orphelins de l'Éden

5.18.2008

tissu conjonctif et conjoncture

Mon corps ressent son passage entre les mains d'A-M, mon ostéopathe. Mon bassin dit "j'existe", mon coude dit "j'existe", mon crâne aussi. Pendant notre rencontre vendredi dernier, elle m'a écouté lui raconter les nombreux remous psychologiques de la dernière année. En fait, avec du recul, je dirais que le gros des mois difficiles se sont déroulés tout de suite après les deux premières rencontres que j'avais eues avec A-M. Je le réalise encore plus quand je lui relate en condensé les défis qui m'ont été donnés à relever pendant cette année qui s'achève en étant là, devant elle.

A-M est une femme de mon âge. Ses cheveux de jais sont de la même couleur que ses yeux. C'est une personne d'une écoute sans jugement, qui propose des pistes pour une meilleure santé globale. Ainsi, pendant qu'elle tâte mon estomac et qu'elle m'explique que mon intestin grêle est irrité, elle me demande si je suis encore végétarienne. Oui, mais depuis décembre, j'ai décidé de réintégrer un repas de viande biologique de temps en temps. Elle me demande mon type sanguin. Je suis O-. Ayant lu le fameux livre du docteur en naturopathie Peter J. D'Adamo, je comprends qu'elle aussi. Je sais qu'il me faudrait manger de la viande, faisant partie du groupe sanguin le plus ancien de l'espèce humaine, celui des hommes des cavernes, de la lance et de la chasse aux mammouths. Moi faim, moi manger chair calcinée dans feu, moi assimiler cette protéine mieux. Selon A-M, l'irritation de mon petit intestin pourrait s'expliquer par la consommation de légumineuses comme les pois chiches ou les fèves rouges, plus complexes à décortiquer pour mon système. Elle me recommande aussi de ne pas trop prendre de produits laitiers. Je ne prends qu'un yogourt aux deux jours environ et du beurre sur mes rôties du matin. Parfait. Elle poursuit en me demandant si je mange beaucoup de fruits de la famille des agrumes. Je prends un verre de jus d'orange à tous les matins. Elle va chercher le fameux livre sur une tablette derrière la table sur laquelle je suis étendue et elle déniche le tableau informatif dans lequel il est plutôt recommandé pour le groupe O de consommer du jus de pruneau, d'ananas ou de cerise noire. A-M me rappelle que le système digestif d'une personne du groupe O est plus acide que celui des autres groupes. Donc, décortiquer une viande satisfait mon estomac à l'acidité disposée à cette tâche. Ainsi, ayant un système plus acide, il me faut également éviter des aliments comme les produits laitiers qui acidifient le corps ou les fruits acidulés.

Pour tout vous dire, j'ai lu le fameux livre des groupes sanguins il y a environ huit ans. À l'époque, je bouffais toute littérature me permettant d'approfondir mes connaissances sur l'impact de l'alimentation sur le corps. Ce bouquin venait d'atterrir sur les rayons et, comprenant que le sang est le liquide porteur des nutriments allant gorger les organes, je me l'étais procurée et puis exploré.

Après l'introduction explicative, j'avais réalisé que je ne me souvenais plus de mon groupe sanguin. Je l'avais déjà su parce qu'en secondaire trois, dans notre cours de biologie, nous nous étions piqués le bout du doigt pour analyser la goutte écarlate, mais le temps qui passe avait emporté avec lui cette information. Alors, j'avais débuté la lecture de l'ouvrage, passant d'un chapitre à l'autre en tentant, par les informations avancées, de déterminer mon groupe sanguin en concordant mes préférences innées aux multiples tableaux d'aliments bénéfiques pour chaque groupe. Entre-temps, plus sérieusement, j'avais décidé d'aller découvrir mon groupe sanguin, mais j'appris alors que le processus prendrait environ deux semaines, d'un première rencontre avec un médecin dans une clinique sans rendez-vous à la prise de sang dans un centre de prélèvements, pour finir par l'analyse de mon liquide vital. Ce faisant, j'avançais dans ma lecture et, si je m'en tenais à mes préférences et à mon régime, je devais faire partie du groupe A, celui dont l'apparition dans le génome de l'espèce correspond aux premiers humains sédentaires ayant cultivé la terre pour récolter des céréales, des rhizomes, des fruits, des fines herbes, que sais-je.

Mais le décret tomba deux semaines plus tard et je sus que je faisais plutôt du groupe O, le plus nombreux, le plus ancien. Déçue peut-être par cette information qui ne correspondait pas avec mes penchants naturels, instinctifs, je dénigrai un peu le contenu du livre et le déposai sur une tablette pour l'oublier ou presque. Puisque je l'avais quand même lu ce livre et que malgré tout, les informations avaient collé.

Tout ça pour dire que selon A-M, qui réhabilite cette lecture à mes yeux, huit ans plus tard, je devrais aider mon système à faire selon sa nature pour optimiser ma santé globale et ainsi préparer un meilleur terreau pour la venue de la vie en moi.

Mais c'est ça aussi que j'ai aimé de ma rencontre avec cette femme qui a une petite fille âgée de neuf mois, c'est qu'elle m'a rassurée quand au processus de l'enfantement, elle qui s'est spécialisée dans la fertilité. Après m'avoir écouté débiter les remous des mois passés, elle a dit quelque chose que ma mère m'avait dit pas plus tard que la veille: mon corps a subi beaucoup de stress psychologique et donc un foetus aurait dû attacher solidement sa ceinture dans ses montagnes russes. Pas un bon moment pour porter un embryon. Un enfant, ça doit venir dans l'allégresse.

Donc les pendules sont remises à zéro. L'année de coups de dur a pris fin vendredi après-midi dans ce petit local où A-M m'a bercé l'âme en même temps qu'elle m'a réaligné le radius, replacé ma deuxième vertèbre, re-balancé le bassin, décongestionné l'intestin, assoupli les os du crâne. D'ailleurs, arrivé là, elle m'a dit que mes os étaient d'une rigidité inquiétante. Elle m'a demandé si j'avais eu de lourdes migraines dernièrement. Non. Étonnant selon elle. Je lui ai dis que c'est peut-être pour cela par exemple que mes idées noires étaient plus difficiles à chasser et que la larme à l'oeil me venait si facilement. Oui peut-être.

Je l'ai remercié. Je lui ai dit: "A-M R., moi, Ludivine S-J., te remercie d'avoir croisé mon chemin aujourd'hui pour tout le bien que je ressens." Elle a ri et a répondu "merci" humblement. Parce que c'est vrai que j'ai senti qu'une chape de tourments venait d'être retirée au contact de ses mains guérisseuses. J'ai tremblé et j'ai pleuré, mais cette fois, les larmes étaient paisibles, neutres de soulagement.

1 Comments:

At 3:29 p.m., Anonymous Anonyme said...

Bonjour Lu

J'aimerais bien avooir le numéro de téléphone de cette miraculeuse osthéopathe!

J'ai la certitide qu'elle doit croiser mon chemin puisque j'en chercher un ou une depuis un moment et qu'aujourd'hui je décide de te lire....

NC

 

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