orphelins de l'Éden

1.02.2012

rebirth

La boucle est bouclée.  La guérison est complétée.  Maintenant, lorsque je parlerai des naissances de mes deux enfants, ce sera avec toute la reconnaissance de ce que leur complémentarité m'a apporté.  Avec garçon, j'avais espéré, jusqu'à la dernière minute, un accouchement par voie naturelle; avec fillette, il m'a fallu accepté que cela ne se pourrait pas.  Du moment où j'ai compris que c'est le placenta qui l'empêchait de culbuter, j'ai su qu'il me fallait changer mon fusil d'épaule et me concentrer sur la réalité qu'il me fallait revisiter.  Une réalité crue qui m'avait fendu l'âme deux ans plus tôt et blessé le corps au passage, une réalité que je pouvais réinventer, si je l'accueillais avec ouverture, surtout que cette fois, j'avais tous les outils en main pour démystifier l'expérience, étant passée exactement par là, presque pas à pas.

À part pour le fait que nous nous sommes présentés le matin de la date planifiée au calendrier pour la césarienne.  Mais vraiment, c'était l'idéal.  Ainsi, nous avons pu passer un temps des fêtes auprès des nôtres, en respectant nos engagements avec tout le plaisir que ces rencontres apportent.  Sans parler de ta date d'anniversaire qui se trouve bien coincée entre les deux grands jours de célébration, permettant une respiration suffisante pour pouvoir apprécier ton jour à toi et le souligner dignement.

Alors ce matin-là, nous arrivons au comptoir d'admission pile poil à l'heure indiquée - 7 h 30 - et nous montons une dizaine de minutes plus tard au deuxième étage, au département des chirurgies d'un jour.  Je troque mes vêtements contre une chemise d'hôpital que j'attache intentionnellement par devant, puisque je veux qu'une fois que tu sois sortie, on vienne te placer sur ma poitrine pendant que le bon Dr P me recoud.  L'infirmière qui vient me préparer à l'intervention quelques minutes plus tard me dit d'emblée de l'enfiler dans l'autre sens.  Je lui réponds que j'aimerais discuter avec elle de mon plan de naissance, mais très rigide, elle me répond qu'elle sait comment procéder et que je dois m'y conformer.  Elle quitte et M. et moi, nous sommes comme sonnés par son ton infantilisant.  Je me ressaisis et je décide de ne pas me laisser affecter par cette seule personne.  Aujourd'hui, tout ira à merveille, je le sens, je le sais.  Je remets mon plan de naissance à M., qui le connaît, et je lui demande de le présenter au personnel de la salle d'opération, puis aux infirmières de la maternité.  Il le garde précieusement dans ses mains.  L'infirmière rigide revient et appuie sur sa cassette.  Chaque réplique qu'elle me sert, elle la resservira à ma voisine d'en face qui vivra une césarienne juste après moi, dans le même ordre, avec la même rigidité.  Cependant, à la fin des étapes qu'elle doit accomplir - prise de sang, installation du soluté, prise des signes vitaux, speech expliquant sommairement le déroulement -, nous réussissons à lui reparler de notre plan de naissance, de ses grandes lignes.  Elle nous confie qu'elle est celle qui a établi les procédures en salle d'opération il y a seize ans maintenant, qu'elle ne pense pas que le bébé peut être placé sur moi ni que mes bras peuvent être désentravés pour la toucher, mais bon, vous pouvez toujours demander.

Et c'est ce que nous faisons lorsque l'anesthésiste sympathique se présente à nous lorsque mon lit est roulé jusqu'à la frontière des salles de chirurgie.  Pas de problème, qu'il nous répond, vous pourrez avoir votre fille sur vous et la toucher avec une de vos mains, l'autre devant malheureusement demeurée entravée pour cause de prise de pression constante pendant l'intervention.

Lorsque une infirmière au sourire sincère me pousse jusqu'en salle d'opération, je réalise que je retourne exactement dans le même lieu qui a vu naître garçon.  Quand je lui demande si c'est leur seule salle, elle me répond qu'il y en a deux.  L'atmosphère est détendu dans cet espace stérilisé de fond en comble.  L'inhalothérapeute qui travaille conjointement avec l'anesthésiste est d'une douceur extraordinaire.  Ensemble il procède à la rachidienne et une fois la drogue injectée, on m'installe sur le dos, s'assurant de mon confort - je peux soulager toutes vos douleurs me confie l'anesthésiste, vous n'avez qu'à me le demander -, couverture chaude y compris.

(suite à venir)

1 Comments:

At 11:46 p.m., Anonymous Joanna said...

eh que j'ai hâte de lire la suite... le suspense est gros :O)
je viens de revenir d'abitibi et on a passé la journée chez nos amis dave et annie. ils viennent d'avoir eu leur troisième bébé. un AVA2C oui tu as bien lu, un avac après 2 césariennes!!! c'est fou comme tout est possible... vous avez été ben hot de garder votre bout par rapport à l'infirmière. ce doit être difficile d'être prise pour une abrutie alors que tu es si renseignée et c'est un jour si important pr vous! j'ai hâte de lire tout ça et de voir la bouille de ta fille!
JO

 

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