orphelins de l'Éden

8.21.2007

road trip

Cette semaine, je travaille de soir. Ça arrive de temps en temps. De 15 h à 23 h. Puisque nous habitons maintenant sur la rive-sud, il faut se débrouiller avec le véhicule pendant cette semaine-là parce que si je prends l'autobus, j'arrive à la maison vers 12 h 30. Alors, M. est venu hier soir me rejoindre et je suis descendue du onzième pour lui refiler la passe d'autobus. Jasmine le Fit était stationnée à l'avant du bâtiment et nous avons dévalé la Greene jusqu'à la station de métro.

Ce faisant, M. a ajouté quelques détails de sa première journée à son récit raconté plus tôt à ma pause de quinze minutes au téléphone. Bonne journée, bonne boîte où les anniversaires des employés sont soulignés de façon collective et où de nombreux collègues sont des sportifs mordus, bicyclette, baseball, volley-ball, hockey sur patins. Excellent pour développer l'esprit de camaraderie. Aussi, il semblerait que monsieur le président aurait dit à M., tout personnellement, que dans la boîte, ils voyagent beaucoup. M. doit faire les démarches pour son passeport et ça presse. Il pourrait aller en Chine, en Arabie Saoudite ou en Allemagne. N'importe où, ça serait toute une expérience pour lui. M. est heureux de son choix. Nous souhaitons son épanouissement. Ça prendra plus qu'une journée pour déterminer ça, mais disons que ça augure bien.

Plus tard, l'horloge indique qu'il est l'heure de rentrer. Je propose à Ib. de la laisser au métro où son autobus arrive à 23 h 12. Je m'installe derrière le volant et nous voilà lancées. Quatre minutes plus tard, la portière claque et je poursuis mon chemin vers le pont. Je me sens bien. J'écoute CISM. À cette heure tardive, il y a souvent des morceaux de musique expérimentale et ça ma plaît bien de voler sur la route accompagnée de ces bruits harmonieux.

J'ai obtenu mon permis sur le tard comme on dit. Une Montréalaise typique qui s'est déplacée pendant des années en autobus et en métro, une passe greffée à elle. Adolescente, je mettais le bout de carton dans ma poche arrière du pantalon que je portais pour la journée. Je n'ai jamais perdu de passe. Je me souviens des petits changements qui se sont opérés dans le transport en commun pendant mon vivant. Le bout de carton qui est devenu magnétique et qui fallait maintenant glisser dans une fente plutôt que de passer près du guichetier. La passe qui s'est plastifiée. La passe qui a augmenté à la vitesse moyenne d'un dollar par an. La passe qui ne coûte pas chère quand on calcule vraiment les économies que l'on fait comparativement à un véhicule, son immatriculation, les frais du permis, les assurances, l'essence, la mécanique d'entretien et celle de pépin, sans compter la réduction de l'empreinte écologique. En transport en commun, le pire qui puisse arriver, c'est un retard pour cause de panne, de conditions météo exceptionnelles, de tuyauterie vétuste qui a sauté dans un tunnel quelque part, de trafic sur le pont maintenant pour moi.

Mais voilà, on a une voiture et il nous en faut une pour pouvoir nous déplacer librement. Aller chez la parenté, faire les courses, éventuellement transporter bébé et tout l'attirail qui vient avec. Cette Jasmine la Fit, on l'a pour un bon bout. Elle a été choisie en conséquence du futur. Elle a aussi été choisie parce qu'elle est économique au niveau de sa consommation de carburant et performante côté conception, alors elle est écologique jusqu'à un certain point. Moins d'émission de GES et durabilité. C'est peu, mais c'est cela au moins.

Et cette voiture, j'aime la conduire. C'est la deuxième voiture que je conduis régulièrement. La première, c'était une Cavalier manuelle achetée avec mon ex parce qu'elle nous revenait pour un montant dérisoire même si elle était neuve. Son père, par le biais de son employeur, nous avait un rabais significatif et nous venions de terminer notre bac alors un autre montant était retranché. Cette voiture, je n'aimais pas la conduire. J'avais l'impression d'être couchée derrière le volant et en plus, j'étais morte de trouille à tous les coins de rues parce que j'avais peur de caler, ce qui arrivait souvent. Avec Jasmine, dès mon premier essai et même si ça faisait plus d'un an que je n'avais pas conduit, ça été le coup de foudre. J'ai trouvé le point de friction rapidement et même s'il m'arrive encore de caler, je m'en fous. Je tourne la clé à nouveau et je décolle sans gêne puisque ça arrive à tout le monde.

En fin de semaine, samedi, je vais conduire beaucoup, beaucoup plus je crois que je n'ai jamais conduit en une seule journée. Ça fait seulement cinq ou six ans que j'ai mon permis et il y a eu dans ces années des périodes de plus d'un an où je n'ai pas touché à la roue. Conduire, dans les premiers temps, me rendait terriblement nerveuse. Ce n'est qu'une boîte de métal après tout. Tous ces véhicules qui circulent à des vitesses folles quand on y réfléchit, ne sont que des boîtes de métal, du métal froissable et de la vitre qui éclate en mille miettes. J'avais peur du rythme. Mais je prends de l'assurance. En écoutant de la musique, c'est plus facile. On découvre son rythme.