orphelins de l'Éden

6.09.2008

tautologique

Collante. Un film de sueur me rend poisseuse. Ma peau adhère aux matières qu'elle rencontre: le cuir du divan, le bois de ma table de travail, une autre peau. Si j'allais embrasser la tête de mon gros chat Nougat, je me retrouverai avec une moustache. Chaud.

Et ce matin aussi, à l'aube, malgré la pluie de la nuit. Pendant que j'attendais l'autobus, je crois que j'ai du ressembler à ce personnage de Charlie Brown, celui avec un nuage autour de lui. Dans mon cas, la poussière était substituée par une nuée de maringouins assoiffés fins et légers. Quand l'autobus est arrivée quelques minutes plus tard et que je m'y suis réfugiée, j'avais les avant-bras et les deux coudes recouverts de bosses rouges qui me démangeaient. Les bestioles avaient été agiles au travers mes moulinets. J'ai pensé très fort à B., ma soeur qui se gratte les piqûres jusqu'à les réduire à des plaies. J'ai souri. L'idée de ma soeur a chassé celle de l'inconfort.

Alors oui, il y a de l'humidité dans l'air. Quand je marche dans la maison, j'ai l'impression de me déplacer dans un brouillard tellement c'est lourd. Loin de moi l'idée de me plaindre. Moi, j'aime suffoquer dans la chaleur. Je suis plus un lézard qu'un ours polaire, ça c'est certain. L'été est là pour rester. Au moins trois mois. Vaut mieux s'y faire.

Dans la cuisine, plus tôt, j'aurais aimé ne pas avoir à manier les chaudrons, mais l'estomac mène alors il faut bien s'activer. Mon amoureux sentant que la pression montait dans ma tête de linotte m'a gentiment embrassé au passage avant de descendre déterrer un ventilateur. Monsieur a nettoyé les pales de la bête sur pied et j'ai eu un flashback. Ce moment-là, celui où mon impatience commence à me vaincre, mais que ô miracle mon bel homme désamorce en détendant l'atmosphère, eh bien, ce moment-là, il a déjà existé. Je me suis souvenue de cette fois à l'appartement où M. m'avait obligée à aller prendre une douche parce que je devenais insupportable au fourneau, surtout à cause justement de la chaleur accablante et du peu d'efficacité du ventilo. Je m'en souviens parce que j'avais immortalisé son geste plein d'amour dans un de mes premiers messages blogues. Comme quoi il me faut réaliser que je suis bel et bien en train d'archiver quelques aspects de notre vie commune.

En fait, je réalise, quand je m'y attarde quelques secondes, que tous ces messages que je ponds, ils sont les preuves de mon existence. Si j'en venais à disparaître, ces textes resteraient quelque part. Mais pour combien de temps? Et où? Sur la toile du web. Peut-être, mais ils finiraient par se volatiliser, happer par le roulement des informations disponibles sur l'Internet. Éphémères donc. Ils ne sont que des Polaroïds qui, une fois séchés, s'empilent les uns sur les autres. Mais vous savez quoi, c'est comme pour mes cahiers d'écriture gribouillés au fil des années. Ils s'empilent eux aussi. Mes souvenirs aussi s'empilent. Ma nourriture dans mon ventre s'empile elle aussi. Mais le corps est une machine extraordinaire qui empile et qui expulse. Expulsées donc toutes ces idées que je tente de cerner. Heureusement, sinon que me resterait-il?

1 Comments:

At 9:24 a.m., Anonymous Anonyme said...

On m'a toujours dis que les choses , les idées, une fois expulsées de notre tête ne nous appartiennent plus.
C'est le cas de tes mots ou de mes bijoux, c'est pareil.

Ne t'inquiete pas pour la suite

M-H

 

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