orphelins de l'Éden

7.22.2008

symphonie dissipée

Quand je regarde au loin, par la fenêtre de la pièce orange, le ciel est chargé à bloc, prêt à déverser une autre crevaison de nuages. Mes pauvres annuelles en pots à l'entrée du paradis n'arrivent pas à remonter la pente avec toute cette humidité qui n'arrive pas à prendre son envol sous des heures d'affilées de chauds rayons. Leurs fleurs ramollissent et leurs feuilles brunissent. Dieu, épargne les tomates et les autres fruits et légumes à récolter sous peu. Fais en sorte que les moissons québécoises soient d'or.

Remarquez, je ne suis pas du genre à pester contre la mauvaise température. Chaque jour amène son décor époustouflant. Du onzième particulièrement, la vue est nouvelle à chaque heure. C'est un de ces petits plaisirs faciles à saisir.

Les cieux courent à toute allure à présent et le vent pousse les clous de pluie. Un des garçons de la famille guatémaltèque, le plus jeune, vient juste de revêtir son scooter de sa housse protectrice. La lumière du jour à l'extérieur jette une atmosphère nimbée de drame et les feuillages pesants font danser souplement les branches dans l'air agité.

La nature se déchaîne et fouette les ions. L'humain que je suis s'incline et observe avec déférence. Je pourrais être si vulnérable à cette tempête. Sans abri, je me morfondrais. Bien vite, tous les os de mon corps deviendraient des glaçons sous ma peau, elle-même crispée de frissons. Mes vêtements, maigres protections, colleraient à moi, alourdis par l'absorption de toute cette trombe tombée du robinet céleste. Je rêverais d'une source de chaleur, un feu, une couverture douillette, un coin de repos au sec. Mon esprit contrerait le désespoir en se tenant occupé avec des pensées joyeuses et des visualisations de plages au sable doux et blond.

Maintenant, ce sont des rideaux de pluie qui se superposent devant mon humble regard pareils à des voiles translucides. Je suis en voyage dans la mer. Les automobiles stationnées devant les maisons ressemblent à des sous-marins abandonnés et les arbres ont des airs de récifs.

Un paragraphe plus tard, les gouttes ne forment plus que de faibles ronds dans les mares laissées derrière par la déferlante.

Une phrase plus tard, le rythme fluctue à nouveau pour reprendre du poil de la bête.

Mes joues sont moites.