orphelins de l'Éden

11.25.2006

virée au marché un lendemain de veillée

M. s'est levé du lit pour s'étendre aussitôt en chien de fusil sur le plancher près de la salle de bain. Il était 6 h 30. Il n'avait dormi que quatre heures. Aujourd'hui, samedi, il devait pourtant rentré programmer, urgence d'entreprise primant sur le sacro-saint repos du weekend. M. a négocié une journée de congé la semaine prochaine.

Hier soir, dans le salon du logement du rez-de-chaussée de l'immeuble dans lequel nous perchons au troisième, M. et d'autres sont se transformés en véritables gitans, à gratter guitare, taper tamtams, souffler gazou, frapper mains, projeter voix. Sm., maître de l'auberge espagnole située au premier palier, nous avait convié à une fête. P. et J., nos charmants voisins, étaient aussi de la partie. P. était de ceux qui fabriquaient en improvisant de la musique festive.

Mais voilà, il y a un toujours un lendemain et je suis heureuse de ne pas avoir été cette jeune femme d'hier soir qui s'est endormie sur le sol de la salle de bain parce que trop ivre. Malgré tout, mon système rechine en ce jour ensoleillé et splendide.

J'ai réveillé ma mère ce matin à 7 h 30, après le départ de M., un peu requinqué par un thé rouge réconfortant et une rôtie dans l'estomac, un bon goûter préparé pour son heure de dîner en poche. Nous irons à St-Sauveur demain voir maman, F., le lac, les cèdres. Vivre un moment de détente dans la chaleur douce de son poêle à combustion lente.

G., m'a réveillée deux fois peu après mon retour au lit absorbant. Une à 8 h 30. Multiples rêves étranges. Une seconde à 10 h. Elle voulait passer un peu de temps avec moi. D'accord. Elle est venue me rejoindre et nous sommes allées au marché. Pour un samedi, c'était agréable. Bondé , mais pas exaspérant. Nous avons fait le tour des prémisses: boulangerie, étals de fruits et légumes, commerces dans bâtiments fixes. Elle a été charmée par l'abondance et les bons prix. Nous avons acheté une caisse de clémentines séparée entre nous deux. Maintenant, le nouvel arrivage nous donne des petites boules de saveur que nous engloutirons à la chaîne. Les mangues Ataulfo sont de retour. Leur chair compacte est exempte de fibres, sucrée, de la soie en bouche. Je crois que c'est mon fruit favori.

Avant de partir, chargées comme des mulets, G. a voulu goûter à cette viande qui fleurait bon tout le coin sud-est du marché. "Une petite saucisse de bison, c'est toujours bon", que j'ai lancé en déconnant un peu. Elle s'en est en effet régalée, en plus de goûter à du sanglier.

Elle est repartie en métro, tandis que l'autobus m'a transportée jusqu'à la maison. Elle veut recommencer l'expérience de ce marché.

M. a dormi un peu sur un divan qu'il m'a dit au téléphone, quelques instants après mon retour à l'appartement. Je nous prépare une soupe de lentilles et tomates pour le souper. La journée finira bien par le faire revenir vers un repos bien mérité.