orphelins de l'Éden

6.30.2008

typhon

Ma soeur et ses deux enfants font la sieste. Il n'est pas encore 10 h du matin. C'est pour dire. Les nuits sont ponctuées des pleurs de Wl. qui émergent de son sommeil à 23 h, 1 h, 4 h environ. Wl. est un beau garçon de deux ans. Il les a eus il y a deux jours. Pour la forme et surtout pour croquer la photo classique du bébé au visage barbouillé, B., ma soeur, lui a acheté un gâteau. Sur le picture perfect moment, Wl. a une moustache brune parce que monsieur a dévoré les tuiles de chocolat noir sur le gâteau duquel il n'a pas pris une bouchée. Mais avant, il a soufflé les deux bougies bleues que nous avons rallumées pour que sa soeur, Em., les souffle elle aussi. Em., elle, va avoir ses quatre ans dans quatre mois exactement. C'est une petite poupée aux longs cheveux strawberry blonde. Elle devint un paquet de chiffon lorsqu'elle dit hand et que je la hisse contre ma poitrine.

Alors cette dernière semaine, c'est eux. Ma soeur et ses deux enfants. Et avec eux, toute la routine qu'il faut pour s'occuper des tout-petits. Mon degré d'attention est à son maximum. Vigilance, patience, imagination. Des premiers piaillements du petit matin, au bouderie du réveil, en passant par le petit-déjeuner, en n'oubliant pas de débarbouiller les mains et les visages, en allant dehors, dedans, à droite, à gauche, parce qu'ils bougent et qu'ils veulent tout voir, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'ils prennent une bouteille et fassent leur sieste du matin, suivie du dîner, où un des deux fait des caprices, si pas les deux, et puis on repart à gauche, à droite, dehors, dedans, un peu de Dora ou de Diego, dans les bras, à terre, mets les Crocs, enlève-les, change la couche, fais le pipi sur le pot, dessine, joue avec les autos, cours, culbute, soupe, souvent en pleurant, explore encore un peu en prenant la main et en ballottant à gauche, à droite, refais les mêmes simagrées pour les amuser, discute avec eux pour expliquer pourquoi non, leur dire qu'ils sont beaux comme des coeurs, parce qu'ils sont à croquer ces chatons, prends le bain, lave les cheveux, enfile les pyjamas à pattes ou ceux avec des motifs de princesses ou de trains, cours encore un peu et tombe avec une autre bouteille magique, associée à l'heure du dodo, passe une nuit saccadée et repars à 5 h du matin en moyenne. Oh la, la, ma soeur est une sainte.

Alors voyez-vous, à ce rythme, peu de temps pour venir ici, vous faire des comptes rendus. Je me couche avec eux, autour de 20 h 15 et je me lève avec eux. Je suis avec eux. Je suis heureuse de les voir, de les connaître, de goûter au travail de veiller sur les enfants, ceux de ma soeur. Je suis bien auprès d'elle. Ma B. qui a toujours été avec moi, à mes côtés, depuis que nous sommes nées, ensemble.

Comme je l'ai dit, chez ma mère, à la campagne, l'Internet, c'est plus compliqué. En plus du fait que je ne peux tout simplement pas aller sur mon blogue parce que son ordinateur est bourré de virus. Le message du 25 juin, il m'a fallu le dicter à M. au téléphone. Mais bon, de toute façon, je n'ai pas une minute pour m'attarder et écrire. À part maintenant, parce que j'ai choisi de venir ici plutôt que de faire une sieste moi aussi. Toujours une question de choix.

Je reviendrai à mon rythme quand je me désynchroniserai du leur. Entre-temps, brille, brille soleil jaune et file lentement été plaisant.

6.25.2008

à bientôt!

En campagne, l'Internet c'est plus compliqué. Je vous reviens dès que possible. Entre-temps, je communique avec les enfants de ma soeur et je rattrape le temps avec cette dernière. Les deux dernières années n'ont été qu'une parenthèse.

6.22.2008

dessine-moi un mouton

Je suis en congé. Demain, le jour d'après, le suivant encore et ainsi de suite pour trois semaines, je n'ai pas à me rendre au onzième. Pas de boulot donc pour plusieurs jours. Joie.

Joie parce qu'en plus, ma soeur arrive demain soir avec les enfants. Comme elle le dit, ils seront sûrement verts lorsqu'ils apparaîtront, mais qu'importe, nous les bichonnerons ces voyageurs et dans quelques jours, ils seront bourrés d'énergie nouvelle et ces douze heures en avion ne seront plus qu'un mauvais souvenir.

Hier, j'ai eu le plaisir de rencontrer L. pour une deuxième fois. L. est un garçon de trois ans environ, peut-être plus, peut-être moins. J'ai calculé avec lui qu'il était haut comme dix pommes. C'est comme cela que nous nous sommes apprivoisés. Je lui ai demandé s'il savait haut comme combien de pommes il était et il ne le savait pas, alors avec mes mains fermées autour de fruits imaginaires, nous avons fait le calcul et conclu qu'il était haut comme dix pommes. Ce petit bonhomme et moi, nous avons aussi énuméré une suite de choses légères comme une plume. Il a trouvé: la neige, une feuille, de l'herbe, l'oiseau lui-même. J'ai trouvé: les graines de pissenlit et de la barbe à papa. Tout cela parce que Mx., l'amoureux de mon amie Sr., chez qui nous étions, lui avait demandé de ne pas sauter parce qu'il y a des gens qui habitent en-dessous. Aussi, L. et moi, nous avons parlé de la liberté. Il s'amusait avec le chien de sa grand-maman. Ce caniche de sept mois, grand comme environ huit pommes, au pelage abondant et gaufré est d'une docilité étonnante. Ainsi, l'animal aux airs de marionnette s'est laissé prendre et porter par L. qui voulait lui tenir les pattes pour le garder près de lui et ensemble, nous avons parlé de l'importance de le laisser partir quand il le voulait pour ensuite pouvoir le ramener près de soi plus facilement vu qu'il saurait que nous ne le forçons à rien, que nous savons le laisser nous quitter.

Moi, j'adore parler avec les enfants. Ils sont tout simplement époustouflants. Leur logique, leur mode d'appréhension de tout ce qui les entoure, leur imagination, tout cela me fascinent. Leur capacité aussi à allier instinct et intellect pour faire des bonds de géants. Ma rencontre avec L. m'a confirmé que je vais avoir un plaisir fou à découvrir Em., ma nièce de même âge que lui. Je vais aussi avoir un plaisir fou à regarder Wl., le garçon de ma soeur, cette tornade sur deux pattes, déployer son univers essoufflant. Ma soeur m'a dit prépare-toi. Je suis prête à prendre ça une minute à la fois. C'est ça le secret de l'enfant, c'est qu'il vous ramène au ici maintenant, à l'essentiel.

6.21.2008

voeux verts

Le cerisier,

les célosies,


les gazanies,


le plant d'aubergines,


l'oxalis tetraphylla,


les zinnias,


le bouquet de romarin,



les bettes à carde,




et tous les autres, y compris les quatre radis croqués avant-hier, vous souhaitent un BON ÉTÉ!

6.20.2008

supplication

Quand j'avale, ma salive frotte mes amygdales à vif.
La douleur de chaque déglutition monte jusqu'à mes tympans.
Ça dure depuis trop de jours maintenant.
Je fortifie mon système immunitaire avec de l'huile d'origan, mais le froid réussit à retrouver son chemin jusqu'au carrefour buccal et je vais de mal en pis.
L'irradiation scinde ma parole, me vole le souffle, bloque par la toux.
Il est tard.
Mes lèvres chauffent à cause du médicament que je m'administre.
Je devrais me promener avec mon foulard autour du cou le jour et sur les oreilles le soir pour guérir.
Mes orifices de la caboche me meurtrissent et me trahissent.
Dormir, mais encore me réveiller la gorge en feu dans le creux de la nuit éteinte.
Devenir ce point rouge qui sépare mon corps et ma tête, cette coulée de lave à la masse volumique trop élevée.
Surtout que le bobo est transparent, ni gonfler, ni apparent.
Dissimulé dans ma voix.
Enflure du dedans.
Inconfortable, dérangeante.
Tu n'es pas la bienvenue saleté. Déguerpis.

6.19.2008

bonjour

Trois jours de suite que lorsque j'arrive au quai d'embarquement pour prendre mon autobus de 15 h 54, il y a des pépins. Bon, moi au moins, ce n'est pas comme d'autres utilisateurs qui embarquent à la même porte. Certains ne peuvent que prendre disons le numéro A, pas le B et d'autres le B, mais pas le A. Je peux prendre les deux, sans problème. Les deux trajets se différencient quelques coins de rues après mon arrêt alors, je me considère chanceuse. Voyez-vous, le A et le B passent aux dix minutes et partent de la même porte à partir du quai. Donc à 15 h 54, c'est disons le A qui quitte et à 16 h 04, le B, et ainsi de suite jusqu'à ce que la porte ne se ferment définitivement autour de 18 h 30, à la fin de l'heure de pointe et que tout le monde doivent passer par la porte du numéro C, pour ensuite faire le transfert au terminus Panama. Bon.

Alors hier, c'est J-P que je rencontre dans une file interminable. Nous prenons le B parce qu'il y a eu un pépin et le A prévu pour 15 h 54 ne passe plus. C'est la valse des voyageurs. Quoi qu'il en soit, nous parvenons à grimper dans l'autobus et un adolescent cède sa place à J-P, vu son handicap. Pendant le trajet, je suis debout devant lui et puisque nous ne pouvons avoir une conversation continue et agréable, nous préférons sortir nos bouquins respectifs. Il lit encore la biographie de Patrick Roy écrite par son père. Je dévore les dernières pages de Les bébés de la consigne automatique, oeuvre phare de Ryû Murakami, un auteur Japonais, relatant les destins entrecroisés de deux nouveau-nés laisser pour contre qui finiront par détruire salement, hanter par le vide inexorable provoqué par l'abandon. Un bouquin assez hardcore, comme je les aime parfois.

Aujourd'hui, même rengaine. J'arrive au quai et voilà que l'autobus A quittant à 15 h 54 ne se pointera pas. Valse des voyageurs glissant dans la ligne de l'autobus B. Ah oui, parce que par terre, il y a des lignes oranges indiquant par les numéros l'endroit où les utilisateurs doivent s'aligner en prévision de grimper dans les cars. Attente, attente. Grogne dans les rangs, grogne dans les rangs. Heureusement, j'aurai une place assise.

Comme de fait, je pose mon popotin sur un siège de velours carrelé multicolore et je m'installe. Je m'assois toujours sur ses banquettes en longant un flanc à l'avant dans ce modèle d'autobus. Mes grandes jambes ont de la place et le roulis de l'appareil ne risque pas de me projeter hors de ma place dans les tournants. Alors je m'installe donc et voilà que le monsieur sphérique à la bouille sympathique, le genre de personne qui salue tous et chacun, prend place juste à côté de moi. Plus tard dans notre conversation, j'apprendrai qu'il se prénomme Rn.

C'est parce que Rn. s'adresse à tout un chacun que j'ai parlé à J-P en premier lieu. Rn., il y a environ un an, avait remarqué que je lisais aussi le dernier Harry Potter à ce moment-là et parce qu'il le lisait aussi, nous nous sommes salués entre lecteurs et avons échangé nos impressions. Depuis cette fois-là, nous nous saluons toujours, mais peu de fois nous sommes-nous retrouvés dans le même autobus, l'un à côté de l'autre. Rn. doit absolument prendre le trajet B et moi, je prends le A à l'heure où j'arrive au quai, celui juste avant son autobus donc.

Rn. est malade. Son surpoids a provoqué une cellulite dans sa jambe qui s'est gâtée et depuis, il doit porter des bas de soutien. Rn. a bon coeur. Comme je l'ai dit, il salue tout le monde et partout dans l'autobus, des visages se tournent vers lui pour le saluer discrètement. Il me dit que son père était pareil, qu'il n'arrivait pas à faire ses courses au Métro rapidement tellement il devait arrêter de fois pour s'entretenir avec tout un chacun. Rn. respire la bonhomie. Et puis, j'apprends qu'il a donné du sang 37 fois dans sa vie. Je l'apprends parce qu'une affiche d'une campagne d'Héma-Québec est là, juste devant nos yeux dans l'autobus. Il me dit que maintenant, vu son état de santé affaibli, il ne peut plus donner. Rn. me parle même d'une fois où il a donné du sang par transfusion directe. Son groupe sanguin étant le plus rare, c'est-à-dire du AB qui ne peut que recevoir d'un autre AB, il s'est fait appelé pour aider une jeune fille. Quand Rn. est arrivé à l'hôpital, il n'a eu qu'une condition: qu'un panneau soit installé entre lui et la jeune fille. Il ne voulait pas qu'elle le voit et que dans son esprit s'installe une impression de lui devoir quelque chose. Pour Rn. ce geste était tout naturel. Je lui dis qu'il a un coeur en or. Il dit non, c'est normal. Non, Rn., peu de gens sont comme toi.

D'ailleurs, je le vouvoies. Rn. est un homme plus âgé et le vouvoiement s'impose. Nous poursuivons notre conversation et elle bifurque sur sa famille, ses frères et soeurs, qu'ils ne voient pas souvent, mais dernièrement plus parce qu'ils s'occupent de la succession de leur père, qui n'est pas encore mort! Mais Rn. m'explique qu'il est atteint du C Difficile et qu'il ne peut pas sortir de l'hôpital parce qu'il n'y a pas de place dans un centre pour personne en perte d'autonomie et que de toute façon avec ce virus, c'est préférable de demeurer à l'hôpital. Son père a 92 ans et il dit que le bon Dieu l'a oublié. Rn. lui répond alors à la blague que c'est parce qu'il n'a pas fini d'expier ses péchés. Rn. dit que son père n'aime pas qu'on le prenne en pitié alors vaut mieux le taquiner.

Voilà, un an environ après mon premier voyage en autobus, j'ai eu une pleine conversation avec Rn., cet homme qui voyage de cette façon depuis plus de vingt ans. Coincée sur la banquette à côté de lui, j'avais l'impression d'être à proximité d'un monument. Un monument en chair et en os qui a roulé sa bosse à la dure et qui sourit encore et qui croit encore à la simplicité de la rencontre. Pur joyau sur deux pattes. Choyée, je suis choyée.

6.17.2008

leçon d'anatomie

Ce matin, plutôt que de tirer la porte du onzième à 7 h 30 pour commencer ma journée de travail, c'est celle de mon ostéopathe que j'ai poussée. A-M était aussi branchée sur moi que si c'était l'après-midi et que sa journée était pleinement en cours même si j'étais la première à pénétrer son cabinet. La soignante en elle était bien en éveil. Toute sa gestuelle m'indiquait qu'elle était à l'écoute.

La première chose que je lui ai dite lorsque je me suis installée à la petite table de bois foncée c'est que j'avais failli lui apporter une fleur que j'aurais coupée dans le parc Ahunstic, que je venais tout juste de traverser. Mais quelque chose m'a retenu de le faire, surtout le fait que la tige de la fleur aurait été trop petite pour qu'elle survive plus que le temps d'un caprice. A-M a souri et m'a remerciée tout de même. Je lui ai dit à quel point ma dernière rencontre avec elle, il y a un mois, m'avait pansé le corps et l'esprit. Merci, merci, merci.

De fait, ma tendinite s'est volatilisée. Je ne porte plus l'orthèse à mon poignet droit depuis trois semaines déjà. Je lui ai expliqué que suite à ma visite chez elle, nous avions eu une formation en ergonomie au travail et qu'en plus, mes tâches avaient été modifiées, ce qui avait grandement diminué la douleur liée à ma productivité excessive. Tout cela combiné avait eu pour résultat de me restituer la liberté d'usage de mon bras.

Que veux-tu aujourd'hui? Veux-tu que nous parlions de fertilité? Bon. J'arrête un instant ici pour vous préciser qu'A-M est une ostéopathe qui, lors de sa formation, a eu un coup de coeur pour cette spécialisation. Lorsque je lui ai posé la question aujourd'hui sur le pourquoi et le comment de son choix, elle m'a répondu que lorsqu'elle a dû apprendre ces notions, elle a constaté que la classe se vidait et qu'ils étaient bien peu à exercer les connaissances afin d'éventuellement les mettre en pratique. Elle a compris qu'il lui fallait s'investir davantage dans cette voie, sinon qui le ferait au sein de la profession? C'est ainsi que je me suis retrouvée assise devant des schémas de coupes anatomiques du corps de la femme pour comprendre la position de l'appareil reproducteur dans mon ventre.

Pendant qu'elle m'expliquait tout cela, une drôle de pensée s'est cristallisée dans ma tête de linotte: moi qui aime tant posé des questions sur tout, j'aurais voulu ne pas savoir tout cela, ne pas savoir que des ligaments arriment la matrice à la paroi pelvienne, qu'un utérus normal se positionne dans un angle d'antéversion, que la glaire cervicale est une perte vaginale s'apparentant à une colle par ses propriétés qui survient en temps d'ovulation pour retenir les spermatozoïdes près du col de l'utérus afin qu'ils s'élancent passer cette porte et que les trompes et les ovaires peuvent être éloignées tant et tellement que les franges des Fallope n'arrivent pas à retenir l'ovule expulsée qui se perd ainsi dans le vide interne de la région pelvienne pour finir par se désintégrer. Bon, cette dernière partie, elle me l'a expliquée parce que je lui ai posé la question. Mais comprenez-moi bien, je ne suis pas dans un état de panique. Depuis ma dernière rencontre avec elle, j'ai vraiment cessé de pleurer sur le fait que ça prend un peu plus de temps pour nous. La preuve, c'est que j'ai appris que d'autres grossesses sont en cours pour des gens autour de moi et vraiment, je n'ai pas eu de pincement.

Non, aujourd'hui, auprès d'A-M, je me suis dit, bon, je suis là, elle est spécialiste, elle fait des miracles dans ma vie, pourquoi ne pas m'instruire auprès d'elle. Alors je me suis instruite. Et j'en ai profité pour la questionner, même si, comme je l'ai dit plus tôt, j'aurais préféré, croyez-moi, ne pas avoir à comprendre le pourquoi du comment pour une fois dans ma vie. Parce que je suis comme ça moi, j'aime savoir, comprendre, farfouiller. Mais là, vraiment, j'aurais bien aimé laisser libre cours au miracle. Vraiment.

Entre parenthèses, M. croit que justement, je devrais lui laisser davantage libre cours au miracle et patienter. Il me rappelle que la pensée est un puissant générateur et que si je formule l'idée que nous avons un "problème" à concevoir, eh bien, il y aura problème. Je le sais. J'y crois aussi. Seulement, comme je le répète, j'étais là devant une spécialiste avec qui je me sens en confiance et qui pouvait m'expliquer. J'ai choisi de chercher à équilibrer ma foi et la science. Ouvrir mon esprit à tout ce que cette "attente" brasse et tenter de saisir l'occasion de me connecter à mon corps, ce vaisseau, en lui donnant un coup de pouce. Fin de la parenthèse.

Ensemble, nous avons parlé de la prise de ma température pour déterminer ma courbe sur l'espace des deux cycles menstruels. Elle m'a expliqué comment toujours la prendre au même moment de la journée, préférablement le matin, et débuter dès le premier jour des menstruations. Un plateau stable se tracera. Ensuite, une fluctuation minime de température à la baisse annoncera l'ovulation qui elle provoquera une montée en flèche dans la courbe. Ensuite, une plongée dramatique aura lieu et finalement, un dernier plateau annoncera la période de nidation. Mon prochain rendez-vous avec A-M aura lieu au mois de septembre. Je pourrai lui amener ma courbe pour que nous déterminions si tout est normal. Elle me conseille fortement de ne pas excéder le deux ou trois mois pour déterminer la courbe. Elle dit qu'il ne faut pas devenir fou à vouloir la suivre de trop près, ni se rendre malade avec, lire ici appeler M. sur le mode "vite viens me faire un bébé"! A-M prône la conception dans la détente, même lorsque ça prend un peu plus de temps.

Après notre séance d'information, elle m'a demandé de m'étendre sur la table. Elle a inspecté mon corps et replacé mon bassin, comme elle le fait à chacune de nos rencontres. Vient le moment où elle me dit qu'elle serait prête à me faire l'examen pour déterminer si mon utérus, mes trompes et mes ovaires sont bien positionnés. Je suis prête aussi. Comme lorsque je vais chez ma gynécologue, elle glisse deux doigts dans mon vagin et de son autre main tâte mon bas-ventre. Dès le départ, elle sent que mon col de l'utérus est porté sur la gauche. Elle palpe ensuite ma matrice et constate qu'il y a une torsion, qu'elle délie. Voyez-vous, mon bassin est désaxé parce qu'à la naissance, un des mes fémurs n'y était pas emboîté. Le problème a été corrigé parce que ma mère, en me massant bébé, a réalisé que j'avais une jambe plus longue que l'autre et qu'un médecin est parvenu à replacer la tête de l'os dans la cavité à temps. Mais mon squelette a gardé mémoire et voilà, mon utérus était donc un peu contorsionné. Conséquemment, mon ovaire droit était trop avancé et le gauche, trop reculé. Toujours par rapport à l'axe que mon organe reproducteur doit occuper dans mon corps. Respire bien. En fait, ça n'a pas été trop douloureux tout ce réaménagement.

Je vous le dis, A-M est un ange. Encore une fois, après être passée entre ses mains, je ne me porte que mieux. Je le sens. Conséquence directe de cet équilibre précaire entre la foi et la science. Laisser libre cours en suivant le cours.

6.15.2008

faire le plein

Week-end parfait, ponctué de sorties agréables et de rencontres familiales. Des journées comme ça, j'en prendrais à la tonne. Que dis-je, j'en prends à la tonne, non? Eh bien oui, la vie est belle et l'été est sur son envol.

Vendredi soir donc nous sommes sortis en ville. Le hasard et la faim nous ont mené à un petit resto aux airs de rien du tout de l'extérieur situé sur la rue Stanley, tout au bout de la rue Cypress, du nom de Café Bistro La Marinara. À l'intérieur, le serveur, un des propriétaires de l'endroit, nous a appris que lui et le chef cuisinier étaient des anciens employés du Piémontais, ce chic resto embourgeoisé, une des tables préférées du père de M. En apprenant cela, mon amoureux s'est redressé sur sa chaise visiblement satisfait de la tournure de notre quête - il faut dire que nous avions épluché plusieurs menus de restaurants avant de nous décider - et avec raison puisque notre expérience gourmande fut sublime de A à Z, des pâtes sauce al Arrabiata aux rondelles de Zucchinis frites en entrée, en pensant par un morceau de saumon saisi à la perfection, sans oublier la mousse au chocolat maison légère, mais dense, onctueuse à s'en confesser.

Après notre souper en tête-à-tête, nous avions rendez-vous au Centre Bell avec Louis-José Houde. Cette bête de scène nous a fait rire et réfléchir, surtout vers la fin de son spectacle lorsqu'il a parlé de la séparation de ses parents après 36 ans de mariage et de l'avortement de son ex-copine, décision qu'ils avaient pris à deux. Toujours respectueux dans son approche, il nous a révélé son monde intime, ses craintes, ses questionnements surtout. Le rire transcende tout, surtout lorsqu'il jaillit du coeur.

En rentrant vers le paradis, j'ai souri à mon bonheur tranquille. J'ai repensé bien sûr à ces années qui sont derrière moi, à quelques moments où je croyais avoir trouvé quelque chose de moi pour ne réaliser que finalement, rien n'est moins sûr que de croire avoir cerner notre ego. Rien n'est moins sûr parce que lorsque l'on baisse nos gardes face à nous-mêmes, on glisse et on se tape les dents d'en avant sur le béton et putain de merde que ça fait mal. Bon tout ça pour dire que dans la voiture vendredi soir, en rentrant vers le paradis après notre belle soirée, profitant de l'air chaud de la nuit qui débutait, à écouter de la bonne musique dans notre Jasmine la Fit volant pareil qu'une fusée sécuritaire, la main sur la cuisse de mon amoureux, je me suis dit: "Oh la, la, c'est bon, maintenant, là, c'est complet, un véritable instant plein." Et puis, ça c'est poursuivi jusque dans nos draps de bambou doux, affalés par la fatigue, à profiter du tourbillon frais du ventilateur, avec le gros chat Nougat qui est venue nous voir chacun notre tour, mais qui à coup sûr a terminé sa tournée dans les bras de M., son papa adoré.

Et parce que ça été un week-end parfait, cet état de plénitude s'est perpétué jusqu'à maintenant, pendant que je tape les mots. Sigur Rós en toile de fond sonore, le jour qui diminue, le repas terminé, notre boisson froide et pétillante à base de maté décapsulée. En espérant que ce "thé du Paraguay" ne nous vole pas notre envie de nous mettre au lit. Mais non, tout est parfait, alors l'insomnie, connaît pas.

Surtout que nous sommes sortis hier encore. Parce que nous savions que nous ne pourrions pas nous rendre au Piknic aujourd'hui, M. a trouvé une soirée électronique dans le Vieux-Port. Des bidouilleurs-concepteurs de trames musicales et des VJ offraient gratuitement le fruit de leurs créations. À bon entendeur, nous n'allions pas laisser passer cette chance de danser sur de bons rythmes à l'extérieur, tout au bout d'un quai, à sentir le vent du fleuve nous lécher par vagues. Ainsi, j'ai vibré et je me suis amusée comme une enfant. Parce qu'elle était puissante cette musique qui passait au travers mon véhicule pour l'habiter et l'englober. À un moment, je me suis arrêtée pour voir l'ensemble, témoigner de l'événement. Il devait être près de minuit et les dizaines de personnes restantes formaient un groupe de danseurs totalement désinhibés, bougeant sous la force de l'énergie vitale avec laquelle ils renouaient. Oh dieu, espace-temps de communion par jubilation. Et je voyais qu'il y avait des néophytes, des gens qui n'avaient jamais entendu pareil musique, d'autres qui ne savaient même pas qu'ils pouvaient danser, mais tout le monde avait un sourire étampé sur le visage et les yeux pétillants de pur plaisir.

Parfois, il faut ouvrir grand notre tiroir de beaux moments pour le bourrer à ras bord, surtout qu'il n'a pas de fond. Bourrer alors, bourrer encore pour se faire des réserves de subtances anti-anxiogènes, anti-peurs, anti-humeurs noires. Ordre de l'univers.

6.13.2008

noce de bois

Joyeux anniversaire cher amoureux. Aujourd'hui, nous bouclons la boucle de nos cinq années partagées dans l'amour, la découverte et le respect.

Quand ton numéro de téléphone a surgi dans mon esprit il y a toutes ces années, j'étais célibataire et il y avait des mois que nous ne nous étions parlés. Notre flirt avait commencé l'été d'avant, mais j'étais en relation alors et pendant un an, je me suis rendue de plus en plus triste en tentant de croire que tout allait bien entre Fb., mon partenaire d'alors, et moi. J'ai donc quitté l'appartement que nous partagions lui et moi pour aller vivre chez ma soeur B. et son amoureux, Bb., qui habitaient à proximité de l'école où j'enseignais à St-Jérôme.

Il y a cinq ans, le 13 était tombé sur le vendredi aussi, comme aujourd'hui, mais en plus, c'était nuit de pleine lune. Je t'avais appelé de l'appartement de Jl., cette amie de toujours. Elle était partie en Abitibi dans sa famille et elle m'avait offert son nid pour quelques jours, histoire de venir dans ma ville chérie me baigner dans l'atmosphère décontractée des premiers beaux jours de l'année. Tu avais accepté de venir m'y rejoindre. Nous ne nous connaissions pas ou si peu.

L'été précédent, travaillant au même endroit, nous avions dîné ensemble régulièrement. Bien sûr, nous avions eu quelques conversations pendant toutes ces rencontres, mais j'étais loin de m'imaginer qui tu serais dans ma vie.

J'étais loin de me l'imaginer aussi quand tu es apparu sur le balcon de l'appartement de Jl. Cette nuit-là, nous avons fait l'amour follement. Chacun de nous en avait besoin de cette collision atomique. Moi pour émerger à moi-même, toi pour te libérer de toi-même. Heureusement, quelques jours plus tard, nous avons réussi à nous rejoindre dans cette fusion, le temps que nos esprits réclament leur part de sustentation. Il nous aura donc fallu une période d'ajustement. Normal, deux univers disparates venaient d'entreprendre leur amalgame. L'alchimie était en cours. Tout cela à notre insu.

C'est ainsi qu'au bout de ces années à passer d'une étape à l'autre en tant que couple et qu'individus, nous en sommes venus à cette journée où je peux te dire, cher amoureux, que tu es ma chair, mon esprit, mon coeur. L'union, elle est savoureuse à tes côtés. Et quand la peur survient, le doute, l'ego qui exige sa liberté, quand ils surgissent, tes yeux les dissolvent d'un seul regard, si fort, animé d'une conscience sans malice, ils s'évaporent pendant que tu me prends dans tes bras et que ma tête se repose sur ton épaule. Mon loup, mon bichon, mon bel amour. Nous avons gravi des montagnes impitoyables et bu à des sources d'une pureté cristalline. Nous avons utilisé la parole pour échanger et nous comprendre. Nous avons aimé le silence de notre paix à deux. Nous avons joui, mangé, dansé ensemble. Nos larmes se sont mêlées, nos rires nous ont porté. Nos rêves se côtoient à chaque nuit et à journée longue au paradis.

Dieu, merci.

6.11.2008

branchées

Les cieux étaient d'un rouge diffus hier soir quand je suis rentrée à la maison, tirant sur le rose de l'aube. Un immense arc-en-ciel à la courbure parfaite témoignait de l'entre-deux atmosphérique. J'ai bien tenté de saisir l'étrangeté de la lumière naturelle avec mon appareil photo - que j'adore soit dit en passant -, mais le capteur ne cessait de déclencher le flash et le résultat n'a pas du tout rendu la beauté du décor. Notre coin du monde venait d'y goûter.

Ce n'est que ce matin, en écoutant le radio journal de 6 h, que j'ai su que huit poids lourds avaient été fauchés par le seule force des vents de la tempête noire qui s'est abattue vers 14 h hier après-midi. Du onzième, à cette heure, nous avons observé la progression du mur sombre. L'avancée du mauvais temps était impressionnante et quand nous nous sommes retrouvés au coeur de l'orage, nous étions tétanisés, incapables d'être tout à fait fonctionnels, comme si notre instinct savait que la fin du monde, ça ressemblerait à quelque chose un peu beaucoup à cela.

Quand j'ai quitté le boulot, la déferlante avait roulé plus loin et je me suis rendue au centre-ville sous un ciel plus clément. J'avais rendez-vous avec Jl., mon amie de toujours. Nous nous étions promis un spa pour nous féliciter de nos permanences. Alors nous y étions à cette gâterie. Ensemble, nous avons profité du sauna et des soins de beauté à la marocaine. Nous avons enduit nos corps de savon noir et après une exfoliation extensive au gant rêche, c'est le rassoul qui a apaisé notre peau, baignées dans l'expérience du hammam. Bon d'accord, sans doute cette expérience était-elle abrégée comparativement au véritable thermes féminins que l'on retrouve au Maghreb, mais quoi qu'il en soit, dans l'intimité des lieux, nous avons eu l'impression d'être sur notre île déserte, en retrait du brouhaha et du béton.

Après avoir parlé agriculture biologique en sirotant un thé roux, étendues sur des lits, nos corps détendus enduits d'huile parfumée, nous sommes retournées sur le bitume, direction resto hongrois que nous allions découvrir. Nous sommes arrivées là, à ce Café Rococo, après seulement quelques minutes de marche de notre oasis. Nous nous sommes attablées sur la terrasse et nous avons partagé des plats délicieux: salade de concombres vinaigrés, crêpes aux champignons, goulash végétarienne. Jl. a dit que l'emplacement du restaurant, cette terrasse nichée au pied de tours hautes et grises, lui rappelait la banlieue parisienne. Moi, ça me rappelait plutôt New York. Mais il faut dire que je ne suis jamais allée dans la banlieue parisienne, à part par le cinéma.

Quand je suis rentrée au paradis en autobus, après notre soirée, il n'y a eu aucun retard. Ce n'est qu'en arrivant que j'ai compris que la tempête avait causée des dommages. M., qui parlait très rapidement, m'a pointé l'arbre du voisin qui gisait à présent sur son carré de pelouse, m'a dit que le téléphone ne fonctionnait plus, m'a raconté son aventure en scooter en rentrant sous la pluie, à devoir suivre un trajet alternatif parce que des fils électriques pendaient dangereusement au-dessus d'un tronçon de route, a poursuivi en disant qu'il était rentré plus tôt du travail vu que sa boîte avait été paralysée par la panne de courant, tout ça dans l'espace d'environ une minute et quart. Mon homme était fébrile, encore branché sur l'événement exceptionnel qui s'était produit quelques heures plus tôt.

En faisant le tour du jardin pour constater les dommages du passage du mur orageux, j'ai été heureuse de voir que seuls quelques plants ployaient un peu à l'image de la Tour de Pise. Je sais dans quelle direction le vent violent soufflait, ça c'est certain.

De cette journée à la météo spectaculaire, je me souviendrai surtout du temps paisible avec Jl., de ma rencontre avec cette femme liée à moi et moi à elle. L'orage, nous le portons en nous. La lumière étrange aussi. D'une beauté à couper le souffle.

6.09.2008

tautologique

Collante. Un film de sueur me rend poisseuse. Ma peau adhère aux matières qu'elle rencontre: le cuir du divan, le bois de ma table de travail, une autre peau. Si j'allais embrasser la tête de mon gros chat Nougat, je me retrouverai avec une moustache. Chaud.

Et ce matin aussi, à l'aube, malgré la pluie de la nuit. Pendant que j'attendais l'autobus, je crois que j'ai du ressembler à ce personnage de Charlie Brown, celui avec un nuage autour de lui. Dans mon cas, la poussière était substituée par une nuée de maringouins assoiffés fins et légers. Quand l'autobus est arrivée quelques minutes plus tard et que je m'y suis réfugiée, j'avais les avant-bras et les deux coudes recouverts de bosses rouges qui me démangeaient. Les bestioles avaient été agiles au travers mes moulinets. J'ai pensé très fort à B., ma soeur qui se gratte les piqûres jusqu'à les réduire à des plaies. J'ai souri. L'idée de ma soeur a chassé celle de l'inconfort.

Alors oui, il y a de l'humidité dans l'air. Quand je marche dans la maison, j'ai l'impression de me déplacer dans un brouillard tellement c'est lourd. Loin de moi l'idée de me plaindre. Moi, j'aime suffoquer dans la chaleur. Je suis plus un lézard qu'un ours polaire, ça c'est certain. L'été est là pour rester. Au moins trois mois. Vaut mieux s'y faire.

Dans la cuisine, plus tôt, j'aurais aimé ne pas avoir à manier les chaudrons, mais l'estomac mène alors il faut bien s'activer. Mon amoureux sentant que la pression montait dans ma tête de linotte m'a gentiment embrassé au passage avant de descendre déterrer un ventilateur. Monsieur a nettoyé les pales de la bête sur pied et j'ai eu un flashback. Ce moment-là, celui où mon impatience commence à me vaincre, mais que ô miracle mon bel homme désamorce en détendant l'atmosphère, eh bien, ce moment-là, il a déjà existé. Je me suis souvenue de cette fois à l'appartement où M. m'avait obligée à aller prendre une douche parce que je devenais insupportable au fourneau, surtout à cause justement de la chaleur accablante et du peu d'efficacité du ventilo. Je m'en souviens parce que j'avais immortalisé son geste plein d'amour dans un de mes premiers messages blogues. Comme quoi il me faut réaliser que je suis bel et bien en train d'archiver quelques aspects de notre vie commune.

En fait, je réalise, quand je m'y attarde quelques secondes, que tous ces messages que je ponds, ils sont les preuves de mon existence. Si j'en venais à disparaître, ces textes resteraient quelque part. Mais pour combien de temps? Et où? Sur la toile du web. Peut-être, mais ils finiraient par se volatiliser, happer par le roulement des informations disponibles sur l'Internet. Éphémères donc. Ils ne sont que des Polaroïds qui, une fois séchés, s'empilent les uns sur les autres. Mais vous savez quoi, c'est comme pour mes cahiers d'écriture gribouillés au fil des années. Ils s'empilent eux aussi. Mes souvenirs aussi s'empilent. Ma nourriture dans mon ventre s'empile elle aussi. Mais le corps est une machine extraordinaire qui empile et qui expulse. Expulsées donc toutes ces idées que je tente de cerner. Heureusement, sinon que me resterait-il?

6.08.2008

Douceur de la semaine



Il paraît que c'est la recette du gâteau aux carottes du Commensal. Je l'ai surtout choisie d'entre toutes parce qu'il y a des ananas, pas de raisins et pas de crémage. Mon chéri n'aime pas le fromage. Reste plus qu'à goûter.

6.07.2008

ça prend tout le monde pour faire un monde

Bon c'est fait et comme je l'ai voulu, le tout s'est déroulé dans l'allégresse. Bon à part ce moment où je suis partie à pleurer, moi qui n'en voulais pas de larmes pour cette journée. Mais bon, ça été plus fort que moi, ça débordé comme on dit. C'est arrivé après la séance de signatures nombreuses, quand la porte du bureau du grand patron s'est refermée sur le noyau plus intime de la famille pour discuter de l'importance des dits engagements que je venais de prendre envers ma profession. Eh oui, que voulez-vous, j'ai beau grogner parfois, mais je l'aime bien mon boulot au onzième.

Au réveil ce matin, la nouvelle donnée dans ma vie est venue la première se planter dans mon esprit. Pour moi, c'est comme ça. Ce moment flou où le rêve et la réalité se rencontrent et se saluent pour le changement de shift, c'est là que le disque dur reprend du service et départit les informations. Le déroulement de la journée à venir surtout, mais quelque fois, comme ce matin, les événements de la veille prennent le dessus l'espace de leur réminiscence. Ainsi, je me suis revue assise devant la paperasse, dans un état de contentement. Enfin.

Aujourd'hui, ce samedi qu'on annonce chaud et écrasant, Cht. s'en vient en ville. C'est la deuxième information qui est apparue dans mon cerveau. Il y a plus d'un an que je ne l'ai vue. C'est cette amie qui a vécu en Corée, puis au Japon, pour finir à Taiwan. Elle était partie là-bas, en Asie, il y a plus de dix ans, pour y enseigner l'anglais. Ce boulot ne nécessitait qu'une formation de base avec bien sûr comme pré-requis de bien parler et écrire la dite langue, avec en plus une capacité à léguer le savoir à d'autres. Cht. a donc accompli ce travail particulier d'être plongée dans une culture totalement étrangère et de se retrouver devant des individus ne parlant pas du tout la langue qu'ils sont venus apprendre. Sans oublier qu'elle a dû parvenir elle aussi à se débrouiller dans ces dialectes gutturaux.

Après toutes ces années, elle dit qu'elle est revenue pour de bon. Reste à savoir pour combien de temps. Parce que j'ai l'impression que la miss a le voyage et l'étranger dans le sang, quoi qu'elle en dit. Elle est de la même race que Sr., mon amie aux ailes qui ne tient pas longtemps en place. Elles sont de ceux qui ont vu les beautés du monde et qui savent. Que sauter dans un avion pour aller explorer un coin de la planète, ce n'est qu'une question de priorité et que les avantages de telles découvertes valent tous les fonds de pension, tous les REER, tous les investissements immobiliers. Comme je l'ai dit, c'est une question de priorité et de choix. Elles font le choix de constamment pétrir leur âme au contact de la rencontre sur le terrain.

Alors Cht., avant de revenir de Taiwan, a conclu toutes ces années à l'étranger par une tournée dans plusieurs pays. C'est d'elle que j'ai reçu une première carte postale de la Tanzanie, ce berceau de l'humanité, et puis une seconde de Jérusalem, la ville sacrée. Décidément, ses yeux en ont vu des trésors et des cultures, des soies et des nourritures.

Les miens en tout cas viennent de découvrir un jeune homme totalement pété. C'est M. qui m'a dit de venir voir ce drôle de phénomène sur l'écran de son ordinateur. M. l'a lui-même découvert par son ami, Al. Je tiens à vous le faire découvrir à mon tour parce qu'il est de ces individus qui rentrent dans cette catégorie de gens qui jouent les funambules entre le génie et la folie. Absolument décoiffant. Son nom, c'est Lasse Gjerstsen. Je l'inscris dans mes liens à l'instant. Ce que vous y verrez, c'est un collage vidéo hallucinant. Si vous aimez, je vous recommande de dénicher A self portait by Lasse Gjertsen une fois rendu sur You Tube. C'est facile, vous n'avez qu'à regarder à la droite, sous la rubrique "vidéos similaires". Moi, des gens comme lui, j'en veux à la tonne sur la planète, compris?

6.05.2008

enfin

Le grand jour demain. Je me marie à ma profession. La main droite sur la bible, la gauche sur le coeur. Pour des siècles et des siècles, amen. Bon, peut-être pas des siècles, mais il est vrai que le temps est malléable lorsqu'il passe par nos cellules grises. D'ailleurs, par où d'autre passerait-il ce vilain facteur vent qui nous pousse toujours vers l'avant?

Dieu est bon. Mon feu sauvage a fleuri sur le plat de ma lèvre et il ne paraît pas du tout. Côté habillement, je dois repasser ma robe grise, mais d'abord couper l'étiquette. J'ai fait l'essaie de l'ensemble robe-bas collant-chaussure hier et M. semble avoir trouvé le tout très joli. Il m'a dit que je ressemble à une des filles du quatuor vocal et instrumental Amiina. O.K.

La surprise de la journée, c'est que trois des plants d'haricots "Kentucky" ont fait leur apparition dans le jardin. Leurs tiges sont bigrement longues si je considère que pas plus tard qu'hier, il n'y avait rien là où elles ont émergées. Avec elles, il y a quatre ou cinq plants de capucines qui sont également parvenus à éclore de leur semence ronde comme une bille. Ça pousse Fardoche, ça pousse en s'il vous plaît.

Courts, courts, courts qu'ils sont à nouveau mes cheveux. Pour une deuxième fois, je suis passée entre les mains de Ml., cette coiffeuse pas compliquée qui a travaillé avec une détermination digne des fous. Vous savez ces gens qui se tiennent en équilibre entre la folie et le génie? Eh bien, Ml., elle est de ceux-là quand elle se lance dans une coupe. Ces ciseaux passent sur chaque millimètre de ma chevelure et je sens les lames devenir des papillons qui butinent tellement elle y va d'une main délicate, mais ferme. J'adore.

Toute prête pour demain. Demain, ce vendredi au boulot qui s'achèvera en beauté. Que dis-je? Tous les vendredis au boulot se terminent en beauté, non? Surtout lorsque l'on va se régaler chez Rumi après, en famille. Youpi.

6.04.2008

je carbure aux petites merveilles

Pour vous, quelques petites mises à jour.

D'abord, le jardin. Que se passe-t-il dans le potager de "Ludivine la pas fine qui a pissé dans ses bottines"? Je ne vous dirai pas d'où sort ce vers des plus colorés. Tout ce que je vous en dit c'est que ça se poursuivait avec "Pis Martin pas plus fin, a chié dans la boîte à pain" et que Martin, c'était le prénom du voisin de mon âge qui habitait à côté de chez moi lorsque j'étais toute petite. Bon ça y est, j'ai tout dit. C'était une chanson pour nous faire fâcher. Le genre de truc que les adultes et les enfants plus vieux chantent pour taquiner les tout-petits. Heureusement, Martin et moi, on les laissait faire. Nous avions d'autres plans que de réagir à cette pacotille. Les haricots frais de monsieur Jl. nous attendait dans son grand potager. Il nous fallait aller s'asseoir dans les rangs et les croquer à peine brisé du plant. Eh bien justement, parlons-en de ces végétaux qui s'étirent les racines dans la terre noire et détendue par les milliards de particules d'eau tombée des cieux. Ah biologie fascinante, écosystème éblouissant, cycle éternel. De toi vient la vie et la mort, selon. Selon l'instant.

Maintenant donc, les feuilles rondes des radis ont percé le sol en deux rangs moins d'une semaine après la mise en terre de ces graines minuscules couleur taupe. Depuis, leur pousse est impressionnante. Dieu que je suis entourée de merveilles. Mon homme, les semences. Comment ne pas me coucher le soir sans avoir cette envie de dire merci? Alors, je le dis: Merci pour toutes ces merveilles, merci.

Merci pour la bedaine de ma soeur qui pousse, elle aussi, à une vitesse fulgurante. G. mange ses fruits, ses salades et son yogourt pour cet être qui se forme dans elle, une multiplication de cellule à la fois. Elle est persuadée que c'est une fille. Bien sûr, si c'est un garçon, elle sera tout aussi comblée. Mais que voulez-vous, il paraît que les mamans captent parfois la vibration intuitive qui leur indique le sexe de cet ange qui s'apprête à délaisser ses ailes pour venir goûter à l'incarnation en se faisant expulser de la matrice. Petite créature bien mystérieuse qu'un foetus en développement à constater le nombre effarant de conversations qu'il génère au onzième. Les superstitions, les trucs, les symptômes, les anecdotes. Une mine inépuisable que ce b-é-b-é. Chose certaine, quand ce sera mon tour, j'ai l'impression que chacune de ses conversations reprendra lieu, que les mêmes conseils fuseront. Non par redondance, mais plutôt par besoin de communier, de l'humain qui a enfanté à celui qui poursuit la mission même de la génétique en enfantant.

Autre chose, je ne tricote plus. À ce sujet, sachez que ma tendinite ne s'en porte que mieux. Je crois que la manipulation des aiguilles ont précipité l'aggravation de la brûlure de mes tendons. Quand je recommencerai à entasser les mailles en ligne, ce sera dans quelques mois sans doute et j'utiliserai des outils moins contraignants. La tuque de poupon, c'était trop congestionné comme premier projet après tout. J'avais les doigts emberlificotés.

Dernière petite information. Je pense que je vous avais glissé un mot rapide sur ma résolution de début d'année de concocter en moyenne un dessert par semaine. À date, je peux dire que je tiens bon et que cette semaine, ce sont de fameux muffins choco-framboises fondants qui trônent sur le comptoir dans l'attente de se faire encapsuler en tant que collation pour mes lunchs. C'est ma soeur G. qui m'a refilé la recette la semaine dernière après m'avoir fait cadeau d'un des siens. Faire des petites douceurs, ce n'est pas si sorcier après tout. Surtout si on a la poudre de perlimpinpin.

6.02.2008

entretien généalogique

Vous ai-je dit que mon homme m'impressionne? Voyez-vous, je crois que je lui devrai des excuses pour de nombreuses années encore tellement j'étais sceptique quand il évoquait son côté manuel et que depuis que nous sommes arrivés au paradis, il ne cesse de m'éblouir de sa débrouillardise, de son travail minutieux, de son labeur soutenu, de sa capacité à accomplir de multiples tâches. Samedi, chez grand-maman, il a posé de la tapisserie, pour la première fois de sa vie et voilà qu'aujourd'hui, il a redressé les marches en pavé uni qui mène à la porte d'entrée. Il les trouvait dangereuses à cause du dénivellement entre les grosses pierres de contour et les plus petites de remplissage. Quand je suis arrivée, il sortait de la cour, les genouillères encore en place, la casquette salie de sable. J'ai vu le résultat et vraiment, il m'impressionne mon homme. Un énorme boulot d'abattu en une journée.

Monsieur est en vacances pour la semaine. De son planning détente, il a accompli la première des tâches. Il veut aussi teindre le deck arrière et maintenant, je crois qu'il veut s'occuper de recouvrir le béton brut du grand balcon avant soit de crépi ou d'une peinture protectrice. Mon homme compte également voler sur Scoot - prononcé Scout -, la tête dans les nuages et le nez au vent. Heureusement qu'il est là lui pour lui insuffler un peu de ludisme.

Moi, mes vacances arrivent à grands pas. Trois semaines de décrochage du onzième. Enfin. Mais le plus beau, c'est que c'est avec ma soeur B. et ses deux enfants, Em. et Wiwi. que je les passerai, principalement à St-Sauveur chez notre mère, sur le bord du lac. Nous n'avons rien de planifier. Nada, niente, ziltch. À part de partager notre bonheur de nous retrouver, après presque deux ans d'éloignement. D'aller cueillir des fraises comme Em. le veut tant et de fêter Wiwi. qui aura deux ans à la fin juin. De plonger dans l'eau froide du lac toute la bande ensemble et de marcher le fameux trajet que ma soeur B. a sillonné inlassablement à son séjour chez maman. De cuisiner de petits plats simples avec les produits locaux achetés au kiosque du coin parce que les terres cultivées vont déborder de légumes croquants qui sentent la terre et de petits fruits juteux qui tachent les doigts. Ensemble. La petite bande sans plan. À part celui d'être biens, tranquilles, heureux, réunis.

M. travaillera pendant ces trois semaines de congé. Il viendra nous faire des coucous pendant les week-ends et il est certain que B. voudra voir notre paradis, surtout qu'il est situé tout près de celui de notre soeur G. et Rb., son amoureux. Puisque nous n'avons pas encore de chambre d'invités, c'est là qu'elle s'installera avec les enfants lorsqu'ils viendront tous dans la région.

Mais le plus beau, c'est qu'ils seront là, tous, le beau-frère y compris, un mois après environ. Hier M. disait hier que la dernière semaine avant qu'ils ne repartent à Hong Kong, au mois d'août, allait être agréable vu que nous serons tous deux en congé et qu'il y a longtemps que toute la famille - ma grand-mère, ma mère, les trois soeurs, les conjoints, les enfants - ne s'est réunie. Oui, il y a une éternité me semble-t-il. Il faut apprécier les petites choses de la vie, comme cette chance de pouvoir avoir une famille au lien en santé. Rien de plus fort que le noyau. Mais, là où il y a le nombre, il y a les défis de communication. Prions pour que tout aille pour le mieux, avec le moins de petits orages entre nous. Surtout que franchement, on s'améliore à chaque année qui passe. C'est ça la beauté de jardiner nos relations de sang, c'est de récolter l'unité. Celle qui sent la terre et qui tache les doigts.