orphelins de l'Éden

12.16.2006

désacralisation

Hier soir, c'était au tour au bureau de M. de célébrer Noël. J'allais rencontrer les visages des noms et des interactions dont il me nourrit lorsqu'il me parle de ses journées de travail pendant la préparation de nos repas.

Le cocktail commencait à 18 h. Une heure pour détendre l'atmosphère avant de se mettre à table. M. estima vouloir arriver à 18 h 30. Cependant, les circonstances de ce vendredi soir dans la ville ont transformé notre allée en véritable périple. Une fuite d'eau majeure à la station Rosemont nous a obligés à emprunter une navette sur terre plutôt qu'un train souterrain. Le trafic ne pouvant souffrir davantage de véhicules, s'est densifié à l'arrivée des autobus sur la St-Denis sensés transporter les voyageurs d'une station à l'autre. Quinze minutes entre une station ont suffi pour nous convaincre que ce soir, plonger dans un taxi serait plus efficace. Eh voilà, c'est comme cela que nous avons abouti, après multiples détours pour éviter les artères principales congestionnées, sur la rue Sherbrooke, à la recherche du 1850 ouest.

Nous sommes arrivés devant le Memorial Hall, le temple maçonnique. Telle une enfant, j'ai tiré M. à l'intérieur, curieuse de voir ce qui se cachait derrière les portes lourdes et gigantesques. Ce soir, nous allions célébrer dans un lieu de culte, rien de moins. L'endroit débute avec des esacliers qui mènent à la salle de réception, là où, sans aucun doute, plusieurs serments ont dû être formulés dans le passé. C'est là que les tables étaient dressées. C'est là que les invités de la soirée devaient limiter leurs déplacements, à part pour aller aux salles d'eau, situées au fond, près d'autres escaliers, ceux-là grimpant jusqu'au septième étage. Après le souper, je pars en exploration avec Cl., conjointe d'At., ami de M. dans son milieu de travail. Nous décrouvrons les escaliers de service et quelques pièces non verrouillées. Aucune bizarrerie à souligner, à part pour l'escalier principal se terminant sur un mur, littéralement. Sur les murs de la vaste salle, des fresques dépeignant des scènes de colonisation ne révèlent aucun indice de l'interprétation des francs-maçons par rapport au monde qui les entoure. J'ai beau chercher tout autour, mais seul le symbole de l'équerre inversée surplombant une chandelle qui se consume confirme que nous sommes bien dans la demeure d'une confrérie. Sur deux murs qui se font face, des plaques dorées sont gravées des dates de la première et de la seconde guerre mondiale. Sur chacune d'elle, les dates se retrouvent entre un sphinx et un lion couchés avec la tête bien droite, s'observant attentivement. Peut-être la matière qui constate sa propre possibilité de mutation, qui sait?

La franc-maçonnerie auraient été fondée quelque part au 17e siècle. En résumé, il apprécie toutes les choses qui les entourent en les considérant d'un point de vue architecturale. Dieu devient ici le Grand Architecte. Leur regard est philosophique puisque chaque événement prend sens dans une structure certaine. Lorsqu'ils se réunissent, il discutent et échangent dans un climat ritualisé, propice au respect et à la perpétuation des connaissances.

Mais revenons-en maintenant au party de bureau. Nous avons mangé, bu et dansé. Lorsque j'ai voulu une coupe de champagne en début de soirée, c'est une amie à moi qui s'est avancée pour me l'offrir. Petit monde. Pendant l'apéro, j'ai discuté de langage oral versus langage écrit avec Rc., originaire du Nouveau-Brunswick et revenant tout juste de seize années vécues au Japon, et T., Vietnamienne intégrée à la société québécoise. Vient le repas, un potage insipide que nous tentons de rehausser avec une pelletée de sel, des énigmes que nous tentons de résoudre en groupe dans le but de remporter des prix, le plat principal, plus raffiné et réussi, les cadeaux achetés dans une razzia à la SAQ (M. remporte une bouteille de Disaronno), le dessert et finalement, la danse.

Je discute avec Lr., un homme de mon âge complètement allumé qui me confirme qu'il croit que le changement social s'opèrera grâce à la culture de notre jardin secret. Prendre le temps de développer sa créativité et éradiquer la paresse intellectuelle sont quelques outils pour un monde occidental meilleur. À la fin de la soirée, il me dit qu'il aimerait que M. et moi venions souper chez lui, pour poursuivre la discussion et rencontrer sa femme et ses enfants. Avec joie.

Je danserai pour le restant de la soirée. À un moment, la piste sera désertée à part pour moi et Rc. qui continuons à bouger sur un air de rock des années 80. La dernière heure et demie appartiendra à un petit groupe de résistants du rythme qui se défoulera avec plaisir. Quand la musique cesse pour de bon et que le groupe s'immobilise, je lance: "Merci et à l'année prochaine!" Tout le monde sourit et semble d'accord pour ce rendez-vous possible.

Nous rentrons en taxi, buvons un thé rouge et nous mettons au lit. Ce soir, une autre fête nous attend.

1 Comments:

At 5:25 p.m., Anonymous Anonyme said...

Hier soir, c'était à notre tour de faire la même expérience. C'était la première année que mon conjoint, B., est à l'emploi à Mir. J'appréhendais une soirée truffée de conversations superficielles et de silences qui nous font rêver d'être ailleurs, comme ça l'était aux partys du précédant emploi de B.

C'était bien différent cette année. L'équipe étant pas mal mieux tissée, le co-équipiers de B. démontraient de l'intérêt à tous ceux présents, et j'étais ravie de voir que mon chéri travaille maintenant avec des personnes plus chaleureuses et profondes. Ou est-ce simplement une question de chimie entre lui et eux, ou bien même, l'atmosphère du bureau en général qui fait cette différence? En tous les cas, à chaque bureau sa "culture."

(L'expérience contraire serait intéressante, où B. serait présent à mon party de bureau, chose impossible.)

ziwi

 

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