orphelins de l'Éden

8.15.2007

tout baigne

Il ne m'appelle jamais au travail. C'est comme ça. Il a l'idée fixe de ne pas mélanger conversation personnelle et environnement professionnel. Quand je l'appelais à son boulot, les rares fois où je devais absolument lui parler, je sentais toujours un mélange de désapprobation et d'urgence dans sa voix blanche.

Alors quand je l'entends à l'autre bout du fil aujourd'hui aux alentours de 10 h 45 ce matin, j'écoute. Il m'annonce qu'il a reçu une offre et qu'il va dire oui. Nous en parlions justement hier soir au-dessus de la préparation du tofu au gingembre. Il me disait qu'il ne savait plus si ça serait une bonne place pour lui. Je lui disais de parler de ses questionnements avec la personne qui le contacterait, des trucs à voir avec l'horaire de travail, les heures supplémentaires, la complexité des tâches à accomplir. Quand il a réalisé qu'on lui offrait le poste, à lui et pas à un des six autres candidats, il en a parlé, s'est exprimé, et voilà, monsieur commence lundi.

M. est un super-héros. Je le lui dis tout le temps. Il est un champion. Il trime dur et il se brasse les méninges. Professionnellement, il carbure au défi. Et je ne l'aime que plus qu'en il m'explique les astuces qui lui sont apparues telles des inspirations de muses ou qu'il me dit qu'il a codé toute la nuit dans ses rêves pour finalement trouvé la solution d'un bug. Ce qui l'anime au boulot, c'est la volonté de se surpasser et de faire le travail de la meilleure façon possible. Si nous travaillerions au même endroit sans être des amoureux, nous tomberions amoureux à partir de zéro. Nous nous reconnaîtrions comme étant de la même espèce, celle de ceux qui ne tournent pas les coins ronds et qui prennent l'initiative.

Hier encore, Cr., la femme de At. l'ancien collègue de M., m'écrit pour me dire que pour eux, c'est bon, monsieur s'est fait offert un boulot et qu'ils peuvent respirer. Aujourd'hui, M. a eu d'autres nouvelles de gens qui s'étaient faits licenciés en même temps qu'eux et tous ce sont retrouvés du travail. L'économie du Canada roule. Le taux de chômage n'a jamais été aussi bas et M. repart joindre les rangs des employés avec un immense sourire aux lèvres.

Selon la légende, Dieu nous a bien dit qu'il nous condamnait à bosser à partir du moment que nous avions voulu nous séparer de notre innocence d'êtres perdus au paradis. Mais savions-nous que le travail serait notre santé? Santé mentale j'entends bien. Avoir un sens de ce pourquoi nous continuons d'étayer nos connaissances, avoir un sens de ce pourquoi nous engraissons nos cellules grises, de ce pourquoi nous tendons les muscles, nous apprenons à communiquer. Notre bouillie doit être malaxée pour créer. Il faut faire battre le sang dans nos synapses pour continuer d'être plus. Plus. Toujours. Pas matériellement. Plus. Plus près de nous, de notre véritable valeur. Plus près de notre potentiel. M. est un super-héros.

2 Comments:

At 3:56 p.m., Anonymous Anonyme said...

Bravo!
Félicitations!

Bonne chance dans ton nouvel emploi Mathieu!

J

 
At 10:15 a.m., Anonymous Anonyme said...

Merci!
M

 

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