I was there and everything was in its right place
Pleine d'énergie. Malgré la courte nuit, je suis pleine d'énergie. Le concert auquel nous avons assisté hier soir m'a remplie à bloc en un rien de temps. Il faut dire que Radiohead sont des maîtres de la scène et qu'ils ont le sens du spectacle. À tous les 35 000 fans réunis au Parc Jean-Drapeau, ils en ont mis plein la vue. Mais le plus beau de tous, c'était M., le fan fini par excellence.
M. savait combien de pièces son groupe culte jouerait. Il le savait parce qu'il avait downloadé les playlists des autres concerts qu'ils ont donnés à date pendant leur tournée. Il savait aussi que Thom Yorke n'était pas en grande forme puisqu'au début de la semaine, il avait écrit un message sur leur site officiel, disant entre autre que ce n'est pas facile pour un artiste de ne pas avoir la grande forme quand vient le moment de performer devant des milliers de gens qui sont dans l'expectative. Est-ce qu'il a performé hier soir? Oui. Il a même dansé un peu. Mais il a aussi formulé des excuses en début de concert à cause de la pluie: "It seems to follow us around." M., le fan fini, savait aussi que lorsque le groupe a quitté la scène la première fois au bout d'environ une heure et quart d'enchaînement de chansons impeccablement rendues, il reviendrait pour une autre heure de rappel, fractionné par une autre autre salve d'applaudissements. Des musiciens généreux d'un professionnalisme impeccable. Ils passaient d'une pièce à l'autre avec une coordination de mouvements calculée au quart de tour, le tout ressemblant davantage à un ballet bien chorégraphié qu'à une corvée de stars aux ego trop gros.
Est-ce qu'il a plu? Oui. En sortant du métro, il tombait des cordes raides. Est-ce que nous avions prévu le coup? Bien sûr que oui. Nous avions des bottes (moi de pluie en caoutchouc, laides en s'il vous plaît, mais efficaces en maudit), nos impers, et Am., la soeur de M., qui nous accompagnait, et moi avions une pochette style randonnée pédestre accrochée autour de la taille dans laquelle nous avions l'essentiel de rangé: billet, carte d'assurance-maladie, passage pour le métro, argent de poche, bouteille d'eau et barre tendre protéinique. Nous avons dû faire les piquets de 17 h 45 à 19 h 30 avant que le groupe de la première partie n'arrive sur scène pour livrer une performance correcte, pas du tout adaptée à une scène extérieure de cette envergure, mais plutôt du genre parfait pour une petite salle intime comme le Cabaret. Pendant l'attente, j'ai réalisé que nous nous trouvions à proximité d'un de mes anciens collègues du bac. Nous avons jasé de sa carrière dans l'enseignement et de notre intérêt commun pour la religion et la morale, nos matières de spécialisation en tant que prof au secondaire. In. enseigne dans une école du quartier Côte-des-Neiges et il était resplendissant de bonheur en me parlant de son métier. Le temps a filé vite à jaser avec lui, puis à un moment, son amoureuse a voulu avancer un peu avant le début du show alors nous nous sommes serrés dans nos bras, heureux d'être retombés l'un sur l'autre, comme dans le passé, lorsqu'après nos études, nous nous sommes recroisés à quelques reprises dans la vaste Montréal qui a parfois des airs de village.
Lorsque la première partie a pris fin, une nuée de techniciens de scène a envie l'espace de performance pour préparer l'entrée des maîtres. Un peu plus d'une demi-heure plus tard, le soleil était bel et bien couché, la nuit gagnait en profondeur à chaque minute qui passait et ils sont entrés pour prendre place. Dès la première chanson, 15 step, la scène est devenue une oeuvre d'art vivante qui a soutenue l'attention des spectateurs pendant les deux heures qui ont suivi. Autant les spectateurs ont grillé des joints quelques minutes avant que ça commence, autant que pendant le show, je n'ai pas souvenir d'une seule cigarette d'herbe ou non qui s'est allumée autour de moi. Tous les visages étaient tendus vers cet espace hypnotique. Bon, bien sûr, il y a eu les feux d'artifices qui ont réussi à détourner quelques regards, à quelques reprises. Mais pour l'ensemble, le spectacle de ce groupe génial, la performance clean, le choix plus qu'intéressant des chansons puisées dans un vaste répertoire, les effets lumineux d'une beauté à couper le souffle, les projections sur écrans panoramiques appuyant les palettes monochromes des jeux de lumière, tout cela était bien plus époustouflant que les pétarades des feux d'artifice. Hier soir, j'ai assisté à mon plus beau show à date, devançant dans mon petit livre de spectatrice celui de Pink Floyd et mes deux de David Bowie. Nous sommes dans un nouvel ère et les membres de Radiohead l'ont bien compris.
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