orphelins de l'Éden

8.19.2007

fille à maman

Vraiment ma maman habite un beau coin de pays. Les points scintillants sur le lac couleur saphir, les herbes folles et les fougères hautes du sous-bois de la forêt qui entoure la maison, les tiges majectueuses de ses plantes et fleurs, le confort de l'antre frais en été, chaud en hiver. Elle appelle sa maison la Belle au bois dormant parce que quand on s'y rend, le sommeil, la torpeur nous enveloppe. Peu nombreux sont ceux qui résistent à ce magnétisme mystérieux. Ma mère dit que c'est parce que son royaume est juché en altitude. Il y a du vrai dans tout ce qu'elle dit.

Depuis Pâques que nous n'étions allés. Le déménagement et le temps qui file sont nos pauvres excuses. Lorsqu'elle nous fait faire le tour des arrangements paysagers, elle est déçue que les fleurs soient fanées ou inexistantes. Les teintes des pétales étaient encore tellement éclatantes il y a une semaine à peine nous explique-t-elle. Elle nous présente les vivaces en les nommant, comme si elles étaient ses amis, en nous disant la couleur qu'elles déploient en temps de fleuraison. Maman travaille fort autour de sa maison. Quand je la regarde, je vois une force de la nature. Une force qui a planté deux cents cèdres en début d'été, une force qui a teint sa galerie de 40 pieds par 8 pieds environ, une force qui pellete son toit l'hiver après avoir grimpé dessus même si ma soeur G. la gronde à chaque fois en lui disant que si jamais elle glissait, on n'aurait aucune idée de ce qui serait arrivé. Maman habite seule voyez-vous, au milieu de nulle part puisqu'elle est à l'abri des voisins. Maman n'est pas vulnérable pour autant. Disons plutôt que son rêve de tranquillité s'est exaucé.

M. et moi sommes passés chercher grand-maman vers 10 h pour monter dîner chez maman. J'ai offert un pot de confiture trois fruits à mon aïeule qui est une source intarissable de connaissances culinaires. Dernièrement, nos conversations téléphoniques tournent autour de nos canages. Bientôt, il faudra nous lancer dans les tomates si on veut des sauces tomates exquises en plein mois de janvier. Du gros boulot, mais c'est un coup à donné.

Nous sommes arrêtés au village pour faire quelque course au Rachelle-Béry. C'est la deuxième fois que nous amenons grand-maman dans les magasins d'aliments naturels. Avec son sac à main accroché à son bras, elle se promenait dans les allées, l'oeil ouvert, à la découverte de tous ces produits différents et pourtant similaires à ceux qu'elle achète. Il y a de tout ici qu'elle dit. Oui, de tout. Jusqu'à la crème à raser concoctée à base d'ingrédients biologiques. Elle rit quand je lui montre les canettes de liqueur dans un bac. Mon Dieu, c'est pas possible tout ce qui se fait.

Notre repas est copieux. Grand-maman a apporté de beaux épis dodus, une salade de chou coupé en fines lanières et de délicieux pâtés aux patates maison assaisonnés de sariette. Je prépare une soupe aux légumes en y incorporant des bouts de tomates italiennes de notre jardin et des grains de riz brun court. En dégustant le plat chaud, grand-maman me demande si c'est de l'orge quand elle voit la céréale éclatée au fond de sa cuillère. Pour le dessert, nous engloutissons tous les biscuits brisures de chocolat et noix de Grenoble que grand-maman dit avoir fait de façon approximative. M. qui n'est pas une dent sucrée en mange à peu près six à lui seul. Maman et moi, on s'occupe du reste. Un véritable repas de rois.

Après, on s'asseoit au salon et on jase de tout et de rien pendant que je feuillète les Point de Vue à la recherche du plus récent pour lire à voix haute les horoscopes des signes présents. Cette fois, je laisse tomber parce que maman part en flèche en bas pour remonter avec les magazines qu'elle destine à B. à Hong Kong parce que Gb. la fille de Bb., mon beau-frère, repart pour l'autre bout du monde bientôt et qu'elle va visiter grand-maman demain.

À un moment, Lc. arrive dans sa décapotable de la même couleur que le lac. Elle nous raconte comment elle est devenue agent immobilier. Cette cousine de maman est un peu comme une tante pour moi. Elle, son mari et ses fils ont toujours été présents autour de notre noyau familial. Elle nous parle des propriétés qu'elle doit dénicher pour certains clients qu'elle a rencontrés en faisant deux gardes au bureau de La Capitale. Elle se monte une clientèle. Ça prend du temps, mais aucun de nous n'est inquiet pour cette femme extravertie bourré d'entregent.

Nous quittons avant le souper pour éviter le trafic du dimanche soir. M. nous fait remarquer en sortant du village que c'est la première fois que nous faisons le trajet du village à la rive-sud. Nous déposons grand-maman après un détour dû à la construction sans fin de la 15. Il y a six ans quand je travaillais à St-Jérôme, il y avait de la construction. Depuis, les panneaux oranges n'ont été que déplacés d'un tronçon à l'autre le long de cette artère névralgique. Plus loin pendant notre trajet, tout près de la maison, de l'autre côté de Champlain, les panneaux oranges réapparaissent. Décidément, c'est la saison des travaux routiers.

Demain matin, M. commence son nouveau boulot. Il fait une cocotte sur notre divan orange (!) en arrivant. Je le couvre d'un châle en cachemire que ma mère m'a offert parce qu'il est troué à certains endroits, mais qu'il peut encore être enroulé autour d'épaules comme j'aime le faire. Il est grand comme une couverture. Il est doux, il sent bon. Si j'étais une enfant, il deviendrait ma doudou. Mais je suis une adulte alors il sera mon foulard. Parfait, le temps froid est revenu et bientôt, j'aurai trente ans.

1 Comments:

At 9:21 a.m., Anonymous Anonyme said...

J'espere que tu vas me garder un pot de tes tomates !! Et a part de ca j'en connais une qui est plus vieille que toi qui a un doudou encore !!

BF

 

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