orphelins de l'Éden

7.10.2008

lui et moi

Il existe ce que l'on appelle un désert spirituel. C'est ce moment dans la vie du croyant où la prière se perd. Je vous ai déjà dit que j'utilisais le mot Dieu. Dieu, ce tout universel, cet ensemble d'une perfection à couper le souffle, ce fondement de l'axiome "chaque chose arrive pour une raison". Dieu. Parce qu'il y a eu trop de coïncidences dans ma vie, trop d'événements où il m'a été impossible de douter ni de les attribuer au pur hasard. Quand mon intuition et le cours des choses se synchronisent de façon hallucinante, il m'est difficile de fermer les yeux. Alors Dieu. Parce que comme je l'ai déjà dit, ce n'est qu'un mot. À la base, ce n'est qu'un terme utiliser pour distinguer quelque chose de toutes les autres. Dieu, ce n'est pas une chaise. Une chaise, c'est un siège posé sur quatre pattes. Dieu donc.

Je vous ai aussi déjà dit que pour moi, la prière est une forme de méditation, une concentration de l'esprit sur une idée qu'il faut préciser, qu'elle prenne source dans un sentiment de reconnaissance ou de besoin. Quand l'on s'adresse à l'univers, il faut savoir cristalliser le message. Le coeur pur n'a pas de souci. La prière fuse et ne s'étiole pas. Dans un coeur comme le mien, où la noirceur a aussi fait son nid, il faut livrer une bataille, pendant la prière elle-même. Je dois mobiliser ma force pour que la prière s'envole achevée d'abord. Réussir cela est déjà une première victoire parce que malheureusement mon esprit est volage et se désintéresse rapidement de tout ce qui est obligeant. Mais comme il faut récurer sa demeure de temps en temps, il me faut prier pour centrer mon énergie et la manifester dans un acte volontaire. Incarner mon existence consciemment. Remercier, espérer, constater, et oui, demander.

En priant, je demande souvent la force, celle de continuer dans ce monde où il n'est pas toujours facile de poursuivre sur la voie en toute confiance, celle de ne pas me laisser aller à mes faiblesses, celles de l'ego surtout, de mon petit moi, de ma petite personne qui égraine ses mousses de nombril. Je demande aussi à Dieu d'aider mon prochain. Quand je croise quelqu'un qui semble confus ou perdu par exemple, ou encore, quand je rencontre une femme ou un homme qui n'a pas un corps tout à fait fonctionnel. Les handicaps de tous genres m'interpellent à tout coup. Mais bien souvent, je demande. Je focalise sur mes aspirations et je m'embourbe dans ma petite vie. Petite vie, petite misère. Loin de moi l'idée de me diminuer, mais tout à la fois, je sais que je ne suis qu'un grain de sable sur une plage qui s'étend à l'infini, qu'une goutte d'eau dans l'immensité des océans. Alors oui, petite vie.

Qu'est-ce qui a changé dans cette petite vie qu'est la mienne pour que j'en vienne à me demander si je suis dans un désert spirituel? Quand j'y pense, pendant toutes ces années à marcher avec Dieu, je crois que je n'ai jamais été aussi exigeante. Peut-être suis-je la seule responsable de mon petit malheur? Bien sûr, je sais bien qu'il ne faut rien attendre, laisser aller donc, pour tout récolter au final. D'un autre côté, certains enseignements encouragent aussi l'être à tendre vers des buts, des objectifs, avec détermination, pour devenir un acteur de sa propre existence. Dans les derniers mois, comme vous le savez, j'ai tendu vers mes rêves, j'ai formulé mes demandes, j'ai prié à la tonne, concentré mon esprit sur mes requêtes. Combien de larmes se sont écoulées dans le processus? Une tonne aussi. Une véritable sueur de l'âme meurtrie. Pourquoi Dieu ne répond-il pas à mes prières? Pourquoi me fais-tu languir? Suis-je à ce point une enfant gâtée?

Non, bien sûr que non. Je ne suis qu'une humaine centrée sur elle-même et sa petite misère. L'univers a d'autres chats à fouetter. Seulement, ce qui me blesse pendant ce temps d'attente, c'est que j'ai l'étrange sensation que Dieu me nargue, que tu te fous de ma gueule. Les événements qui s'enchaînent me laissent devant l'épreuve du détachement. J'ai beau tenté de me la jouer cool et de croire que tout est pour le mieux en me marquant l'esprit au fer rouge, Dieu me pique à vif comme pour me dire: es-tu vraiment dans l'abandon? ne crois-tu pas que tu frimes plutôt?

Et puis, j'aimerais me mettre en boule dans un coin et me fermer les yeux pour embrasser le déni pour ne plus croire, ne plus me souvenir que Dieu existe, ne plus me rappeler que je suis dans toutes choses et que l'ensemble carbure par interaction de ses composantes, que le cours de chaque chose influe sur les cours de toutes les autres. Il y a des années maintenant, j'ai écrit:
Il faudrait que j’apprenne le détachement. Malgré tout, me tourner vers moi et me regarder en face. Mais ce dont j’ai envie, c’est de me cracher au visage ou de courir me terrer en quelque lieu où personne ne pourrait jouer à Dieu. Mais partout où j’irais, j’y serais.

Heureusement, cette sensation de désert n'est pas toute-puissante. Il me reste beaucoup de bonheurs à laper avec parcimonie. Ce désert, ce n'est qu'une partie de ma trame de vie. Certes, il me taraude, mais devant lui s'élèvent de sublimes oasis à la végétation luxuriante où je peux me restaurer l'instant de revenir à la raison qui veut que la quête soit le principe de vie.

1 Comments:

At 8:14 p.m., Anonymous Anonyme said...

À partir du moment où tu admets vivre '' dans le malheur de ta petite vie'' tu permets à celui-ci de vivre. Tu alimente ton malheur en lui permettant d'avoir une place dans ta tête. Chasse-le, Si tu ne lui permets pas de faire son nid chez toi, entre tes deux oreilles, il partira du reste de ton quotidien.

Il faut se dire que malgré tout, il y a pire dans la vie, et que même quand ça va mal, dans le fond, ça va bien ;-)

Bonne soirée
M-H qui va bien même quand ça va pas ;-)

PS: C'est officiel le 10 semaines de cours s'est terminé ce soir !! Examens à partir de lundi soir !

 

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