comme dans le bon vieux temps
Mon homme m'impressionne. Quand nous habitions l'appartement de la rue Jarry, il me disait souvent qu'il était manuel. Il me le disait surtout quand il fallait bricoler quelque chose dans ce logement délabré. Moi, j'étais plutôt sceptique. Le voyant toujours assis à son ordinateur à se casser la cervelle sur du code, je ne comprenais pas où ni comment il aurait pu développer sa dextérité suffisamment pour se définir comme tel.
Eh bien, après le toit du cabanon il y a un mois, voilà que monsieur a tout donné de lui-même pendant deux jours d'effort et de dur labeur pour redresser notre clôture. Ainsi, sous un soleil de plomb samedi et un dimanche gris, lui et Nr., notre voisin d'à côté avec qui nous partageons la cloison, ont bûché en creusant, clouant, calculant, réalignant afin que les panneaux de bois viennent à présent s'arrimer à des poteaux neufs et solides.
Nr. est un homme au début de la cinquantaine à l'humour subtil et agréable, capable de détendre la rencontre. Ls., sa femme, porte le même prénom que ma mère et, comme je l'ai appris pendant ces deux jours à la côtoyer dans de multiples taches, a une énergie et une personnalité qui lui ressemblent beaucoup. Ls. est une femme à l'esprit pragmatique. À plusieurs reprises pendant les travaux de réfection, elle a soumis des idées pour faire avancer les choses plus rondement. Elle-même m'a avoué qu'elle aurait aimé travailler dans la construction, pour être à l'extérieur la plupart du temps plutôt qu'assise à un bureau à pousser une mine et pour développer cette intelligence du bâtiment si près de la logique et du gros bon sens.
Gl. et Nc., les anciens propriétaires du paradis, étaient de bons amis à Nr. et Ls. Les deux couples se sont voisinés pendant vingt-sept ans. Les filles de Nr. et Ls., qui sont aujourd'hui au début de leur vingtaine, venaient jouer dans la cour de Gl. et Nc. régulièrement lorsqu'elles étaient enfants puisqu'à l'époque, ils avaient retiré un des panneaux pour réunir les deux cours arrière.
Ces deux derniers jours à travailler de pair avec eux, nous avons resserré nos liens. Nr. et M. ont développé leur complicité en restaurant le clôture et Ls. et moi, nous avons travaillé de concert à soutenir l'effort des hommes et à teindre les poteaux et quelques panneaux.
Nous avons aussi partagé trois repas avec eux. Samedi midi, j'ai concocté un repas simple et efficace constitué de pizza, pâtes pesto et salade verte. Autour de la table, nous avons trinqué nos verres d'eau à ce labeur commun et appris à nous connaître un peu mieux.
Le soir venu, je suis enfin allée à la P'tite Charcuterie. Là, l'artisan charcutier préparent des terrines, des mousses et des saucisses sans agent de conservation, de coloration ou de liaison. Sur les lieux, un homme à l'accent européen m'explique que les viandes dans les comptoirs sont des produits locaux et qu'il est possible de faire des commandes spéciales de gibier. Je suis là parce que je veux des brochettes de poulet puisque que Nr. et Ls. cuisinent sur le barbecue une fois la neige fondue et qu'il y a longtemps que j'ai mangé un repas de viande. Je suis là aussi parce que je sais que cet endroit rentre dans la catégorie "artisanale" et donc que les produits sont le fruit d'un souci de qualité supérieure. Cette charcuterie pas comme les autres, nous avons la chance de l'avoir à un saut de crapaud du paradis. Autant en profiter. Alors, avec Nr., Ls. et une de leur fille, St., et son amoureux, Js., nous partageons ce repas délicieux composé aussi de salade quinoa et de croûtons au basilic que j'ai préparés.
À la fin de l'agape, St. nous invite à déguster un thé. Son amour de la boisson chaude est évident. Elle va chercher sa panoplie de sachets pour que nous choisissions chacun à notre tour la sorte qui nous plaît. J'opte pour un thé blanc à l'arôme délicat, tandis que Js., son amoureux, choisit un thé aromatisé à l'érable et aux noix. St. et M. partagent une théière de thé vert qu'elle rehausse d'une goutte de jus de citron frais. St. manipule tous les outils nécessaire à la préparation d'autant d'infusions et elle rayonne de plaisir. Je lui promets de lui offrir du rooibos, ce thé rouge aux mille et une vertus, qui n'est pas vraiment un thé, le rooibos n'étant pas un théier, mais plutôt un buisson rougeâtre de la famille des acacias.
Donc week-end de voisinage et de mains à la pâte. Travail drainant, mais satisfaisant. Réunion de plaisir, malgré l'accablement des fins de journée épuisante.
Mon homme m'impressionne, vraiment.
1 Comments:
Ah ces merveilleuses ostéopathes guérisseuses à plusieurs niveaux. Je pense que notre bloggueuse est tombée entre de bonnes mains. Profites-en. C'est une chance inouie, pouvoir se laisser "re-travailler."
Thé érable et noix?!! Ah, une autre merveille de ce monde. Mmmm...
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