orphelins de l'Éden

11.28.2006

voyage d'une voyeuse

L'érotisme est né lorsqu'elle s'est assise, comme elle l'aurait fait à son pupitre, sans arrière-pensées, innocemment, avec un naturel désarmant. Elle, une jeune fille d'environ treize ou quatorze ans tout au plus. Vierge. Vierge écrit partout sur son aura délicat, pur, immaculé. Elle revenait d'une journée passée dans l'enceinte d'un collège privé, sanctuaire éducatif d'où émane des vibrations voluptueuses, cause de cette imagination collective qui salive juste à l'idée de toutes ces nymphes à la chevelure soyeuse vêtues de jersey et de jupes écourtées déambulant les unes avec les autres dans les boisés encerclant l'édifice austère.

Donc elle était là. Assise. Avec un naturel désarmant. Les jambes un peu entrouvertes, les jambes qu'elle avait galbées et pubescentes, en chair, une chair ferme et tellement alléchante. Ses genoux nus et ses cuisses et ses mollets mi-recouverts libres d'être dévorés par l'oeil attentif. Bien sûr, à l'insu de la créature innocente. Vraiment, cette jeune fille n'était qu'une jeune fille charmante. Aucune prétention "lolitaesque". Même que son visage n'avait aucun attrait particulier, ni son corps d'ailleurs. Une jeune femme brune au visage rond et doux. Pas le genre à faire tourner des têtes. Sauf cette fois.

Il était là. Jeune, mais un peu plus vieux qu'elle. Boutonneux tout de même. Un peu d'acnée pubertaire. Il l'avait remarquée. Cette jeune créature désinvolte.

Ce doit être sa tension hormonale montée en flèche qui m'a sommée de lever les yeux. Discrètement. Toujours discrètement afin de ne pas briser la clandestinité, mais plutôt m'y fondre et observer. Comprendre. Qu'il la convoite. Comprendre qu'elle est immunisée à ce désir brûlant puisqu'elle n'en a pas conscience. Et lui de jeter des oeillades à la dérobée vers cette nudité, somme toute assez pudique, mais bien là, à l'orée de scènes excitantes, de mains glissant, palpant, montant vers. Et lui encore de bouillir, de se retenir et de regarder à plus courts intervalles. Et elle de se lever et de disparaître.

Métro, métro, quand tu nous tiens.

1 Comments:

At 9:38 p.m., Anonymous Anonyme said...

Très beau texte. Le choix des mots est super, c'est comme une courte histoire qui se déroule devant nous et qu'on peut quasiment voir. En plus de ceci, une belle tournure, pourtant très réaliste, pour terminer.

ziwi

 

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