orphelins de l'Éden

8.29.2008

back on track


The Green Mountain State. C'est ça qui est écrit au bas des plaques d'immatriculation de couleur verte des véhicules des gens habitant cet état aux centaines de pics. J'ai donc fait une erreur dans mon dernier blog. J'ai oublié le "Mountain" et Dieu sait qu'une fois là, à silloner ce bout de la planète, cette particularité géographique est dure à louper. Ma soeur G. m'a aussi fait remarquer que j'ai parlé d'achat de chaussures d'escalade dans ce fameux dernier message quand en fait, ce sont des chaussures de randonnée pédestre que nous nous sommes procurés. Bon, j'aurais pu tricher et tout simplement aller corriger mon texte antérieur pour que ces deux erreurs deviennent de l'ordre du ni vu ni connu, mais pour cette fois, je me suis dit que je pourrais me servir de ces bévues pour plonger dans le coeur du sujet.

Donc le coeur du sujet, ce sont ces fameuses montagnes impressionnantes qui s'élèvent à perte de vue dans la région de la capitale du Vermont, cette si particulière Montpelier. La plus petite capitale de tout le pays est un véritable havre de paix. Quand je dis paix, pensez "peace", du genre que quelques résidents s'y promènent pieds nus en pleine rue et que les autres, jeunes et plus vieux, sont des gens desquels émanent une marginalité authentique et une confiance basée sur un esprit créatif. C'est là aussi que se trouve la Hunger Moutain Co-op où nous nous sommes repus à deux reprises pendant notre road trip. C'est là aussi où nous avons mis la main sur sept bouteilles de vin avant de remonter vers la frontière hier, histoire d'avoir des provisions de produits que l'on ne connaît pas pour l'automne. Sachez que bien que les prix soient dérisoires pour certaines bouteilles, vous n'avez droit qu'à deux bouteilles par personne une fois parvenus à la douane et que si vous tenez à vos bouteilles, vous repayerez les excédentes à nouveau une fois le calcul des taxes et de la proportion qu'il faut verser à la SAQ complété. C'est ce qu'on appelle un imprévu. Mais bon, comme M. l'a dit, en road trip, il faut être capable de les encaisser.

Notre périple s'est concentré autour de la région de la capitale, bien que nous soyons passés par Ausable Chasm dans le Empire State, New York, pour commencer notre aventure. De là, nous sommes sautés sur un traversier qui nous a mené à Burlington, de l'autre côté du Lake Champlain. Burlington m'a surtout frappée par sa jeunesse paumée qui traînait un peu partout dans les parcs et les rues. Bien que la rue Church soit très jolie, la vibe de la petite ville ne nous a pas autant plu qu'à la capitale. D'ailleurs, quand nous avons cherché à nous dénicher une chambre pour la nuit à Burlington, les circonstances ont fait que nous avons préféré nous rendre à Montpelier.

Notre premier bed and breakfast a été parfait. Situé à deux pas du coeur de la ville aux allures de village, nous avons pu faire le tour du centre-ville à la recherche du resto parfait pour notre premier souper. C'est finalement au Girasole que nous sommes aboutis, heureux d'être tombés sur un endroit alliant une ambiance décontractée et une nourriture délicieuse.

Le lendemain, nous avons profité du Hubbard Park pour nous réchauffer en prévision de randonnée plus sérieuse. Au sommet de la Tower, nous avons rencontré St., notre premier Vermontais chaleureux. Parce que, comme je le lui ai expliqué, jusqu'à notre discussion avec lui, nous avions l'impression que les gens, bien que très polis, gardaient leur distance par rapport à nous, peut-être à cause de notre accent, nous devinant des touristes de passage. Mais bien sûr, il m'a fallu en parler pour que dès ce moment, toutes nos autres rencontres soient coulantes et agréables. Quoi qu'il en soit, c'est St., ce septuagénaire à la grosse moustache blanche et aux lunettes à la monture d'une autre époque qui nous a passé ses longues-vues pour que nous admirions les sommets verdoyants, qui nous a conseillé de demeurer dans la région plutôt que de nous diriger dans le sud vers Woodstock ("very touristic area") et Rutland ("not a very nice city"). Il nous a plutôt aiguillés vers Waterbury d'abord et puis Stowe ensuite, évidemment, et enfin à la montagne nommée Camel's Hump. Pour conclure notre nowhere, il nous a aussi recommandé de remonter en direction du Québec en passant par la 5, route longeant des cours d'eau.

Donc après un dîner exquis à la Co-op, nous avons suivi la 2 jusqu'à Waterbury, à quinze minutes de là. Dans le village tout aussi joli que le précédent, nous avons visité un bed and breakfast aux airs de maison hantée. Voulant nous libérer du souci de se loger, nous avons chercher à trouver un coin d'informations touritisques. Parce qu'en plus des "welcome center" plus grands et officiels, des mines de renseignements pour les visiteurs de la région se trouvent dans chaque bourgade, avec en bonus des detailed map of the area. En tant que copilote, j'ai amassé plusieurs de ces cartes colorées et instructives, en plus de tous les autres pamphlets bourrés d'informations pertinentes.

Au "visitor center", greffé au centre d'information du Green Mountain Coffee où nous sommes retournés à notre quatrième journée d'aventure pour que M. se procure un de leurs produits desquels il est tombé amoureux instantanément en dégustant une tasse à notre premier petit-déjeuner au Vermont, il y avait une station informatisée nous permettant de trouver les adresses de bed and breakfast de la région. C'est comme ça que nous nous sommes rendus là:



Le Fitch Hill Inn. Jh., l'homme du couple de innkeepers, était juché dans son échelle à notre arrivée. D'un pas lent, typique des habitants de la région baignés dans ces mégatonnes d'oxygène épuré par ces montagnes aux forêts denses, il nous a accueillis en nous avouant qu'il ne s'attendait pas à avoir des invités aujourd'hui. De fait, le Inn, qui se trouve un peu à l'écart des centres plus touristiques, est en plus juché au bout d'une rue peu passante. Le bon Dieu voulait que nous passions une super nuit regénératrice et que nous mangeions un repas digne des rois de ce monde avant d'aller escalader le plus haut sommet de l'état, le mont Mansfield.

Après avoir monté nos baggages à la chambre, nous sommes retournés au village très touristique de Stowe. Là, nous avons pris un autre bain de soleil, le deuxième de la journée. M. s'est assis sur un banc au coeur du village pour que nous profitions des rayons. Parce que oui, M. est un chat. Il adore se prélasser dans la lumière vive et chaude, surtout qu'en ce deuxième jour, la route de la veille nous avait un peu rentré dans le corps et qu'il nous fallait ralentir la cadence. Et c'est dans cette volonté de nous détendre que nous avons décidé d'aller poursuivre notre fin d'après-midi attablés dans une micro-brasserie, pour découvrir un produit de la région. Nous avons bu une noire bien équilibrée aux accents riches rappelant le café surtout et un peu la mélasse. Pour rentrer à la maison bleue, j'ai conduit sur cette magnifique 100, passant près de fermes s'étendant aux pieds des élévations et de maisons de planches toutes plus jolies les unes que les autres.

Au réveil, monsieur dormant toujours un peu plus longuement que moi, je suis sortie.






Marcher. Pour aboutir dans le minuscule Hyde Park, un des bleds les plus charmants qu'il m'a été de visiter dans ma vie. Imaginez un endroit perdu où vous trouvez des bâtisses aussi grandioses.




Est-ce que le Vermont est beau? Eh bien, laissez-moi vous dire que celui que nous avons vu, oui, extrêmement. C'est un lieu paisible où les gens vous quittent en disant "have a good one", où lorsqu'un piéton pose le pied sur le pavé pour traverser, les automobiles s'immobilisent, où des joggeurs et des cyclistes longent les routes rurales peu bondées de véhicules, où les produits de l'érable font la fierté des locaux, comme chez-nous. C'est un paradis à proximité. Sans exagérer.

C'est aussi un endroit où les gens prennent position. Les Vermontais sont reconnus pour être des Américains différents. Avec St., j'ai parlé des élections américaines, de l'urgence qu'Obama rentre pour renverser la vapeur. Et pas plus tard qu'hier, j'ai en aussi parlé avec cet homme si gentil que nous avons rencontré au centre d'information de la compagnie avant-gardiste Green Mountain Coffee. Cet homme dont je n'ai pas su le nom, il a pris le temps de nous recommander un trajet fantastique pour notre dernière journée: partir de Waterbury, descendre sur la 100 jusqu'à Waistfield, tourner sur la 17, arriver au Appalalchian Gap, où nous avons grimpé au sommet du monde pour une seconde fois en deux jours, dégringoler jusqu'à la 116, longer les flancs de la Green Mountain National Forest, bifurquer sur la 125, grugée récemment par un débordement du lit de la rivière lors des pluies d'août. Cet homme, c'est lui qui m'a conseillé de regarder le discours d'investiture du candidat démocrate, Barak Obama, le soir même, ce que nous avons fini par faire, parvenus en Estrie, complètement rompus par les heures de route, mais détendus par une gâterie concluant notre voyage, une saucette dans un bain tourbillon.

Je m'éternise, mais l'important, c'est de reconnaître que nous avons bien respiré pendant ces quatre jours dans cet ailleurs idyllique. Chaque minute dans cette nature nous a rajeunis de nombreuses fatigues pour finalement recharger nos batteries en prévision du temps froid qui arrive d'ici peu. Au Vermont, malgré le soleil resplendissant, certains feuillages ont commencé à changer de couleur. En admirant les kilomètres à la ronde du haut de Mansfield, des taches d'orange et de rouge ressortaient du lot vert foncé.

Peu importe, je suis faite pour les quatre saisons. Prête à changer au gré des cycles. Parfois fruit, parfois flocon. Rien n'est plus beau que la Terre. À part peut-être les tableaux qu'elle nous offre.


8.24.2008

pause

En ouvrant mon ordinateur ce matin, j'ai su que ma soeur B. et toute sa petite famille se sont bien rendus. Une fois la fatigue accablante surmontée, ils reprendront leur routine hongkongienne, juchés tout au haut de leur tour. Tous les enfants iront à l'école dès septembre, B. décrochera un emploi et marchera dans sa montagne, Bb. sillonnera l'Asie pour assister à chacun de ses meetings, pendant que Kiwi, leur carlin ronflant, se satisfera de leur retour auprès d'elle.

De notre côté du globe, les vacances se poursuivent pour une autre semaine pour moi, tandis que M. commence son bloc de deux semaines. Hier, nous sommes allés nous chercher des souliers d'escalade parce que finalement, nous avons décidé de partir pour un nowhere dans le Vermont. Demain matin, nous bourrons Jasmine la Fit en direction de la frontière américo-canadienne. M. pratique déjà ses réponses qu'il donnera au douanier américain qui nous accueillera au poste.

- Where are you going?
- To Vermont.
- How long are you staying there?
- For about five or six days.
- Where will you be staying?
- We don't know yet.

Il est convaincu que nous allons être fouillés. Je dis que nous sommes sûrement pas les premiers Canadiens à aller faire un roadtrip dans le Green State.

Équipés d'une carte routière, nous irons là où le vent nous porte. Il y a si longtemps que je n'ai pas entrepris ce genre d'aventure qui laisse des souvenirs indélébiles. Avec M., ce sera la première fois sur une si longue période de temps. Cinq à six jours donc à nous arrêter là où nous le voulons, à manger où la carte nous séduits, à dormir là où le soleil se couche et qu'il y a de la place. Non, nous ne planifions pas faire du camping. Mais oui, nous projetons gravir des flancs de montagnes. Dans cet état où les parcs régionaux pullulent, nous nous gaverons de nature régénératrice. Une minute au milieu de la forêt nettoie dix jours de stress encaissés par le système. Nous reviendrons légers.

Pendant ce temps, Nougat le gros chat sera soignée par Am., la soeur de M. Elle a accepté de venir s'occuper de notre boulette d'amour le temps de notre voyage. Nous partirons l'esprit tranquille, totalement libres d'avoir du plaisir. À la rencontre de notre couple s'offrant un soudant certain.

8.23.2008

scission

J'ai les ongles colorés. Ma soeur, son mari et les enfants sont partis de Montréal dans un avion décollant à 7 h ce matin et tout ce qui me reste des dernières journées auprès d'eux, auprès de toi ma B., ce sont mes ongles colorés.

Jeudi, B. et moi, nous sommes allées nous faire faire une pédicure suivie d'une manucure dans un petit commerce tout sur le long avec pignon sur la rue Sainte-Catherine. Une nuée d'esthéticiennes Vietnamiennes se sont affairées à couper les ongles, à râper la corne, à repousser les cuticules des clientes installées dans des fauteuils énormes et vibrants, dont ma soeur et moi. Au moment de choisir la couleur de notre vernis, j'ai trottiné dressée sur la pointe des pieds jusqu'aux centaines de bouteilles alignées sur un mur pour dénicher un rouge sang presque noir pour moi et un mauve foncé pour B. Une fois à l'extérieur du salon d'esthétique, dans le plein soleil du jour, nos orteils semblaient peinturées de la même teinte, à la différence que dans la teinte choisie par B., des reflets argents donnaient à ces appendices des airs de char monté.

Ce moment, cette heure à nous faire triturer les bouts de corps, fût mon dernier seule avec elle pour au moins une autre année. Hier soir, en revenant de chez notre soeur G. où toute la famille a passé une dernière journée ensemble, mes yeux se sont remplis d'eau et les larmes ont coulé jusqu'à mon cou. B. n'aime pas les adieux. Elle préfère faire comme si nous allions nous revoir le lendemain. Puisque c'est elle qui part à l'autre bout du monde, loin de tout son monde, sa famille, ses amis, j'ai décidé d'être solide pour le départ de ce matin. Il ne faut pas que je pense au fait que ma B. part pour un autre long moment de séparation, qu'elle emporte avec elle tout ce qu'elle est, son regard farfelu sur tout ce qui l'entoure, son humour, son écoute, notre lien particulier. Cet été près d'elle m'a fait un bien fou et malheureusement, ce n'est que maintenant qu'elle est partie que je mesure toute la chance que nous avons eue à partager une foule de joyeux petits moments, comme si elle était revenue pour toujours. Nos marches chez maman du début de l'été, les razzias de magasinage, les crèmes glacées avec les enfants, la journée des framboises, le roadtrip de mardi en Estrie, notre jeudi soir sur notre 36. La vie, c'est long, mais la vie sans ma B. c'est pas tout à fait la même vie et c'est foutument lent.

La dernière image que j'ai de toi, c'est à l'aéroport ce matin que tu me l'as laissée. Une femme vous a donné du fil à retordre une fois passé l'entrée pour les douanes à cause des oreillers des enfants, qui étaient si beaux dans leurs pyjamas, près pour le grand voyage. Vous avez dû coincer les coussins moelleux dans vos sacs et finalement, tu es apparue dans l'embrasure, entre les deux gardes, le sourire largement fendu, les mains dans les airs au bout de tes bras tendus, les mains ouvertes à leur maximum, pour nous saluer et nous dire que ça y était, vous pouviez partir. Cette B.-là, pleine de joie spontanée, c'est elle la plus forte. Je prie papa pour que tu ne l'oublies jamais ma soeur. Tu es la plus forte.

8.20.2008

capsule

Ma tête est légère et mon corps me remercie de cette marche rapide que je viens de lui exiger. Mes muscles des cuisses se définissent un peu plus à chaque séance de calories brûlées et mon ventre s'affermit tranquillement juste parce que mon torse se balance légèrement au rythme de mes enjambées. La marche, c'est mon exercice sans effort.

Dans le bon soleil d'août, j'ai parcouru un des trajets que j'ai tracés au fil des dernières semaines. À un moment, ma trajectoire bifurque pour emprunter un bout de piste cyclable qui passe dans un couloir vert où sont plantés des pylônes d'Hydro. Aujourd'hui, à l'heure de mon passage, deux employés de la ville assis dans la cabine de leur tracteur coupaient les herbes de cet immense espace. Dans l'air, l'odeur du gazon fraîchement rasé flottait et par terre, les débris végétaux jonchaient les surfaces en formant des monticules longilignes ressemblant à des chenilles sans fin.

En gardant la cadence, mes yeux s'accrochaient à quelques détails du genre. À cette femme âgée passant des bûches empilées dans une brouette d'enfant à quelqu'un dans le sous-sol par la fenêtre. À cet homme et ces deux garçons, sans doute père et fils, travaillant à des plates-bandes. À ces jeunes enfants arrivés par vélo réunis dans la cours d'une école primaire. À toutes ces fleurs aux couleurs encore vibrantes.

Hier, mes soeurs et moi, nous avons sauté dans Jasmine la Fit pour aller voir des fleurs aux couleurs vibrantes. Bien qu'il faisait beau, le froid nous obligea à zipper nos manteaux jusqu'à nos mentons une fois arrivées à la seule lavanderaie certifiée du Canada. Malheureusement, à cause des semaines pluvieuses de cet été, la récolte des fleurs bleu-mauve a dû être devancée et sur la colline, les rangs de plants n'arboraient plus les tiges florales. Malgré cela, nous sommes arrivées juste à temps pour nous joindre à un groupe de personnes du troisième âge qui commençait la visite guidée. Ainsi, nous avons appris les dessous de cette folle aventure fructueuse, même si elle était vouée à l'échec par tous les experts consultés par le couple rêveur derrière ce projet original. Bleu lavande est un bel exemple de détermination et de réussite dans l'adversité.

Nous avons décidé de passer une journée entre soeurs parce que B., son mari et les enfants repartent pour Hong Kong très bientôt. Samedi, aux aurores, nous nous rendrons tous à l'aéroport pour faire les adieux. Cette part de la famille s'en ira pour une autre année minimum à l'autre bout de la planète pendant qu'ici, dans environ trois mois, nous accueillerons un nouveau venu. Les mois passent, les années se succèdent et nous nous multiplions. Une nouvelle génération éclôt pour poursuivre notre lancée, assurer le futur. Je leur souhaite une vie simple et satisfaisante dans un monde d'humains à la conscience allumée par une panoplie d'idéaux réalisables. Un monde qui est un bel exemple de détermination et de réussite dans l'adversité. Un monde aux couleurs vibrantes et à l'odeur de gazon fraîchement rasé flottant dans l'air. Un monde en santé.

8.17.2008

parce que tu arrives bientôt

G. ma soeur a été la reine de la journée. Sous une autre belle journée d'été, toutes celles qui font parties de sa vie, parentes, amies et collègues, se sont réunies pour célébrer la venue de son premier enfant au monde. Dans une volonté de perpétuer la tradition des showers de femmes, tous les conjoints, y compris le papa du bébé à venir, ont été bannis de l'événement. Ainsi, Bb., le mari de mon autre soeur, et M. se sont retrouvés dans une microbrasserie à Chambly tandis que Rb., le conjoint de G. était parti au Vermont gravir une montagne.

Cette journée, elle était importante pour G. Je crois qu'elle avait besoin d'amour, de savoir qu'elle était entourée et appréciée. De toute façon, qui d'entre nous n'a pas besoin de ça une fois de temps en temps? Alors ma soeur B. et moi, nous avons retroussé nos manches de "gère-mène", creusé nos cocos et pondu un petit party à la tournure pas pire pantoute.

Je vous offre donc la feuille de route de ce shower qui a comblé la célébrée.

- Rédigez une invitation cordiale, précise, révélant quelques petits moments de la journée, mais tout en gardant des surprises.

- Convoquez les invitées pour 11 h 30, à un brunch (croissants frais, bagels, salade de patates, frittata, salade de fruits, moût de pomme, etc.), histoire de casser la croûte tout en socialisant.

- Installez ensuite la reine au centre des invitées et bandez-lui les yeux. Faites-lui goûter des petits pots de bébé. Si elle devine les ingrédients, offrez-lui un petit cadeau pour bébé (des hochets, des canards pour le bain, etc.) pour chaque réussite (sinon dites-lui que les cadeaux retournent au Pôle Nord).

- S'il fait beau soleil, prenez une photo de groupe. Toutes les invitées étaient vêtues de bleu et blanc (c'était une demande incluse dans l'invitation) pour souligner la venue d'un petit garçon.

- Ensuite, jouez à un jeu qui inclus tout le monde. Installez la reine sur une chaise confortable et annoncez-lui qu'elle assistera à un jeu télévisé. Gardez trois personnes (grand-maman faisait partie de celles-là) pour former un jury. Le reste des invitées a été départi par un tirage de cartes: les rouges forment une équipe et les noires, l'autre. Le jeu est simple, au préalable, l'animatrice (moi) a préparé une série de questions, certaines à la réponse simple et univoque, d'autres à développement. Par exemple:

1 - À quoi sert la crème d'oxyde de zinc?
2 - À combien faut-il que la femme qui accouche soit dilatée avant qu’elle ne commence à pousser?
3 - Qu’est-ce que le test d’APGAR?
4 - Vous devez aider G., qui allaite, à préparer le sac de bébé parce qu’elle s’en va souper chez ses beaux-parents. Quels articles doit-elle mettre dans son sac?
5 - G. hésite entre une CPE (éducatrices formées, programme éducatif, conseil administratif formé par les parents) et une garderie (moins chère, plus de stabilité pour l’enfant) en milieu familial. Expliquez-lui la différence entre les deux types et trouver deux avantages pour chacun d’eux.

Bien sûr, le jury tranche pour accorder les points. L'animatrice a de toute manière annoncé en début de jeu que tous les cadeaux allaient à l'unique spectatrice du jeu télévisé, à son grand plaisir.

- Une fois le jeu terminé, annoncez à la reine, que toutes celles présentes ont contribué à un cadeau particulier (ça aussi c'était une demande incluse dans l'invitation): une trousse spéciale d'amour en cas de besoin. J'explique: toutes les participantes ont été invitées à écrire une lettre à l'intention de G. qu'elles devaient sceller en prévision de moments où G. aurait besoin d'un peu de réconfort. Compte tenu que le travail de maman est le plus important et que ce n'est pas le plus facile, chaque lettre est un petit remontant que G. pourra ouvrir seulement au moment où elle voudra un boost d'amour. G. a été très touchée par l'idée et plusieurs participantes ont dit qu'elles avaient beaucoup aimé écrire cette lettre de rescousse.

Alors voilà, le dimanche 17 août s'est déroulé à merveille et dans l'allégresse. Rien ne peut battre une bonne poignée d'invitées et ça, malgré une bonne feuille de route, ça relève du hasard. Alleluia!

8.16.2008

ensemble, c'est tout

Les vacances, prise deux. Je réalise à peine que je ne retournerai pas au onzième pour un gros deux semaines, encore. Depuis les cinq dernières années, c'est mon premier été où je m'en permets autant. Cette fois, pour ce bloc de jours libres, le mot clé c'est détente.

Alors, c'est comme ça qu'on a décidé hier soir de sauter dans Jasmine la Fit pour filer jusqu'à un restaurant que nous avons découvert totalement par hasard le soir où nous avons célébré nos noces de bois en juin dernier. Ce n'est qu'une fois rendue à proximité que je me suis rappelé qu'en plus d'être la troisième belle journée de suite, une première depuis plusieurs semaines de cet été pluvieux, c'était le premier des deux spectacles de Céline. Autour du Centre Bell, ça grouillait de fans accoutrés de leurs plus beaux atours. Il y avait des couples, mais surtout des groupes d'amies, des femmes d'une quarantaine d'années décidées à passer une des plus belles soirées de leur vie. Il y avait aussi des familles complètes. Céline touche toute sorte sorte de monde.

Rendus à notre petit trésor de resto, le Café Bistro La Marinara, situé sur la rue Stanley, nous avons réalisé, une fois passé le pas de la porte, que cet endroit calme et presque vide que nous avions découvert il y a deux mois était devenu bondé. Le secret s'est promené de bouche à oreille et maintenant, nombreux sont ceux qui ont noté cette adresse dans leur carnet de lieux incontournables.

Parce qu'aucune table n'était libre à notre arrivée, nous avons tournoyé un peu au centre-ville pour passer le temps. Curieuse de mettre les pieds dans le nouveau H&M, j'ai suggéré à M. de nous y rendre pour jeter un coup d'oeil. À peine rentrés que nous nous tournions l'un vers l'autre pour nous dire la même chose: "Ça me rappelle New York." Là, dans cette Grosse Pomme, les H&M multi-étages pullulent littéralement dans le coin de Broadway, entre Madison Square et Central Park. C'est pendant notre dernier saut dans l'immense ville, il y a deux ans, que nous avons découvert ces magasin de fringues qui parfois étaient séparés l'un de l'autre d'à peine un coin de rues.

Notre visite du nouveau magasin situé en face du HMV, au coeur de notre ville, s'est apparentée à une sortie dans un bar. Un DJ installé au premier étage mixait une musique house crachée par d'énormes haut-parleurs pendant que des pelletées de beautiful people inspectaient les piles et les rangées de vêtements, à la recherche de la perle originale, reproduite des dizaines de fois. L'atmosphère était tellement étrange que M. a même dit, juste avant que nous décidions de battre en retraite, que tout ce qu'il manquait à ce tableau survolté c'était que les gens aient une bière à la main.

De retour à notre petit resto, des hordes de fans avaient libéré des tables pour se diriger à l'événement qu'ils attendaient depuis des mois et le Français qui nous avait soigné aux petits oignons lors de notre première visite s'est occupé de nous trouver une place. Lorsque nous nous sommes installés, il a dit qu'il se souvenait de nous en pointant l'endroit où nous nous étions alors attablés. Cet homme, c'est un vrai pro. Lui et le chef forment une paire du tonnerre qui offre une nourriture exquise et un service plus que plaisant. Surtout, ne vous laissez pas avoir par la devanture de cette adresse culinaire. Pénétrez dans l'antre et préparez-vous à une expérience jouissive, des crevettes à l'ail et au citron à la mousse au chocolat maison, en passant par le poisson du jour fondant servi avec une bouteille de vin d'importation privée.

Notre repas s'est terminé autour de 21 h, nous qui nous mettons habituellement au lit à cette heure-là. Nous avons marché jusqu'au Vieux-Montréal, en empruntant les rues plongées dans la pénombre, main dans la main. Une véritable balade romantique sous une pleine lune ronde comme une bulle parfaite. Repus, nous avons partagé la plus belle nourriture qui soit. L'amour, tout simplement.

8.14.2008

morsure

Aucun billet d'avion de disponible du transporteur aérien ciblé. Stop. Voyage en Islande tué dans l'oeuf. Stop. Mini-deuil suivi de mini-déprime. Stop. Le bon dieu en a décidé ainsi. Stop. Ses desseins nous sont encore inconnus. Stop. Non, nous ne sommes pas de totaux invertébrés. Stop. Mais quand ça ne veut pas, à quoi bon s'acharner? Stop. Ça fait travailler la flexibilité. Stop. Mes tendons sont sur le point de rompre. Stop.

8.12.2008

ailée par désir

Dans le ciel ce soir, en revenant d'aller acheter une boîte de bébés épinards et des fèves germées pour la salade du souper, je remarque les majestueux cumulus immaculées qui s'imposent dans les cieux azurs telles des voiles de vaisseaux gonflées sur l'océan. Leurs contours sont soulignés de lumière vive et puis, mon oeil aperçoit un petit aéronef, tache grise, planant parmi ces rondeurs laiteuses gigantesques. J'envie le pilote l'espace d'un moment de télé-empathie. Quelle veine vraiment.

Nous, nous n'avons toujours pas réussi à mettre la main sur nos billets d'avion. Le transporteur aérien qui offre des vols directs vers l'Islande à partir de Montréal semble avoir des problèmes à remplir ses charters cette année comparée à l'année dernière et en plus, M. et moi avons dû bouger notre date de départ parce que vendredi, une employée de la seule agence de voyages qui fait affaire avec cette compagnie aérienne m'a mal informée. Nous pensons donc maintenant partir dans trois semaines environ, un léger contretemps. Je prie le bon Dieu de mettre nos fesses sur un vol en partance pour le pays de feu et de glace au plus sacrant. Si telle est ta volonté bien sûr. Puisque toi seul sait ce que l'avenir nous réserve. Mais ça serait vraiment super cool, d'accord?

Cela étant formulé, je continue à vivre au rythme des obligations agréables du quotidien plaisant. Mon 7 h 30 à 15 h 30 passe joyeusement et en bonne compagnie. Mes soirées auprès de mon amoureux et du gros chat Nougat filent harmonieusement. Et bien sûr, c'est le Olympiques de Pékin depuis vendredi dernier.

Moi les Olympiques, je trouve ça divertissant, sans plus. Je me souviens de moi gamine qui regardais les disciplines qui me plaisaient bien à la télé, à défaut d'autre chose à me mettre dans l'oeil blasé. La gymnastique surtout, pendant les jeux d'été. Les prouesses de ces courts corps musculeux et souples rebondissant sur les tapis bleus m'ont toujours fascinée. Cette année, pendant ces jeux de l'an 2008, je n'ai pas encore joué à la spectatrice. Les seules bribes d'information me viennent surtout du bulletin spécial précédent le bulletin régulier de 6 h à la Première Chaîne. Je sais donc que le Canada n'a pas encore obtenu une seule médaille, que nous sommes passés près en s'il vous plaît grâce à la superbe performance de la jeune haltérophile Québécoise, que la Chine, gonflée à bloc, mène au tableau des médailles, que l'équipe féminine de softball représentant le Canada a remporté sa première partie.

Mais surtout, je sais qu'une nageuse Française a terminé huitième avant-hier, quatre longues secondes derrière la septième nageuse de la course. Si je sais cela, c'est parce que hier, à cause de l'histoire des billets d'avion qui ne sont pas encore dans nos mains, je suis embarquée dans l'autobus de 16 h 04 au quai et que, lorsque je suis descendue à mon arrêt avec dix minutes de retard sur mon horaire habituel, J-P, ce jeune homme handicapé que je n'avais pas rencontré depuis plus d'un mois, a fait de même parce qu'il doit prendre l'autre bus qui suit le même trajet que le sien jusqu'à ce point, mais qui bifurque par la suite vers chez lui.

C'est comme ça qu'il a commencé à me parler de cette compétition, de cette nageuse Française (il est foubrac de la France comme pas possible), que j'ai deviné être mignonne (parce que monsieur aime les jolies dames tant et tellement qu'il affiche leur photo sur un tableau spécial dans sa chambre (à ce sujet, il m'a dit que les photographies des deux filles de Cecilia, l'ex-Madame Sarkozy n'y étaient plus accrochées)). Supposément, que cette sirène était une des favorites de la compétition, boostée par des commandites du tonnerre, vainqueure des Championnats aquatiques mondiaux qui ont pris place à Montréal l'an dernier. J-P m'a raconté comment il a regardé la compétition assis sur le bout de son siège, à crier à tue-tête afin d'encourager sa belle, mais que malheureusement, la nageuse, partie en bombe, a vidé toutes ces forces au premier 50 m pour terminer triste dernière. J-P m'a dit qu'il avait réfléchi à cette jeune femme défaite qui n'a pas voulu rencontrer les médias après la course. Il m'a dit qu'elle doit vivre un moment extrêmement difficile et que selon lui, la pression mise sur les athlètes est trop grande. D'accord avec lui, j'ai renchéri que ces athlètes, obligés d'accepter les commandites pour pouvoir vivre de leur sport et poursuivre leur entraînement, ne sont au final que des humains, comme tout le monde, et que les Olympiques, c'est des victoires prévues ou surprenantes, des déceptions, mais surtout des moments d'exception dans la vie des sportifs professionnels. Avant que son autobus ne s'arrête pour l'aspirer, j'ai réconforté J-P en lui disant que sa belle Française, elle est tout de même la huitième meilleure nageuse au monde. C'est aussi ça les Olympiques, un manque de perceptive.

Et parce que les cieux m'ont a à nouveau interpelées, pendant la rédaction de ce message, de leurs beautés colorées cette fois, je vous les offre avant d'aller me mettre au lit, cependant qu'une nouveau jour débute au pays de l'empire du Milieu.


8.10.2008

lune de miel

M. dit que je suis la femme la plus intense qu'il ait connue de toute sa vie. Il m'a lancé ça hier soir lorsqu'il m'a ordonné de venir me coucher, de décrocher enfin. Depuis deux jours, je suis totalement obnubilée par cette décision que nous avons prise jeudi soir, après qu'une idée nous ait mené à une autre, puis à cette fameuse décision: partir pour l'Islande dans deux semaines! Nous qui n'avons encore jamais voyagé ensemble, nous avons décidé que c'était maintenant ou jamais le temps de nous rendre sur cette Île si près du Groenland. Sur un coup de tête, nous planifions donc partir pour un bout de terre totalement autre.

Autre avec ces vallées verdoyantes dénudées d'arbres, mais peut-être piquées de petites fleurs à la tête cotonneuse, ces geysers, ces lacs à l'eau cristalline puisqu'ils résultent de la fonte des glaciers, ces glaciers qui couvrent 10% du territoire, ces montagnes qui supportent ces massifs gelés, ces chutes impressionnantes, ces lagons bleus, ces plages noires, ces côtes escarpées dressées contre la mer froide du Grand Nord. Autre avec sa totale population s'élevant à seulement 300 mille individus dispersés sur l'ensemble de cette parcelle de terre tout de même immense. Autre avec sa nourriture basique, constituée de produits de la mer séchés, de pain de seigle et de skyr, ce yogourt épais aux allures de fromage cottage.

M. me trouve intense parce que depuis deux jours, je passe des heures à farfouiller le guide touristique que je suis allée chercher à la Grande Bibliothèque vendredi sur mon heure de dîner. Ce bouquin, il est mon lien avec ce pays que nous allons découvrir sous peu. Depuis vendredi donc, je l'épluche, section par section.
- Comment nous déplacer une fois là-bas? Soit en autobus (il n'y a pas de réseau public, seulement des circuits tracés par des compagnies privées), en voiture (louer une petite sous-compacte coûte une beurrée, mais donne la liberté nécessaire pour visiter le pays à notre rythme) ou sur le pouce (ce serait une première expérience pour M. et moi, mais l'Islande étant un des pays les plus paisibles au monde, quel meilleur endroit pour se lancer?).
- Quelles sont les moeurs et coutumes des habitants de ce pays isolé? Ce sont des gens polis, francs, propres, disciplinés et créatifs. Il n'y a pour ainsi dire aucune criminalité dans le pays à part quelques dérangements publics causés par un ivrogne une fois de temps en temps.
- Que vaut notre argent par rapport à la couronne islandaise? Pas beaucoup, mais il faut dire que cet état insulaire a compris que le tourisme étant son veau d'or, il valait mieux augmenter les prix d'absolument tout, de la nourriture au pétrole, en passant par les diachylons, sans parler des frais d'hôtel. C'est pour ça qu'une semaine là-bas, c'est amplement pour notre portefeuille.
- Comment s'habiller? À ce temps-ci de l'année, c'est encore la saison estivale. Malgré cela, il faut se vêtir de pantalons, de chandails à manche longue, de sous-vêtements longs, de bas épais, il faut avoir un imperméable, porter des bottes de randonnée imperméabilisées, un bonnet de laine et des gants eux aussi imperméabilisés de préférence. Une bruine est chose courante là-bas et la moyenne de température se situe présentement entre 5 et 10 degrés. Cependant, malgré cette température fraîche donc, il nous faudra aussi penser amener un bandeau pour couvrir nos yeux la nuit puisqu'à ce temps-ci de l'année, il y a entre 21 et 18 heures d'ensoleillement par jour. Au mois de juillet, les nuits n'ont que trois heures de durée alors j'estime qu'au moment où nous y serons, elles en auront peut-être six ou sept.
- Quelles régions sont les plus attrayantes? À cette question, il n'y a pas de bonne réponse puisqu'elles sont chacune le fruit des forces de la nature. Chaque région a une géographie qui résulte soit d'éruptions volcaniques, soit de glissements de plaques techtoniques.

Le guide me renvoie à des pages web dont les adresses se terminent toutes par ".is". Par va-et-vient constant entre les pages du guide et les pages virtuelles, je finis par y voir un peu plus clair quant à la planification de notre "trip" (dans les deux sens du terme). Au début, j'aurais aimé que nous allions dans la région du sud, surtout pour nous rendre sur Heimaey, une des Îles Westmann, afin d'aller voir les puffins, ces oiseaux particuliers qui ressemblent à un mélange entre un toucan et un pingouin. Ce détour nous aurait fait faire un tour de traversier en haute mer et, pour en revenir, nous aurions sauté à bord d'un avion pouvant voyager seulement six passagers à la fois. Mais puisque tout est dispendieux là-bas, nous avons ensuite opté pour demeurer sur l'Île principale. De toute façon, il y a tant de beautés à y admirer qu'en une semaine, nous aurons à peine l'opportunité d'en entrevoir une poignée.

Du sud, nous en sommes maintenant à reluquer la région de l'ouest. D'ailleurs, l'auteur du guide dit que pour les voyageurs qui n'ont pas plus qu'une semaine, c'est l'endroit tout désigné. Les Islandais eux-mêmes considèrent que cette région est représentative de l'ensemble de leur pays. Nous pensons donc tracer notre itinéraire en fonction des trésors qu'elle recèle: la plus haute chute du pays à Glymur, les geysers de Gesyr, le glacier de Snaefellness qui a vu quitter et revenir au bercail les terribles Vikings, les ancêtres du peuple islandais, les plages de la côte sur lesquelles nous pourront peut-être faire un peu d'équitation, juchés sur un cheval islandais, espèce robuste à courtes pattes. Aussi, pour le coucher, mes recherches m'amènent à choisir entre deux options: les auberges de jeunesse, nombreuses et bien réparties sur le territoire, peu coûteuses, extrêmement propres ou les fermes, nombreuses elle aussi, plus pittoresques, mais surtout, le réseau des fermes islandaises offre une option intéressante combinant la location d'une voiture et le gîte selon notre itinéraire, tout cela pour une somme économique. Reste à voir ce que nous préférons. De toute manière, dans les deux cas, nous ne serions pas dans des chambres privées. Ce serait plutôt l'esprit de groupe et les ronflements collectifs qui l'emporteraient. Tout ça avec salle de bain partagée. Il nous faudrait peut-être même amener des sacs de couchage parce que là-bas, les draps ne sont pas toujours compris dans le prix du lit.

Mais peu importe, nous sommes prêts pour l'aventure. À la blague hier, M. a dit que nous allions sûrement nous engueuler un peu une fois rendus là. Il ne s'attendait pas à ce que je lui réponde: "Ça c'est sûr", ce que j'ai fait. Soyons réalistes, nous allons vivre une expérience totalement déstabilisante, alors il est normal que nous soyons peut-être plus fragiles, plus stressés. Mais tout à la fois, nous allons vivre une semaine de rêve, projetés dans une réalité qui éclatera tout notre référentiel. Une expérience puissante à se gorger de la nature puissante, immergés dans une culture surprenante.

Alors intense? Oui, mais surtout excitée. Il y a si longtemps que je n'ai ressenti ce mélange délicieux de peur de l'inconnu et de fascination de l'inconnu. Il y a si longtemps que j'aie dû me laisser aller dans les filets du bon Dieu en toute confiance, sans points de repères. Blissfully blind but only to see with new eyes. Intense? Oui, mais surtout bénie.

8.07.2008

I was there and everything was in its right place

Pleine d'énergie. Malgré la courte nuit, je suis pleine d'énergie. Le concert auquel nous avons assisté hier soir m'a remplie à bloc en un rien de temps. Il faut dire que Radiohead sont des maîtres de la scène et qu'ils ont le sens du spectacle. À tous les 35 000 fans réunis au Parc Jean-Drapeau, ils en ont mis plein la vue. Mais le plus beau de tous, c'était M., le fan fini par excellence.

M. savait combien de pièces son groupe culte jouerait. Il le savait parce qu'il avait downloadé les playlists des autres concerts qu'ils ont donnés à date pendant leur tournée. Il savait aussi que Thom Yorke n'était pas en grande forme puisqu'au début de la semaine, il avait écrit un message sur leur site officiel, disant entre autre que ce n'est pas facile pour un artiste de ne pas avoir la grande forme quand vient le moment de performer devant des milliers de gens qui sont dans l'expectative. Est-ce qu'il a performé hier soir? Oui. Il a même dansé un peu. Mais il a aussi formulé des excuses en début de concert à cause de la pluie: "It seems to follow us around." M., le fan fini, savait aussi que lorsque le groupe a quitté la scène la première fois au bout d'environ une heure et quart d'enchaînement de chansons impeccablement rendues, il reviendrait pour une autre heure de rappel, fractionné par une autre autre salve d'applaudissements. Des musiciens généreux d'un professionnalisme impeccable. Ils passaient d'une pièce à l'autre avec une coordination de mouvements calculée au quart de tour, le tout ressemblant davantage à un ballet bien chorégraphié qu'à une corvée de stars aux ego trop gros.

Est-ce qu'il a plu? Oui. En sortant du métro, il tombait des cordes raides. Est-ce que nous avions prévu le coup? Bien sûr que oui. Nous avions des bottes (moi de pluie en caoutchouc, laides en s'il vous plaît, mais efficaces en maudit), nos impers, et Am., la soeur de M., qui nous accompagnait, et moi avions une pochette style randonnée pédestre accrochée autour de la taille dans laquelle nous avions l'essentiel de rangé: billet, carte d'assurance-maladie, passage pour le métro, argent de poche, bouteille d'eau et barre tendre protéinique. Nous avons dû faire les piquets de 17 h 45 à 19 h 30 avant que le groupe de la première partie n'arrive sur scène pour livrer une performance correcte, pas du tout adaptée à une scène extérieure de cette envergure, mais plutôt du genre parfait pour une petite salle intime comme le Cabaret. Pendant l'attente, j'ai réalisé que nous nous trouvions à proximité d'un de mes anciens collègues du bac. Nous avons jasé de sa carrière dans l'enseignement et de notre intérêt commun pour la religion et la morale, nos matières de spécialisation en tant que prof au secondaire. In. enseigne dans une école du quartier Côte-des-Neiges et il était resplendissant de bonheur en me parlant de son métier. Le temps a filé vite à jaser avec lui, puis à un moment, son amoureuse a voulu avancer un peu avant le début du show alors nous nous sommes serrés dans nos bras, heureux d'être retombés l'un sur l'autre, comme dans le passé, lorsqu'après nos études, nous nous sommes recroisés à quelques reprises dans la vaste Montréal qui a parfois des airs de village.

Lorsque la première partie a pris fin, une nuée de techniciens de scène a envie l'espace de performance pour préparer l'entrée des maîtres. Un peu plus d'une demi-heure plus tard, le soleil était bel et bien couché, la nuit gagnait en profondeur à chaque minute qui passait et ils sont entrés pour prendre place. Dès la première chanson, 15 step, la scène est devenue une oeuvre d'art vivante qui a soutenue l'attention des spectateurs pendant les deux heures qui ont suivi. Autant les spectateurs ont grillé des joints quelques minutes avant que ça commence, autant que pendant le show, je n'ai pas souvenir d'une seule cigarette d'herbe ou non qui s'est allumée autour de moi. Tous les visages étaient tendus vers cet espace hypnotique. Bon, bien sûr, il y a eu les feux d'artifices qui ont réussi à détourner quelques regards, à quelques reprises. Mais pour l'ensemble, le spectacle de ce groupe génial, la performance clean, le choix plus qu'intéressant des chansons puisées dans un vaste répertoire, les effets lumineux d'une beauté à couper le souffle, les projections sur écrans panoramiques appuyant les palettes monochromes des jeux de lumière, tout cela était bien plus époustouflant que les pétarades des feux d'artifice. Hier soir, j'ai assisté à mon plus beau show à date, devançant dans mon petit livre de spectatrice celui de Pink Floyd et mes deux de David Bowie. Nous sommes dans un nouvel ère et les membres de Radiohead l'ont bien compris.

8.05.2008

piété alchimique

Bon ça y est, je crois que M-H délire vraiment. Ce dernier commentaire que tu m'as laissé chère amie, eh bien, disons qu'il est complètement viré sur le capot. Mais il paraît que le génie frôle la folie et cette liste de tâches, j'ai presqu'envie de l'imprimer pour la donner à mes patrons, pour ce moment où ils auront eux-mêmes épuisés toutes leurs idées. Quoi qu'il en soit, mon blogue a porté fruit un tant soit peu puisqu'à son lendemain, un peu de boulot est rentré d'on ne sait où et en plus, cerise sur le sundae de la créatrice implorante en moi, le bon Dieu m'a donné au moins une belle journée bourrée de vitaminoluminescence. Oui je t'ai remercié, devant témoins en plus.

M. coupe le gazon. J'entends les lames de la tondeuse manuelle rouler au rythme de sa poussée pour trancher toute cette herbe qui pousse follement ces derniers temps. Le bruit du mouvement de la laveuse éco-énergétique qui alterne entre le remplissage statique et le bercement tranquille me parvient simultanément de la pièce d'à côté. Dans ma bouche, le goût acidulé du sorbet à la lime voisine celui plus amer du chocolat noir. Près de moi, sur son fauteuil, Nougat le gros chat est à deux doigts de sombrer dans une de ses siestes courtes et profondes. Je décompresse.

Au téléphone plus tôt, grand-maman m'a raconté qu'elle est allée au marché aujourd'hui avec son amie Md. Là, elle a entre autres acheté des concombres kirby et rendue chez elle, ma grand-maman s'est retroussée les manches pour faire son cannage de cornichons. "J'ai fait dix pots et j'te dis que je suis fatiguée." Ma grand-maman, c'est mon héroïne. À 81 ans, j'espère être encore capable de faire ce genre de gros travail. Remarquez, hier soir en revenant de ma marche, M. m'a expliqué qu'il était tout juste en train d'écouter un reportage à propos de la régénération des neurones. Il paraît qu'elles peuvent réaugmenter en nombre dans le cerveau des gens du troisième âge qui restent actifs et stimulés. M. m'a dit que dans le reportage, un des hommes avaient décidé de commencer à faire du jogging à l'âge de 70 ans. À cet âge vénérable, il a participé à des marathons et a remporté plusieurs prix. Quinze ans plus tard, son épouse est décédée et après cette perte, il est tombé dans un état de catatonie. Ses enfants, après des années à le voir fermé au monde, ont décidé de le sortir pour qu'il se mouvoie à nouveau. Maintenant, à l'âge de 100 ans, il s'est remis au jogging! Cet homme dit que lorsqu'il court, ça l'empêche de broyer du noir.

C'est ça dire oui à la vie. Ce genre de courage-là, il ne s'improvise pas. Il est la résultante d'une équation entre l'humain et l'univers. Quand à tous les matins nos yeux s'ouvrent, il faut décider de ce que nous ferons de nous, de nos capacités, de notre potentiel, de notre opportunité à respirer, manger, voir, aimer. Est-il plus facile de broyer du noir que de se jeter dans la lumière? Je crois malheureusement que si l'on se laisse aller à ce que l'ensemble dicte, oui. Plus facile de chialer à propos de la météo, plus facile de se faire tout petit dans un monde d'automates, plus facile de garder le regard sur les panneaux publicitaires, plus facile de mettre la faute sur le dos de celui ou celle qui a une voix, plus facile que de se retrousser les manches pour devenir le maître de notre journée, choisir de faire avec le rythme atmosphérique, d'y percevoir sa poésie, choisir de promulguer une gentillesse gratuite et sentie, choisir de se régaler d'une gâterie qui nous met le rose aux joues, choisir de danser si la musique est bonne, même si quelqu'un regarde. Oh la, la, danser. Comme je l'ai fait hier soir, à la fin de ma marche, pour me dégourdir, parce que le beat fou d'Asian Dub Foundation était enlevant et que c'était lui qui menait, malgré le fait que ma raison savait bien que certains passants auraient pu peut-être me voir, moi, grande perche agitée parmi les sapins stoïques.

Je veux danser jusqu'au dernier jour. Être de vent, de son, d'électricité. Pure énergie. Être. L'humain en équation. Renouvelée à chaque choix.

8.04.2008

monotonie

Le temps morose, combiné au facteur lundi, empèse tout mon corps, toute mon âme, engloutit toute mon énergie, siphonne mon essence, efface mon sourire. Ainsi réduite au fantôme de moi-même, je tremble de froid. Je me promène au onzième recouverte de mon châle, certaine d'avoir les lèvres bleues. Dans ma tête, une brume épaissit les connections de mes neurones. Je suis neurasthénique.

Le mauvais temps, les gris cieux, les pluies quotidiennes, l'air humide et trop frais pour l'été, commencent à me faire ressentir le manque de l'Astre. Mes cellules exigent leur dose de vitamine D. Ma peau se languit de se prélasser dans la douce chaleur jaune des jours aux sifflements continus et aigus de cygales.

Le rythme au boulot est au beau fixe. Ça non plus, ça n'aide pas. Autant j'avais l'impression d'être dépassée par les journées folles de l'hiver dernier côté travail, autant cet été, c'est la disette. Les patrons nous demandent de nous tenir occupés, mais après avoir été jusqu'à faire le ménage de tous les recoins, que restera-t-il? Heureusement que nombreux sont les vacanciers sur l'étage au mois d'août. Avec ceux-là en moins, les maigres tâches improvisées comblent les heures pour ceux qui restent derrière à se tourner les pouces, une journée à la fois.

À la maison, M. est fantastique. Il me fait sourire, même lorsque je n'en ai pas envie. J'ignore sur quoi il carbure pour être aussi pimpant. Il faut dire que ses semaines de vacances arrivent à grands pas. De mon côté, il me reste une semaine à prendre, vers la fin d'août. Cette semaine-là, ce sera la dernière avant un bon bout où ma soeur B., son mari et leurs enfants seront ici, près de nous. L'été aura passer à toute vitesse et mes batteries ont grand besoin d'être rechargées.

Dieu, faites que l'équilibre prévale et que la maladie se tienne loin de moi. Envoie-nous le beau temps qui nous libèrera de la grisaille pour au moins deux semaines d'affilées. Gratifie notre coin de pays de la bonté de la belle saison. Je te garantis qu'avec moi, tu auras au moins une prière de remerciement sincère. Amen.

8.02.2008

carburant

Ce midi, nous mangerons le restant de mon premier rôti cuisiné à vie. Cht., mon amie-collègue, m'a refilé une recette qu'elle et son amoureux aime bien et réserve souvent pour des réceptions. Il suffit de rouler le morceau de viande dans une mélange de farine et d'épices, de l'enfourner à haute température d'abord pour faire saisir la chair et de la baisser au bout d'une quinzaine de minutes pour assurer une cuisson plus lente et plus uniforme. Bien sûr, il faut l'arroser de bouillon tout au long de la cuisson. Il faut aussi cuire la viande sans la couvrir pour faire rôtir la croûte. Il y avait des années que je n'avais glissé un morceau de viande rouge dans mon gosier. L'expérience n'a pas été déplaisante, loin de là. Le morceau que j'avais choisi était tendre et tout petit, exempt d'os, de gras et de tendons. Merci à la ferme Saint-Vincent, éleveur biologique.

Je suis reconnaissante de vivre dans une société qui me permet de pouvoir choisir des produits selon mes valeurs. Tellement de gens dans le monde n'ont pas ce luxe. Tellement de gens se contentent de ce qu'ils ont à se mettre sous la dent pour remplir l'estomac sans rechigner. Ici, je suis dans une société riche, une société qui a la mainmise par rapport à d'autres. Au supermarché, les aliments sont variés et proviennent de tous les coins de la planète. Les raisins de l'Argentine, les pois mange-tout de la Chine, les figues séchées de Turquie. Le message donc, bien sûr que vous le connaissez: manger local, même dans notre société aux milles possibilités, encouragez les cultivateurs et les éleveurs locaux. Posez la question de la provenance quand vous irez au marché. Peut-être serez-vous surpris d'apprendre qu'en pleine saison de récolte, quelques marchands distribuent des poivrons hollandais par exemple ou des concombres du Mexique. Injecter dans notre économie, ce n'est pas du chauvinisme, c'est un choix environnemental et social. Réduire la distance, dans tous les sens du terme.

Et puis, l'été, c'est le temps de se gaver des fruits et des légumes de notre coin de Terre. Hier soir, pendant notre repas, nous avons mangé des pomme de terre nouvelles, des grelots bien fermes, des petites carottes de tous les spectres des couleurs entre le jaune et le orange, et un mélange des pâtissons et de mini-zucchinis d'un vert appétissant. Aujourd'hui, nous allons cueillir des petits fruits en famille. Ma soeur B., son mari Bb., leurs deux beaux enfants, Em. et Wl., ma soeur G. et son bébé à naître, M. et moi, on va tous remplir des contenants de bleuets ou de framboises ou des deux, selon la ferme que nous irons visiter. Mais à ce temps-ci de la saison, ce sont surtout les bleuets qui sont disponible à foison. Avec ces petits fruits, je ferai mes confitures bientôt. Mes fraises attendent au congélateur. Ce soir, après la cueillette, nous partagerons un repas de maïs croquant et sucré. Dans ma famille, nous adorons ce temps de l'année où les aliments sont frais et les repas, simples. Quelques tomates des champs en quartiers, quelques concombres kirby en rondelles au centre de la table et un bon pain ménage pour grand-maman quand elle est avec nous lors de ce repas maïs express, et le tour est joué. La joie estivale d'une bouffe santé bourrée de vitamines.

Mon estomac me mène par le bout du nez, mais je l'aime ce patron. Il m'oblige au plaisir. Comment lui en vouloir?