orphelins de l'Éden

5.09.2008

à portée d'attention

Autre chapelet de coïncidences. Sept petites billes, deux filons à suivre.

Premièrement:

- Ce matin, autour de 9 h 30, en revenant du petit coin, en passant dans un des couloirs du onzième, je remarque les photographies couleurs imprimées sur des pages 8 X 11.5 qui sont affichées là. Sur elles apparaissent les quatre gagnants de la cagnotte. Ils sont, chacun à leur tour, tombés sur une gomme blanche après avoir inséré 25 ¢ dans la fente et tourné la manivelle qui fait cric-cric-cric. C'est le club social qui a juché cette machine pleine de gommes aux teintes vives sur un classeur jaune malade, "parké" dans le couloir gris-beige sale au tapis bleu-mauve nettoyé aux trois ans illuminé au néon, il y a peut-être deux mois maintenant. Donc en passant là, remarquant les visages de mes heureux collègues chanceux, je me fais la remarque qu'il y a environ deux semaines que la dernière balle blanche a abouti dans la paume de quelqu'un. Je tends le cou un peu, rapidement et je ne vois aucune gomme blanche dans le lot. Peut-être étaient-elles toutes placées dans le fond du récipient? Je poursuis mon petit bonhomme de chemin.

Sur l'heure du dîner:

- Je sors pour marcher. Il y a quelques jours que je n'ai pas pu faire mon circuit. Je débute tranquillement, en traversant la Catherine et j'entame mon ascension vers les rues pentues. Comme à mon habitude, mon regard se porte sur tout se qui bouge et gargouille autour de moi. C'est surtout la nature qui attire mon attention, à part quand une Mercedes passe à deux doigts de me couper les jambes. En regardant les corolles des tulipes fixées au bout des longues tiges vert menthe, je pense à cette fleur rouge qui a retenu mon attention hier et que je vous ai livrée avec ce "presque une rose" pour titre de message. Je pense à la suite des mots "presque une". Je pense au fait qu'il m'a fallu regarder dans le dictionnaire pour déterminer s'il y avait place à élision. Je pense au mot élision. À sa spécificité. À son rôle pour décrire une règle du français écrit. Et puis, je continue mon petit bonhomme de chemin.

À la toute fin de mon heure:

- Je vais chez Johnny Coutu et débourse 1,98 $ bien exactement pour mon achat. En regardant un affreux bol de platisque rouge qui m'encourage à prendre a penny en cas de besoin, je dis à la caissière de garder les sous noirs.

En après-midi, en revenant d'un autre tour au petit coin:

- Je vois Pl., mon collègue Italien à l'humour corrosif, qui agite les bras théâtralement et qui ne cesse de dire que c'est lui qui aurait dû gagner. Je comprends assez rapidement que Mr., une autre collègue, Italienne aussi, à l'humour tout autant corrosif, vient tout juste de voir tomber une boule blanche dans le creux de sa main en coupe. Pl. joue l'offensé en disant que c'était la sienne, qu'il est celui qui a mentionné qu'il la sentait venir cette gomme blanche à laquelle une belle cagnotte doit être rattachée puisqu'il y a un bout que personne ne l'a remportée. Dans sa paume, pas de gomme blanche, mais 23 ¢. Il se plaint que Vr., notre collègue, n'a pas bronché lorsqu'il a dit qu'il lui manquait 2 ¢ pour tenter sa chance.

Je dis:

- Pl., j'ai laissé deux sous noirs au Jean Coutu. Ce à quoi il répond: Damn!

Et puis, cinq minutes plus tard, lorsque Mr. s'installe pour se faire prendre en photo afin d'aller rejoindre le mur des winners:

- Ma soeur G. qui travaille juste à côté de moi, me demande ce que veut dire le mot "élision" parce qu'elle travaille à un texte et elle vient d'écrire "j'haïrais", mais le correcteur le souligne et lui indique la règle de français. Je lui explique que l'apostrophe ici n'est pas à utiliser, qu'elle doit réhabiliter la lettre "e" au pronom. Eh bien.

Dernièrement, mais joyeusement:

- La cagnotte est calculée et Mr. pourra s'acheter une bonne bouteille ce soir puisque 23 $ de gommes mâchées lui reviennent. La plus grosse gagnée jusqu'à aujourd'hui. Pl. regarde les 23 ¢ au creux de sa main, piteusement, les yeux ronds comme les deux zéros manquants afin de rivaliser ce montant.