orphelins de l'Éden

2.28.2012

aller de l'avant

Jeudi dernier, j'ai décidé que c'en était assez, que j'en avais plus que marre d'être dans cet état lamentable - auto-diagnostique selon des lectures: streptocoque virant à l'otite -, qui plus est n'était pas le premier état lamentable à squatter mon système depuis quelques semaines, alors je suis aller faire un tour dans les allées de la section suppléments de notre marché d'alimentation naturelle pour revenir au paradis avec l'artillerie lourde.  Les flacons sélectionnés m'ont remise sur pied au bout de quatre jours, mais parmi eux, il y en a un que je goberai à chaque jour encore, et ce, jusqu'à ce qu'il ne soit vide puisque c'est lui qui a pour fonction de redonner de l'aplomb à mon immunité.  C'est un complexe des oligo-éléments cuivre-or-argent.  Céline Arsenault, cette auteur-infirmière-naturopathe qui est un phare pour tous les maux de la maisonnée, spécialement pour ceux de nos enfants, le décrit dans son merveilleux Soins à mon enfant comme étant "un antibiotique naturel et un stimulant général", exactement ce dont mon organisme amoché avait besoin.  Le vent tournera mes amis, je vous le garantis.  Le printemps me verra pimpante d'énergie.

Sinon, je me fais une petite joie de dire que la semaine dernière, j'ai pu enfiler des pantalons que je n'avais pas porté depuis ma grossesse de garçon.  Ce n'est pas que mon poids ait été problématique après la naissance de Bo., loin de là, mais disons que mes poignées d'amour avaient pris environ un an à ne fondre complètement, et par ce temps-là, c'est fillette qui décidait de venir faire son nid.  Avec elle dans moi, mon corps fut tout ventre, tant et tellement que cette fois, il ne m'aura pas fallu deux mois pour revenir à cette silhouette pré-gravidités.  Remarquez, je ne suis pas de celle qui s'inquiétait de ne pas retrouver sa taille.  Jusqu'à maintenant depuis ma vingtaine, moment où les paramètres de mon corps d'adulte se sont fixés il me semble, je suis toujours parvenue à maintenir un équilibre qui me plaît.  Quand je monte sur le pèse-personne chez ma belle-mère ou ma grand-mère, l'aiguille oscille autour du même chiffre, à quelques livres près, dépendant que ce soit l'hiver ou l'été.  Mon autre baromètre demeure mes vêtements et c'est pour cela que lorsque cette paire de pantalons oubliés dans ma garde-robe depuis presque trois ans maintenant s'est avérée confortable comme une paire de gants, je me suis sentie bien.  Mon corps, ce véhicule fidèle, me revient presque indemne, sinon le sourire chapeautant à tout jamais mon pubis.  Cette marque me rappellera pour toujours cette période de ma vie où la vie a bien voulu se développer en moi, par deux fois.  Me connaissant, peut-être que c'est ce qu'il ne fallait pour que ma mémoire enregistre vraiment, malgré le fortissimo de ces évènements.      

2.21.2012

trous

Je viens de l'écrire à J., mon amie-voisine de l'autre rive: j'ai le cerveau en compote.  C'est que j'ai des ratés coup sur coup ces jours-ci, ce qui ne me ressemble pas du tout.  Des oublis.  Oublié totalement une sortie dîner en fin de semaine planifiée il y a deux semaines pour l'anniversaire de mon amie-voisine Brésilienne et puis, oublié que J. à qui je viens d'écrire avait déjà rencontrée fillette.  Je lui disais dans mon dernier courriel que je pourrais aller faire un tour chez elle et lui apporter fillette pour la lui présenter.  Gentiment, elle m'a répondu que la rencontre avait déjà eu lieu.  Quelle bourde.  Mais vraiment, mon cerveau avait complètement occulté l'information.

Comme je viens de l'écrire à J.: peut-être est-ce dû aux nuits hachurées.  Cela combiné à une santé pas forte, forte.  Encore un rhume qui rend gonfle mes amygdales jusque dans mes oreilles.  Mon corps doit être en mode survie et mon cerveau a décidé de fermer quelques écluses pour m'épargner un peu d'énergie.  Je suis à côté de la plaque, mais concentrée sur l'essentiel heureusement: ma petite famille.  Je reviendrai à tout le reste avec plus d'attention lorsque l'équilibre sera retrouvé j'imagine.  D'ici là, j'espère que mes ratés ne feront pas trop de dommage.      

2.17.2012

pas de deux

Dans un vingt-quatre heures, il faut savoir improviser.  Capacité d'adaptation niveau deux, comme dans deux enfants.  Les besoins du grand de deux ans et ceux de la petite de deux mois.  Heureusement, il y a également deux parents, ce que j'oublie parfois.  M. me le rappelle justement ce matin même que je n'ai pas à tout essayer de gérer seule, que bien que j'aie une facilité à jongler tous les ingrédients de la recette "foyer-famille", il m'est impossible de tout assumer.  Mon partenaire de vie me supporte dans cette gestion de nos vies entremêlées, du moment que je lui permette et que j'accepte son aide, et non, il n'arrive pas à lire dans mon esprit tout mon plan élaboré sur mesure pour la nouvelle journée qui avance, alors je dois apprendre à le lui verbaliser, pour ne pas engranger de ressentiment.

Par exemple, ce matin, fillette est réveillée au moment où M. et garçon doivent se tirer du lit, ce qui veut dire que je l'ai dans les bras.  J'accompagne Bo. à la salle de bain pour son pipi du matin, mais là, je dépose Cm. sur la table à langer parce que j'ai besoin de mes deux mains pour retirer le pyjama de garçon, en prévision d'aller l'habiller dans sa chambre tout de suite après.  Le pipi du matin de garçon évacué, c'est au tour de celui de fillette puisqu'elle vient de boire.  Alors garçon attend patiemment, debout tout nu sur le tapis de douche parce que la céramique de la salle de bain est froide.  Et M. qui est toujours au lit, décide de se lever, pour venir enfin à la salle de bain, vêtements en main, qu'il enfilera au sortir de sa douche.  Beaucoup de trafic dans cette petite pièce.

Habituellement, M. saute dans sa douche tout de suite après son pénible saut du lit, tandis que je m'occupe de la routine déjeuner de garçon.  Mais ce matin, j'en ai plein les bras, littéralement.  C'est qu'une tâche aussi simple que vêtir garçon se complique avec une petite poulette qui s'époumone si déposée.  Surtout que garçon me dit qu'il ne veut pas "la poche".  Traduction: maman, tu dois t'occuper de moi en priorité, pas de ma soeur.  Et puisque mon coeur comprend son besoin de ce genre de petits moments avec moi, qui ne lui offre plus du tout cette totale exclusivité à laquelle il fut habitué deux ans durant, je jette un regard vers M., fort occupé à se curer le nez.  Ce qu'il lit dans ce regard, c'est de l'impatience.  Ce que je voudrais qu'il lise c'est mon besoin pour lui de voir la situation et de prendre tout naturellement fillette, le temps que je mette en branle le matin de garçon, qui ira bientôt s'installer avec son déjeuner devant ses bonhommes télévisés.  Besoin de dix minutes tout au plus.

M. est d'humeur extrêmement agréable depuis qu'il sait que sa vie a changé pour le mieux.  Ce nouvel emploi qu'il débutera dans deux lundis l'apaise et lui permet de supporter mes excès de ressentiment né de ce que j'ai du mal à comprendre qu'il n'ait pas cette facilité de jongler tous les ingrédients de la recette "foyer-famille".  J'oublie que les hommes et les femmes n'ont pas les mêmes attributs, que deux individus vivant sous un même toit ne les aient même pas.  Trop exigeante, trop dans l'expectative de ce que mon partenaire soit sur la même longueur d'ondes que moi, surtout quand les besognes s'alignent.

M. est un papa extraordinaire, un partenaire tout à fait à la hauteur, un amoureux attentionné.  Je ne pourrais pas sans toi.      

2.14.2012

avant d'oublier

Fillette fait de l'acné du nourrisson.  Ces petits boutons rouges qui mangent ses tempes, son front, ses joues, son menton et un peu de son cou sont apparus il y a trois semaines et disparaîtront d'eux-mêmes d'ici quelques semaines.

Sinon, il faut aussi noter qu'à six semaines, tu portes des pyjamas une pièce de taille six mois.  Longue, longue, nulle doute.

Tu pleures beaucoup en soirée, encore.  Autour de tes trois mois, je le sens, ça devrait aller mieux.  Tu seras plus habituée à ta nouvelle vie, à nous, à l'activité de fin de journée.

Tu bois aux heure et quarante-cinq, deux heures le jour.  J'ai commencé à noter les heures de ton rythme dans un cahier, comme je l'avais fais avec garçon.  Ainsi, je verrai plus clairement tes patterns.

Ma bébé qui est si éveillée.  Tu bois rapido presto et puis après, tu chilles pour environ une demi-heure, les billes grandes ouverte afin de tout saisir de ce qui t'entoure.

Tu t'endors instantanément lorsque nous sortons dans l'hiver pour marcher, toi bien emmitouflée dans le porte-bébé.

Tu commences à esquisser des sourires, certains par réflexe, d'autres par intention.  Ils sont si mignons.

Nos nuits sont bonnes.  Tu comprends qu'il te faut te rendormir.  Malgré trois réveils environ, ils ne s'allongent jamais au-delà d'une demi-heure, changement de couche et processus pour replonger dans le sommeil y compris.

Tu es forte.  Ton cou, ta tête, tes jambes.  Quand je t'installe dans l'Ergo et que ça ne fait pas ton affaire, tu pousses et tu te raidis.  Petite furie.

Je t'aime tellement déjà que c'en est presque indescriptible.  La nature est puissante.  De nous lier ainsi mystérieusement, si rapidement.  Malgré qu'il n'y ait pas de mystère au fait que je te trouve tout simplement craquante petite beauté.

2.08.2012

couronné

Un très bon jour.  M. est parti le coeur léger, soulevé par des ailes d'ange, chaussé de bouts de nuage.  C'est qu'il allait enfin annoncer à son patron qu'il démissionne.  Après des mois d'insatisfactions, de frustrations, de coups durs pour l'estime, son calvaire est terminé.  Il a su hier après-midi qu'un nouvel environnement de travail lui ouvrait les bras.  Un endroit qui brille en comparaison avec tout le gris qui polluait mon homme depuis trop longtemps.  Je lui prédis là-bas des années et des années de bonheur.

Ce boulot de rêve se trouve à une dizaine de minutes en voiture du paradis, dans un bâtiment certifié LEED, et il y aura des femmes dans son environnement de travail - là où il était, ce n'était que de la testostérone geek - pour un meilleur équilibre des tempéraments.  Les avantages sociaux de ce milieu privé sont comparables au mien, qui est gouvernemental.  Le travail, de la programmation de gestion, sera un beau défi pour M., habitué par ces expériences de travail à de la programmation industrielle.  L'horaire lui permettra de se prélasser un peu plus longtemps dans le lit le matin et de revenir plus tôt le soir.  Que du bon que je vous dis.

Il lui en aura fallu des déceptions cruelles pour aboutir à cette opportunité.  Le chemin comportait ses obstacles.  Il a été fort.  Il a tenu bon.  Il a continué à croire.  Pour réussir.  Il a gagné tout ce qu'il mérite, à la sueur de son coeur.

2.01.2012

centaines

Premier jour de février et première journée d'exclusivité auprès de toi.  Ton papa a repris le chemin du boulot lundi dernier et ton frère, celui de la garderie aujourd'hui, après deux jours de convalescence au paradis pour cause de vilain rhume.  Ma bébé.  C'est un nouveau surnom, survenu de lui-même - comme tous les autres - la semaine dernière.  Des heures ensemble, juste toi et moi, pour une première fois, de centaines à venir.

Ma bébé, petite clone de mon bébé.  En effet, en regardant des photographies de garçon nouveau-né hier soir, ton papa et moi avons été saisis par l'évidence: vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau.  Nos gènes mixés semblent avoir donné un cocktail très similaire.  Une version masculine, une féminine.  À quelques différences près.  Yeux bleus pour garçon, yeux foncés pour toi.  Bo. dit que tu les as noirs.  Bruns très foncés qu'ils sont plutôt.  Pour l'instant du moins, parce que l'on sait bien que tout n'est pas fixé encore pour ce qu'ils seront le restant de ta vie.  D'ailleurs, lorsque ton iris capte un rayon de lumière, on y perçoit également un reflet vert.  Des yeux bruns foncés pairs.  Peut-être, et pourquoi pas petit mélange de ton papa et moi.

Tu roupilles dans l'Ergo.  J'ai recommencé à me sangler de ce porte-bébé depuis deux semaines.  Ce survêtement bien utile pour vaquer à mes occupations tout en t'ayant près de moi, ton frère l'appelle la poche.  Nous lui avons dit que c'en était une comme dans le livre qui raconte l'histoire de Jojo et de sa maman kangourou.  La poche de Jojo.  Cette image lui a suffit pour accepter le fait que sa soeur est toute petite, toute molle, qu'elle ne peut pas encore se tenir toute seule, encore moins s'asseoir ni marcher et qu'elle doit donc être portée.

Garçon accepte beaucoup de faits à ton propos.  Il accepte que tu aies priorité pour ma proximité et mes soins, même si lorsque je t'installe au sein, il vient souvent tendre les lèvres vers un mamelon lui aussi, ce qui ne dure qu'une seconde ou deux.  Juste pour dire.  Dire que maman lui permet d'être là lui aussi.  Et dès que nous nous collons lui et moi, il place sa petite main sur la peau de ma poitrine.  Une manière à lui de trouver son réconfort.  Un souvenir de nos centaines sessions d'allaitement.

Pendant ces deux derniers jours, il a joué au devin lorsque venait le temps de changer ta couche.  Parce que je te propose le pot à chaque fois en te soutenant au-dessus de la cuve de toilette, il lançait sa prédiction avant que tu n'exécutes ton besoin: pipi, caca, ou les deux.  Tes cacas jaunes et liquides l'impressionnes et il t'en félicite, comme nous le félicitons lorsqu'il va à la selle.  La roue qui tourne j'imagine.

Avec la routine qui prend son cours tranquillement pour ce nouveau pan de ma vie, je retrouverai peut-être le temps de revenir ici plus souvent.  Quoi qu'il en soit, dès ma prochaine visite, j'entame la dernière centaine avant d'atteindre mon millième message.  À ce moment-là, tu auras sans doute près d'un an.  Comme quoi tout bouge définitivement vers l'avant dans un mélange de rapide et de lent.