orphelins de l'Éden

7.27.2009

Si j'avais les ailes d'un ange

Je partirais pour Québec plus souvent. Surtout maintenant que j'ai découvert les charmes de la Basse-Ville. Cet ancien quartier prolétaire est transformé depuis quelques années par un souffle de renouveau semblable à celui qui a métamorphosé le Plateau dans les années quatre-vingt-dix pour le faire passer de crapaud rongé par la pauvreté à prince embourgeoisé cité sur les listes des endroits "in" de ce monde.

De tous mes sauts dans la capitale nationale, c'était ma première incursion dans Saint-Roch. Habituellement, je me limitais au Vieux-Québec, aux Plaines, à la Haute-Ville. Cette fois-ci, nos quelques heures là-bas m'ont permis de sillonner des rues moins assaillies par les hordes touristiques, bien que ce petit bijou brille de plus en plus à côté des autres joyaux de la métropole. Et pour cause. Les touristes ayant choisi de crécher dans ces environs apprécient assurément la proximité du spectacle gratuit offert par le Cirque du Soleil et celui du Moulin à Images, gracieuseté administration municipale lui aussi. Côté restaurants, ils peuvent trouver une adresse de leur goût sur la rue Saint-Joseph ou Saint-Paul. Pour les amateurs de bière, les locaux de la micro-brasserie La Barberie ont pignon sur la rue du même nom que le quartier.

Je dis quelques heures là-bas parce que nous sommes arrivés à notre hôtel autour de 16 h samedi, après avoir fait un détour par l'Île d'Orléans, où j'avais imaginé que nous pourrions dîner à la Boulange situé dans le village de Saint-Jean. Malheureusement, affamés à notre arrivée là-bas, nous avons constaté que M. n'y trouverait pas son compte. Nous avons abouti dans un restaurant assez quelconque merci pour boucher un trou comme on dit, en nous promettant de nous reprendre pour notre repas du soir. En route vers la sortie de l'île, nous avons croisé un shack à patates offrant du maïs chaud à la croisée du Chemin Royal et de la route Prévost. Noté pour la prochaine fois.

Comme hébergement pour la nuit de samedi, j'avais choisi une chambre dans un établissement moderne offrant un confort épuré. M., qui avait voulu se garder la surprise d'être surpris par mon choix, fut complètement conquis par la vue magnifique sur la façade de l'église Saint-Roch, chose que j'avais espérée, mais que je n'avais pas spécifiquement demandée. Notre chambre "pur king" se comparait à un loft et nous avons dormi comme des rois dans cette couche immense à la draperie immaculée.

L'employé à l'accueil nous avait recommandé le bistro Les Bossus et un autre endroit, mais c'est au premier que nous avons choisi de souper, après une petite marche pour découvrir un peu les environs et une bière à la micro-brasserie mentionnée plus haut. Eh oui, j'ai trempé mes lèvres dans une bonne stout chocolatée. Une entorse au régime de femme enceinte. Je me suis prise pour une Anglaise l'espace d'un instant.

Pour le repas, que nous avons pris juché au comptoir vu que l'endroit était tout simplement bondé, je me suis ré-ga-lée d'un sublime confit de canard croustillant à point. Si je pouvais, je m'en lécherais encore les doigts de cette viande rouge et grasse.

Pour clore cette journée, nous avons quitté en direction de l'incroyable oeuvre projetée sur les silos de ciment du port sortie tout droit du fantastique génie de Robert Lepage. J'ai été soufflée par le grandiose de cette leçon d'histoire de notre belle province mise en boîte par une ingéniosité d'orchestration assurément extraordinaire pour arriver à cette heure d'images, de sons, d'effets lumineux tout à fait marquante. Quel bel événement, quelle opportunité de s'en mettre plein la vue.

Et puis dimanche matin s'est levé, pluvieux et gris, mais je suis quand même sortie pour grimper les escaliers au bout de la rue De la Couronne, menant à une boulangerie fermée, m'obligeant à poursuivre ma route jusqu'à ce que je trouve des croissants et du jus d'orange. En cours de route, j'ai visité un petit cimetière aux pierres tombales si vieilles qu'une d'elle érigée à proximité d'un arbre s'est fait engloutir en partie. À déambuler ainsi à l'aube sur une Saint-Jean endormie par la grisaille, j'étais devenue moi aussi intemporelle comme ce mariage de chairs végétale et minérale, là où des millions avant moi avaient respiré ces mêmes particules d'éternité, insouciants d'être matière à transformation.