ondes (et oh! en passant, j'en ai mangé un tout frais sorti des ondes et je crois, cette fois, que c'est mon troisième shooter de grappa glacée qui m'a donné le mini mal de tête avant le coucher), les cannellolis végés (merci à une collègue au coeur en or) dans un plateau de réchaud, les empanadas maison dans la grillette, de même pour une concoction à la goberge et fromage frais, les multiples salades, les plateaux de pizzas, les couronnes de crevettes, les huîtres à la vodka, une quiche, le tout dans un tourbillon de "est-ce que je pourrais avoir un couteau?", "où sont mes cannellolis?" (que GB et moi avions rangé la nourriture dans les frigos le matin, alors nous devions amener à bon port tous les tupperwares), "j'ai besoin de citron coupé en quartiers", "est-ce que je pourrais avoir un ouvre-bouteille?", "où est ma bouteille de rouge?", et fond de musique et de clameur. Une ruche d'abeilles à la tête coupée.

Mais par miracle, à un moment, je me suis retrouvée avec Iz. et Cht. dans la voûte (une vraie compte tenu que le café était une banque avant) transformée en cuisine, les deux fées de ma soirée. J'ai compris que tout allait aller pour le mieux. Les gens réunis voulaient passer une bonne soirée, c'était un coup à donner et une fois donné, je me suis lancée sur la piste de danse parce que Madonna chantait Vogue et que j'en avais marre de pomper le conduit de l'évier bouché par les sédiments des huîtres ouvertes sur place. Après quelques chansons passées à me dandiner sur la piste avec ma soeur G., qui est aussi une collègue, et Cht., et GM, et GB, et tous ceux et celles qui venaient sur la piste, Pl. a amorcé une tournée de grappa tandis que Ct. passait un plateau de shooter vodka-jello. Nous avons trinqué à tout le travail que nous avons accompli, mais surtout à notre complicité. D'ailleurs, après le repas et avant le dessert, nous avons fait tirer des cadeaux. Un des gagnants, que j'appelle affectueusement l'extra-terrestre parce qu'il est assez space merci, nous a livré un speech qui m'a arraché une larme à l'oeil.

GB a eu l'idée de faire faire une plaque commémorative pour les gagnants de babyfoot de chaque année. L'année dernière, c'est sans conteste Cht. qui le méritait, alors son nom a été le premier a être gravé sur le trophée mural. Hier soir, c'est monsieur Tn., vétéran du babyfoot, qui n'avait pas joué, selon ses dires, depuis plus de quarante ans, qui a remporté les honneurs. Lorsque j'ai eu la chance de le féliciter, il m'a avoué y avoir échappé belle avec des adversaires comme Cht. et Lc.

La soirée s'est déroulée comme un charme. Les danseurs se relayant pour garder l'ambiance vivante ont profité de vieux rock, de pop, de rap, de salsa. J'ai trashé un peu avec Sp. et Nk. , twisté avec GM et Jh., ondulé avec G. et rebondi avec Tn. Je me suis défoulée dans un moment de réjouissance collective. Le plaisir marque la mémoire au fer rouge, tout en douceur.

12.06.2006

les petits gestes aux grands effets

M. me chuchote à l'oreille qu'il m'aime. Le réveil est doux, son corps serré au mien dans les draps mousseux et chauds. L'obscurité le rebute, mais ce matin, je peux encore dormir un peu, la tête enfouie sous un oreiller pendant qu'il s'affaire dans la cuisine, où le glouglou de la cafetière roucoule tranquillement. Il vient m'embrasser avant de quitter pour sa journée de travail. Je replonge dans un bref sommeil.

À la levée du corps, je sais ce qui m'attend: déjeuner, virée au marché, vaisselle, cuisine. Le temps qu'il me restera avant d'aller au onzième, je le consacrerai à la poursuite de mon projet "livre de recettes, cadeau de Noël pour tous ceux et celles que j'aime". Les jours s'égrènent et il y a encore beaucoup de boulot pour mener le tout à terme. En plus, j'aimerais aller au Salon des Métiers d'Arts, présentement ouvert aux visiteurs à la place Bonaventure, cette semaine. Pour l'excavateur d'originalité, c'est une mine de créativité.
(Ici, je voudrais souligner que c'est la troisième fois en quelques mois que j'utilise l'expression "mine de créativité" et qu'une de mes lectrices, M-H, qui ne me lit peut-être plus, est la première à l'avoir reçue lorsque j'ai voulu qualifier son site Internet personnel et que la deuxième fois, c'était pour qualifier le site Internet qu'un autre lecteur m'a recommandé de visiter dans un commentaire d'un de mes blogs, et que si cette personne est encore M-H à mon insu, je suis désolée d'avoir sonné comme un disque égratigné, mais quand la créativité foisonne, c'est une mine de créativité!)

Je sors et la neige tombe sur la ville, théâtre d'humains de tous milieux et de tous âges qui se dirigent vers leur second chez-eux: le travail. Les voitures sont nombreuses sur les artères principales, les autobus sont pleins et les wagons de métro ballottent des gens à moitié endormis. Je descends à Jean-Talon, direction le marché. Un mercredi matin, il y a un consommateur pour trois commerçants. Les allées sont dégagées et les échanges sont plus détendus.

Chez Louis, le caissier est le fils des propriétaires. Il parle avec un homme venu de Montréal-Ouest. Le caissier raconte que la femme de son cousin, déménagé en Arabie Saoudite pour le travail, doit porter le voile pour respecter les coutumes du pays. Pourquoi, se demande-t-il, lorsque les immigrants arrivent ici peuvent-ils conserver leur coutume? Je n'interviens pas, mais je réponds intérieurement que c'est parce qu'ici, nous respectons les valeurs qui ne briment pas le bien-être collectif. En d'autres mots, si M. Jean Jacques veut s'habiller en femme le vendredi soir et que M. Moustafa veut porter le turban, ils le peuvent s'ils n'imposent pas leur vouloir à l'ensemble. D'un autre côté, si M. Malade veut toucher au sexe d'enfants, on ne le tolère pas. Il y a des limites à respecter.

Losrque mon tour arrive, le caissier me demande, puisqu'il est curieux cet être sociable, si j'oublie de temps en temps mes sacs réutilisables que j'utilise pour faire mes courses. Lui en a vingt qu'il me dit, qu'il laisse dans sa voiture et qu'il oublie la plupart du temps. Il a en autant parce que lui et sa conjointe ont quatre enfants à nourrir et qu'une épicerie s'avère volumineuse dans leur cas. Je lui dis que mon truc, c'est de tout faire à pieds. Comme ça, je dois planifier mes expéditions. Je n'oublie donc pas mes sacs. Il me dit qu'il a une fille handicapée et que ça demande aussi beaucoup d'organisation. Malgré tout cela, le mot "oubli", il le répète souvent qu'il m'apprend. Sympathique personnage.

Je sors dans le froid de la journée et je réfléchis au monde qui se construit à chaque instant, à l'univers capable de tout, à nos perceptions parfois traitres, à l'amour qui apaise. Je souris.

12.04.2006

le soleil est couché

Mon anglais se porte bien. Du moins, il se maintient. Après les deux examens consécutifs de ce matin, je suis confiante que mes résultats me permettront de poursuivre ma besogne au onzième. Cependant, une nouvelle rumeur circule: d'autres mises à pied pour cette semaine. GB a une source et semble arrêter le nombre à trois nouveaux collègues en direction vers la potence. Qu'est-ce que l'autre disait déjà? Ah oui, nous verrâmes...

Je sais aussi calculer et je crois que mon tour viendra après le temps de fêtes. Le nombre d'employés temporaires fond, les employés permanents sont immunisés à ce genre de coupures et les projets sur lesquels nous sommes appelés à plancher ne rentrent pas. Je suis certaine que quoi qu'il arrive, les patrons du onzième me rappelleront éventuellement, quand les bourses se gonfleront à nouveau et que les projets pleuveront comme la manne. La qualité de mon travail est celui d'un être appliqué, méticuleux et plein de bonne volonté. Ma mère nous a élévées, ses filles, au doigt et à l'oeil. Bien que nous soyons toutes trois différentes, notre discipline au travail est comparable. Nous savons qu'il ne faut pas mordre la main qui nous nourrit et que l'argent ne pousse pas sur les arbres.

D'un autre côté, M. et moi continuons à parler d'achat de maison. Nous avons reçu par la poste les scénarios possibles selon la variation du prêt hypothécaire envoyés par notre perle de conseillère. M. et moi sommes assez rigoureux. Du moins, nous tentons de comprendre tout ce qu'une telle démarche implique. Je crois qu'il faut un certain investissement de temps pour saisir toutes les subtilités reliés à l'achat d'une propriété. Je n'aime pas laisser à quelque d'autre le pouvoir de choisir pour moi les modalités d'une aussi grosse décision, même si cette personne a de bonnes intentions. M. et moi sommes partenaires dans cette étape qui devrait nous amener vers un lieu de vie agréable qui nous appartiendra.

Bien que le matériel alourdisse selon des adeptes du "ici maintenant", il faut tout de même se sentir bien et concrétiser, selon nos moyens, nos choix formulés avec conscience. M. et moi sommes sédentaires. Nous voulons pondre des poussineaux bientôt et nous planifions que notre nid sera sous nos plumes pour un bon bout de temps. Il nous faut des assises solides pour étirer nos racines jusqu'en Chine. B., on s'en vient!

le soleil se lève

Il est 7 h 01 sur le cadran en face de moi. M. se sèche les cheveux et la radio monologue dans la cuisine. Ce matin, je m'en vais tester mes capacités à écrire la langue anglaise. C'est pour le onzième, salaire oblige. J'aurai le choix parmi des réponses multiples. Nous verrâmes comme dirait l'autre.

C'est parti pour l'hiver. Notre pelle a déjà déneigé nos escaliers, nos bottes crisseront sur le tapis blanc fraîchement déposé. Et sur notre balcon arrière, à chacun des voyages pour le cabanon dans lequel sont rangés ordures et recyclage, nous jonglons avec la perspective de plonger vers la ruelle à chaque nouvelle couche de glace formée.

Comme ça, sans crier gare et de façon un peu hétéroclite, je recommande, pour les futurs propriétaires comme moi, une lecture: le numéro spécial Collection Protégez-vous (une revue) consacré à l'achat d'une maison et qui s'intitule Acheter une maison (!), présentement en kiosque; et un disque féerique: Ys de Joanna Newsom, une chanteuse à la voix enfantine, cristalline, intense, qui manie l'harpe et l'historiette avec brio.

12.01.2006

bilan

Puisque j'ai vécu plusieurs petites expériences dans les jours qui viennent de s'évanouir à tout jamais dans le cours du passé, je vous en fait un résumé éclair.

Mardi soir:
M. et moi rencontrons ma conseillère chez Desjardins - une perle - pour parler futur: hypothèque, budget, plan d'éxécution, REER.

Mercredi matin:
M. se lève en décrétant que nous pourrons avoir "une grosse maison", lui qui pensait que nous devrions attendre encore plus d'un an avant la mise en marche de tout ce processus qui nous rendra propriétaire d'un nid, enfin.

Mercredi après-midi:
Au onzième, on nous annonce des mises à pied à venir. Ce n'est jamais arrivé depuis que j'y suis employée.

Mercredi début de soirée:
J'apprends que le couperet est déjà tombé pour six de mes collègues. M. et moi allons goûter à la réalité inhérente à un emploi temporaire.

Mercredi soir:
Dans mon cours de yoga, M-C nous incite à être à l'affût des surprises de la vie, d'être ouvert à ce qu'elles nous amènent et de ne pas avoir d'attente puisque, dit-elle, l'existence nous apporte toujours quelque chose de surprenant, qui dépasse les limites que nous tentons d'imposer par la projection de notre expectative.
Aussi, pendant la séance, nous tricotons nos orteils - nous les entrecroisons comme des doigts. Une première dans ma vie. Surprise.

Mercredi après le yoga:
Je danse dans une ruelle endormie... pas tout à fait, puisqu'une porte s'ouvre pendant que j'ondule et qu'un homme sort à deux pas de moi. Pas nerveux le type. Sourire et poursuite du mouvement.

Mercredi soir, soir, avant le dodo:
M. a épluché quelques sites internet affichant des propriétés à vendre. Nous constatons que nos goûts s'accordent de plus en plus.

Jeudi matin:
Au onzième, le malaise latent n'est pas trop palpable.

Jeudi midi:
Le chat sort du sac et nous apprenons que les collègues affectés par les coupures budgétaires du département quittent dans deux semaines.

Jeudi après-midi:
Je rejoins enfin ma grand-maman au téléphone qui m'apprend qu'elle a adoré le spectacle qu'elle est allée voir au Casino, samedi dernier: La famille Dion. Ils chantent et jouent des instruments, "comme ça se passait dans le temps, dans ma famille". À la fin de la prestation, ils viennent serrer la main des spectateurs. Elle est ravie.

Jeudi soir:
G., R., son amoureux, M. et moi allons souper au Decca 77. Une soirée bénéfice pour MIRA y propose l'expérience de manger "dans le noir". En fait, nos yeux sont bandés. Le repas est servi en quatre temps et la nourriture est superbe. Je suis la seule qui ne triche pas du repas - à part une petite fois au dessert parce que M. prétend que la présentation du plat est impeccable et que ça s'avère vrai. Les autres à la table retirent leur bandeau régulièrement sous prétexte que leurs yeux brûlent sous leurs paupières ou qu'ils doivent absolument voir ce qu'il y a dans leur assiette - surtout R. qui ne mange aucun légume ni fruit.

Vendredi matin:
Une rumeur circule au onzième: d'autres mises à pied sont peut-être prévues pour dans deux semaines.
Aussi, dans mon quartier, c'est le premier jour de l'hiver puisque les trottoirs sont recouverts de sel et de minuscules roches qui viendront, pour une saison, cochonner mon tapis d'entrée. Une pluie glacée menace la ville de verglas. Et ce soir, M. et moi allons prendre un verre chez S. et Mx.

Jusqu'ici, tout va bien. Jusqu'ici, tout va bien.