orphelins de l'Éden

6.17.2008

leçon d'anatomie

Ce matin, plutôt que de tirer la porte du onzième à 7 h 30 pour commencer ma journée de travail, c'est celle de mon ostéopathe que j'ai poussée. A-M était aussi branchée sur moi que si c'était l'après-midi et que sa journée était pleinement en cours même si j'étais la première à pénétrer son cabinet. La soignante en elle était bien en éveil. Toute sa gestuelle m'indiquait qu'elle était à l'écoute.

La première chose que je lui ai dite lorsque je me suis installée à la petite table de bois foncée c'est que j'avais failli lui apporter une fleur que j'aurais coupée dans le parc Ahunstic, que je venais tout juste de traverser. Mais quelque chose m'a retenu de le faire, surtout le fait que la tige de la fleur aurait été trop petite pour qu'elle survive plus que le temps d'un caprice. A-M a souri et m'a remerciée tout de même. Je lui ai dit à quel point ma dernière rencontre avec elle, il y a un mois, m'avait pansé le corps et l'esprit. Merci, merci, merci.

De fait, ma tendinite s'est volatilisée. Je ne porte plus l'orthèse à mon poignet droit depuis trois semaines déjà. Je lui ai expliqué que suite à ma visite chez elle, nous avions eu une formation en ergonomie au travail et qu'en plus, mes tâches avaient été modifiées, ce qui avait grandement diminué la douleur liée à ma productivité excessive. Tout cela combiné avait eu pour résultat de me restituer la liberté d'usage de mon bras.

Que veux-tu aujourd'hui? Veux-tu que nous parlions de fertilité? Bon. J'arrête un instant ici pour vous préciser qu'A-M est une ostéopathe qui, lors de sa formation, a eu un coup de coeur pour cette spécialisation. Lorsque je lui ai posé la question aujourd'hui sur le pourquoi et le comment de son choix, elle m'a répondu que lorsqu'elle a dû apprendre ces notions, elle a constaté que la classe se vidait et qu'ils étaient bien peu à exercer les connaissances afin d'éventuellement les mettre en pratique. Elle a compris qu'il lui fallait s'investir davantage dans cette voie, sinon qui le ferait au sein de la profession? C'est ainsi que je me suis retrouvée assise devant des schémas de coupes anatomiques du corps de la femme pour comprendre la position de l'appareil reproducteur dans mon ventre.

Pendant qu'elle m'expliquait tout cela, une drôle de pensée s'est cristallisée dans ma tête de linotte: moi qui aime tant posé des questions sur tout, j'aurais voulu ne pas savoir tout cela, ne pas savoir que des ligaments arriment la matrice à la paroi pelvienne, qu'un utérus normal se positionne dans un angle d'antéversion, que la glaire cervicale est une perte vaginale s'apparentant à une colle par ses propriétés qui survient en temps d'ovulation pour retenir les spermatozoïdes près du col de l'utérus afin qu'ils s'élancent passer cette porte et que les trompes et les ovaires peuvent être éloignées tant et tellement que les franges des Fallope n'arrivent pas à retenir l'ovule expulsée qui se perd ainsi dans le vide interne de la région pelvienne pour finir par se désintégrer. Bon, cette dernière partie, elle me l'a expliquée parce que je lui ai posé la question. Mais comprenez-moi bien, je ne suis pas dans un état de panique. Depuis ma dernière rencontre avec elle, j'ai vraiment cessé de pleurer sur le fait que ça prend un peu plus de temps pour nous. La preuve, c'est que j'ai appris que d'autres grossesses sont en cours pour des gens autour de moi et vraiment, je n'ai pas eu de pincement.

Non, aujourd'hui, auprès d'A-M, je me suis dit, bon, je suis là, elle est spécialiste, elle fait des miracles dans ma vie, pourquoi ne pas m'instruire auprès d'elle. Alors je me suis instruite. Et j'en ai profité pour la questionner, même si, comme je l'ai dit plus tôt, j'aurais préféré, croyez-moi, ne pas avoir à comprendre le pourquoi du comment pour une fois dans ma vie. Parce que je suis comme ça moi, j'aime savoir, comprendre, farfouiller. Mais là, vraiment, j'aurais bien aimé laisser libre cours au miracle. Vraiment.

Entre parenthèses, M. croit que justement, je devrais lui laisser davantage libre cours au miracle et patienter. Il me rappelle que la pensée est un puissant générateur et que si je formule l'idée que nous avons un "problème" à concevoir, eh bien, il y aura problème. Je le sais. J'y crois aussi. Seulement, comme je le répète, j'étais là devant une spécialiste avec qui je me sens en confiance et qui pouvait m'expliquer. J'ai choisi de chercher à équilibrer ma foi et la science. Ouvrir mon esprit à tout ce que cette "attente" brasse et tenter de saisir l'occasion de me connecter à mon corps, ce vaisseau, en lui donnant un coup de pouce. Fin de la parenthèse.

Ensemble, nous avons parlé de la prise de ma température pour déterminer ma courbe sur l'espace des deux cycles menstruels. Elle m'a expliqué comment toujours la prendre au même moment de la journée, préférablement le matin, et débuter dès le premier jour des menstruations. Un plateau stable se tracera. Ensuite, une fluctuation minime de température à la baisse annoncera l'ovulation qui elle provoquera une montée en flèche dans la courbe. Ensuite, une plongée dramatique aura lieu et finalement, un dernier plateau annoncera la période de nidation. Mon prochain rendez-vous avec A-M aura lieu au mois de septembre. Je pourrai lui amener ma courbe pour que nous déterminions si tout est normal. Elle me conseille fortement de ne pas excéder le deux ou trois mois pour déterminer la courbe. Elle dit qu'il ne faut pas devenir fou à vouloir la suivre de trop près, ni se rendre malade avec, lire ici appeler M. sur le mode "vite viens me faire un bébé"! A-M prône la conception dans la détente, même lorsque ça prend un peu plus de temps.

Après notre séance d'information, elle m'a demandé de m'étendre sur la table. Elle a inspecté mon corps et replacé mon bassin, comme elle le fait à chacune de nos rencontres. Vient le moment où elle me dit qu'elle serait prête à me faire l'examen pour déterminer si mon utérus, mes trompes et mes ovaires sont bien positionnés. Je suis prête aussi. Comme lorsque je vais chez ma gynécologue, elle glisse deux doigts dans mon vagin et de son autre main tâte mon bas-ventre. Dès le départ, elle sent que mon col de l'utérus est porté sur la gauche. Elle palpe ensuite ma matrice et constate qu'il y a une torsion, qu'elle délie. Voyez-vous, mon bassin est désaxé parce qu'à la naissance, un des mes fémurs n'y était pas emboîté. Le problème a été corrigé parce que ma mère, en me massant bébé, a réalisé que j'avais une jambe plus longue que l'autre et qu'un médecin est parvenu à replacer la tête de l'os dans la cavité à temps. Mais mon squelette a gardé mémoire et voilà, mon utérus était donc un peu contorsionné. Conséquemment, mon ovaire droit était trop avancé et le gauche, trop reculé. Toujours par rapport à l'axe que mon organe reproducteur doit occuper dans mon corps. Respire bien. En fait, ça n'a pas été trop douloureux tout ce réaménagement.

Je vous le dis, A-M est un ange. Encore une fois, après être passée entre ses mains, je ne me porte que mieux. Je le sens. Conséquence directe de cet équilibre précaire entre la foi et la science. Laisser libre cours en suivant le cours.

1 Comments:

At 11:41 a.m., Anonymous Anonyme said...

et quand le jour ''B'' arrivera , tu sera autrement plus heureuse que si tout était arrivé facilement

BOnne semaine miss

M-H
PS: encore garagiste vendredi, le probleme persiste.. mystère !

 

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