orphelins de l'Éden

2.01.2012

centaines

Premier jour de février et première journée d'exclusivité auprès de toi.  Ton papa a repris le chemin du boulot lundi dernier et ton frère, celui de la garderie aujourd'hui, après deux jours de convalescence au paradis pour cause de vilain rhume.  Ma bébé.  C'est un nouveau surnom, survenu de lui-même - comme tous les autres - la semaine dernière.  Des heures ensemble, juste toi et moi, pour une première fois, de centaines à venir.

Ma bébé, petite clone de mon bébé.  En effet, en regardant des photographies de garçon nouveau-né hier soir, ton papa et moi avons été saisis par l'évidence: vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau.  Nos gènes mixés semblent avoir donné un cocktail très similaire.  Une version masculine, une féminine.  À quelques différences près.  Yeux bleus pour garçon, yeux foncés pour toi.  Bo. dit que tu les as noirs.  Bruns très foncés qu'ils sont plutôt.  Pour l'instant du moins, parce que l'on sait bien que tout n'est pas fixé encore pour ce qu'ils seront le restant de ta vie.  D'ailleurs, lorsque ton iris capte un rayon de lumière, on y perçoit également un reflet vert.  Des yeux bruns foncés pairs.  Peut-être, et pourquoi pas petit mélange de ton papa et moi.

Tu roupilles dans l'Ergo.  J'ai recommencé à me sangler de ce porte-bébé depuis deux semaines.  Ce survêtement bien utile pour vaquer à mes occupations tout en t'ayant près de moi, ton frère l'appelle la poche.  Nous lui avons dit que c'en était une comme dans le livre qui raconte l'histoire de Jojo et de sa maman kangourou.  La poche de Jojo.  Cette image lui a suffit pour accepter le fait que sa soeur est toute petite, toute molle, qu'elle ne peut pas encore se tenir toute seule, encore moins s'asseoir ni marcher et qu'elle doit donc être portée.

Garçon accepte beaucoup de faits à ton propos.  Il accepte que tu aies priorité pour ma proximité et mes soins, même si lorsque je t'installe au sein, il vient souvent tendre les lèvres vers un mamelon lui aussi, ce qui ne dure qu'une seconde ou deux.  Juste pour dire.  Dire que maman lui permet d'être là lui aussi.  Et dès que nous nous collons lui et moi, il place sa petite main sur la peau de ma poitrine.  Une manière à lui de trouver son réconfort.  Un souvenir de nos centaines sessions d'allaitement.

Pendant ces deux derniers jours, il a joué au devin lorsque venait le temps de changer ta couche.  Parce que je te propose le pot à chaque fois en te soutenant au-dessus de la cuve de toilette, il lançait sa prédiction avant que tu n'exécutes ton besoin: pipi, caca, ou les deux.  Tes cacas jaunes et liquides l'impressionnes et il t'en félicite, comme nous le félicitons lorsqu'il va à la selle.  La roue qui tourne j'imagine.

Avec la routine qui prend son cours tranquillement pour ce nouveau pan de ma vie, je retrouverai peut-être le temps de revenir ici plus souvent.  Quoi qu'il en soit, dès ma prochaine visite, j'entame la dernière centaine avant d'atteindre mon millième message.  À ce moment-là, tu auras sans doute près d'un an.  Comme quoi tout bouge définitivement vers l'avant dans un mélange de rapide et de lent.   

              

1 Comments:

At 12:08 a.m., Anonymous Joanna said...

900 messages!!! waw mais ma parole tu es une vraie héroïne du cyberespaces!!!! quelle persévérance, quelle rigueur et énergie précieuse tu mets pour noter tous ces petits trésors de votre vie quotidienne. quel cadeau pour vous tous au paradis!
Gros becs!

 

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