orphelins de l'Éden

7.31.2009

petite voix

Il y a longtemps que je ne me suis installée devant l'écran à cette heure du jour. Neuf heures du soir dans quinze minutes et j'entame tout juste ce que je livrerai dans les lignes qui suivent. Encore une fois, j'ignore la direction que prendra le développement de mes idées. Tout ce que je sais, c'est que la nuit est tombée, que c'est vendredi, que ma semaine de boulot est derrière moi, que j'écoute Mark Lanegan, un clone vocal de Leonard Cohen, et que sa voix enrouée est parfaite pour cette heure apaisante.

M. vient de quitter pour se rendre à une pendaison de crémaillère. Je suis restée au paradis parce que je n'ai pas envie d'un environnement enfumé, bien que j'aurai aimé voir ses amis. Malgré tout, un peu de temps seule avec vous est tout à fait plaisant. Remarquez, quand je viens écrire, même si M. est présent tout près, il respecte la bulle qui se forme quand mes doigts se mettent à courir sur le clavier, au rythme des mots qui deviennent des phrases, des paragraphes, des textes. Il comprend que ce que je couche sur l'écran est issu d'un fil qui se déroule dans ma conscience où je suis en pleine conversation avec une voix. De s'immiscer entre elle et moi, ce serait briser la connexion et risquer que je ne la retrouve plus tout à fait au meilleur de sa fluidité.

Cette voix qui devient mon écriture, c'est quelque chose qui est moi sans l'être. C'est une part que je porte et qui ressemble étrangement à cette part qui prie et à celle aussi qui commente ce que mes yeux constatent au fur et à mesure qu'ils se posent sur leur environnement. Elle est aussi semblable à cette part qui s'égare dans un désordre bienheureux lorsque je marche sans compagnie ou que mes mains manipulent les aliments pour les transformer en délicieux repas. Cette voix, ce n'est pas celle que je présente à ceux et celles avec lesquels je socialise au onzième bien qu'elle ne soit pas si étrangère à celle-là. Ce n'est pas non plus celle que je suis lorsque je suis avec M., ni ma famille, ni mes amis. Cette voix qui devient mon écriture, elle est tout autre et c'est pour cette raison qu'elle m'est essentielle. Elle me permet ce soliloque qui me pousse à me dépasser, à aller plus loin que mes peurs, à sonder mes intuitions, à révéler ce qui pèse ou ce qui me guide.

Je l'ai déjà dit, l'écriture, c'est ma mémoire. Cette voix qui devient mon écriture, ce sont donc les petits bouts de pain qui me permettent de rebrousser chemin pour constater mon évolution. Parce que même s'il faut aller de l'avant, c'est le passé qui recèle les leçons de vie qui nous ont été révélé et qui nous mènent à assumer un peu mieux chacun de nos pas.

7.29.2009

avenir à venir

Ça y est, c'est officiel, je grossis à vue d'oeil. Toi qui a été si discret pendant tes cinq premiers mois, tu exploses littéralement dans ton sixième. Malgré tout, il s'en trouve encore pour me dire à quel point je suis petite pour le stade où nous sommes rendus. À de tels commentaires, je souris gentiment. De toute manière, je sais qu'il faut prendre des kilos quand on fabrique une vie. Mes cellules adipeuses font des réserves et c'est là que tu puises mon chéri. Nous sommes un bel équilibre.

Côté mise en forme, je continue à marcher beaucoup et régulièrement. Tiens, ça ressemble à ce que j'ai dit à propos de mon écriture, qu'il me faudrait écrire beaucoup et régulièrement. Quoi qu'il en soit, j'avale les kilomètres avec constance, sentant bien que cet exercice ne m'apporte que bénéfices.

Aussi, je me suis surprise à visualiser le jour J, celui où nous travaillerons ensemble à ta venue extra-utérine. Peut-être que mon esprit sent que maintenant que nous sommes engagés dans notre dernier trimestre, tout est possible - je touche du bois, je touche du bois, tu viendras à terme gros garçon, tu viendras à terme. Ma soeur B. qui a eu deux accouchements hyper rapides et efficaces m'a donné comme conseil de ne pas trop penser à ce moment crucial, d'y faire face en temps et lieu. Ainsi, c'est une forme de conservation de sa force vitale. Plutôt que de la dépenser à angoisser à l'avance, on se concentre sur la grossesse de plus en plus imposante dans notre corps, ce qui demande en soi énormément d'énergie.

Ton papa s'étonne à chaque jour de la rondeur de mon bedon. Il me trouve belle et désirable. Je ne m'en porte que mieux. Je t'ai d'ailleurs déjà dit qu'avec toi dans moi, je me sentais femme comme jamais auparavant et c'est pure vérité. Moi qui es habituellement rebutée par l'idée de montrer mes courbes, je n'ai présentement aucune peine à les dévoiler. Je me sens immunisée des regards lourds de sous-entendus. Le renflement que tu formes appelle au respect, de toute évidence.

Les femmes enceintes abondent depuis quelques années. Il paraît que statistiquement, nous serions en train de vivre un baby-boom. Tu feras donc partie d'une nombreuse cohorte bébé Bo. Je souhaite de tout mon coeur que ta génération soit parmi celles qui renverseront définitivement la vapeur sur notre belle planète. Bien que les choses soient un peu engagées dans ce sens, il reste tant à faire pour inverser le processus de destruction des ressources que parfois, je me dis que nous sommes biens égoïstes de vouloir t'imposer tous ces défis de changements titanesques petit être, à toi et à tous ceux qui naissent. Je sais que la nature est bien faite, qu'elle est souveraine. Elle saura donner les signes qui nous obligeront à modifier nos modes de vie, comme elle le fait d'ailleurs déjà. Mais chose certaine, nous avec vous, il nous faudra tourner nos regards vers un même avenir. Il faudra l'unification des générations pour tenter de demeurer un peu plus longtemps sur le dos de la Belle Verte. Sinon, Dieu seul sait.

7.27.2009

Si j'avais les ailes d'un ange

Je partirais pour Québec plus souvent. Surtout maintenant que j'ai découvert les charmes de la Basse-Ville. Cet ancien quartier prolétaire est transformé depuis quelques années par un souffle de renouveau semblable à celui qui a métamorphosé le Plateau dans les années quatre-vingt-dix pour le faire passer de crapaud rongé par la pauvreté à prince embourgeoisé cité sur les listes des endroits "in" de ce monde.

De tous mes sauts dans la capitale nationale, c'était ma première incursion dans Saint-Roch. Habituellement, je me limitais au Vieux-Québec, aux Plaines, à la Haute-Ville. Cette fois-ci, nos quelques heures là-bas m'ont permis de sillonner des rues moins assaillies par les hordes touristiques, bien que ce petit bijou brille de plus en plus à côté des autres joyaux de la métropole. Et pour cause. Les touristes ayant choisi de crécher dans ces environs apprécient assurément la proximité du spectacle gratuit offert par le Cirque du Soleil et celui du Moulin à Images, gracieuseté administration municipale lui aussi. Côté restaurants, ils peuvent trouver une adresse de leur goût sur la rue Saint-Joseph ou Saint-Paul. Pour les amateurs de bière, les locaux de la micro-brasserie La Barberie ont pignon sur la rue du même nom que le quartier.

Je dis quelques heures là-bas parce que nous sommes arrivés à notre hôtel autour de 16 h samedi, après avoir fait un détour par l'Île d'Orléans, où j'avais imaginé que nous pourrions dîner à la Boulange situé dans le village de Saint-Jean. Malheureusement, affamés à notre arrivée là-bas, nous avons constaté que M. n'y trouverait pas son compte. Nous avons abouti dans un restaurant assez quelconque merci pour boucher un trou comme on dit, en nous promettant de nous reprendre pour notre repas du soir. En route vers la sortie de l'île, nous avons croisé un shack à patates offrant du maïs chaud à la croisée du Chemin Royal et de la route Prévost. Noté pour la prochaine fois.

Comme hébergement pour la nuit de samedi, j'avais choisi une chambre dans un établissement moderne offrant un confort épuré. M., qui avait voulu se garder la surprise d'être surpris par mon choix, fut complètement conquis par la vue magnifique sur la façade de l'église Saint-Roch, chose que j'avais espérée, mais que je n'avais pas spécifiquement demandée. Notre chambre "pur king" se comparait à un loft et nous avons dormi comme des rois dans cette couche immense à la draperie immaculée.

L'employé à l'accueil nous avait recommandé le bistro Les Bossus et un autre endroit, mais c'est au premier que nous avons choisi de souper, après une petite marche pour découvrir un peu les environs et une bière à la micro-brasserie mentionnée plus haut. Eh oui, j'ai trempé mes lèvres dans une bonne stout chocolatée. Une entorse au régime de femme enceinte. Je me suis prise pour une Anglaise l'espace d'un instant.

Pour le repas, que nous avons pris juché au comptoir vu que l'endroit était tout simplement bondé, je me suis ré-ga-lée d'un sublime confit de canard croustillant à point. Si je pouvais, je m'en lécherais encore les doigts de cette viande rouge et grasse.

Pour clore cette journée, nous avons quitté en direction de l'incroyable oeuvre projetée sur les silos de ciment du port sortie tout droit du fantastique génie de Robert Lepage. J'ai été soufflée par le grandiose de cette leçon d'histoire de notre belle province mise en boîte par une ingéniosité d'orchestration assurément extraordinaire pour arriver à cette heure d'images, de sons, d'effets lumineux tout à fait marquante. Quel bel événement, quelle opportunité de s'en mettre plein la vue.

Et puis dimanche matin s'est levé, pluvieux et gris, mais je suis quand même sortie pour grimper les escaliers au bout de la rue De la Couronne, menant à une boulangerie fermée, m'obligeant à poursuivre ma route jusqu'à ce que je trouve des croissants et du jus d'orange. En cours de route, j'ai visité un petit cimetière aux pierres tombales si vieilles qu'une d'elle érigée à proximité d'un arbre s'est fait engloutir en partie. À déambuler ainsi à l'aube sur une Saint-Jean endormie par la grisaille, j'étais devenue moi aussi intemporelle comme ce mariage de chairs végétale et minérale, là où des millions avant moi avaient respiré ces mêmes particules d'éternité, insouciants d'être matière à transformation.


7.24.2009

renaître de ses cendres

Maintenant que mon ventre est plein d'un de mes souhaits les plus chers, ai-je pour autant laissé aller mon autre souhait, celui d'être publiée. Non, bien sûr que non. Mais j'avoue que mes bonnes intentions de travailler sérieusement à un manuscrit débuté quelque part pendant cet hiver se sont évanouies. Pourtant, je sentais les choses bien parties. De toute évidence, j'ai manqué de discipline.

Ma lecture du moment, une biographie du grand écrivain Américain Jack London, me met face à l'évidence de ma paresse. Si je tenais tant que ça à ce rêve, je m'y consacrerais corps et âme, sans flâner et me plaindre ensuite de ne pas atteindre mon but. Je l'ai souvent dit, il faut travailler pour récolter les fruits de son labeur. Travailler pour un écrivain, ça veut dire écrire, régulièrement, beaucoup, améliorer son style, enrichir son vocabulaire, stimuler son imagination, vibrer à l'air du temps, une mission au coeur, celle de communiquer. Jack London, il a vécu mille aventures pour se libérer de son statut social de classe ouvrière râclant les bas fonds. Jeune, il est tombé amoureux des livres et a dévoré oeuvre après oeuvre, totalement inspiré par elles et leur pouvoir. Quand est venu le temps de trouver sa voie, il s'est relevé les manches et s'est imposé un régime de vie extrêmement rigide pour réussir à publier, faire de l'argent et vivre ainsi convenablement. Il lui fallait enligner mille mots six jours semaine. C'était une de ses règles.

Ce que j'aime de son histoire personnelle, c'est qu'il ait eu la volonté de viser le but de changer le monde par ses mots. Lui qui était né pour un petit pain ne s'est pas limité dans ses perspectives futures. London était un autodidacte à l'objectif plus fort que tout. Sa brillance repose sur le fait qu'il ait eu cette confiance en sa réussite, dans chacune de ses entreprises, coûte que coûte. Une sacrée leçon de feu sacré.

Je dis souvent qu'il faut être bon avec soi-même, accepter nos limites, nos échecs. Pour l'instant, je porte l'échec de ma non réussite à tous les jours et je m'éloigne peu à peu de celle qui veut un jour tenir une de ses oeuvres entre ses mains. Mais je sais qu'elle est toujours là à veiller le moment opportun pour me brasser les puces. Une impulsion me fera croire à nouveau que mon talent est suffisant pour arriver au bout de moi-même. Un jour, il me faudra grandir et m'attabler avec un entrain constant, jusqu'à ce qu'une maison d'édition m'ouvre ses portes. D'une fois à l'autre, les creux de démotivation s'allongent et les pics de création sont franchis trop rapidement. D'une fois à l'autre, je me consume un peu plus de ne plus sentir le feu sacré crépiter en moi.

7.23.2009

ombrelle à l'aurore abritant une perle noire


7.22.2009

vacuum

À biffer du calendrier. À marquer avec une maudite grosse croix rouge. À enterrer bien creux une fois le coup de minuit sonné. JOURNÉE MERDIQUE.

Trois bonnes choses malgré tout. Deux fétus qui ont fait sourire: la mangue égyptienne offerte par mon amie-collègue Ch. qui serait meilleure selon elle qu'une Atulfo, ma mangue préférée; et un feu de circulation attrapé vert lorsque nous tombons toujours, mais là toujours, sur lui au rouge. La meilleure chose cependant, c'est d'être revenue à la maison ce soir avec une Nougat le gros chat dont l'état de santé serait plutôt stable selon notre bon vétérinaire. Le problème, c'est que madame fait ses selles en dehors de sa litière une fois aux quatre jours environ, pour aucune raison apparente, depuis plusieurs semaines déjà. Première piste de solution, des phéromones de chat - autant dire de bonheur - pour la détendre cette pauvre vieille amie qui pourrait subir de l'anxiété due par ma grossesse, parce qu'en plus du malheureux cadeau qu'elle laisse à M., elle a trouvé un nouvel endroit où se lécher jusqu'à la peau, signe de détresse psychologique.

Au moins, il y a eu ces petits rayons de soleil. Mais Dieu, faites que cette journée se désagrège bien vite dans les mâchoires puissantes des oubliettes universelles. Faites que les sentiments d'injustice, de déception, de crainte, s'évanouissent de notre nid. Toi qui comprends tout, veille sur nous pour que nous soyons plus à même de saisir le sens de ces épreuves que tu dresses. Ainsi soit-il.

7.20.2009

à force de petits événements, on a un chemin de vie

Aujourd'hui, il y eu une assiette de brisée à 6 h 25 du matin, une des trois que j'avais héritées d'un de mes nombreux déménagements, celui qui me faisait quitter le logement que j'avais partagé avec plusieurs colocataires, dont un qui devint mon amoureux pour deux ans. Elle a glissé des mains de M. pour aller éclater en dizaine de fins copeaux de céramique sur le plancher. Nougat le gros chat qui grignotait quelques grains à son bol non loin de là a détalé si vite qu'elle a laissé deux griffes dans le prélart. Moi, qui répondais à un email de Sr., mon amie partie travailler pour l'Aide internationale pour l'enfance au Bangladesh, le bruit du choc a provoqué une dose d'adrénaline qui a noué mon estomac. La journée commençait sur une note bien étrange.

Une heure plus tard, M. ayant quitté direction boulot sur Scoot quinze minutes plus tôt, la sonnette du paradis tinta pendant que l'eau remplissait le sceau en prévision de ma part du ménage. En apercevant une ombre derrière la porte d'entrée vitrée, j'ai tout de suite compris que notre livraison en provenance de l'Allemagne était enfin arrivée. Nos Birks, ceux que nous avions justement cherché à retrouver là où ils étaient parvenus dans leur itinéraire de l'Europe jusqu'à nous pas plus tard qu'une demi-heure plus tôt au moyen du numéro de tracking, mais en vain. Nos chaussures pour l'été, été arrivant cette semaine selon les météorologistes. Excellent timing donc. J'ai enfilé ma paire qui était parfaite et je n'ai pu m'empêcher de penser à cette fois où ma mère nous avait gréées de ces sandales au look hippie lorsque nous étions adolescentes. Ma première paire de chaussures bien conçues, celle qui m'a incitée à toujours continuer à prendre soin de traiter mes pieds avec cette excellente qualité de fabrication. Pour M., c'est sa première paire à vie. Au moment où j'écris ces lignes, soit plus de douze heures plus tard suivant leur arrivée, il a les pieds glissés dedans et a déclaré que ça va lui prendre une paire pour l'intérieur tellement elles sont confortables.

Pour l'instant, mes plans pour la saison vont bon train. Je me repose, je mange bien, j'ai passé du temps heureux auprès de ma soeur B. et ses enfants, je suis allée à trois marchés publics différents. Dans deux semaines, j'irai cueillir des bleuets et des framboises près de Frelishburg, là où ils sont bios. La belle vie. Simple et pleine.

7.19.2009

offrande

Sais-tu à quel point les gens te couvrent de présents? Juste cette semaine, tu as reçu de beaux vêtements de deux sources différentes et un mini jungle jim de la part de ta tante G., qui elle-même l'avait eu des mains de ta tante B. je crois. Sb., un collègue à moi, est arrivé avec un tout petit kimono en coton biologique pour toi. Ce geste spontané m'a surprise, surtout que je sais très bien qu'il ne veut pas d'enfant. Mais il est vrai que le fait de ne pas en vouloir n'empêche pas de se réjouir pour ceux qui décident de faire le saut into parenthood. Les autres petits vêtements - deux miniatures body pour tes premiers jours parmi nous, eux aussi de coton biologique, et un troisième de la collection Petit Bateau pour lorsque tu auras pris un peu de poids autour de tes trois mois -, ce sont ma chère amie Jl. et son conjoint Tv. qui te les offrent directement de leur passage en France. J'ai donc annoncé à ton papa cette semaine qu'il nous faudra aller te chercher une commode pour y glisser toutes ces fringues minuscules qui te couvriront le petit corps. Parce qu'en plus de celles-là, il y a celles que ta tante B. t'a données suite au magasinage que nous avons fait ensemble, en plus de celles que Pl., sa belle-mère, a tenu à ajouter au lot, et toutes celles qui te seront léguer de tes cousins Wi. et Lc. Tu seras beau comme un coeur bébé Bo.

Habituellement, beaucoup de cadeaux pour bébé à venir sont donnés le jour du shower. Dans mon cas, j'ai gentiment décliné l'offre de mes soeurs d'en organiser un en notre honneur. Pendant l'été, nous ferons un repas de famille et nous lèverons notre verre à ton arrivée, cela suffira amplement. Nous bénéficierons d'une grande quantité de matériel adéquat pour accueillir bébé Bo., considérant que mes deux soeurs aient eu leurs petits avant moi et que nous procédons à la passation de l'équipement aussi longtemps que le tout demeure en bon état d'utilisation. Mais surtout et avant tout, je considère que chaque jour qui passe est une célébration en soi en qui te concerne, toi, le plus beau cadeau d'entre tous pour nous, chère prière exaucée.

7.17.2009

trimer sûr

Réunies toutes les trois hier soir autour d'un repas, mes deux soeurs et moi avons partagé un moment d'intimité paisible. Notre bulle existe depuis le début de nos vies. Dans ma mémoire, je n'ai jamais été sans elles. Il est vrai que je suis la cadette du trio, mais je suis certaine que c'est la même chose pour G., l'aînée, considérant que B. ne la talonne que de moins de deux ans. Quoi qu'il en soit, maintenant devenues adultes, notre lien subsiste et se développe avec respect et solidarité. Comme l'amour est un labeur pareil qu'un jardin sur lequel il faut veiller, ce n'est pas le hasard qui fait qu'aujourd'hui nous pouvons être bien ensemble. Il a fallu des déchirures, des séparations, des deuils même, pour parvenir à réaliser la valeur précieuse de notre fratrie. Et lorsque nous parlons de notre passé, nous reconnaissons à quel point les bifurcations parfois tordues du destin nous ont menées à bon port.

Dans ma trente-deuxième année, je vois mes lendemains et je manque d'imagination. Je crois que mon esprit qui mûri à chaque jour qui tombe sait qu'il ne sert à rien d'échafauder des scénarios. Pourtant, je suis tout à fait partisane d'un sain processus de visualisation pour maintenir le cap sur un objectif bien défini. Seulement, je suis persuadée que la trame narrative de l'existence recèle beaucoup plus de trésors que ce que peut anticiper mon organe imaginatif. On dit qu'il faut faire attention à ce que l'on souhaite. Je dis plutôt qu'il faut préciser avec grande acuité ce souhait, cette demande lancée à l'univers, sinon, il faut accepter la livraison de la commande avec les petits défauts de nos propres oublis. Alors, dans cette veine d'idée, je préfère formuler le moins possible de requêtes, de crainte de mettre la barre trop basse en quelque sorte, et d'ainsi bousiller mes propres espoirs. J'ai confiance que tout arrive à point, pour le mieux, toujours, même lorsque les ténèbres semblent ne jamais vouloir se dissiper. J'ai confiance que Dieu - souvenez-vous que pour moi ce n'est qu'un mot qui détermine l'Ensemble, l'Univers, l'Alchimie de la Vie - m'aime, tout comme il m'apprend à cultiver le lopin de bonheur à ma portée. Cette foi est peut-être vaine, mais sans elle, je ne serai ni ce véhicule de sens multiples, ni cette reconnaissance pour l'opportunité de vivre, ni un élément humble parmi l'immensité des possibilités, ni la simple guerrière pacifique qui fait tout ce qu'elle peut pour suivre le flot, volontairement.

Sur ce, je vous livre une image saisie pendant ma semaine en Ontario.

Toute la perfection contenue dans une dizaine de centimètres carrés d'un parterre banlieusard à première vue des plus ordinaires. Et pourtant.

7.14.2009

dénouer l'influx

Demain, je vais me remettre aux mains de fée de mon ostéopathe. J'espère qu'A-M arrivera à me replacer ce qui me cause un inconfort au niveau de mon plexus depuis presqu'un mois maintenant. Je dis inconfort, mais en fait, il est davantage question d'un craquement étrange juste sous mon sein gauche, près de mon coeur. Je sens que des os se sont déplacés. Je suspecte ma cage thoracique d'avoir pris un peu d'expansion pour laisser place à mes organes vitaux poussés vers le haut par mon utérus grossissant un peu plus à chaque jour. Parfois, ce n'est pas un craquement, plutôt comme un grattement de l'intérieur, quelque chose de franchement déplaisant. Bref, demain A-M risque de mettre le doigt sur le bobo et de me soigner par son don évident, pour mon soulagement.

Sinon cher bébé Bo., tout va pour le mieux avec toi dans moi. Je n'ai plus de reflux gastriques depuis des semaines, je n'ai pas souffert de d'autres migraines depuis cette fameuse semaine où j'ai bu du jus enrichi à l'huile de poisson, je ne tombe pas de sommeil autre mesure et je peux encore faire de grandes marches à bon rythme, sans peiner. Bon, mon souffle est un peu plus court quand je me penche pour attacher le velcro de mes chaussures bourgogne, mais il faut dire que mes tendons de jambes ont toujours été comme de la corde raide, prêts à claquer à la première flexion vers l'avant de mon dos trop prononcée. Côté soleil, il faut dire que ce mois de juillet aux airs d'automne joue en faveur de mon confort. Le verdict cher garçon, c'est que nous formons une belle paire, bien en santé.

Mais je dois te confier une intuition que j'ai à ton sujet. Puisque tu liras ces lignes un jour, il faut que je te dise que j'ai la forte impression que tu t'exprimes déjà par mon véhicule, que ta personnalité en émergence influe la mienne et l'amène à penser et agir différemment que le ferait une Ludivine inhabitée. Ma maman me dit que lorsqu'elle était enceinte de ma soeur aînée, elle rugissait pareil qu'un lion. De mon côté, ce qui me fait dire que tu t'exprimes par mes comportements c'est que justement, depuis quelques semaines, je sens certaines choses bien autrement. Par exemple, lorsque quelqu'un autour de moi dépasse les limites du convenable, je ne me gêne pas pour le lui dire. Ludivine sans toi aurait plutôt chercher à adoucir la personne irrespectueuse en lui faisant réaliser tranquillement, de manière indirecte, que des relations humaines doivent être harmonieuses. La Ludivine au ventre rond n'a plus ces gants blancs qui adoucissaient les interactions. Je me sens beaucoup moins tolérante par rapport aux gens qui manifestent des comportements égoïstes, mesquins, laids. En fait, je sens que je n'ai plus de temps à perdre auprès de telles expressions du potentiel humain, d'un tel gâchis de potentiel humain devrais-je dire. Mon intuition me dit que cette nouvelle manière de percevoir émane de toi, d'une infime part de ce que tu portes dans ton coeur. Tu reconnaîtras ceux qui n'ont pas de bonnes intentions et tu les laisseras à leurs chimères. Dieu, faites que ce jugement demeure toujours bien aiguisé et t'évite le pire de l'Homme. Et que tu n'oublies pas que chacun d'entre nous a des zones d'ombre bien enfouies dans son sein.

7.12.2009

créature comblée

Retour au onzième demain à la première heure. Mon réveil-matin est déjà prêt à s'ébranler à 5 h 20 tapantes et quand je poserai la tête sur l'oreiller ce soir, il me faudra le faire comme si de rien n'était, sans penser que la routine reprend son cours et que se clôt une semaine de décrochage.

Ces deux derniers jours furent bien remplis de besognes gratifiantes et d'activités agréables. M. et moi avons sauté du lit tôt hier matin pour nous diriger au Lac Brome où nous allions découvrir le petit marché public de Knowlton. Sous un ciel bleu taché d'énormes cumulus blancs boursouflés nous avons roulé une heure dans Jasmine la Fit toujours aussi pimpante. À la sortie 90 de la 10, nous avons bifurqué vers le sud en suivant la 243. Arrivés au village après un court arrêt devant le lac agité par le grand vent afin de l'admirer, nous avons pris deux droites et stationné notre machine.

D'emblée, M. estima que le nombre de kiosques étaient bien peu élevé, mais de mon côté, je me doutais que nous y trouverions que des aliments de qualité. J'avais entendu parler de ce marché grâce à Josée Di Stasio qui avait fait un saut là-bas il y a deux ans je crois. Ma mémoire est comme ça, elle emmagasine les informations alléchantes au cas où. En ce samedi, mon prétexte était aussi simple qu'il me fallait des fraises pour faire des confitures et bien que j'aurais très bien pu aller dans n'importe quel autre marché beaucoup plus près du paradis ou même les cueillir moi-même sur une ferme de la rive-sud, l'excuse était bonne et alors, nous nous y rendâmes avec joie.

Le détour en valait la peine puisque nous eûmes l'honneur de nous entretenir avec l'initiateur du marché, M. Henri Laban, qui nous confirma que tous les agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, torréfacteurs, pâtissiers, apiculteurs et autres qui se trouvaient là à promouvoir leurs produits avaient été soigneusement sélectionnés par nul autre que lui, Français qui s'est toujours bien nourri qui voulait retrouver cet esprit de proximité et de célébration qui lie le consommateur reconnaissant au producteur passionné. Si nous avons eu cet honneur, c'est qu'à l'étal du Potager des nues mains, j'ai retrouvé Y., quelqu'un qui était un ami lorsque nous étions cégepiens et qui est devenu agriculteur biologique après avoir fait des études en agronomie à McGill et voyager quelques années. Y. fut visiblement impressionné par notre initiative de venir jusqu'au Lac Brome et c'est ainsi qu'il nous présenta à M. Laban, qui nous piqua jasette tout ce qu'il y a de décontractée. Les viandes qui sont vendues là sont toutes élevées sans hormone, tandis que deux fermiers proposent de fantastiques légumes bio et qu'un pâtissier à l'accent européen est bien populaire pour ses délicieuses gourmandises. Et puis, il y a les autres que nous n'avons pas visité, mais qui offrent des produits qui ont passé le filtre exigeant du sélectionneur en chef.

De retour à la maison, je nous ai concocté une salade pleine de la fraîcheur de cette visite agrotouristique: mesclun, pousse de tournesol, fenouil, pamplemousse rose, oignon vert et betterave râpée. Et puis après, je me suis lancée dans la mise en pots de mes huit pintes de fraises. J'ai travaillé jusqu'à huit heures du soir, mais le labeur en valait la peine. Ce matin, j'ai pu goûter à mes deux créations culinaires en beurrant les croissants moelleux de dame R., la pâtissière s'échinant à pétrir près du paradis. Après essai, j'ai constaté que ma tartinade fraises-chocolat est bien mieux réussie que ma première tentative de l'an passé et j'en ai conclu que ma compote fraises-rhubarbe d'un rouge rosée est tout à fait délicieuse avec sa petite touche acidulée. Il ne me reste plus qu'à préparer mes confitures aux trois petits fruits de la belle saison, alors en attendant d'aller cueillir des framboises et des bleuets, j'ai gelé un kilo de fraises. Je salive déjà à la perspective d'un hiver aux nombreuses tartines tout aussi savoureuses les unes que les autres.

Après ce petit-déjeuner réjouissant, j'ai fait les courses et le ménage pour libérer mon après-midi dans lequel je voulais consacrer une plage horaire pour me rendre au piknic électronik, histoire de "bouge-de-làer". Eh oui, nous commençons notre sixième mois de cohabitation bébé Bo et je peux encore aller onduler sur les beats avec autant d'aise et d'énergie que si tu n'étais pas dans mon ventre. Sache que tu es cette enflure de mon abdomen, ce poisson qui barbote, cet enfant si discret sous son dôme et que je t'aime rien qu'à penser à tout ce que je ne sais pas de toi. Chose certaine, comme je l'ai dit à ton papa, tu auras le sens du rythme cher garçon, comme tous les enfants d'ailleurs, tous les enfants qui expriment le mouvement sans le contraindre par les barrières de l'éducation et la peur du ridicule. Tu sauras comment garder contact avec ton corps, avec ses pulsions, je te le promets. Enfin, je le souhaite de toute mon âme.

7.10.2009

les miens par alliance

Debout à 4 h du matin, ma soeur B. et moi avons vu passer six heures de la journée, lever de soleil derrière le décor urbain de la grande Toronto y compris, assises dans notre charrette motorisée. À la différence des mennonites et de nos ancêtres, ce sont les chevaux sous le capot qui ont fait le gros du travail, surtout que pour la majorité de ce voyage de retour, le cruise control nous a rendu drôlement service. Merci technologie.

Alors oui, nous les avons visité ces fameux êtres humains vivant leur foi chrétienne basée sur des valeurs spécifiques: la simplicité dans les habitudes de vie et la non-résistence. Ainsi, ils utilisent parfois des objets conçus selon l'évolution technologique de l'ère contemporaine, mais optent toujours pour des choix qui leur permettent de perpétuer leur quotidien dans un dépouillement visé intentionnellement. Par exemple, à la ferme laitière où notre franchement sympathique et décontractée guide nous a amenés, la collecte des centaines de litres de lait se fait mécaniquement et pour la transformation de l'eau d'érable recueillie des arbres entaillés à un bout de la propriété, les installations modernes permettent d'obtenir le sirop en un rien de temps comparativement aux anciennes manières de faire. Cependant, leurs habits demeurent ceux d'une autre époque - robe longue de coton épais et bonnet recouvrant la chevelure pour les femmes; chemise claire, pantalon sombre et bretelles pour les hommes -, ils ne possèdent pas de poste télé et n'ont qu'un téléphone par propriété, s'ils en ont un. Bien sûr, il y a une foule d'autre détails instructifs à connaître à propos de cette communauté, entre autres qu'elle est si unie en temps de malheur, dans le cas de l'incendie d'une demeure par exemple. Les mennonites ne souscrivent à aucun régime d'assurance, en lien avec les valeurs citées ci-haut, alors, si besoin il y a, ils se serrent les coudes et rebâtissent ce qui doit l'être. La façon de vivre la valeur de non-résistence a été pour moi le point à retenir. Comme tout citoyen du pays, ils paient leurs impôts, mais fait intéressant, ils n'acceptent aucune aide gouvernementale pour continuer à cultiver la terre et en retour, les instances politiques acceptent que les membres de cette communauté ne soient pas obligés de participer à une guerre dans une telle éventualité. C'est une des expressions de cette valeur pilier.

Des terres cultivées, j'en ai vu ce jour-là, mais aussi hier lorsque nous sommes revenus de Niagara et que le beau-père de ma soeur B. a décidé de prendre les chemins de campagne pour rentrer au bercail. Je ne pouvais être plus heureuse, moi qui adore ces aventures improvisées dans des contrées inconnues. Pour nous rendre aux chutes, nous devions séparer notre groupe dans deux véhicules. Ainsi, B. et sa belle-mère ont placoté ensemble dans une de deux voitures tandis que son beau-père, ses deux enfants et moi occupions l'autre en formant un joyeux petit groupuscule. Em., ma filleule, l'aînée de deux petits poulets âgée de quatre ans et demi, et Wi., mon adorable cabotin de neveu de trois ans, ont été de bons voyageurs, ne se chamaillant que rarement et cessant leurs enfantillages dès que j'en formulais la demande. Notre journée touristique fut des plus agréables, surtout lorsqu'après avoir subi la douche tout en gouttelettes provenant des fantastiques chutes, visité l'horriblement américanisée à outrance rue Clifton Hill et mangé notre délicieux pique-nique dans un espace vert au pied d'un bel arbre hospitalier, nos véhicules se sont rendus à Niagara-sur-le-lac, bourgade impeccable au centre-ville bordé de jolies boutiques située à une petite vingtaine de kilomètres de l'attraction majeure de la région. La beauté des propriétés longeant la route est à couper le souffle et partout, des panneaux indiquent le nom de vignobles ou de vergers à visiter. Avant de quitter ce petit coin merveilleux, j'ai d'ailleurs acheté un gros contenant bourré de cerises belles comme des rubis tout juste cueillies des arbres rabougris.

Ces derniers jours ont surtout été marqué par mes compagnons au quotidien. J'ai été un élément de cette mini-tribu, celle divisée en deux véhicules, et je me suis fait offrir une hospitalité d'une générosité naturelle par les beaux-parents de B. Mamie et Papi, comme les enfants les appellent, m'ont ouvert leur demeure comme si j'étais de leur propre sang. Nombreux furent les moments de détente simples, les délicieux repas santé à la bonne franquette et les conversations tournant autour de nos familles et de nos valeurs de vie. L'énergie émanant de ce couple de sexagénaires m'a encore une fois impressionnée. Leurs petits-enfants carburant sur leur pure jeunesse n'ont rien à envier à ces grands-parents rieurs, fanfarons, actifs, mais surtout fous amoureux de leurs petits bouts.

D'être auprès de ma B. m'a aussi fait un bien énorme. Cette soeur avec laquelle j'ai partagé ma chambre à coucher jusqu'à l'adolescence, pour ensuite partager notre logement quelques années, je la retrouve toujours aussi rigolote, enjouée. Bien sûr qu'il y a parfois des frictions, par exemple lorsque nous n'arrivons pas à trouver notre chemin et qu'elle, qui est à la roue, commence à s'impatienter, mais nous sommes nous-mêmes l'une avec l'autre et c'est la beauté de notre relation.

Enfin, il y a eu auprès de moi cette semaine ces deux poulets, Em. et Wi., petits êtres en pleine exploration, constamment. Ils sourient, se blessent, pleurent, charment, bougonnent, surprennent, désobéissent, font fondre nos coeurs de leur tendresse spontanée. Ce sont tes cousins bébé Bo. et ils savent que tu t'en viens bientôt te joindre à leur bande. Bientôt, toi aussi tu bénéficieras de tous ces gens si bons qui forment ta grande famille. Chanceux.

7.05.2009

suspendre la correspondance

Je quitte dans quelques heures pour quelques jours. Là où je serai, je ne sais pas si je pourrai tenir le rythme de mes visites ici. Il se peut donc que je sois absente. Ça vous reposera un peu. Quant à moi, j'aurai sans doute une ou deux petites choses à vous raconter dès que l'occasion se présentera à nouveau. Bonne semaine comme dirait l'autre. Sinon, à bientôt.

7.03.2009

tu es argile

Nous entamons notre 24e semaine ensemble, mélangés l'un et l'autre corps et âme. Au bout de celle-ci, je pourrai à présent dire que j'en suis au sixième mois de grossesse. À partir de là, tout déboulera jusqu'à fin octobre, je le sens.

Il m'arrive de m'adresser à toi pendant le quotidien qui passe. Je t'appelle chaton, poulet. Je te souhaite une existence en santé, heureuse. Je te parle déjà comme si tu étais là à me poser des questions sur ce que tu vois et ce que tu observes. Lorsque je croise quelqu'un qui est méchant, j'essaie de t'expliquer comment faire pour ne pas te laisser affecter par des comportements humains négatifs. En boni, j'ajoute aussi quelques trucs éprouvés pour que tu sois de ceux qui arrivent à dénouer chez les autres les nids d'insécurités et de peurs qui les amènent à répandre leur venin. On dit qu'éduquer un enfant, c'est mettre en pratique nos valeurs. J'espère que toutes mes années m'auront préparée adéquatement à te léguer des trésors.

Bien sûr, j'essaie aussi de t'imaginer. Je sais bien que tu seras ta propre personne, quelles que soient mes bonnes intentions. Tu auras ta paire de lunette pour voir le monde qui t'entoure, pour prendre ta place à ta manière. Cette personnalité qui t'animera, elle m'intrigue. J'appréhende nos prises de bec, mais je chéris aussi déjà nos réconciliations. Je sais qu'on dit qu'il ne faut pas avoir d'attentes pour ne pas être déçu. Dans ton cas, cet axiome est inapplicable puisque tu es ma perle. Je te l'annonce parce que je sais que je ne serai ni indulgente à ton égard, ni permissive. Je serai une mère exigeante, cependant que dans tout ce processus d'apprentissage, je t'aimerai de tout mon soûl. Et qu'il y aura ton papa gâteau pour compenser ces moments où tu m'en voudras de ma rigidité. Bisous mon loup.

7.01.2009

estiver

Tout premier jour de juillet. Fête nationale. Congé férié. Coup d'envoi de la période estivale. Autant de descriptifs pour une date du calendrier qui souligne aussi les mouvements migratoires des Montréalais. D'ailleurs, à l'instant qu'il est, M. donne tout ce qui lui reste d'énergie pour son second déménagement de la journée. Moi de mon côté, je rentre du boulot. Des heures de banquées pour les vacances qui arrivent bien vite.

En fait, c'est dimanche prochain que je quitte en direction de l'Ontario en compagnie de ma soeur B. et de ses deux enfants, Em. et Wi., pour une semaine environ. Nous allons demeurer chez Pl. et Bb. Sr, les parents du mari à B., mon beau-frère Bb., quelque part passé la grande Toronto. Les seules activités que ma soeur et moi avons décidé d'inscrire à notre planning, c'est d'aller au marché public près de là-bas et de visiter un village de Mennonites. Sinon, nous nous laisserons aller au moment qui passe, à l'appel de nos envies. Je dis elle et moi parce que les enfants passeront surtout du temps auprès de leurs grands-parents paternels, histoire de permettre à ma soeur B. de combler les heures en ne pensant qu'à elle, chose assez rare depuis qu'elle a enfanté. Et moi, ça me donnera le plaisir de passer du temps avec cette soeur que j'aime et que j'adore et dont nos moments à deux sont devenus des instants privilégiés maintenant que notre vie d'adulte est bel et bien entamé depuis ces dernières années.

Sinon, les vacances, ce sera aussi un week-end en amoureux à Québec pour aller voir l'oeuvre grandiose de Robert Lepage, Le Moulin à Images, et deux autres semaines au mois d'août pour passer quelques jours avec ma soeur B. et ses enfants avant qu'ils ne repartent pour une dernière année à Hong Kong.

Cet été, les mots d'ordre ce sont repos, détente, sérénité, famille, intimité, simplicité. Je veux cueillir des fraises et/ou des bleuets, et me régaler de maïs croquant. Je veux m'offrir des petits péchés glacés quand j'en ai envie, comme ce midi par exemple lorsque j'ai fait un saut de crapaud chez Bilboquet pour choisir un yogourt glacé aux fruits des champs. Je veux faire de la photo, être fidèle à mes rendez-vous avec vous, marcher beaucoup. Je veux glisser mes pieds dans une nouvelle paire de Birkenstock parce que je m'ennuie du confort sans pareil de ces chaussures si bien conçues. Je veux lire, des romans et des livres instructifs sur les sujets qui m'intéressent en prévision de l'arrivée de bébé Bo. Je veux flatter la peau tendue de mon bide et sentir les mouvements de notre poisson qui y barbote. Je veux voir des amis. Tout ça avec repos, détente, sérénité, simplicité.

Coup d'envoi pour un dernier été à être cette personne qui n'a à se soucier que de ses besoins et envies. Tout en gardant à l'esprit et au corps ta présence.