orphelins de l'Éden

8.27.2012

à même le fleuve

Septembre est à notre porte et cela me donne encore un an à la maison avec ma petite famille, si fillette le veut bien ainsi, car c'est bien elle qui m'indiquera ce qu'il lui faut pour son bonheur.  Bien sûr, il y a d'autres facteurs qui viendront nous aider à passer cette étape comme l'allaitement, les siestes, son développement en général, mais en gros, we'll play it by ear.  Nous nous adapterons en fonction de ses besoins et de ce que nous sentons qui sera le mieux pour elle.  Comme depuis sa venue parmi nous d'ailleurs.

Cela signifie une autre année à vivre entre les murs du paradis à journée longue.  Quatre saisons à vaquer à des occupations ménagères pendant que le rythme des cocos se modifiera subtilement et qu'il me faudra le décrypter pour maintenir l'équilibre qui stabilise l'humeur de notre petite famille.  Cela signifie aussi socialiser par téléphone principalement.  Mais le temps passe vite.  C'est vrai.  Autant apprécier la tranquillité qui m'est donnée de savourer présentement.

Tranquillité malgré que chaque minute de mes jours trouve sa fonction.  Toujours quelque chose à faire: de la lessive, une étape de préparation du souper, la vaisselle, vider le lave-vaisselle, sortir les poubelles et le recyclage, plier cette lessive, pour ne nommer que quelques-unes de ces sempiternelles tâches qui reviennent quotidiennement, sans mentionner celles de type hebdomadaire qui se rajoute à ces premières.

Heureusement, je trouve encore du temps pour venir ici, une fois semaine, pour lire mes revues auxquelles je suis abonnée, un article à la fois, pendant des jours et des jours, quand j'en ai l'occasion, au moment d'une collation surtout, et pour visionner le nouvel épisode des Chefs parce que j'aime bien suivre les accomplissements culinaires de cette brigade.

Venir ici pour raconter pas grand-chose au final.  Pourtant, chaque jour recèle de petits moments magiques, comme ceux que je relatais quand j'en avais la chance.  Parce que bien que je vive entre les murs du paradis, j'essaie d'en sortir au moins une fois par jour pour marcher, question de maintenir mon niveau d'énergie et de prendre un bon bol d'air.  Au fil des jours, des semaines et des mois, des rencontres du voisinage se sont multipliées et maintenant, je croise immanquablement un de ces visages connus à chaque sortie.  Tiens, aujourd'hui c'était Is. et son garçon Hg.  Parle, parle, jase, jase.  De ses vacances, d'une otite que Hg. s'est tapée, des progrès moteur de fillette, de vêtements d'enfants que nous devons échangés cette semaine.  Justement, elle a fait le tri hier et moi qui avais justement besoin de la taille 12 mois pour fillette.  Depuis la naissance de son fils il y a un peu plus d'un an, je lui refile les bacs de vêtements du "trousseau gars" qui ont servi pour presque une dizaine de garçons de la famille et d'amis.  La magie, c'est que dans les rues désertes de piétons ou presque de mon quartier, de croiser des connaissances relèvent presque du miracle.

J'aime ma vie.  Ces heures silencieuses que je passe avec fillette, ces moments de jeux joyeux avec garçon, le retour de M. au paradis après sa journée de travail marqué par un baiser.  Encore un an.  Pour la suite, eh bien, on verra.  Une rééducation sociale et un tune-up intellectuel très certainement, afin de chasser l'animal qui s'installe en moi, ou la nonne, c'est selon.  Je n'ai jamais été celle que je suis aujourd'hui, mais je le resterai toute ma vie.  Soyez avertis.    

8.20.2012

mini métronome

Je touche du bois.

Certains peuvent croire que la routine que nous vivons avec nos enfants, elle est trop rigide, pas nécessaire, facilement récupérable.  À tous ceux-là, je réponds par cette constatation: la miss s'endort entre 9 hres et 9 h 30 le matin pour sa première sieste, et ce peut importe l'heure de son réveil.  Par exemple, il y a trois jours, elle s'est réveillée à 6 h 20, puis dodo vers 9 h 15, et aujourd'hui, réveil à 7 h 40 - grâce matinée - et dodo à... eh oui, 9 h 15.  Elle me le demande presque, en baillant aux corneilles et en chignant pour un tout et pour un rien.  Et sa fatigue m'est confirmée par une couche sèche.

Car ma petite horloge suisse, elle est réglée aux quarts de tour, même pour ses pipis.  Le matin, elle urine toujours plus qu'en fin de journée et avant ses moments de dodos - sa deuxième et dernière sieste est à 14 hres - dans la journée, elle urine moins également.  J'attrape ses pipis du réveil de ses dodos  - matin et siestes -, et quelques fois d'autres dans la journée.  Pour ses cacas, elle est revenu à une évacuation au réveil, cependant que parfois elle les espace d'une journée.

La routine, c'est donc elle qui nous l'impose - de façon très claire depuis un bon mois maintenant - et parce que nous sommes à son écoute, nous la suivons dans ses besoins.  Pour moi, il est fondamental de respecter le rythme de mes enfants.  Autrement, j'ai l'impression de les bousculer, presque de les malmener.  Je sais qu'il faut savoir faire exception et bien sûr que si nous le devons, nous tricotons autour des imprévus, mais pour la plupart du temps, nous suivons la douce cadence de nos cocos.

Ainsi, pendant les vacances de M., les matinées au paradis voyaient le papa et son garçon quitter vers une activité - marche au Mont St-Bruno, excursion à vélo dans un petit parc, par exemple -, collation dans un baluchon, le temps que fillette se repose.  De retour à la maison, nous dînions tous les quatre et puis hop, c'était au tour de garçon de s'étendre pour son gros dodo de l'après-midi vers 13 hres, suivi par sa soeur une heure plus tard.  L'heure creuse - entre 14 hres et 15 hres -, papa et maman s'occupaient à avancer certaines tâches ménagères - préparer le sous-sol pour les travaux à venir entre autres.  Fillette se réveillait toujours avant garçon, qui lui, dormait jusqu'à vers 16 hres.  Puis le souper vers 17 h 30, puis un tour à l'extérieur, toute la petite famille ensemble.

Subtilement, le rythme varie, surtout avec les besoins de fillette qui changent encore souvent.  Mais si l'on tend l'oeil et l'oreille, on le réalise à peine et c'est parfait ainsi.  Les jours filent en douceur au paradis.

8.15.2012

rectifier le tir

Comme je sonne prétentieuse dans mon dernier post.  Comme si j'avais réussi là où mes amis-voisins ont échoué.  Comme si j'avais su mieux aimer mon enfant.  Parfois, il me faudrait tourner mon clavier dix fois entre mes doigts avant de pondre quoi que ce soit, pour éviter une telle bavure.

Mon intention était d'exposer le fait que chaque enfant est différent.

Il y a quelques années, je me souviens d'avoir lu Albert Jacquard qui expliquait que nous sommes la somme de l'équation suivante: environnement + génétique.  Dans environnement, on peut comprendre famille, société, culture, par exemple.  Dans génétique, eh bien, c'est assez clair, c'est ce code que nous a légué nos parents, mère, père, et tous ceux-là qui les ont enfantés eux-mêmes, d'aussi loin que l'arbre ancestral prend source.  Mais il y a aussi le mystère.  Ce fameux mystère que mes amis-voisins tentent de percer.  Je crois qu'il est là.  Dans cet assemblage du code qui est totalement unique.

Puisque chaque enfant est différent.

Ce qui fonctionne pour l'un, ne fonctionnera pas pour l'autre.  Parfois oui pourtant, mais souvent non.  Comment évolue un enfant ressemble à comment un autre le fera, mais avec des variables.  Ce sont entre autres ces petits wow qui font que la découverte de l'être que nous avons enfanté est renouvelée lorsque nous arrive un deuxième, troisième, enième bébé.

É. n'a pas manqué d'amour, loin de là.  C'est un bonhomme couvert d'adoration par ses parents, mais aussi par tous les autres membres de leur clan familial qui viennent visiter notre beau pays régulièrement.  É. a été porté par An., il a été bercé, il a été enveloppé de tendresse, bécoté, câliné.

É. est lui, tout simplement.  Ce petit ouragan hyper intelligent.  Différent.  Totalement unique, selon sa propre équation environnement-génétique.    

8.13.2012

la base

Hier soir, nous avons reçu nos amis-voisins Brésiliens à souper.  Juste avant que nous ne passions à table, je dis à An. de déposer fillette en pleurs par terre, de ne pas s'inquiéter qu'elle s'occupera là pendant que nous mangeons.  An. me regarde, hésite, puis suis mon conseil.  De fait, fillette se calme, joue avec un objet qu'elle trouve à portée, vient me rejoindre en rampant et s'amuse à essayer de se hisser à l'aide de la patte de ma chaise - eh oui, miss l'ambitieuse veut se tenir debout depuis une grosse semaine, dans le bain, sur le bord de l'îlet, par exemple.

Comment le savais-tu, qu'An. me demande.  Qu'est-ce que tu veux dire, comment je savais quoi, qu'elle se calmerait.  C'est mon enfant, nous sommes en fusion depuis sa naissance.  Nous sommes connectées l'une à l'autre.  Pas de mystère à cela.  Il me suffit d'être à son écoute et de la suivre dans son évolution.  An. m'explique qu'encore à ce jour, avec É., son garçon qui aura trois ans dans une semaine, elle doit toujours l'accompagner dans ses moments de jeux à la maison, qu'il n'arrive pas à s'occuper seul, que sinon, c'est inévitable, il fait des choses qu'il ne doit pas faire ou se fourre dans des situations pas possibles.

Nos voisins Brésiliens en sont à espérer leur deuxième enfant.  Normal donc qu'ils se préparent à revivre depuis le début une relation enfant-parent, surtout que leur seule expérience a été en quelque sorte rock and roll.  É. fut un bébé extrêmement demandant selon leurs dires, n'arrivant pas à dormir ailleurs que dans les bras de sa maman, même la nuit, pendant ses sept premiers mois, jusqu'à ce qu'ils ne fassent appel à une sleep doula qui a réussi à changer cette situation afin qu'An. trouve enfin un peu de répit.  Aussi, É. avait constamment besoin d'être stimulé, sinon il pleurait beaucoup.  Il a commencé à se mouvoir très rapidement.  Il n'a jamais voulu qu'An. ne parvienne à faire ses tâches ménagères, chignant pour avoir son attention.

Ils se demandent s'ils peuvent prévenir de tels comportements chez leur deuxième enfant.  An. et T. sont des gens éduqués, qui ont lu à propos de l'éducation des enfants, qui se posent des questions, qui cherchent des réponses.  Malgré tout cela, ils n'arrivent pas à instaurer une saine discipline auprès de leur garçon.  Ils ont entre autres recours à des time out, qui ne fonctionnent pas puisque É. répète souvent le comportement malheureux à peine sorti de ce moment d'arrêt forcé.

É. est un garçon brillant.  Il a commencé à parler très tôt.  Avant ses dix-huit mois, il comptait déjà jusqu'à dix et nommait une panoplie d'animaux.  Il parle le portugais avec ses parents et il a appris le français en fréquentant sa garderie.  Mais tout cela ne change rien au fait qu'il est une véritable girouette qui a toujours besoin de bouger, de tout souffler sur son passage.

Quand je réponds à la question d'An., ils me regardent avec l'espoir que je ne leur dévoile un secret précieux.  Tout ce que je peux vous dire, c'est de vous brancher à votre enfant, de lui donner toute la sécurité qu'il a besoin lorsqu'il est un nouveau-né, en le portant beaucoup par exemple, et de lui fournir des outils pour bien vivre son passage vers l'autonomie.  Si fillette est un serpent qui n'a pas peur d'explorer loin de moi, c'est que nous sommes allées progressivement et bien qu'elle ne se calme encore souvent que dans mes bras lorsqu'elle est fatiguée, elle est capable de passer de longs moments décollée de moi, à frapper par exemple des objets sur le sol afin de provoquer un bruit qui la fascine.

Se brancher sur son enfant pour lui insuffler la confiance par l'amour qui veille et protège, et qu'à son rythme, il se dégage de cette fusion qui l'a vu naître pour se découvrir source de vie.  Source de sa vie.

8.08.2012

pour y rester

Cr., l'éducatrice en or de garçon, a fermé ses portes pour se reposer un peu avec sa petite famille, alors M. est en vacances et Bo. passe ses journées au paradis.  Vie de petite famille puissance mille et c'est parfait comme ça.  Rien de particulier de planifié pour cette année.  Être ensemble sous notre toit, pour autant de jours alignés, c'est bien assez.  Le bonheur dans le quotidien, on aime.  Garçon qui suit pas à pas son papa qui tond le gazon, garçon qui m'aide à concocter une divinement délicieuse tarte aux bleuets - cueillis la veille avec mamie - et amandes dont il se délecte dès son réveil de sa sieste.  Adorable.

Sinon, profiter de ce temps pour faire avancer notre projet salle de bain au sous-sol.  C'est que Y., l'entrepreneur que nous avons choisi, débute les travaux dans quelques semaines à peine et qu'il nous faut d'ici là choisir notre céramique, acheter nos  portes, nos plinthes, notre ventilateur, nos interrupteurs et gradateur.  Avec deux enfants, ce magasinage devient un casse-tête, surtout pour respecter leurs moments de sieste, mais pas de doute que nous y arriverons.  Il nous faut également préparer l'espace qui se transformera en chantier sous peu: ranger les bacs de vêtements d'enfants, transférer des meubles dans les autres pièces.  La réalisation du projet devrait s'étaler sur un mois.  Cet embellissement du paradis sera bien pratique, surtout que le nombre de paires de fesses a doublé depuis notre emménagement il y a cinq ans.

Notre maison nous ressemble de plus en plus et de futurs projets contribueront à cette appropriation.  Mais nous ne sommes pas pressés car ici, c'est vraiment chez nous depuis que nous y avons mis les pieds.