orphelins de l'Éden

5.24.2008

flashback

Cinq heures de jardinage plus tard, je n'ai pas encore terminé. Mais c'est bien avancé, ça c'est sûr. Les graines de linaires, de zinnias et de gazanies que M-H m'a si généreusement données reposent dans un terreau humide, les boîtes à fleurs aux teintes violacées sont suspendues aux rails à l'avant de la maison, le carré du potager a été désherbé, prêt à recevoir les plants et semences demain à la première heure. Du boulot d'endurance. Je sens que je vais me réveiller complètement moulue après tous les petits bonshommes et les pliés avant que j'ai exécutés. Les souffrances d'un corps aux longs membres qui manquent de souplesse.

Mais qu'importe les courbatures. Rien ne m'empêchera d'aller danser demain, dans le fier soleil du dimanche. M. veut inviter un collègue à lui que je n'ai jamais rencontré. Moi aussi, j'invite une collègue. Ct. a accepté avec enthousiasme de venir explorer l'événement lorsque je lui en ai parlé vendredi. J'adore initier quelqu'un à ces bains de bonnes vibrations. Am., la soeur de M., qui est déménagée aujourd'hui dans son super premier logement qu'elle partagera avec deux copines, viendra elle aussi. Am. a été initiée il y a deux ans si je me souviens bien. Depuis, elle retourne danser sur cette musique électronique qui fourmille de possibilités tellement ses ramifications sont diverses et enivrantes.

Ce matin donc, nous l'avons aidée à passer du condo, là où leur mère habite, à son nouveau nid, un bel espace étalé sur deux étages avec comme extra, une mezzanine et un balcon sensationnel. M. en est jaloux de ce coin aménagé à hauteur de grenier, tellement qu'il se demande si nous ne pourrions pas faire quelque chose de similaire dans le nôtre. Am. a versé une larme lorsque je lui ai fait réalisé qu'elle coupait la cordon, que ça y était, maintenant elle passe à sa vie adulte pour de bon.

Ça m'a fait penser à tous ses logements que j'ai habités, à toutes ces fois où je me suis retrouvée à devoir faire mes adieux à un lieu qui m'avait abritée pendant des mois ou des années. Je me suis revue aux côtés de ma soeur B., mon éternelle coloc, dans notre premier appartement, puis dans notre deuxième et enfin à celui que nous avons partagé des années plus tard, pour deux ans.

J'avais quinze ans quand je suis arrivée dans mon premier appartement, elle en avait dix-huit. Ce fût par un mois de septembre que notre foyer de femmes s'est démantelé: moi et B. ensemble, dans un logement près du Cégep Maisonneuve parce qu'elle y commençait ses études, ma soeur G. dans un appartement de type condo dans le quartier gay, près de là où la ville bat à son plus fort la nuit, et ma mère à Boisbriand au dernier palier d'un bloc appartement de trois ou quatre étages. Ma mère m'avait demandé si je voulais l'accompagner là-bas, mais c'était ma dernière année au secondaire et je voulais rester à la même école, dans Notre-Dame-de-Grâce, à l'autre bout de la ville complètement. Deux semaines après notre aménagement, des amis me surprenaient pour mes seize ans.

Nous sommes demeurées deux ans dans ce premier appartement à proximité du Stade. Quand le temps est venu des études collégiales, je me suis tout naturellement dirigée à trois coins de rue de là, au Collège de Maisonneuve moi aussi. Dès cette première année, j'ai participé à la troupe de théâtre. Si j'en parle, c'est que j'ai rencontré une des personnes avec qui j'ai vécu ces deux années d'intense collectivité pas plus tard que cet après-midi, lorsque nous étions aux serres Dauphinais, à choisir nos annuelles.

Elle est rentrée, l'air vachement détendu. Je l'ai interpellée par son prénom. St. m'a regardée et voilà, nous étions toutes les deux zappées plus de dix ans dans le passé. Elle vient d'accoucher d'un garçon et c'est ce qui la rend si zen, qu'elle m'apprend. Parle, parle, jase, jase. Elle habite elle aussi la rive-sud maintenant. Elle bosse à Montréal et elle est son propre patron, à la tête d'une agence de publicité qu'elle a fondée il y a dix ans. Elle dit que c'est bon signe que nous nous soyons reconnues, c'est que nous n'avons pas trop mal vieilli. Oui, St. est toujours aussi belle qu'alors.

Quand je remonte dans la voiture chargée pour l'embellissement du paradis, je repense à ce premier appartement où St. est venue, avec d'autres. Dans une boîte remplie de photographies, je sais qu'elle est là, sur papier glacé. Elle, moi, Sm. et Br. À ce moment-là, St. aurait aimé être aimée de Br., mais c'est plutôt avec moi qu'il s'est acoquiné. Nous étions tous dans la troupe de théâtre alors. Les histoires de coeur, ça ressemblait plus à des histoires de fesses. Non pas que ce n'étaient pas des relations sérieuses, mais disons que nous étions jeunes, curieux, maladroits. St. ne m'en a pas voulue. Enfin, je ne crois pas. De toute façon, ma relation avec Br. n'a pas duré et la session a pris fin.

Étrange comme ma vie s'éloigne de moi.

3 Comments:

At 11:17 p.m., Anonymous Anonyme said...

tiens, comme c'est drôle,
la vie semble s'éloigner de beaucoup de monde, partir revenir , un éternel va et vient... Cette semaine je me posais la même réflexion.... Que dire d'autre que l'on doit observer, et apprendre ce tout ce passé qui nous défile au visage ?

 
At 9:30 p.m., Anonymous Anonyme said...

De retour d'Abitibi,
chère amie,
je te crie,
avec toute cette joie qui m'envahit:
FÉLICITATIONS car voici
que te voilà sortie
de l'antichambre que l'on croyait infinie...

Bravo! Hourra à celle qui a fait preuve de tant de patience!

À quand le spa?
Bises, J

 
At 9:35 p.m., Anonymous Anonyme said...

Alors le jardinage ? ça s'est bien passé ?

Nous aussi on a passé 3 heures au jardin à mettre en terre, les tomates, fêves, corriandre, etc..

Mes fleurs en semis n'ont pas fonctionnés..
Je ne sais pas si tu aura quelque chose en les mettant directement en terre... j'ai bien peur qu'il soit trop tard car les zinnias sont annuelles je crois bien...

Enfin la vie est faite de tests , tu en aura fait un !

 

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