orphelins de l'Éden

11.28.2006

voyage d'une voyeuse

L'érotisme est né lorsqu'elle s'est assise, comme elle l'aurait fait à son pupitre, sans arrière-pensées, innocemment, avec un naturel désarmant. Elle, une jeune fille d'environ treize ou quatorze ans tout au plus. Vierge. Vierge écrit partout sur son aura délicat, pur, immaculé. Elle revenait d'une journée passée dans l'enceinte d'un collège privé, sanctuaire éducatif d'où émane des vibrations voluptueuses, cause de cette imagination collective qui salive juste à l'idée de toutes ces nymphes à la chevelure soyeuse vêtues de jersey et de jupes écourtées déambulant les unes avec les autres dans les boisés encerclant l'édifice austère.

Donc elle était là. Assise. Avec un naturel désarmant. Les jambes un peu entrouvertes, les jambes qu'elle avait galbées et pubescentes, en chair, une chair ferme et tellement alléchante. Ses genoux nus et ses cuisses et ses mollets mi-recouverts libres d'être dévorés par l'oeil attentif. Bien sûr, à l'insu de la créature innocente. Vraiment, cette jeune fille n'était qu'une jeune fille charmante. Aucune prétention "lolitaesque". Même que son visage n'avait aucun attrait particulier, ni son corps d'ailleurs. Une jeune femme brune au visage rond et doux. Pas le genre à faire tourner des têtes. Sauf cette fois.

Il était là. Jeune, mais un peu plus vieux qu'elle. Boutonneux tout de même. Un peu d'acnée pubertaire. Il l'avait remarquée. Cette jeune créature désinvolte.

Ce doit être sa tension hormonale montée en flèche qui m'a sommée de lever les yeux. Discrètement. Toujours discrètement afin de ne pas briser la clandestinité, mais plutôt m'y fondre et observer. Comprendre. Qu'il la convoite. Comprendre qu'elle est immunisée à ce désir brûlant puisqu'elle n'en a pas conscience. Et lui de jeter des oeillades à la dérobée vers cette nudité, somme toute assez pudique, mais bien là, à l'orée de scènes excitantes, de mains glissant, palpant, montant vers. Et lui encore de bouillir, de se retenir et de regarder à plus courts intervalles. Et elle de se lever et de disparaître.

Métro, métro, quand tu nous tiens.

11.25.2006

virée au marché un lendemain de veillée

M. s'est levé du lit pour s'étendre aussitôt en chien de fusil sur le plancher près de la salle de bain. Il était 6 h 30. Il n'avait dormi que quatre heures. Aujourd'hui, samedi, il devait pourtant rentré programmer, urgence d'entreprise primant sur le sacro-saint repos du weekend. M. a négocié une journée de congé la semaine prochaine.

Hier soir, dans le salon du logement du rez-de-chaussée de l'immeuble dans lequel nous perchons au troisième, M. et d'autres sont se transformés en véritables gitans, à gratter guitare, taper tamtams, souffler gazou, frapper mains, projeter voix. Sm., maître de l'auberge espagnole située au premier palier, nous avait convié à une fête. P. et J., nos charmants voisins, étaient aussi de la partie. P. était de ceux qui fabriquaient en improvisant de la musique festive.

Mais voilà, il y a un toujours un lendemain et je suis heureuse de ne pas avoir été cette jeune femme d'hier soir qui s'est endormie sur le sol de la salle de bain parce que trop ivre. Malgré tout, mon système rechine en ce jour ensoleillé et splendide.

J'ai réveillé ma mère ce matin à 7 h 30, après le départ de M., un peu requinqué par un thé rouge réconfortant et une rôtie dans l'estomac, un bon goûter préparé pour son heure de dîner en poche. Nous irons à St-Sauveur demain voir maman, F., le lac, les cèdres. Vivre un moment de détente dans la chaleur douce de son poêle à combustion lente.

G., m'a réveillée deux fois peu après mon retour au lit absorbant. Une à 8 h 30. Multiples rêves étranges. Une seconde à 10 h. Elle voulait passer un peu de temps avec moi. D'accord. Elle est venue me rejoindre et nous sommes allées au marché. Pour un samedi, c'était agréable. Bondé , mais pas exaspérant. Nous avons fait le tour des prémisses: boulangerie, étals de fruits et légumes, commerces dans bâtiments fixes. Elle a été charmée par l'abondance et les bons prix. Nous avons acheté une caisse de clémentines séparée entre nous deux. Maintenant, le nouvel arrivage nous donne des petites boules de saveur que nous engloutirons à la chaîne. Les mangues Ataulfo sont de retour. Leur chair compacte est exempte de fibres, sucrée, de la soie en bouche. Je crois que c'est mon fruit favori.

Avant de partir, chargées comme des mulets, G. a voulu goûter à cette viande qui fleurait bon tout le coin sud-est du marché. "Une petite saucisse de bison, c'est toujours bon", que j'ai lancé en déconnant un peu. Elle s'en est en effet régalée, en plus de goûter à du sanglier.

Elle est repartie en métro, tandis que l'autobus m'a transportée jusqu'à la maison. Elle veut recommencer l'expérience de ce marché.

M. a dormi un peu sur un divan qu'il m'a dit au téléphone, quelques instants après mon retour à l'appartement. Je nous prépare une soupe de lentilles et tomates pour le souper. La journée finira bien par le faire revenir vers un repos bien mérité.

11.23.2006

Nougat à l'hôpital des animaux

Le vétérinaire que nous avons rencontré samedi dernier était très gentil, tout sourire et yeux bleus et rassurants. "Votre chatte souffre d'allergie (s)", qu'il décrète après examination de Nougat au prise avec une incroyable envie de se gratter jusqu'au sang derrière les oreilles et dans le cou et de se lécher jusqu'à s'épiler. C'est le terme qu'utilise le vétérinaire tout sourire et yeux bleus et rassurants: "Votre chatte s'épile depuis combien de temps?" "Des années", que je lui réponds. D'ailleurs, à l'époque j'étais venue avec Nougat dans cette même clinique vétérinaire. Multiples pistes avaient été empruntées (pas de champignons, pas de parasites) pour finalement cibler la nourriture. Elle avait bouffé de la nourriture top qualité hypoallergène sans résultat. Avec le temps, je m'étais résolue à ce que Nougat se lèche jusqu'à la peau sans trop souffrir. Aucune gale en vue. J'en avais déduit qu'elle faisait cela par ennui.

Puis, vers le mois de septembre de cette année, elle a commencé à se massacrer les oreilles et le cou à coup de griffes lacérantes. Aussi, il devenait de plus en plus difficile de lui flatter le bas du dos. Elle nous disait "région sensible, vous abstenir s'il vous plaît" à force de miauler son mécontentement, puis d'en venir à la morsure si nous insistions.

Nous ressortons de l'hôpital pour animaux avec un traitement anti-parasitaires au cas où, une nourriture top qualité hypoallergène boostée cette fois d'oméga-3 qui aident dans de pareilles manifestations de démangaisons cutanées paraît-il et des pilules de cortisone. Je demande les effets secondaires liés à cette ingestion: une possibilité de précipiter un diabète qui aurait finit par se déclarer de toute façon un peu plus tard. Les symptômes du diabète: appétit augmenté, soif accrue, perte de poids.

Grâce au dictionnaire et à mon encyclopédie du corps humain, je comprends que la cortisone est une hormone du cortex (enveloppe) surrénal (glandes situées au-dessus des reins) qui sert de médicament. Je sais, un animal n'est pas un système complexe comme celui de l'humain, mais A- L'humain est un animal; B- Pourquoi teste-on une panoplie de produits domestiques et comestiques sur les animaux avant leur mise en marché? Autre chose, les surrénales produisent plusieurs hormones entres autres l'adrénaline, cette commandante du stress.

Hum... Oméga-3 + cortisone = traitement pour chat souffrant d'allergie (s). Hum... Oméga-3 (substance anti-déprime) + cortisone (hormone liée à la gestion du stress) = traitement pour chat (peut-être déprimé et stressé) souffrant d'allergie (s). Hum... Mon chat Nougat s'emmerde-t-il dans notre quatre et demi, à passer ses journées et ses nuits principalement roulé en boule?

Tout à coup, j'ai peur de répondre à cette question. Suis-je égoïste au point de ne pas comprendre les besoins de cet animal qui mérite une existence stimulante, à la hauteur des capacités de son espèce? J'ai peur. Parce que j'aime mon chat. Je me rassure en me disant que le bon vétérinaire ne m'a jamais parlé de déprime ou de stress. "Votre animal souffre d'allergie (s). Ce peut être une allergie à n'importe quoi: poussière, nourriture, plante, pollen, acariens." Mais jamais au grand jamais ne mentionne-t-il les mots déprime ou stress.

Pourtant, la première fois, il y a des années, j'avais eu l'intuition que ce qui causait cette tendance à l'épilation, c'était l'ennui. Avant le moment où elle avait commencé à se raser, elle avait ses frères, puis Zel, puis Maya, le Carlin.

Nougat a peut-être besoin de la compagnie d'un semblable. À suivre.

11.21.2006

je suis ce que je mange

Depuis presque quatre ans maintenant que je bosse au onzième. Hier, fut un jour mémorable passé à fouler la moquette bleu-mauve foncé. J'ai utilisé le micro-ondes. Oui, oui, vous avez bien lu, j'ai utilisé la boîte qui brasse les molécules pour réchauffer la nourriture à une vitesse soi-disant rapide. Mais ce qui est à noter ici, c'est que c'était la Première fois que je l'utilisais. À tous les jours, j'apporte mon lunch. Si non, c'est que j'ai planifié sortir manger chez Bonnys* - restaurant végétalien délicieux sur Notre-Dame, en face du théâtre Corona - avec GB. ou participer à une commande collective de pizza cuite au four à bois - ce qui est arrivé vendredi soir dernier et laissez-moi vous dire que je ne m'y referai pas reprendre de sitôt.

Alors, je me retrouve devant l'appareil facilitateur d'existence semble-t-il et un de mes patrons apprend que c'est la Première fois. C'est un plat à base de beurre d'arachide - un maffé africain assez réussi pour une première tentative - que je lui explique et il faut absolument donner un coup de pouce au mélange coagulé, pour qu'il se délie un peu. Le restant du temps, toutes les autres fois, je mange température pièce. C'est l'idéal. Sortant du frigo, c'est trop froid, trop violent pour l'organisme. Puisque je ne mange pas de viande, pas de problème.

Hr., un collègue wiz d'informatique, m'avait pourtant affirmé que le micro-ondes, ce n'est pas dangeureux, ça ne nous affecte pas. Je ne l'utilise pas parce que je me débrouille très bien sans. Je cuisine et j'allume mon four ou ma grillette pour réchauffer ou cuire les aliments. J'ai déjà lu que les molécules ne sont pas seulement brassées, mais aussi modifiées par les ondes ce qui peut rendre certains aliments carrément indigestes, par exemple le lait.

Alors, je mange mon plat tiède malgré plusieurs minutes à se faire bombarder dans le cube magique. Et voilà, ça commence. Une Migraine s'installe. Au début et pendant toute sa durée, je ne fais pas le lien. Je sens le mal niché en tête d'épingle dans mes cellules grises se développer en scarabée vers 16 h puis en rat aux alentours de 19 h, et finalement en éléphant vers 21 h, l'heure de mon coucher. Je me mets au lit en minimisant mes gestes pour ne pas bouger cette sphère qui me chavire à chaque mouvement infime et me donne la nausée. L'eau que j'ai bue après le repas n'est jamais vraiment descendue et elle menace de ressortir à tout instant. Non, je ne vomirai pas pendant la nuit.

Je prie pour que le mal - auquel je n'ai pas encore trouvé d'explication - s'estompe et me quitte. En boucle, je répète cette incantation qui finit par l'apaiser cette bête qui me bouffe la tête. C'est sept heures et demie plus tard, debout sous le jet de douche, que je "flashe": Migraine = Micro-ondes pour la Première fois. C'est la seule explication possible à ce mal que je n'ai jamais ressenti avec autant de férocité.

Avec le temps, je suis devenue un véritable baromètre de ce qui cause dommage à un organisme humain: caféine, théine, sucre raffiné et maintenant, ça y est, micro-ondes. Je serais foutue in the Great America si ce n'était de mes bios alicaments.

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N.B. M. veut que, pour la science, je recommence le test du micro-ondes. Je lui ai démandé un moment de répit. Je suis d'accord. Je vous en redonne des nouvelles, quelle que soit la conclusion. Et n'oubliez pas qu'on s'habitue à tout.

11.19.2006

va-et-vient*

Sur la rue Notre-Dame, presque en face du club de boxe Hilton, il y a un restaurant avec une vocation particulière: dans son antre, des gratteux de guitare et des chanteurs de pomme, de pluie ou de folleries performent sur une scène tout ce qu'il y a de plus intimiste. Les spectateurs se retrouvent près des artistes, pratiquement comme de les avoir dans leur salon.

C'est ainsi que M. et moi avons vu de près Ève, cette femme-enfant à l'humour décapant du genre "il me semble que ma guitare était accordée quand je l'ai achetée". Elle s'appelle Ève Cournoyer. Elle nous apprend que son premier disque est discontinué. C'est dommage, car selon moi, c'est le meilleur des deux de cette artiste à la verve certaine, même si son deuxième est très bon aussi. Elle chante son coeur blessé, ses résolutions, son besoin d'air frais. Sa musique supporte magnifiquement ces trames de vie où se côtoient désillusion et illumination.

Croyez-moi ou croyez-moi pas, qui est là, dans la même salle que nous à attendre que la grande chanteuse révèle son charisme, M. Maxime-Olivier Moutier, ce même Moutier que j'ai mentionné il y a trois blogs de cela. Non, je ne suis pas allée l'aborder pour lui donner une carte - celle avec l'adresse de mon blog imprimée dessus. C'est un auteur, pas un éditeur, et en plus, je n'en avais pas en poche. Mais plus important, le feeling n'y était pas. Je continuerai à distribuer mes cartes les jours où mon estime sera équilibré et pendant lesquels les gens circuleront dans des ions joyeux.

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11.17.2006

une carte parmi des livres

Alors voilà, l'idée m'est venue il y a environ deux semaines de me faire faire des cartes format affaires pour aller les distribuer sur le trottoir de la Place Bonaventure pendant la tenue de la 29e édition du Salon de Livre. J'ai trouvé un imprimeur peu coûteux à proximité de chez moi et ensemble, nous avons construit ce petit rectangle blanc sur lequel apparaissent en rouge mon adresse de blog, son titre et une courte explication - blog littéraire. Simple et efficace.

En même temps, je planifiais aller revoir cet éditeur qui m'avait donné des espoirs de publication il y a un an. Il avait lu mes manuscrits et m'avait même présentée à Dany Laferrière en déclarant que nous allions travailler ensemble, lui, cet éditeur qui m'avait dit que s'il n'aimait pas ce que quelqu'un écrivait, il était assez honnête pour le lui dire, et moi, jeune femme qui écrit depuis des années et des années et qui rêve d'être publiée un jour. Je l'ai revu aujourd'hui. Il m'a serré contre lui avec sympathie. Une accolade du genre "ah mon Dieu, il y a longtemps que je ne t'aie vue", lui m'a tenu en haleine des mois durant à me dire "rapelle-moi plus tard, je suis si occupé maintenant..." J'ai attendu qu'il ait un instant à me consacrer. L'instant est venu, il m'a dit: "Je t'ai bluffée". Une femme est apparue, une connaissance ou une amie de l'éditeur qui s'est aussitôt tourné vers elle, oubliant toute la douleur qui venait d'achever cet épisode. J'ai tourné les talons. Il faut savoir tirer sa révérence.

En marchant parmi les nuées d'enfants et d'adolescents occupés à ne pas perdre de vue leur guide ou à bouquiner loin de leur salle de classe, j'ai décidé de commencer à remettre des cartes là, ici, à cet endroit où les lecteurs sont ouverts à découvrir.

J'ai décidé de me laisser guider. La première femme que j'ai abordée m'écoute lui expliquer ce qu'est un blog et puis, tout à coup, elle renverse la vapeur. Elle travaille à trouver des outils pour les personnes âgées qui perdent peu à peu le contact avec la réalité. Elle veut les aider à remettre des mots sur ce qui les entoure, des mots sur leurs souvenirs, des mots. Comment? Je lui conseille d'aller consulter des orthopédagogues. Bien qu'ils travaillent avec des jeunes, peut-être auraient-ils des moyens, des outils compatibles à l'âge d'or? Elle se défile après avoir emmagasiné l'information. Je continue mon petit bonhomme de chemin. C'est ainsi que je suis tombée sur la tête de la maison d'édition Les Intouchables, dans une allée bondée et que je lui ai offert une carte. Qui sait?

Je joue au devin. J'essaie de déceler, dans les visages que je croise, un possible intérêt pour le genre d'écriture que je propose, mais surtout, pour le genre d'environnement dans lequel j'écris. J'aborde les gens: Bonjour, vous aimez lire? Oui. Voici mon blog. (Je tends la carte) Merci. Ou encore: Vous savez ce qu'est un blog? Oui. Voici le mien. (Je tends la carte) Rapidement. J'agis en coup de vent.

Sauf pour K. Et Pk. que j'aborde à l'extérieur. K. est seule, juchée en tailleur sur un muret de béton. Elle mange un sandwich. Je ne veux pas la déranger que je lui dis. Elle m'écoute. Elle ne sait pas ce qu'est un blog. Je lui explique que c'est un espace personnel sur Internet que chacun est libre d'investir comme bon lui semble. J'ai décidé d'y écrire. Quoi? qu'elle me demande. Mes observations, ce qui me touche et m'inspire. J'aime la beauté des choses qui constituent la trame des jours. Pk. arrive. Il s'asseoit près d'elle. Je l'ai vu plus tôt. Il voulait m'expliquer le concept de Québec Loisirs, kiosque dans lequel il est posté. Avenant, il m'écoute. Il dit aimer rencontrer les gens de façon spontanée lui aussi. D'ailleurs, il a rencontré sa fiancée dans le métro. C'est par un soir de pleine lune, sur un quai du Vieux- Montréal, qu'il s'est mis à genoux pour lui offrir l'anneau. Comme un preux chevalier devant sa douce. Avec l'humilité de l'amoureux. K. et Pk. prennent ma carte. Je continue.

Je distribue une vingtaine de cartes en tout. J'en ai fait imprimer mille. Beaucoup selon M. Puisque j'aime marcher dans la ville, je poursuivrai ma distribution.

Aujourd'hui, j'oscille entre le rêve et la réalité, l'espoir et le désespoir. Tiens bon, que je me dis, tiens bon.

11.16.2006

j'ai pleuré

Il devait être 21:17 hier soir quand le téléphone à mes côtés s'est animé. J'étais au onzième. Je travaille de soir cette semaine.

À l'autre bout, c'est B. Sa voix est pleine de soleil. Elle s'accommode tranquillement à son nouvel environnement. Hier, ils ont dû revêtir un manteau parce qu'il ventait trop. Les températures se situent dans les 20 degrés. Il y a des palmiers là-bas, c'est un climat tropical. Elle me dit qu'il n'y a pas beaucoup de soleil cependant. Un nuage de pollution flotte en permanence au-dessus de la ville gigantesque.

Elle pense que j'aimerais vivre là puisque les produits biologiques sont nombreux sur les étalages, pour la plupart en provenance de l'Australie. Elle a cuisiné un pain à la viande ce matin en utilisant du boeuf de la Nouvelle-Zélande qu'elle et Pl., sa belle-mère, achètent toujours au même endroit.

À un moment pendant notre conversation, Em. s'approche de B. pour lui montrer un sac rempli de papiers journaux que pappi lui a donné. Pappi c'est l'idole de Em. B. passe le téléphone à ma nièce qui gazouille un peu de l'autre bout de la Terre à mon oreille. Des larmes noient mes yeux, ma gorge se serre. Je m'ennuie de cette petite fille, de B. Je m'ennuie d'eux.

B. me dit que quatre ans, ça passe vite. Je lui dis que ça ne fait que quatre semaines et déjà la vie de famille ici n'est plus la même. B. constate que l'arrivée des bébés y était pour beaucoup dans notre cohésion familiale. Bientôt, pense-t-elle, d'autres bébés viendront étirer les branches de notre arbre généalogique. B. redoute de ne pas être là quand le jour viendra où G. ou moi accouchera. Je lui dis qu'elle est un gros morceau à notre puzzle.

Je sais que M. et moi irons les visiter dans leur tour, une parmi toutes celles qui grattent le ciel là-bas. Nous nous promènerons avec B. et Bb, mon BF, avec les enfants. Mais c'est le quotidien qui me manque, les rencontres de fin de semaine, les conversations téléphoniques pour un tout et pour un rien. Je sais que tu reviendras la B. G. est revenue au bout de dix ans, de sa Californie, de ses montagnes. Je suis revenue il y a huit ans de ma crise d'adolescence. Maman est revenue il y a cinq ans de sa relation avec Jn. Tu reviendras sereine ma B. parce que tu es partie par amour et non par dépit.

11.14.2006

intime

Elle me dit: écrire un blog, ne trouves-tu pas que c'est... intime? Ma famille, mes amis, peut-être des étrangers qui lisent ce que j'ai choisi de mettre noir sur blanc, est-ce que c'est un acte d'exhébitionnisme? Suis-je à ce point déconnectée de ma pudeur pour la jeter ainsi à vos yeux? N'ai-je aucun jugement et un besoin si urgent de me révéler pour vous faire voyager un peu par mes petis gestes d'existence? Je crois que c'est tout réfléchi depuis longtemps. Non que je réponds, ce n'est pas intime, c'est ce que j'ai choisi de faire. Je préserve mon jardin secret car toujours, il n'y aura pas assez de mots ni de temps pour tout coucher sur papier et pourquoi voudrais-je tout coucher sur papier quand ce sont les mots qui me guident et jamais l'inverse.

Depuis toujours que j'écris et que ce qui naît, c'est une trame qui suit un cours simple. Je déplore souvent mon manque d'imagination quand vient l'heure de la muse, mais que voulez-vous, j'écris pour m'exprimer. J'admire les constructeurs de récits savamment ficelés. Eux je les imagine, un peu grâce à cette entrevue qu'a déjà accordé Maxime-Olivier Moutier. Il travaille comme un scénariste et colle au mur son intrigue qui prend des airs de train narratif sur ses cloisons d'appartement. Les écrivains sont structurés. Peut-être était-ce pour cela que mon écriture, que mes livres, ne sont pas retenus pour publication? Pas de ligne directrice assez bien définie, trop de vagabondage des idées.

Je crois à la libre révélation qui m'est accordée. Non, je ne converse pas avec Dieu, mais je sais que si la grâce n'y est pas, c'est inutile de forcer la chose. J'ai cette idée un peu folle qu'un jour, un éditeur laissera la chance à mes écrits un peu passifs, du genre qu'un paragraphe ne doit pas nécessairement enchaîné sur le prochain, qu'une pause est préférable. Mon écriture, celle de mes livres, est de l'herbe à ruminer, tranquillement. Un peu peut-être, comme la vie elle-même.

11.12.2006

une première fois

Mon horoscope me l'avait bien prédit: lorsque vous rencontrez une nouvelle personne, laissez-la vous apprendre qui elle est. Bon je l'avoue, il est tout à fait logique de découvrir une personne qui nous est inconnue en engageant une conversation, mais tout réside dans l'art de converser. J'aime ouvrir les gens comme des boîtes à trésor. Alors une question mène à l'autre et à toutes les fois, ma curiosité s'enflamme parce que je réalise, dans ces occasions, que je suis privilégiée de pouvoir constater de visu à quel point chacun est uniquement constitué de mille et une facettes.

En vingt minutes, j'ai connu Rx.

Elle a chassé hier, avec son cousin, la perdrix qu'elle n'a pas tuée, mais à laquelle elle a arraché les pattes. Ayant déjà moi-même chassé la perdrix, nous échangeons. Je lui apprends que je respecte beaucoup plus les chasseurs depuis que j'ai compris leur relation avec cette nature qui leur donne le gibier. Rien à voir avec un tour au supermarché, pour acheter un bout de viande en barquette.

Rx. pense devenir thanatologue. Elle n'a aucun problème avec la mort, aime mieux la tranquillité que le contact constant avec le client. Elle pense aussi à la taxidermie. Je lui mentionne un endroit au nord de la ville de Québec qui offre la formation dans un cadre enchanteur, en pleine forêt, et intimiste puisque les groupes d'étudiants sont peu nombreux.

Rx. vit seule depuis deux mois dans un grand demi sous-sol aux fenêtres gigantesques, dans St-Léonard. Ses voisins Italiens craignent, selon elle, son chien, un Colley Nain, qu'elle a amadoué deux mois durant à son lieu de travail d'alors, une animalerie, parce qu'il avait connu des maîtres négligeants les premiers mois de son existence. Je lui raconte que ma mère a déjà recueilli une chienne qui avait vécu un peu plus d'une année au bout d'une chaîne de quatre pieds.

Rx. a habité avec un groupe de collègues de travail, dans un appartement magnifique, avant de constater que ça ne fonctionnait pas comme prévu. À ce moment, elle a accepté l'offre de sa meilleure amie, à qui elle ne parle plus depuis que cette dernière a pèté les plombs du jour au lendemain, d'aller vivre dans un logement qui appartenait à son frère. Rx. a un grand coeur. Assez grand pour qu'après toutes ces mésaventures de colocation, elle accueille chez elle, un paumé, une connaissance à elle par l'entremise de gens de son travail, qui a fini par bousiller sa porte d'entrée pendant une chicane avec son ex. Je l'ai déjà dit, mais Rx. habite maintenant seule et s'en réjouit.

Rx. veut travailler à son compte pour avoir une ferme, un quatre roues, une maison en campagne, parce qu'elle n'aime pas la ville. Trop de gens. Rx. est employée chez un vétérinaire. Elle gagne un salaire décent qui lui permet de vivre là où elle vit. Elle a un aquarium qui contient des poissons rares.

Rencontrer, c'est de l'inspiration pure et dure. Une drogue douce qui donne l'erre d'aller.

11.10.2006

oh oh oh

C'est Noël. Ça fait deux semaines déjà que les grelots pendouillent sur des rubans en velours bourgogne dans les centres d'achat. Crache le cash comme dirait l'autre.

Le temps des fêtes est cruel pour beaucoup, ce temps qui déprime et souligne au crayon marqueur fluorescent la so-li-tu-de. L'être blessé anticipe cette période où les sourires pullulent pendant ce mois de préparation du réveillon.

Je me souviens d'une fille qui travaillait dans un cinéma montréalais et qui me racontait que les salles de projection sont ouvertes le jour de Noël pour ceux qui ne veulent pas passer cette journée de réunion assis tout seul dans un salon inanimé, encore une fois, comme à tous les jours.

Regarder autour de vous et veiller sur ces êtres vulnérables. Un geste d'amour spontané peut exister.

11.07.2006

tissé serré

Parce qu'il n'y a pas de plus belle preuve de cohérence que le cours de la vie lui-même, laissez-moi vous racontez mon tour au marché dont je reviens tout juste.

Je sors, trop chaudement vêtue, et me dirige vers cette station de métro dans laquelle je m'engouffre au moins une fois par jour. Arrivée sur le quai, je m'engage dans un mouvement qui m'emmènera jusqu'au mur du miroir, dans lequel le chauffeur jette un coup d'oeil pour s'assurer que tous les passagers sont bien à l'intérieur avant de fermer les portes. Sur un des bancs du quai, j'apercois Alx. C'est un garçon, un homme maintenant, que j'ai connu il y a des années lorsque j'étais éprise de son cousin. Je m'arrête pour le saluer. Il a déménagé tout près qu'il m'apprend. Il est très bien dans son immense six et demi à prix réduit, gracieuseté belle-maman.

Il y a un peu plus d'un an, j'avais rencontré Alx. dans un wagon de métro. Je n'avais pas osé prononcer son nom, de peur de me tromper. Ça arrive à tout le monde. En même temps, une fille s'était avancée vers nous et m'avait reconnue. Bien que son visage m'était familier, j'ai mis un bon vingt minutes avant de me rappeler vraiment d'elle et de notre relation. Je raconte tout cela à Alx. sur le banc, en lui apprenant que je l'ai croisé samedi dernier et qu'il était accompagné de deux filles et que je les ai laissé passer en me disant que je le rencontrerais sûrement un autre tantôt.

Je descends à la station suivante, après l'avoir salué de mon statut de fiancée que je lui ai appris et qu'il a trouvé romantique.

Au marché, je vais chez Michaca et c'est l'homme à l'accent gaspésien qui est debout fièrement derrière le comptoir. Je lui demande "elle était bonne la pièce?" parce que la dernière fois, sa soeur, qui se trouvait là, avait parlé de leur sortie du lendemain pour le théâtre. L'homme m'avait appris qu'elle et lui sortent ensemble au théâtre depuis des années, qu'ils vont voir toutes sortes de pièces et qu'ils se procurent des abonnements selon la programmation offerte. Il préfère les classiques. Il est allé voir La société des loisirs. Je vais voir La Société des loisirs samedi après-midi qui vient. C'est le cadeau d'anniversaire que Jl. et Tn. - dont je vous reparlerai - m'offrent. L'homme qui porte un t-shirt sur lequel est inscrit "la terre est une pomme" m'avoue sa déception. Il croit que c'est le texte, qu'il y a quelque chose d'exagérer. Les acteurs sont très bien. Il m'engage à lui en donner des nouvelles.

Plus loin, affairée sur le banc en métal, au pied de l'escalier d'Aliments Merci, j'entends une fille demander "c'est ici les aliments en vrac?" Je me retourne et répond "oui". Je réalise qu'elle demandait à la personne qui l'accompagne. Je reconnais la fille qui me remercie, l'air amusé, et qui s'en va tranquillement. C'est une poète qui m'avait marquée pendant une soirée de poésie. Ses textes étaient forts, bien tramés. Je me souviens d'une histoire de chasseurs et d'orignal.

De retour à la case départ, sauf que je suis chargée de mes victuailles. Le métro m'éructe et un homme, qui traîne un immense sac d'oignons, monte les escaliers juste devant moi. Il me semble qu'il ralentit exprès, ayant flairé ma détermination à remonter à la surface avant que ne se crée un bouchon dans l'escalier roulant. Arrivé au palier, il se penche et je dois l'éviter. Je vois qu'il ramasse quelque chose: une carte de métro périmée. En le dépassant, je me demande ce qu'il en fera. Peut-être l'a-t-il déjà jettée par terre?

Aux coins des rues, à la sortie du métro, une jeune fille au souffle court et à l'accent mélodieux me rejoint et me dit: "je crois que vous avez échappé ceci" en me tendant la carte de métro périmée. Je lui raconte tout ce que j'en sais en lui assurant que je la mettrai au recyclage et que merci beaucoup, elle aurait pu m'appartenir. Je conclus en lui prédisant que quelqu'un courra pour la rejoindre cet hiver, parce qu'elle aura laissé tomber son gant. Elle rit.

On ne sait jamais.

le vert du rouge

O.K. messieurs, je vous avertis, ce blogue parlera de menstrues. Si vous voulez continuez, sachez que vous pourrez peut-être rendre votre femme heureuse.

Femmes de ce monde, je porte aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, ma divacup - voir liens hygiène féminine. Cette petite coupe en silicone médicale - il existe aussi une coupe en caoutchouc naturel nommé "keeper", www.keeper.com - hypoallergique, est une véritable merveille. Je m'explique. Il y a quelques années, je suis tombée sur des statistiques démontrant en chiffres l'impact environnemental de l'usage de serviettes sanitaires et de tampons. Imaginez, on dénombre présentement une moyenne située entre 9 et 15 mille serviettes et tampons utilisés puis jettés par femme au cours de sa vie. Pensez-y, la plupart de ces dispositifs protecteurs sont fabriqués à partir de platisques et de substances polluantes pour le corps et l'environnement. Les matériaux contiennent entre autres de la dioxine, produit dérivé des processus de blanchiment et lié à des problèmes de santé tels que l'endométriose - pouvant mener à la stérilité -, des ulcères dans le vagin, des maux de tête et même, le cancer du cerveau - voir www.bloodsisters.org/bloodsisters (merci à Cht.). Les parois du vagin sont des muqueuses qui absorbent les produits chimiques comme des éponges et les font circuler dans notre système, où ils vont s'installer là où bon leur semble. Même les serviettes contiennent de ces substances, qui une fois apportées dans les dépotoirs, retournent à la terre en polluant les cours d'eau. Sans oublier que le plastique prend des centaines d'années à se biodégrader.

La divacup est aussi fantastique puisqu'elle réduit les coûts monétaires qu'une femme doit débourser pendant ses menstruations. J'ai payé 36 $ chez Alfalfa - aussi disponibles chez Rachelle-Béry, Aliments Merci, Coop de La Maison Verte - pour ma protection d'hygiène féminine qui me durera dix ans. Faites le calcul. Je suis gagnante sur toute la ligne. Je peux la porter toute une nuit et pendant que je fais du sport - d'ailleurs je la portais ce matin pour mon cours de yoga-pyjama. Tout ce qu'il faut pour la nettoyer, c'est un peu d'eau et de savon doux - allez-y pour un savon biodégradable pour rester dans la logique écologique. La coupe peut recueillir une once de liquide et l'écoulement moyen pendant un cycle menstruel est de trois à quatre onces. Si vous la videz deux à trois fois par jour, il n'y a pas de souci.

Bien sûr, qui dit nouveauté, dit adaptation. Je vous avoue que je n'ai pas eu de problèmes à glisser la coupe en place, mais pour la retirer, c'est un peu plus difficile. L'important, c'est de se détendre et d'y aller. Après quelques tentatives, la coupe est sortie sans peine.

Un petit geste pour la femme, un grand pas pour l'humanité.

11.05.2006

engrais de bonheur

J'ai déjà écrit dans un de mes textes de fiction: Mémoire, papier de soie. C'est pour contrecarrer les humeurs de cette faculté parfois défaillante que je me suis procurée un cahier aux pages vierges de toutes lignes, quadrillés ou nombres. Sur ces surfaces d'espace blanc, je collerai tous les articles intéressants, toutes les adresses postales, tous les liens Internet, j'inscrirai les noms d'artistes à découvrir et ceux de restaurants à visiter. Armée de mon bâton de colle, de ciseaux et de crayons multicolores, je construirai un nid douillet pour ces choses qui auront su me tenter, m'intriguer, me surprendre et m'attirer.

Je m'invente des jeux pour passer du temps avec ma créativité parce qu'elle est bonne avec moi cette fée rigolote qui virevolte en laissant dans son sillon une multitude de minuscules bulles de champagne qui me montent à la tête et qui euphorisent. Les lieux d'expression me permettent de me réaliser, de me recueillir, de m'accepter avec mes limites, de me découvrir. Et pendant que je prends le temps, mon esprit boit les bienfaits de cette énergie revitalisante. Je crois que l'état même de conscience nous mène à l'exploration de notre capacité de représenter le beau dans nos vies et que dès qu'il y a définition de la beauté, nous détenons le pouvoir de nous en entourer. Je crois que voir et toucher et sentir et entendre et communiquer et goûter, je crois que tout cela nous est donné pour explorer et nous émerveiller devant toutes les possibilités.

Je crois que l'imagination a besoin de l'action et que l'action ne dépend que de notre volonté. J'accomplis donc je suis.

11.04.2006

des nouvelles

Petit conseil: ces jours-ci, ne planifiez pas recevoir avec une guacamole, les avocats ne mûrissent pas, ils pourrissent. Du vert intense signalant un manque de maturité, ils passent à une pelure mouchetée de tâches noires. À l'intérieur, la chair noircit en se s'amollissant jamais. Bref, j'ouvre mes quatre fruits et c'est foutu! Heureusement, il me restait mes frijoles et mes patates douces. Plus tard, pendant mon périple culinaire, j'ai fait cramer mes rondelles de bananes plantains. La casserole est allée se faire refroidir la couenne sur le balcon arrière. Un peu de grand air, ça fait toujours du bien. J'ai tout de même réussi à récupérer quelques rescapées, histoire de faire goûter à mes convives.

Toutes ces petites catastrophes n'ont pas eu l'avantage sur mon moral qui a tenu le coup, grâce à un sourire au coeur. Aujourd'hui, tout allait être O.K.
J'ai pensé à ma mère qui m'avait suggéré, après une des premières soirées où je recevais, de planifier un peu plus de nourriture une prochaine fois. En effet, mon beau-père du moment - oui, j'ai eu d'autres relations avant M. - avait tiqué devant son assiette de pâté chinois végé bio. Ma recette s'est améliorée depuis et j'ai compris qu'il faut en avoir plus que moins. Au pire, on grignote des restants le lendemain. Comme ces fameux frijoles que j'ai réussi à merveille et dont M. m'a parlées dès son réveil.

Jeudi, sur mon heure de dîner, je suis allée chercher les bouteilles qui accompagneraient notre repas. Le conseiller a été attentif à mon descriptif des plats, épicés en entrée, tomaté à l'étape principale. Il m'a recommandé un Grenache Riche du vignoble Lesmaîtres Frères, une bouteille complexe à la robe rubis superbe, vendue à un prix d'ami, une liquidation d'un produit intéressant qui n'a pas su intéresser les consommateurs. Il a poursuivi avec le Rasteau, un Côte du Rhônes élégant, si un tel adjectif est possible pour ce liquide des dieux. Mx. a trinqué aux conseils qu'il avait avoué, en début de soirée, ne pas vouloir demandé lorsqu'il visite une SAQ.

Parlons-en de cette soirée agréable. Bon, ils sont arrivés avec un peu de retard. Mais on ne peut pas en vouloir à ceux qui utilisent le transport en commun et qui restent coincés dans un bouchon de gens qui montent et qui descendent à la pelletée. Les assiettes d'entrée étaient prêtes et moins de dix minutes après un bref tour des visiteurs dans notre quatre et demi, nous nous sommes retrouvés attablés pour déguster les frijoles et les patates assaisonnées de paprika fumé et de coriandre fraîche et d'oignons verts, vestiges d'une guacamole laissée en plan. Mx. et S. ont aimé le goût différent de ces fèves noires que j'ai cuisinées en plusieurs étapes. Rien à voir avec les leurs qu'ils concoctent à partir d'un produit en conserve. Mx. était heureux d'enfin goûter à une patate douce. Et les croustilles de maïs au sésame ont été enregistrées dans leur mémoire sous la rubrique "aliment à retrouver". Merci ici, à la Hoegaarden, servie avec croissant de limette, pour son rôle de douce accompagnatrice de cette entrée en matière.

Mx. a parlé des prix des denrées alimentaires fluctuants d'un bout à l'autre de Mont-Royal, en concordance avec le niveau "in" des locations. Nous avons aussi discuté du sort des Amérindiens, de la nouvelle console de jeu Nintendo, de musique, de photographie numérique, de cuisine indienne, de personnes âgées, du quotidien, d'extraction de dents de sagesse et de longueur moyenne d'un chat. Nous nous sommes aussi amuser à jouer au train mexicain après avoir mangé les piments farçis au sarrazin, à l'avoine et au tofu, servis avec sauce tomate, que S. a beaucoup aimés. Pour le dessert, j'ai préparé des assiettes, une de fruits exotiques: kaki, pomme grenade, poire asiatique, mangue verte, et une autre de carrés de chocolat noir à l'espresso et de caramel à la fleur de sel. Nous nous sommes bien régalés et la soirée a été véritablement et de toutes les façons, nourrissante.

Autre petit conseil: inviter des gens sympas. Plaisir assuré.

11.01.2006

dans deux dodos

J'ai faim. Il est 19:20 et le souper est toujours en cours sur les ronds du four, à mitonner. M. revient dans quelques minutes de son hockey cosom et j'ai décidé de l'attendre pour partager notre plat de gnocchis en amoureux. Il préfère manger à deux.

La semaine file et je reçois S. et Mx. vendredi soir. Mon menu est tombé complétement à l'eau mardi midi après avoir réalisé avec S. que ce qu'elle concoctait pour le soir même correspondait exactement au souper que j'avais imaginé pour vendredi: tofu au gingembre et potage en entrée.

Mon intuition ne trompe jamais et cette fois, elle me conseillait d'emblée d'y aller pour les piments farçis nappés de sauce tomate simple et efficace. Alors, mon esprit en pleine ébulition, en train d'amalgamer les possibilités pour une entrée correspondant au plat principal, a pondu une petite merveille qui m'enchante. Voici l'idée: assiette à la mexicaine, alliant guacamole style verde, frijoles refritas, croustilles de maïs et rondelles de patate douce rôties à la barbecue. Jamais préparé la guacamole toute verte (avocat, oignon vert, coriandre fraîche, jus de lime). Jamais fait de frijoles. Jamais testé les rondelles de patate douce rôties à la barbecue. V. n'approuverait pas mon choix. Elle aime bien savoir qu'elle reçoit avec des valeurs sûres. Moi aussi, mais une entrée, c'est une zone d'exploration.

De retour du onzième ce soir, j'ai fait un arrêt au marché. Chez Olives et Épices, j'ai déniché du paprika fumé aigre doux pour les patates. Je crois que tout ira bien. Pour les frijoles, ça fait un bout que je les prépare dans ma tête, alors là aussi, ça devrait aller. Pour la guacamole, c'est simple comme bonjour.

Vendredi, après mon cours de yoga-pyjama, petite tournée au marché pour déniché des avocats mûrs parce que ce soir, TOUS les avocats tout partout, étaient durs comme des cailloux. De retour à la maison, laver la toilette, passer la balayeuse. Popoter tranquillos en écoutant la radio et attendre les convives.
Je vous en donne des nouvelles.