orphelins de l'Éden

8.30.2007

l'ange noir

J'entends le clapotis que font les lapées de Nougat le gros chat. Depuis que nous lui redonnons ces pilules de dexasone, son appétit est revenu, plus féroce que jamais. Après sa dernière visite chez le vétérinaire, qui remonte à presque un mois maintenant, M. avait pris la décision de ne plus lui donner ces cachets, proche parent de la cortisone, parce que, disait-il, le prise de médicaments raccourcit sa longévité. Eh bien, au bout d'une semaine et demie à la voir se lécher de façon maniaque, j'ai flanché et je lui ai donné sa petite pilule. Il en restait deux dans le flacon. Il fallait que je renouvelle la prescription.

J'ai donc fait transférer ses dossiers dans une clinique vétérinaire près du paradis pour faciliter nos prochaines visites et pouvoir avoir la dite prescription le plus rapidement possible. Après quelques appels entre moi, la technicienne de la nouvelle clinique et celle de l'ancienne, nous avons finalement compris que le médicament pour mon chat n'était pas disponible chez le vétérinaire de la rive-sud. Là, la technicienne m'a proposé d'aller chercher le médicament chez Jean Coutu. C'est ainsi que sur le nouveau flacon de dexasone, il y a d'inscrit Nougat *** (mon nom de famille). M. et des collègues ont fait des blagues en me disant d'essayer d'envoyer le reçu à mes assurances. Ce serait le boutte de la marde comme dirait l'autre.

Depuis que madame reprend son médicament, elle est un ogre. Elle dévore ses graines et sa molle comme si ça faisait des jours qu'elle n'avait rien ingurgité. Je la guette parce que la dernière vétérinaire que nous avons rencontrée m'a bien dit que Nougat le gros chat était sur le bord d'une hyperthyroïdie et qu'un des symptômes, c'est justement un appétit insatiable. Si elle perd du poids, je saurai qu'il nous faudra sans doute lui donner un nouveau médicament en plus de celui pour ses démangeaisons. La pauvre, elle vieillit et comme le chantait ma grand-maman la semaine dernière:

Une pilule
Une p'tite granule
Une crèm'
Une pomade
Y'a rien de mieux mon vieux,
Si tu te sens malade*

Au moins, mon chaton se sent mieux justement. Elle s'écrase à nouveau d'un bout de plancher au lit sans obséder à propos de sa peau qui lui pique. Nous voyons à quel point la dexasone la soulage. Elle se léchait tellement qu'elle s'était fait un bobo sur le bedon. Depuis, la gale a enfin guéri et son poil a même recommencé à pousser un peu plus sur son ventre et ses pattes.

Cet animal, c'est mon amour. Notre relation est forte et discrète. Quand elle grimpe sur moi pour se blottir sur mon ventre et ronronner, j'en profite. La dernière fois que c'est arrivé, j'ai demandé à M. de prendre une photo de nous deux. Maintenant que nous avons notre divan de cuir et qu'elle a fait une coche dessus avec ses griffes arrière, elle ne monte plus souvent quand nous y sommes assis. De toute façon, nous ne passons pas beaucoup de temps dans le salon. Quand j'écris, je suis dans la pièce orange et souvent, M. est à son ordinateur. Il y a donc moins d'occasions pour elle de se rouler en boule sur nous. Mais à toutes les nuits, elle vient dormir à nos pieds ou sur notre oreiller. Souvent M. passe son bras autour d'elle et la tire contre son visage pour l'enfouir dans son pelage de peluche, même s'il est allergique. Ces fois-là, elle tire ses pattes d'avant dans un signe de bien-être et elle roucoule comme un pigeon au soleil. Nougat le gros chat, au fond, c'est l'ange du paradis.

*paroles de S. Archambault, de la chanson Remède Miracle

8.28.2007

duo

Je rentre tout juste du boulot. Aujourd'hui, plusieurs de mes collègues m'ont complimentée sur ma chemise en me disant qu'elle me va bien. Je leur ai dis que c'est un peu grâce à M. que j'ai acheté ce vêtement plus ajusté que ceux que je porte d'habitude. J'attends qu'il rentre du travail pour lui transmettre les gentils mots qui m'ont été offerts. Il aime bien me voir plus féminine.

Bientôt, nous célébrons notre première année en tant que fiancés éternels. Pour l'occasion, je veux lui offrir un anneau en acier. Je veux que nos anneaux soient nés du même matériau. Mon coup de coeur s'est arrêté sur un anneau d'acier noir. M. l'a vu et il l'aime bien. Sinon, il optera pour un anneau similaire au mien, avec les diamants en moins. Il fallait que je lui en parle pour qu'il vienne essayer le bijou. Je lui en ai parlé pendant que nous coupions les légumes, lui les oignons, moi les zucchinis, pour le chili. Au-dessus de la planche à découper que nous partagions, les larmes nous ont piqué les yeux et ça n'avait rien à voir avec les oignons. M. et moi, ça fait un gros quatre ans que nous sommes unis au quotidien.

C'est ma plus longue relation à ce jour et quand il rentre le soir ou que je l'embrasse au petit matin avant de quitter, je suis toujours aussi heureuse. Même si parfois, ces petites manies me font grincer les dents. Je respire un bon coup ces fois-là et je me dis que lui aussi, il doit bien mettre de l'eau dans son vin quand je suis tout à fait insupportable. De toute manière, quand nous nous fâchons l'un contre l'autre, ça finit souvent en fous rires et lui me dit que j'ai le don de le sortir de ses gonds et moi je le traite d'enfant.

M. est arrivé.
Première chose qu'il me dit: Est-ce qu'on va chercher ma bague ce soir?
Troisième chose: Puis, est-ce que t'as eu des compliments?
Quatrième chose, et celle-là à l'attention de Nougat le gros chat: Je vais avoir une bague noire comme toi.
Alors voilà, je le connais bien mon amoureux. Il me connaît aussi remarquez. C'est pour cela et pour d'autres nombreuses raisons que ça tient la route nous deux. C'est pour cela que nous renouvelons notre amour le plus souvent possible et par tous les moyens possibles.

8.26.2007

vive la lumière

Je suis partie hier matin pour revenir tard. À bord de Jasmine la Fit, j'ai sillonné les routes qui relient le nord au sud, en passant par le centre, là où les interchangeurs tout en courbes nous permettent de ne pas s'y attarder. Aux côtés des autres flèches de métal à quatre roues, je suis passée d'une destination à l'autre en écoutant The Doors Live et puis, mon Nina Simone remixé. Shift, déshift. À un moment, mon pied barre dans une crampe.

Avec grand-maman, jusqu'en début d'après-midi, nous avons parlé, marché un peu, cuisiné, mangé, fait la vaisselle, joué aux cartes. Sur le point de partir, elle m'a dit de revenir, de refaire ça. Grand-maman aime avoir de la compagnie les fins de semaine. Septembre de retour, les activités de la Noblesse, là où elle habite, reprennent de plus belle. Au même titre que la programmation télé automne-hiver-printemps. Septembre est le temps de rentrer.

À bord de ma voiture, sur la 117 en direction de Ste-Thérèse, j'avais hâte d'arriver chez Dm., là où avait lieu notre fameuse réunion d'ex-universitaires. La plupart enseigne aujourd'hui. En fait, parmi ceux qui ont répondu présents, je suis la seule qui ne reprenait pas du service pour la rentrée. Ils ont tous une tache qui les attend, des élèves à rencontrer, des planifications à monter, une année scolaire à structurer. Ils sont des enseignants de morale et de religion de formation, bien qu'il faille dire maintenant éthique et diversité religieuse.

Je suis la deuxième arrivée à la maison à la galerie blanche. La porte s'ouvre et je vois une petite demoiselle aux cheveux bouclés courts. Dm., sa maman, me dit qu'elle s'appelle Md. et je la regarde d'un autre oeil sachant que c'est le prénom que M. et moi aimerions donné à notre fille - si fille il y a. Dm. est aussi mère d'un garçon, Jr., qui ne cesse de s'activer pendant que nous discutons au salon. Enfin, il y a Em. qui est arrivé en premier et Mt., l'amoureux de Dm. À quatre, nous parlons des cinq dernières années qui viennent de passer. Nous remettons nos pendules à l'heure. Je suis ci, je suis devenue ça, je suis passée par là. À chaque nouvelle arrivée, le discours repart. Nous nous questionnons l'un l'autre pour rattraper le temps perdu, les années passées séparés les uns des autres.

Certains ont gardé contact. Des amitiés qui ont évolué dans un futur commun. Quelques-uns sont maintenant parents, la plupart sont en couple. Gv. et Fb. habitent dans le nord, Pk. est dans l'est avec sa famille et j'apprends que Ls. et Ér. sont sur la rive-sud. Je leur dis que je suis leur voisine et Ls. pense à la Ludivine qui ne voulait pas quitter Montréal, à la mordue du bitume. Ls. et moi, ont a été de très bonnes amies. Je me souviens quand nous étions voisines pendant nos dernières années d'études. Je m'arrêtais chez elle en allant au marché Jean-Talon pour lui faire des coucous. Notre amitié est née parce qu'elle et Éc. sont devenus amoureux. Au début du bac, j'étais plus près d'Éc. Quand il a eu le béguin pour Ls., c'est d'elle que je me suis rapprochée. Mais hier, j'étais heureuse de les revoir tous les deux. J'étais heureuse de revoir tout le monde.

Je suis fière de constater que nous avons tous réussis à trouver notre niche, près à faire du mieux que nous pouvons pour aimer le monde qui nous entoure. De prendre racines dans un milieu, ça permet aux ramifications de se fortifier. Nul doute que Em. insuffle le respect aux élèves comme il nous l'explique, nul doute que Lr. fait rigoler les siens, nul doute que Ls. développe l'esprit de discernement et du langage avec les plus jeunes en pratiquant la philosophie pour enfants, nul doute que Mc. a appris à écouter après un éclair de maturité tel qu'il nous le mentionne, nul doute que Fb. injecte une folie douce dans son environnement de travail en montant des freaks shows avec les élèves, en les incitant à devenir des pirates pendant quelques jours, en organisant des concours de bolo ou en motivant ses élèves à apprendre à tricoter des carrés qui raboutés deviendront des couvertures pour les itinérants.

Vers la fin de la soirée, assis en cercle, nous ressassons nos souvenirs communs. Nous passons d'un prof à l'autre, d'un cours suivi à l'autre. Tous nous nous souvenons de Rc. qui crachait dans les coins des locaux pendant que nous faisons nos examens, nous nous souvenons du pauvre Mh. qui nous a enseigné le bouddhisme en franglais, de madame Tr. à l'enseignement tellement pathétique qu'il nous fallait aller nous requinquer avec deux, trois shooters au Sainte-Élizabeth pendant les pauses. Éc. et Mc. ont bonne mémoire pour les coups d'éclat que nous avons faits, eux étant en quelque sorte les spécialistes de cette époque de mutinerie. Ils nous rappellent comment ils avaient, avec Pt. qui n'était pas à la réunion parce qu'il est nouvellement papa, apporter une enregistreuse pour contre-enregistrer leur oral qui était enregistré par la prof, ce qui avait rendue la pauvre madame Tr. assez nerveuse. Nous reparlons des examens que nous avons fait collectivement quand Rc. feignait de sortir pour fumer un instant ou que j'avais réussi à mettre la main sur la copie d'examen refilée à la moitié du groupe qui avait le cours du soir plutôt que celui de l'après-midi, comme me le rappelle Pk. Nous critiquons certaine matière qui nous sont rentrées dans une oreille pour ressortir de l'autre. Par exemple, je n'ai absolument aucun souvenir du cours de méta-cognition, c'est tout dire. Remarquez, je ne me souviens pas non plus d'avoir bu du vin en plein atelier des valeurs avec Mc.

Nous nous quittons comme nous sommes venus, en donnant la bise et l'accolade. Je sais que chacun est encore aussi beau et bourré d'humanité qu'avant, sinon plus. Nous étions une sacrée bonne cuvée. Allumés. Prêts à faire rayonner la noblesse d'un coeur ouvert pour qu'un jour peut-être nous ne soyons plus que des boules d'amour. Peace.

8.23.2007

zen

Parfois, quand on discute, la conversation prend des airs de combat. Ce ton de confrontation me pue au nez. Je déteste dialoguer en sourds. J'essaie de faire preuve d'ouverture quand ça arrive, en me disant que je dois écouter l'autre, comprendre d'où son discours prend source. Alors j'écoute et là, quand l'interlocuteur a réponse à tout parce qu'il ou elle a tout vu ou tout vécu, je décroche. Même si la plupart du temps, l'interlocuteur ne bat pas en retraite. Avoir raison à tout prix. Dialogue d'aveugles aussi. Il n'y a pas de médaille à partager son opinion. Il n'y en a surtout pas à chercher à l'imposer. Alors, je le répète, je préfère battre en retraite en me retirant en douce, mais surtout pas en baissant la tête. Mes idées sont dans ma tête. Si je les soutiens, je leur dois mon allégeance en faisant preuve de confiance. Mes idées ne sont pas immuables. Je sais que mon opinion peut changer, que tout peut changer. Tout à part ce que je sens et ce que je tiens pour vrai par expérience. Mais toujours, toujours, il est possible que l'expérience sublime l'expérience elle-même et qu'à nouveau, il me faille restructurer ma pensée. Capacité d'adaptation, pouvoir d'humilité, volonté de vivre en harmonie. Je ne suis pas plus que rien du tout. Je suis tout.

8.21.2007

road trip

Cette semaine, je travaille de soir. Ça arrive de temps en temps. De 15 h à 23 h. Puisque nous habitons maintenant sur la rive-sud, il faut se débrouiller avec le véhicule pendant cette semaine-là parce que si je prends l'autobus, j'arrive à la maison vers 12 h 30. Alors, M. est venu hier soir me rejoindre et je suis descendue du onzième pour lui refiler la passe d'autobus. Jasmine le Fit était stationnée à l'avant du bâtiment et nous avons dévalé la Greene jusqu'à la station de métro.

Ce faisant, M. a ajouté quelques détails de sa première journée à son récit raconté plus tôt à ma pause de quinze minutes au téléphone. Bonne journée, bonne boîte où les anniversaires des employés sont soulignés de façon collective et où de nombreux collègues sont des sportifs mordus, bicyclette, baseball, volley-ball, hockey sur patins. Excellent pour développer l'esprit de camaraderie. Aussi, il semblerait que monsieur le président aurait dit à M., tout personnellement, que dans la boîte, ils voyagent beaucoup. M. doit faire les démarches pour son passeport et ça presse. Il pourrait aller en Chine, en Arabie Saoudite ou en Allemagne. N'importe où, ça serait toute une expérience pour lui. M. est heureux de son choix. Nous souhaitons son épanouissement. Ça prendra plus qu'une journée pour déterminer ça, mais disons que ça augure bien.

Plus tard, l'horloge indique qu'il est l'heure de rentrer. Je propose à Ib. de la laisser au métro où son autobus arrive à 23 h 12. Je m'installe derrière le volant et nous voilà lancées. Quatre minutes plus tard, la portière claque et je poursuis mon chemin vers le pont. Je me sens bien. J'écoute CISM. À cette heure tardive, il y a souvent des morceaux de musique expérimentale et ça ma plaît bien de voler sur la route accompagnée de ces bruits harmonieux.

J'ai obtenu mon permis sur le tard comme on dit. Une Montréalaise typique qui s'est déplacée pendant des années en autobus et en métro, une passe greffée à elle. Adolescente, je mettais le bout de carton dans ma poche arrière du pantalon que je portais pour la journée. Je n'ai jamais perdu de passe. Je me souviens des petits changements qui se sont opérés dans le transport en commun pendant mon vivant. Le bout de carton qui est devenu magnétique et qui fallait maintenant glisser dans une fente plutôt que de passer près du guichetier. La passe qui s'est plastifiée. La passe qui a augmenté à la vitesse moyenne d'un dollar par an. La passe qui ne coûte pas chère quand on calcule vraiment les économies que l'on fait comparativement à un véhicule, son immatriculation, les frais du permis, les assurances, l'essence, la mécanique d'entretien et celle de pépin, sans compter la réduction de l'empreinte écologique. En transport en commun, le pire qui puisse arriver, c'est un retard pour cause de panne, de conditions météo exceptionnelles, de tuyauterie vétuste qui a sauté dans un tunnel quelque part, de trafic sur le pont maintenant pour moi.

Mais voilà, on a une voiture et il nous en faut une pour pouvoir nous déplacer librement. Aller chez la parenté, faire les courses, éventuellement transporter bébé et tout l'attirail qui vient avec. Cette Jasmine la Fit, on l'a pour un bon bout. Elle a été choisie en conséquence du futur. Elle a aussi été choisie parce qu'elle est économique au niveau de sa consommation de carburant et performante côté conception, alors elle est écologique jusqu'à un certain point. Moins d'émission de GES et durabilité. C'est peu, mais c'est cela au moins.

Et cette voiture, j'aime la conduire. C'est la deuxième voiture que je conduis régulièrement. La première, c'était une Cavalier manuelle achetée avec mon ex parce qu'elle nous revenait pour un montant dérisoire même si elle était neuve. Son père, par le biais de son employeur, nous avait un rabais significatif et nous venions de terminer notre bac alors un autre montant était retranché. Cette voiture, je n'aimais pas la conduire. J'avais l'impression d'être couchée derrière le volant et en plus, j'étais morte de trouille à tous les coins de rues parce que j'avais peur de caler, ce qui arrivait souvent. Avec Jasmine, dès mon premier essai et même si ça faisait plus d'un an que je n'avais pas conduit, ça été le coup de foudre. J'ai trouvé le point de friction rapidement et même s'il m'arrive encore de caler, je m'en fous. Je tourne la clé à nouveau et je décolle sans gêne puisque ça arrive à tout le monde.

En fin de semaine, samedi, je vais conduire beaucoup, beaucoup plus je crois que je n'ai jamais conduit en une seule journée. Ça fait seulement cinq ou six ans que j'ai mon permis et il y a eu dans ces années des périodes de plus d'un an où je n'ai pas touché à la roue. Conduire, dans les premiers temps, me rendait terriblement nerveuse. Ce n'est qu'une boîte de métal après tout. Tous ces véhicules qui circulent à des vitesses folles quand on y réfléchit, ne sont que des boîtes de métal, du métal froissable et de la vitre qui éclate en mille miettes. J'avais peur du rythme. Mais je prends de l'assurance. En écoutant de la musique, c'est plus facile. On découvre son rythme.

8.19.2007

fille à maman

Vraiment ma maman habite un beau coin de pays. Les points scintillants sur le lac couleur saphir, les herbes folles et les fougères hautes du sous-bois de la forêt qui entoure la maison, les tiges majectueuses de ses plantes et fleurs, le confort de l'antre frais en été, chaud en hiver. Elle appelle sa maison la Belle au bois dormant parce que quand on s'y rend, le sommeil, la torpeur nous enveloppe. Peu nombreux sont ceux qui résistent à ce magnétisme mystérieux. Ma mère dit que c'est parce que son royaume est juché en altitude. Il y a du vrai dans tout ce qu'elle dit.

Depuis Pâques que nous n'étions allés. Le déménagement et le temps qui file sont nos pauvres excuses. Lorsqu'elle nous fait faire le tour des arrangements paysagers, elle est déçue que les fleurs soient fanées ou inexistantes. Les teintes des pétales étaient encore tellement éclatantes il y a une semaine à peine nous explique-t-elle. Elle nous présente les vivaces en les nommant, comme si elles étaient ses amis, en nous disant la couleur qu'elles déploient en temps de fleuraison. Maman travaille fort autour de sa maison. Quand je la regarde, je vois une force de la nature. Une force qui a planté deux cents cèdres en début d'été, une force qui a teint sa galerie de 40 pieds par 8 pieds environ, une force qui pellete son toit l'hiver après avoir grimpé dessus même si ma soeur G. la gronde à chaque fois en lui disant que si jamais elle glissait, on n'aurait aucune idée de ce qui serait arrivé. Maman habite seule voyez-vous, au milieu de nulle part puisqu'elle est à l'abri des voisins. Maman n'est pas vulnérable pour autant. Disons plutôt que son rêve de tranquillité s'est exaucé.

M. et moi sommes passés chercher grand-maman vers 10 h pour monter dîner chez maman. J'ai offert un pot de confiture trois fruits à mon aïeule qui est une source intarissable de connaissances culinaires. Dernièrement, nos conversations téléphoniques tournent autour de nos canages. Bientôt, il faudra nous lancer dans les tomates si on veut des sauces tomates exquises en plein mois de janvier. Du gros boulot, mais c'est un coup à donné.

Nous sommes arrêtés au village pour faire quelque course au Rachelle-Béry. C'est la deuxième fois que nous amenons grand-maman dans les magasins d'aliments naturels. Avec son sac à main accroché à son bras, elle se promenait dans les allées, l'oeil ouvert, à la découverte de tous ces produits différents et pourtant similaires à ceux qu'elle achète. Il y a de tout ici qu'elle dit. Oui, de tout. Jusqu'à la crème à raser concoctée à base d'ingrédients biologiques. Elle rit quand je lui montre les canettes de liqueur dans un bac. Mon Dieu, c'est pas possible tout ce qui se fait.

Notre repas est copieux. Grand-maman a apporté de beaux épis dodus, une salade de chou coupé en fines lanières et de délicieux pâtés aux patates maison assaisonnés de sariette. Je prépare une soupe aux légumes en y incorporant des bouts de tomates italiennes de notre jardin et des grains de riz brun court. En dégustant le plat chaud, grand-maman me demande si c'est de l'orge quand elle voit la céréale éclatée au fond de sa cuillère. Pour le dessert, nous engloutissons tous les biscuits brisures de chocolat et noix de Grenoble que grand-maman dit avoir fait de façon approximative. M. qui n'est pas une dent sucrée en mange à peu près six à lui seul. Maman et moi, on s'occupe du reste. Un véritable repas de rois.

Après, on s'asseoit au salon et on jase de tout et de rien pendant que je feuillète les Point de Vue à la recherche du plus récent pour lire à voix haute les horoscopes des signes présents. Cette fois, je laisse tomber parce que maman part en flèche en bas pour remonter avec les magazines qu'elle destine à B. à Hong Kong parce que Gb. la fille de Bb., mon beau-frère, repart pour l'autre bout du monde bientôt et qu'elle va visiter grand-maman demain.

À un moment, Lc. arrive dans sa décapotable de la même couleur que le lac. Elle nous raconte comment elle est devenue agent immobilier. Cette cousine de maman est un peu comme une tante pour moi. Elle, son mari et ses fils ont toujours été présents autour de notre noyau familial. Elle nous parle des propriétés qu'elle doit dénicher pour certains clients qu'elle a rencontrés en faisant deux gardes au bureau de La Capitale. Elle se monte une clientèle. Ça prend du temps, mais aucun de nous n'est inquiet pour cette femme extravertie bourré d'entregent.

Nous quittons avant le souper pour éviter le trafic du dimanche soir. M. nous fait remarquer en sortant du village que c'est la première fois que nous faisons le trajet du village à la rive-sud. Nous déposons grand-maman après un détour dû à la construction sans fin de la 15. Il y a six ans quand je travaillais à St-Jérôme, il y avait de la construction. Depuis, les panneaux oranges n'ont été que déplacés d'un tronçon à l'autre le long de cette artère névralgique. Plus loin pendant notre trajet, tout près de la maison, de l'autre côté de Champlain, les panneaux oranges réapparaissent. Décidément, c'est la saison des travaux routiers.

Demain matin, M. commence son nouveau boulot. Il fait une cocotte sur notre divan orange (!) en arrivant. Je le couvre d'un châle en cachemire que ma mère m'a offert parce qu'il est troué à certains endroits, mais qu'il peut encore être enroulé autour d'épaules comme j'aime le faire. Il est grand comme une couverture. Il est doux, il sent bon. Si j'étais une enfant, il deviendrait ma doudou. Mais je suis une adulte alors il sera mon foulard. Parfait, le temps froid est revenu et bientôt, j'aurai trente ans.

8.17.2007

déclin

Sur le chemin du retour de m'acheter un cupcake du Fournil rue Victoria, je me dis que j'aimais mieux quand il ne rajoutait pas de colorant au crémage au beurre. Le goût du rose me râpe la gorge. Et là, tout à coup, je vois un jeune labrador blond au pelage en couettes au bout d'une laisse tenue par une jeune garçon à la chevelure blonde décoiffée. Le maître et le chien, relation fusionnelle. Au même moment, de l'autre côté de la rue, un vieil homme aux lunettes avec double fonds promène son chien au museau blanchi. Leur pas est lent et précautionneux. Ce jeu de miroirs opposant deux âges est épatant, le genre de tableau vivant qui dépasse la meilleure mise en scène.

Plus loin sur ma route, je vois deux écureuils. Un court avec sa cacahouète coincée entre ses dents. Il cherche à l'enfouir, mais du coin de l'oeil, il m'aperçoit. Il bondit à la recherche d'un endroit plus discret. Le second écureuil n'en a rien à cirer de la tranquillité. Il cache son magot en repoussant la terre des ses petites pattes griffées, juste sur le bord du ruban d'asphalte pour piétons. Le temps froid approche, c'est indéniable.

Quand j'attendais le bus ce matin à 6 h 23, j'ai remarqué la buée que mon souffle lançait devant mon visage. J'ai remonté mon capuchon sur ma tête. La brise de l'aube était froide et je me disais que j'aurais dû mettre des bas dans mes Crocs. Bientôt septembre. Mais août tient bon. Cet après-midi, dans le parc, l'estomac sur le point de recevoir une dose de sucre à décortiquer, j'avais chaud, bien qu'à la météo ils n'aient annoncé qu'un pauvre petit maximum de 22 degrés et un orage. En levant la tête, j'ai apprécié la teinte profonde du bleu uniforme pour me gorger de l'été avant qu'il ne s'évanouisse et faire des conserves de ces jours lumineux dans ma mémoire afin de les décapsuler en temps voulu. Pop.

8.15.2007

tout baigne

Il ne m'appelle jamais au travail. C'est comme ça. Il a l'idée fixe de ne pas mélanger conversation personnelle et environnement professionnel. Quand je l'appelais à son boulot, les rares fois où je devais absolument lui parler, je sentais toujours un mélange de désapprobation et d'urgence dans sa voix blanche.

Alors quand je l'entends à l'autre bout du fil aujourd'hui aux alentours de 10 h 45 ce matin, j'écoute. Il m'annonce qu'il a reçu une offre et qu'il va dire oui. Nous en parlions justement hier soir au-dessus de la préparation du tofu au gingembre. Il me disait qu'il ne savait plus si ça serait une bonne place pour lui. Je lui disais de parler de ses questionnements avec la personne qui le contacterait, des trucs à voir avec l'horaire de travail, les heures supplémentaires, la complexité des tâches à accomplir. Quand il a réalisé qu'on lui offrait le poste, à lui et pas à un des six autres candidats, il en a parlé, s'est exprimé, et voilà, monsieur commence lundi.

M. est un super-héros. Je le lui dis tout le temps. Il est un champion. Il trime dur et il se brasse les méninges. Professionnellement, il carbure au défi. Et je ne l'aime que plus qu'en il m'explique les astuces qui lui sont apparues telles des inspirations de muses ou qu'il me dit qu'il a codé toute la nuit dans ses rêves pour finalement trouvé la solution d'un bug. Ce qui l'anime au boulot, c'est la volonté de se surpasser et de faire le travail de la meilleure façon possible. Si nous travaillerions au même endroit sans être des amoureux, nous tomberions amoureux à partir de zéro. Nous nous reconnaîtrions comme étant de la même espèce, celle de ceux qui ne tournent pas les coins ronds et qui prennent l'initiative.

Hier encore, Cr., la femme de At. l'ancien collègue de M., m'écrit pour me dire que pour eux, c'est bon, monsieur s'est fait offert un boulot et qu'ils peuvent respirer. Aujourd'hui, M. a eu d'autres nouvelles de gens qui s'étaient faits licenciés en même temps qu'eux et tous ce sont retrouvés du travail. L'économie du Canada roule. Le taux de chômage n'a jamais été aussi bas et M. repart joindre les rangs des employés avec un immense sourire aux lèvres.

Selon la légende, Dieu nous a bien dit qu'il nous condamnait à bosser à partir du moment que nous avions voulu nous séparer de notre innocence d'êtres perdus au paradis. Mais savions-nous que le travail serait notre santé? Santé mentale j'entends bien. Avoir un sens de ce pourquoi nous continuons d'étayer nos connaissances, avoir un sens de ce pourquoi nous engraissons nos cellules grises, de ce pourquoi nous tendons les muscles, nous apprenons à communiquer. Notre bouillie doit être malaxée pour créer. Il faut faire battre le sang dans nos synapses pour continuer d'être plus. Plus. Toujours. Pas matériellement. Plus. Plus près de nous, de notre véritable valeur. Plus près de notre potentiel. M. est un super-héros.

8.13.2007

menoum






8.11.2007

pas de garantie

Bon, parfois, j'ai un trop plein et le sujet m'échappe. Je lance tout comme une gouache qu'il me fallait absolument expulsée de crainte de me faire contaminer l'émotivité. Écrire, c'est parfois ça, se vider le coeur, cracher le morceau. La vie c'est beau, mais ce n'est pas toujours simple. Cette histoire de désir, c'est une limace qui se trimballe dans moi. Elle avance lentement en laissant derrière elle un sillon baveux et moi, je n'ai que ma volonté pour effacer cette trace. On a tous des points faibles et celui-là, c'est peut-être mon plus dangereux. Mais dangereux pour qui? Eh bien, dangereux pour la tranquillité du couple qui se donne l'un à l'autre. M. et moi, on est sur le même chemin. N'est-il pas normal qu'il soit au courant de cette chose qui pourrait se dresser entre nous un jour?

Assez dit là-dessus, l'intimité, c'est intime.

Passons plutôt au fait que mon chéri de génie ou mon génie de chéri, selon, a une nouvelle machine sur laquelle bosser. Parce que nous travaillons beaucoup tous les deux sur l'ordinateur et que depuis notre emménagement au paradis nous n'avions qu'une seule station, nous avons été trouver la bombe qui allait répondre aux critères de rêve de M. Maintenant, à l'instant où je tape ses mots, il fouille sa boîte intelligente pour la nettoyer de tous ses foutus parasites que le concepteur a caché ici et là. Il jubile. Debout depuis 5 h ce matin parce que trop fébrile, il a réussi à faire beaucoup.

Hier soir chez Best Buy, vous auriez dû le voir hésiter à prendre le Geak Gold, service offert pour "installer" l'appareil et vous le rendre "clé en main". Finalement, il a dit non merci et a réussi à tout faire par lui-même.

Nous avons compris que le monde de la technologie est de plus en plus mesquin. Que ce soit le vendeur qui nous raconte des histoires d'horreur du genre "un appareil de nos jours a besoin d'une moyenne de deux réparations majeures sur une période de trois ans" pour nous vendre sa garantie à 129,99 $ - prix d'amis précise-t-il en plus -, Microsoft qui vend son Vista une petite fortune et qui ne fournit plus le disque original avec les PC ou les fabricants qui n'incluent plus de câbles USB avec les imprimantes - lire ici 29,99 $ en plus du prix de l'imprimante. Nous sommes ressortis avec notre PC, sans garantie, sans frais d'installation et puis, finalement, on fera rembourser le dit câble parce que M. a en trouvé un à la maison que nous réutiliserons. Bien sûr, si ça avait été moi sans M. j'aurais fait appel au Geak produit parce que je n'y comprends rien à rien.

Je vous quitte sur une touche d'absurdité. Pendant que je relisais mes derniers paragraphes, M. et moi avons entendu un bruit qui m'a fait dire: "On dirait le pas d'un cheval." Et puis, il est apparu cet animal impressionnant avec sa robe lustrée et brune tirant un attelage dans laquelle un vieil homme était assis, l'air fier. Il s'arrêta pour jaser un brin avec notre voisin mécanicien qui avait encore les mains dans un moteur. Vraiment, au paradis, on peut s'attendre à tout.

8.09.2007

tempête

Ma soeur B. me parle d'un auteur, Françoise Simpère*, une femme, une Française, mais qu'importe. Elle écrit des romans érotiques basés sur sa relation open avec son mari. Ils sont ensemble depuis trente ans et semble-t-il, heureux. Ils se sont permis d'autres partenaires. En fait, je crois que "permettre" ne serait pas le terme approprié. Je crois qu'il faudrait plutôt y référer comme une entente. Ils ont tracé les limites de leur relation. Pas à partir de la relation modèle, mais de la leur, de celle qui les concerne tous les deux, et dans ces deux, chacun d'eux, l'un et l'autre. Ensemble, ils ont dit oui à une façon de vivre l'amour et le partenariat de façon singulière, pas selon ce que la société dicte: l'amour sans fissure, sans craque, l'amour fidèle, l'amour monogame et idéal. Maudits contes d'enfants si vous voulez mon avis. Ils sont responsables, en grande partie, de cette idylle mythique de l'homme valeureux qui happe la femme aux airs de princesse pour voler ensemble vers un futur sans faille.

Honnêtement, je crois qu'il est venu le temps où la communication doit s'attaquer à ces tabous que sont le désir extra-conjugual, le conflit engendré par un élan de la sorte versus l'amour tissé au quotidien. Il faut en parler je crois pour savoir reconnaître chaque chose pour ce qu'elle est quand elle se présente, le désir est du désir et puis l'amour est l'amour. Il faut ne pas avoir peur des mots quand la réalité rattrape. Il faut être assez honnête pour ne pas jouer à l'autruche et se dire que ça n'arrive qu'aux autres. Bien au contraire, l'amour sans tempête pendant des décennies, c'est ça qui relève du domaine du rêve et de l'irréel.

Peut-être était-ce à cause des expériences amoureuses que j'ai vécues que je crois qu'il faut avoir cette lucidité à propos des relations amoureuses. Peut-être était-ce à cause des expériences de tous ceux et celles qui m'entourent, mère, soeurs, amis. Quoi qu'il en soit, je crois qu'une grande part de l'amour repose justement sur une entente, sur un besoin de faire le point une fois de temps en temps pour remettre cette pendule à l'heure et rappeler à soi-même et à notre partenaire que la vie réserve des surprises et que si on décide de tenir bon, on peut peut-être continuer ensemble à être heureux, malgré l'ampleur de l'élément déstabilisateur.

* www.fsimpere.over-blog.com

8.07.2007

on croise les doigts

Grosse soirée. Deux heures de popote, straight. M. se prépare pour une entrevue qu'il passera demain matin à 9 h 30. Alors, je prépare la quiche et les patates sautées pour ce soir, mais aussi le chili parce que quand je quitterai pour le boulot demain, je devrai avoir deux lunchs dans ma boîte. J'ai une longue journée de boulot devant moi. Une opportunité de temps supplémentaire que j'ai acceptée. Je suis fatiguée à l'avance. Heureusement, une fois n'est pas coutume.

M. a nettoyé Nougat le gros chat aujourd'hui. Son poil sent bon la peluche neuve. Il m'explique, quand je rentre du travail, qu'il l'a installée dans la baignoire dans laquelle il a grimpée lui aussi. Il a installé une serviette dans le fond, au cas où ses griffes arrière ne cherchent à se planter dans le matériau plastifié du bain dans un réflexe de panique. Il me dit que quand il ouvrit l'eau, Nougat se raidit et se prépara à bondir, mais qu'ensuite, il ouvrit le jet plutôt et là, il réussit à l'asperger doucement. L'important, c'est qu'il soit parvenu à l'astiquer gentiment avec le shampooing à l'aloès qu'il a choisi pour ses vertus hydratantes.

La vétérinaire que nous avons rencontrée samedi m'a appelée ce soir pour me donner les résultats de la prise de sang qu'elle a voulu faire sur mon gros chaton d'amour. Son profil gériatrique qu'elle m'explique, pour savoir si son état de santé global est bon. Eh bien, elle me dit qu'il n'est pas si bon que ça. Elle serait à la limite de l'hyperthyroïdie. Les symptômes qu'elle me décrit ne reflète pas du tout l'état de Nougat: énergique plus qu'à la normale, perte de poids, augmentation de l'appétit. Nougat est toujours la même. Elle s'étend dans le couloir dans le jour ou se roule en boule sur son siège l'après-midi, les visiteurs me demandent si elle est enceinte et elle ne mange pas toutes ses graines si elle les considère trop sèche - lire ici que madame Nougat est capricieuse et qu'elle sait reconnaître de la nourriture plus fraîche à celle du fond du sac. Ces nouvelles ne font pas plaisir à entendre, mais tout de même, elle célébrera son douzième anniversaire en octobre. Il faut que je sois à l'écoute de mon animal préféré.

Je n'ai pas terminé la lecture de Harry Potter, mais bon Dieu que c'est un univers foisonnant. L'imaginaire de l'auteure m'impressionne. Vraiment, elle a un talent indéniable pour conter une histoire et ficeler l'aventure. Quand j'ouvre la brique qu'une de mes patronnes a pris pour un dictionnaire aujourd'hui, je décroche et j'accroche. Je suis plongée dans un monde de capes et de baguettes, de sorts et de péripéties. Imaginez, Ch. cette patronne pensait que je m'amusais à lire un dictionnaire. N. ma patronne a fait une blague et a lancé: "Elle est zélée mais pas à ce point-là!" Décidément, je me demande avec quels yeux les gens me voient parfois.

8.05.2007

que dire

Parfois, je ne sais pas quoi vous écrire quand je m'asseois devant l'écran. C'est rare, mais des fois, j'ai l'impression qu'il n'y a rien à dire.

Dire que je suis plongée dans le dernier Harry Potter, comme tant d'autres. Dire que nous revenons de savourer la superbe glace maison de Hartley, déjà dit. Dire que je pourvuis l'écriture de mon bouquin et que ça avance bien. Ça, je ne peux pas vous en dire plus. Dire que nous avons beaucoup ri ce week-end M. et moi et vraiment, une relation anoureuse a des beaux sommets. Comme un biorythme. Nous voguons sur un high, c'est certain.

Il ne s'est toujours pas trouvé de boulot. Mais vraiment, ça ne nous inquiète pas trop. Il a postulé pour un emploi à St-Hubert-on-the-beach. Ce serait parfait. Il a postulé pour une pognée d'autres possibilités.

Je pourrais vous dire ceci de nouveau.

M. et moi, depuis deux semaines, nous allons chercher des fruits et des légumes tout frais chez un fermier sur le chemin De la Savanne. La banlieue, c'est encore la campagne à certains endroits. Là, les champs s'allongent en rang d'oignons et les fermes tiennent le compte des années au fil des récoltes entassées. La femme qui nous sert nous dit, quand nous quittons, que nous sommes sympathiques, revenez, qu'elle nous dit. Oui, oui, nous reviendrons parce qu'elle aussi est charmante. Elle nous dit que ce sont les premiers bleuets sauvages de l'année et que les framboises arrivent de Saint-Nicolas, près de Québec. Les minces épis s'empilent dans une petite charette et quand nous les grugeons pour le souper, nous constatons qu'ils sont savoureux. Je prends aussi des fèves jaunes et vertes, des oignons jaunes, un petit melon d'eau et des carottes longues comme des doigts. Manger local vaut autant que manger bio. Surtout maintenant, pendant notre saison d'abondance.

8.02.2007

dans le jardin

Au petit matin, quand tous les voisins roupillent encore au frais, je débarre le cabanon et je remarque que la bestiole - parce que bestiole il y a, mais nous ignorons si c'est une souris, un mulot ou un écureuil - a grugé le plastique de la petite poubelle à la recherche de nourriture, mais en vain, puisque la poubelle est vidée, et le restera jusqu'à nouvel ordre, justement pour la désintéresser. Nous avons d'abord remarqué la venue de la bestiole quand j'ai constaté que mes sacs de grains pour les oiseaux étaient percés par ce qui semblait être une très petite dentition. Depuis, nous prenons des mesures dissuasives en coupant ses sources de ravitaillement. Après un coup de balai dans le cabanon, je me dirige vers notre balcon où les oiseaux affamés ont fait choir les écailles de tournesol noir un peu partout. Ensuite, j'enfile mes gants rugueux et maintenant tachés de terre pour faire le tour des plants.

Armée de mon sécateur, je coupe toutes les feuilles jaunies, toutes celles rabougries, je cisaille les inflorescences séchées du géranium rouge, cadeau de F. à M., du vieux loup au jeune loup. Je bêche la terre autour du pied du rosier, qui reprend de plus belle puisqu'il refleurit, pour la faire aérer. M., de la fenêtre de la chambre au-dessus de moi accroupie, me dit que le jardin n'a pas été arrosé hier soir. Je tire le boyau d'arrosage jusqu'à la parcelle jardinée et j'abreuve les racines de nos pourvoyeurs de produits frais. Je termine avec les plants en pot. Je remarque celui du bananier que M. a transplanté hier. Quatre bébés s'accrochaient à son tronc. Ils sont maintenant frêles et debout dans leur petit pot de terre cuite. M. s'inquiète sur leur chance de survie. Je suis convaincue qu'ils iront très bien.

Après l'arrosage, je rechausse les oignons, je ramasse les fleurs de zucchini tombées pour ne pas qu'elles pourrissent dans l'humidité du terreau. Je regarde où en sont rendus les plants de tomates que j'ai éclaircis il y a quatre jours pour optimiser le développement des fruits, conseil répété par Bb., mon beau-frère à Hong Kong, G., ma soeur, et ma grand-maman. Les tiges coupées aux aisselles ont été tassées dans un seau et submergées d'eau pour faire un thé fertilisant que je réinjecterai aux pieds des plants de tomates, conseil de S., mon amie qui travaille cet été avec les tout-petits dans un jardin communautaire. Je pompe ensuite le thé fertilisant du compost qui s'accumule dans la base supportant la sphère. Je remplis deux autres bouteilles de 1.5 litres de ce liquide odorant et ambré que je dépose près des autres sur le comptoir du cabanon.

Pendant cette tournée, Nougat le gros chat passe d'un coin à l'autre de la cour. Du coin de l'oeil, je surveille ses allées et venues. Il ne faut pas qu'elle réussisse à échapper à ma vigilance pour se faufiler sous la clôture. Bien que nous ayons installé des planches pour bloquer la majorité des ouvertures, certaines plus difficiles d'accès pour nous, restent des possibilités pour elle qui pourrait s'y glisser en félin qu'elle est. Une fois toutes mes petites tâches accomplies, je décide de brosser son pelage noir comme l'encre. En ronronnant bruyamment pour me signifier son agrément, elle se frotte le museau sur mon genou et je l'embrasse sur le plat de la tête. Je l'adore ma petite patte de velours.

Nous rentrons et je tiens au creux de ma main, une cerise de terre et une tomate verte que j'ai trouvée par terre. Je la mettrai dans un sac de papier pour qu'elle poursuive son mûrissement. À date, de notre jardin, nous avons mangé deux concombres citron, trois libanais, plusieurs cerises de terre et quelques tomates cerise. M. a récolté des tomates hier et un beau zucchini. L'aventure continue.