orphelins de l'Éden

7.31.2009

petite voix

Il y a longtemps que je ne me suis installée devant l'écran à cette heure du jour. Neuf heures du soir dans quinze minutes et j'entame tout juste ce que je livrerai dans les lignes qui suivent. Encore une fois, j'ignore la direction que prendra le développement de mes idées. Tout ce que je sais, c'est que la nuit est tombée, que c'est vendredi, que ma semaine de boulot est derrière moi, que j'écoute Mark Lanegan, un clone vocal de Leonard Cohen, et que sa voix enrouée est parfaite pour cette heure apaisante.

M. vient de quitter pour se rendre à une pendaison de crémaillère. Je suis restée au paradis parce que je n'ai pas envie d'un environnement enfumé, bien que j'aurai aimé voir ses amis. Malgré tout, un peu de temps seule avec vous est tout à fait plaisant. Remarquez, quand je viens écrire, même si M. est présent tout près, il respecte la bulle qui se forme quand mes doigts se mettent à courir sur le clavier, au rythme des mots qui deviennent des phrases, des paragraphes, des textes. Il comprend que ce que je couche sur l'écran est issu d'un fil qui se déroule dans ma conscience où je suis en pleine conversation avec une voix. De s'immiscer entre elle et moi, ce serait briser la connexion et risquer que je ne la retrouve plus tout à fait au meilleur de sa fluidité.

Cette voix qui devient mon écriture, c'est quelque chose qui est moi sans l'être. C'est une part que je porte et qui ressemble étrangement à cette part qui prie et à celle aussi qui commente ce que mes yeux constatent au fur et à mesure qu'ils se posent sur leur environnement. Elle est aussi semblable à cette part qui s'égare dans un désordre bienheureux lorsque je marche sans compagnie ou que mes mains manipulent les aliments pour les transformer en délicieux repas. Cette voix, ce n'est pas celle que je présente à ceux et celles avec lesquels je socialise au onzième bien qu'elle ne soit pas si étrangère à celle-là. Ce n'est pas non plus celle que je suis lorsque je suis avec M., ni ma famille, ni mes amis. Cette voix qui devient mon écriture, elle est tout autre et c'est pour cette raison qu'elle m'est essentielle. Elle me permet ce soliloque qui me pousse à me dépasser, à aller plus loin que mes peurs, à sonder mes intuitions, à révéler ce qui pèse ou ce qui me guide.

Je l'ai déjà dit, l'écriture, c'est ma mémoire. Cette voix qui devient mon écriture, ce sont donc les petits bouts de pain qui me permettent de rebrousser chemin pour constater mon évolution. Parce que même s'il faut aller de l'avant, c'est le passé qui recèle les leçons de vie qui nous ont été révélé et qui nous mènent à assumer un peu mieux chacun de nos pas.