orphelins de l'Éden

4.29.2011

beau et vrai

Tout s'est mis en place pour toi. Notre miracle renouvelé. C'est comme ça que je te désignerai jusqu'à ce que je sache comment m'adresser à toi autrement, avec plus de précision, ce qui devrait être possible autour de notre cinquième mois de fusion, fin août, moment où ton grand frère s'intégrera au groupe de Cr. et que je retournerai au onzième jusqu'aux vacances de Noël, si tout va bien côté santé, avant de revenir au paradis jusqu'en septembre 2013, si tout va bien côté budget.

Je sentais que tu étais là. Bien installé pour profiter du confort de ma gestation. D'ailleurs, j'ai fait pipi sur un premier test maison au matin de l'anniversaire de ton papa pour pouvoir lui offrir la bonne nouvelle même si, à ce moment-là, je n'avais aucun retard dans mon cycle. Je le sentais que tu étais là, c'est tout, avec une confiance sereine. Aucun symptôme, mis à part des sautes d'humeur vertigineuses. Il s'est avéré négatif, et deux autres encore, une semaine plus tard et puis au matin de Pâques, pour peut-être pouvoir l'annoncer à la tablée familiale, de vive voix. Tous négatifs. Mais je le sentais, je le savais, et j'en étais rendue à mon quarante-et-unième jour dans mon cycle. Ma courbe de température - débutée au douzième jour de mon cycle seulement - se maintenait en plateau élevé après la chute typique de l'ovulation. Des signes solides. Alors tu me connais - puisque tu m'as choisie -, j'ai persisté à croire que tu étais là et j'ai fait un peu de recherches sur Internet en tapant les mots clefs "test de grossesse efficacité" dans Google, ce qui m'a mené à un forum où une des intervenantes avait dressé une liste des tests trouvés en pharmacie selon leur capacité à détecter le nombre d'UI d'hormones HCG par litre. Les trois tests de la même compagnie très populaire qui n'avaient donné que des résultats négatifs - faux négatifs - se retrouvaient dans la catégorie d'efficacité très moyenne. Je me suis donc procurée un de ceux à la plus haute sensibilité - l'Ultra à 20 UI/L - et puis voilà, les deux lignes rosées sont apparues cette nuit à 1 h 50 environ dans la toilette, après une visite nocturne auprès de Bo.

De retour dans l'îlet, ma raison me disait de laisser dormir ton père jusqu'au matin, lui qui a tant besoin de son sommeil, mais mon coeur l'a emporté et une fois qu'il fût réveillé, il nous a fallu une grosse heure et demie pour arriver à replonger dans le sommeil. Ensemble, nous avons calculé ton moment d'arrivée parmi nous - à terme, le 3 janvier prochain -, l'écart d'âge qu'il y aura entre Bo. et toi - deux ans et trois mois -, le moment de ton entrée en garderie - le fameux septembre 2013 mentionné plus haut, si possible. Ton père a trouvé la quatrième vocation de la pièce orange: notre chambre après l'aventure cododo avec toi. Tu nous quitteras pour t'installer dans ton propre lit et puisque la pièce où nous sommes installés présentement est la plus grande des deux chambres à l'étage, nous pourrons vous laisser cet espace à partager entre membres de la même fratrie. Peut-être voudrez-vous des lits superposés. Bo. sera assez grand à ce moment-là pour grimper dans son nid. Et comme ça, à murmurer dans l'obscurité pendant une heure et demie.

Bien sûr, il a aussi été question du départ de Nougat le gros chat. Comme si elle savait elle aussi avec moi, elle qui devenait de plus en plus nécessiteuse de mes soins auprès d'elle le jour, elle dont je n'aurais plus pu approcher la litière, étant porteuse de toi, mon miracle renouvelé, ce qui aurait été presque impossible puisqu'elle était devenue extrêmement capricieuse, exigeant toujours un coin petits besoins propre, allant sinon déféquer ailleurs.

Question aussi du moment de la transition de Bo. vers sa chambre. Avec amusement, nous avons constaté que ce nous avions toujours donné comme ultimatum s'est avéré vrai. Lorsque tu t'annoncerais à nous, Bo. devrait dormir loin de nous, pour ne pas qu'il se sente rejeté, remplacé. Neuf mois, que nous nous étions dit, se serait assez long. Il ne lui aura suffit que quelques minutes pour s'ajuster, tout ça sans que nous sachions pour sûr que tu arrivais.

Garçon à qui nous avons annoncé ce matin à son réveil qu'il ne serait plus seul bien longtemps. Quand il verra mon ventre s'arrondir et qu'il te sentira nager sous ses petites menottes, il commencera à comprendre. Quand tu seras emmailloté au creux de nos bras, il saura. Que tu es là, pour rester, pour toujours, avec nous. Bienvenu miracle renouvelé, et surtout, surtout, merci.

4.28.2011

animisme

Dans la boîte avec l'empreinte de sa patte dans l'argile, il y a une pochette pleine de ses poils noirs. Je ne m'attendais pas à cette trouvaille. M. trouve ça morbide. Il dit que ça ouvre la plaie à nouveau, que ça nous fait reculer dans notre deuil en la faisant remonter à la surface de notre mémoire d'un coup. Une semaine et demie ne suffit pas à effacer quoi que ce soit de ta présence au paradis. À tous les jours qui passent, je te cherche. Heureusement, je sais que pour le restant de ma vie, je peux te trouver dans mon coeur.

4.26.2011

easy going

Depuis que Bo. a sa chambre bien à lui, le paradis semble plus balancé. Chaque pièce de l'étage principal est maintenant ordonnée en fonction du rôle qu'elle dessert pour chaque occupant de la maisonnée. Lorsqu'il rentre dans la pièce orange, qui en est à sa troisième vocation depuis que nous sommes installés dans notre demeure, c'est dans son espace privé qu'il pénètre et je le sens tout heureux, comme si c'était son petit chez-lui dans notre modeste chez-nous.

Je le sens tout heureux aussi lorsqu'il se réveille de ses dodos et qu'il reste assis dans son lit comme pour étirer le temps là où il vient se reposer confortablement. Il touche les chiens brodés sur son édredon, il fait danser ses deux peluches, il jette un coup d'oeil dehors parce qu'il y a une fenêtre qui donne sur la rue juste à côté de son lit. Avec ses cheveux en bataille et ses pommettes roses. J'en ferais deux bouchées. Mon grand garçon qui grandit en champion avec cette joie au coeur qui facilite tout.

4.24.2011

silencieusement, je m'entends

Seule sur le quai, étendue sur le dos de tout mon long, les paupières closes mais pleines de cette lumière jaune de ce dimanche de résurrection, je suis. Le calme, le bien-être. Je nage dans mon véhicule aussi paisible que l'eau du lac qui dort sous la croûte glacée. Je flotte dans l'immobilité de cet instant créé. J'ai enfilé mon manteau pendant la sieste de garçon chez ses grands-parents après avoir eu le O.K. des femmes qui restaient à l'intérieur pour s'occuper de lui si jamais il se réveillait, je me suis détachée du groupuscule familial discutant à l'extérieur des grandes transformations que subira la maison de St-Sauveur sous peu après m'y être attardée par politesse sincère, je suis descendue à la rive pour scruter l'étendue du lac qui s'est avérée aveuglante sous la splendeur solaire, je suis demeurée là, debout quelques minutes, jusqu'à ce qu'une voix me dise: détends-toi vraiment. Je me suis donc couchée pour m'offrir ce bref moment de plénitude. Plus que tout, cet humble don à moi-même.

4.22.2011

juste à côté

Le weekend pascal verra la dissolution de l'îlet tel qu'il était depuis le greffon ajouté en novembre dernier. Nous avons décidé que le temps est venu pour que le lit de garçon migre là où il y restera pour les années à venir. Depuis des semaines que nous sentions monter le besoin de retrouver notre intimité. Eh bien voilà, c'est demain que ça se passe.

Après cette dernière nuit avec garçon à un bras de distance de moi, nous aménagerons sa chambre dès la matinée, que l'on annonce pluvieuse, et à partir de la nuit prochaine, je devrai me lever pour aller le réconforter s'il se réveille, ce qu'il fera sûr et certain. Je suis sa maman, ça va donc de soi. Bien sûr, papa m'assure qu'il fera son possible pour me donner un coup de main, mais il dort comme une bûche pour ne pas dire comme un bloc de ciment et je n'aime pas qu'il hypothèque la récupération de ses journées.

Garçon s'amusera à collaborer à la transition. Je sais qu'il sera fasciné par la transformation de la salle de jeux à son espace personnel multifonctionnel. En observateur qu'il est, il suivra avec intérêt le déplacement de son mobilier et l'organisation de ce lieu que nous désirons agréable pour lui.

M. graissera ensuite les pentures de la porte qui se plaint pour assurer la quiétude des futurs sommeils de garçon et après le dîner, au moment de sa sieste, notre bonhomme grimpera dans son lit qui aura changé de pièce. Mais juste avant, il lui aura fallu se réorienter après être sorti de la salle de bain où nous lui aurons changé les fesses pour qu'il soit au sec. À présent, un nouveau chemin guidera ses pas jusqu'à sa niche de repos, loin de nous.

Ma tête sait que ça doit se faire, mon coeur craint de s'ennuyer de sa présence, mon âme attend de reformer la parenthèse avec celle qu'elle a choisi pour la vie.

4.20.2011

tenir bon

Le compte à rebours est amorcé. Celui-ci inclus, il ne me reste plus que cinq messages à pondre avant d'arriver à une nouvelle centaine entamée dans mon espace virtuel, la huitième. Back to back, ça en fait du blabla ça mes amis. Mon livre que je n'ai jamais encore publié, celui que je n'avais jamais imaginé s'épaissir autant.

Je me souviens encore de mon scepticisme lorsque M. tentait de me convaincre de me prêter à l'exercice de bloguer. Je venais de m'effondrer dans la cuisine après avoir reçu une autre lettre de refus d'une maison d'édition. En 2006, à ce moment-là, quelques illustres inconnus gagnaient en popularité sur la Toile en publiant des bribes quotidiennes et anecdotiques de leurs univers - Taxi la nuit, La ville s'endormait entre autres - et il me suggérait de surfer la vague. Pourquoi pas finalement que je me suis dit. Qui sait où cela me mènera.

Ainsi, avec la maladresse d'une nubile, j'ai assis la première pierre de cette demeure artistique qui allait s'échafauder avec persévérance dans la pratique et, bien que mon univers ne se soit jamais transformé en plateforme hyper fréquentée, je suis plus que reconnaissante de me savoir lue avec régularité par plusieurs.

L'important surtout, c'est que ce lieu soit aussi mon école, l'endroit qui assouplisse mes méninges. Comme un musicien fait des gammes, l'auteur gribouille toujours pour ne pas rompre le fil de cette voix qui parle dans lui, sinon, la paresse s'installe, ce qui rouille l'écrit, l'alourdit et le distancie de son origine par manque de communication avec son ventriloque. Dans mon cas en tout cas.

Je crois que pour atteindre mon but de tenir un jour mon livre entre mes mains, je dois ne pas rompre le fil de cette voix qui parle dans moi. Maintenir ma discipline d'amatrice même si mon rêve me fait souvent penser à ce pot d'or au bout de l'arc-en-ciel, même si, au premier coup d'oeil, chaque texte ne semble pas me rapprocher de mon but.

Les années passent et moi, je suis là.

4.18.2011

face it

Do you have a cat?

Le visage d'An. blêmit et je sens que si elle pouvait, elle m'arracherait à ce moment pour me faire bondir cinq secondes dans le passé. Elle lance une paire d'yeux outrés à son amie, mais comment pouvait-elle savoir, elle qui vient de débarquer d'un autobus de Kingston hier seulement? An. pensait que son mari avait raconté à cette amie la perte de Nougat pendant leur trajet du retour de la station d'autocars. Il faut dire que nos voisins Brésiliens ont témoigné du triste évènement installés aux premières loges. D'abord, ils nous ont prêté la cage de leur chat pour transporter notre panthère soyeuse vu que nous empruntions habituellement celle de la mère de M. qui gardait garçon ce soir-là et que nous ne pouvions donc pas la déranger à 21 h. (Malgré ce prêt, elle est restée enroulée dans un drap molletonneux dans mes bras du paradis à sa fin.) Ensuite, ils ont eu l'immense gentillesse de nous préparer un souper le lendemain, histoire de nous laisser nous - me - reposer complètement des émotions de la veille.

Après cette question coup de poing ce matin, vient cet appel en après-midi de la clinique vétérinaire où nous allions avec Nougat à chaque année depuis trois ans. Une jeune femme me demande si nous voulons toujours les deux sacs de nourriture réservés. Nous les avons ramassés il y a une semaine et demie que je réponds, mais en passant, vous pouvez fermer le dossier, Nougat a été euthanasiée samedi soir. Je sens que la technicienne au bout du fil voudrait bondir deux minutes dans le passé.

Décidément, il me faut l'accepter.

4.17.2011

r.i.p.

Sous mes mains, tous les muscles de son corps se relâche. Ce n'est déjà plus elle. Elle n'est déjà plus là.

De retour à la maison, en nettoyant les planchers parce qu'en quelques heures seulement sa vessie a décidé que c'était la fin, je la revois à plusieurs moments de ma vie. Quinze ans de compagnonnage, ça laisse des traces. Elle qui m'a suivie au travers vents et marées. Ma bouée de sauvetage qui me ramenait à l'essentiel en me ronronnant une berceuse.

Il fallait bien que ça arrive. Un animal de compagnie, ça vient avec une date d'expiration. C'est triste à dire, c'est peut-être trop cru pour certains, mais à moins d'être un perroquet qui peut vivre jusqu'à cent vingt ans, c'est vrai.

Le pire, c'est que de tous les moments, elle a choisi hier soir. Notre soirée d'intimité chaude s'est transformée en veille de deuil et garçon qui découchait pour la première fois de sa vie reviendra à une maison sans elle. À part le fait qu'elle ne sera plus jamais avec nous, roulée en boule au pied du lit ou courbée au-dessus de son bol à nourriture occupée à faire craquer les grains durs sous ses crocs, c'est ça le plus terrible, que garçon n'ait pas eu la chance de lui donner un dernier gros bec en enfouissant tout son visage dans ses poils comme il aimait tant le faire à plusieurs moments de sa journée.

M. me demande si je pense qu'il sera traumatisé. Partir sans nous pour revenir dans une maison vide de la présence de son chat adoré. Plus jamais pouvoir aller la brosser avec sa brosse spéciale qu'il allait chercher dans son armoire à elle, plus jamais passer ses orteils en éventail dans son pelage lorsqu'il est assis sur le petit pot le matin, plus jamais pouvoir l'embrasser première chose après avoir mis le pied à terre au réveil, plus jamais courir après pour la flatter. Je ne sais pas. Sans doute sera-t-il comme nous, triste de ne plus la trouver nulle part.

Nougat le gros chat, je te revois avec tes quatre frères, à gambader auprès de ta maman et de ta grande soeur au coeur de ce joyeux troupeau. Seule avec moi ensuite, seule mais avec toi, dans mon appartement sur Saint-Denis. Et puis, partout ailleurs où j'ai posé mon baluchon. Sur Mont-Royal, à St-Sauveur, sur Fabre, De Lorimier, St-Joseph où tu as rencontré ton papa chéri, Saint-André coin Jarry, et enfin ici, au paradis. J'aurais pu récupérer tes cendres pour faire ce pèlerinage à reculons et revenir dans l'Est de la ville où je t'ai rencontrée, mais j'ai préféré l'option d'hériter de l'empreinte d'une de tes pattes dans un moule d'argile pour pouvoir te garder avec moi toute ma vie.

Pour tout dire, j'ai bien failli ne pas te connaître aussi longtemps. Des cinq chatons de la portée, je t'avais choisie avec un de tes frères pour aller te faire adopter dans un pet shop. Il manquait deux semaines à ton sevrage et donc, je t'ai rapportée et plutôt que de choisir un petit chaton au pelage de vache, mon coeur a penché pour toi, douce beauté noire. Dès lors, je suis devenue ta maman, à laver ta litière, à remplir tes bols d'eau et de nourriture, à consulter un vétérinaire pour te soigner lorsqu'il le fallait, à jurer sur la tête de Dieu que tu ne subirais plus jamais de raclée par un chat de ruelle comme ce gros matou blanc qui t'avait déchiré l'oreille à notre première tentative de sortie en faisant de toi un chat d'intérieur, à implorer ce même Dieu à genoux lorsque j'étais revenue d'une tournée au marché Jean-Talon et que je t'avais retrouvée sur le balcon arrière où je t'avais oubliée, exposée au soleil plombant de juillet, ce qui t'avait complètement déshydratée et affolée.

Ton pelage soyeux, tes yeux jaunes, ton museau délicat, ta discrétion, ton affection, ta fidélité, notre communication. Tu es un gros morceau de moi. Pour des siècles et des siècles, je t'aime.

4.14.2011

vieillir sur sa jeunesse

Il y a un mois, je ne me sentais pas la force ni l'imagination de faire de son trentième anniversaire un moment mémorable. Je culpabilisais à peine en me laissant aller à la procrastination.

Lui, il changeait d'idée comme de t-shirt. Un jour, monsieur voulait un party au paradis où tous les invités danseraient jusqu'aux petites heures du matin, l'autre, une possibilité de passer une nuit de chaude intimité avec moi, nous deux, seuls. Au plus bas, il ne voulait plus rien du tout. Une journée normale comme toutes les autres qu'il disait. Le pire, c'est que j'ai bien failli le croire.

Heureusement, l'envie de le surprendre et de souligner ce tournant dans sa vie s'est enfin manifestée en balayant d'un coup de baguette magique mon apathie. Mon homme méritait une journée mémorable et surtout, il me fallait renouer avec ce plaisir immense de donner de façon surprenante.

Donner dans le sens, de planifier, de penser, de manigancer et d'orchestrer. Ce que j'adore faire. Toujours dans l'optique de fournir à l'être aimé des images et des émotions qu'il pourra ranger dans ses tiroirs de souvenirs. Raconter un jour à quelqu'un qui lui demandera comment il a fait le grand saut dans sa troisième décennie ou tout simplement, avoir dans sa mémoire cet instant de bonheur qui le nourrira lorsqu'il l'invoquera.

L'étincelle m'est venue quand j'allaitais garçon pour une de ses siestes. Organiser un toast dans son milieu de travail. Un appel à son patron m'a convaincue que mon cran n'était pas trop exagéré. Ensuite, j'ai pensé à assouvir son besoin justifié que nous nous retrouvions en tant que couple pour une nuit, sans le petit body bouillant de notre poulet adoré endormi tout près de nous. Plus encore, je lui ai offert que nous passions l'après-midi à me magasiner une tenue qui lui plaira et un souper en tête-à-tête. Aussi, toute la journée de son anniversaire, il a été bombardé d'amour par des courriels de la famille et d'amis. Et ce soir-là, les voisins sont venus manger un délicieux gâteau préparé par An. et prendre un verre de thé algérien si gentiment offert par nos voisins arrière.

Ainsi, ce mercredi qu'il a commencé en grognant parce qu'il était apparemment déprimé lui a apporté heure après heure des vagues de joie et de reconnaissance. Et notre journée et notre nuit d'amoureux, c'est samedi. C'est un véritable petit festival M. qui prendra fin chez son père dimanche midi pour dîner. Par ce temps-là, il aura suffisamment de confettis de célébration à égrener pour toute la prochaine décennie.

4.12.2011

beau papillon

M. se rend aujourd'hui au boulot avec Scoot pour la première fois cette année et j'en profite pour faire un petit saut de crapaud avec Jasmine la Fit chez ma soeur G., histoire de voir de visu le nouveau visage de mon neveu tout neuf.

Troublant de ne plus trouver cette fente labiale qui montait jusqu'à son nez et de découvrir plutôt ses traits rafistolés pour de bon. Sa bouche ronde, ses narines rondes, un sillon fin.

Déjà, nous parlons de ce défaut de fabrication au passé. Même si ce n'en est pas fini avec les soucis et les chirurgies. Par exemple, ma soeur se demande comment il arrivera à manger les céréales d'ici un mois puisqu'une fente sépare encore son palais en deux.

Pour cette ouverture, il est prévu d'installer une prothèse temporaire lorsqu'il aura un an, la réparation finale - une greffe à partir de sa hanche - ne devant s'effectuer qu'à ses neufs ans, âge où la structure osseuse crânienne arrive à sa maturité si j'ai bien compris.

D'ici là, je suis certaine que mon neveu tout neuf parviendra à avaler sa nourriture. L'adaptation est une force impressionnante chez l'humain et Ar. a toujours été un parfait spécimen de l'espèce.

4.10.2011

amenez-en

Pendant que les mamans s'exercent, les papas sortent avec les garçons. Ainsi, après le yoga, quand nous prenons le dîner, M. m'annonce que Tg. le Brésilien a lancé l'idée que nous nous réunions tous pour un barbecue chez eux ce soir même.

Il est comme ça Tg., très spontané. An., sa femme, dirait qu'il est un peu tête en l'air. Quoi qu'il en soit, je comprends tout de suite que si nous allons souper tous ensemble, c'est à moi de prendre les choses en mains parce que M. et Tg., le cuistot du foyer, démontent leur abri Tempo pendant l'après-midi et qu'il n'aura pas le temps de s'occuper du repas, surtout qu'il n'a jamais utilisé le barbecue de leur nouvelle maison. En plus, je sortais justement faire les courses de la semaine.

Avec beaucoup de plaisir, le paradis se remplit à partir de 16 h de nos voisins qui arrivent les uns après les autres. An. et E. d'abord; Oa., Oe. et Mx. ensuite; Tg. finalement, une fois qu'il a terminé de nettoyer leur entrée dégagée. M. est fier de montrer aux hommes Scoot qui frétille dans le cabanon et son barbecue aux briquettes pendant qu'ils sirotent tous une bière blonde. Je prépare une salade verte, un couscous de riz et tend les brochettes de poulet à M. C'est officiel, le beau temps est là pour rester.

4.08.2011

se tonifier avec légèreté

Demain matin, An. et moi allons participer à notre deuxième session de yoga à contribution volontaire. L'instructeur, un retraité originaire de l'Inde qui pratique cette discipline depuis qu'il a 18 ans, guide le groupe de manière brouillonne et sympathique. De toutes mes séances de yoga, celle de la semaine dernière fut de loin la plus décontractée et sans prétention. Beaucoup d'exercices de respiration et d'étirements sommaires, très peu de postures auxquelles on m'avait habituée dans d'autres studios. Malgré cela, quelques courbatures ressenties au lendemain des exercices nous ont convaincu du travail accompli la veille.

Environ quatre-vingt personnes étaient réunies dans le gymnase d'une école secondaire, une aire vitrée en grande partie qui nous donne l'impression d'être à l'extérieur, parmi les arbres. Parmi elles, une majorité d'individus du bel âge expliquant peut-être l'aspect soft des exercices.

Autour de M. Sx., l'instructeur philanthrope, sa femme et plusieurs fans de son travail s'occupaient d'orienter les nouveaux venus dont nous faisions partie. An. me répéta plus d'une fois combien elle était impressionnée par toute cette organisation. C'est à peine si l'on ne nous tint pas la main pour aller prendre place sur nos tapis.

Comme uniforme de la forme, nous enfilerons nos horriblement laids t-shirts achetés pour encourager la fondation mise sur pied par M. Sx. et sa femme qui s'est donné deux mandats: venir en aide aux gens dans le besoin et accompagner ceux qui traversent des moments de crise existentielle. De le faire crée une appartenance il paraît.

(sourire en coin)

4.06.2011

pour le prochain

Puisqu'il y a longtemps que je n'aie fait de description de ma routine quotidienne auprès de garçon et qu'il me faut me souvenir de notre évolution parce que la mémoire est une faculté qui oublie - surtout la mienne -, voici, en gros, comment nous passons nos journées depuis quelques semaines.

Réveil autour de 6 h du matin. Petite tétée réconfort - oui, j'allaite encore - pour commencer la journée. Après plusieurs feintes - par exemple, je te demande si tu as terminé, tu te tournes sur le ventre, presque sur tes quatre pattes, mais très rapidement, tu reviens aspirer mon mamelon pour continuer à profiter de la chaleur de notre union -, tu rampes de ton bout de l'îlet - oui, tu dors encore près de nous - jusqu'à l'autre bout où cette bosse-barrage que forme le corps assoupi de ton papa qui profite de son sommeil jusqu'à la dernière goutte te bloque le passage. Je te prends donc et te bécote en t'apportant à la table à langer. Les pipis du matin que nous attrapions toujours sur le petit pot étaient rares ces temps-ci parce que tu as commencé à te prélasser sérieusement à ton réveil, mais ce matin, ta couche de nuit était sèche et le jet de ton urine a tambouriné la porcelaine du bol de toilette. Joie.

Tu viens me rejoindre dans ta pièce où je t'habille avant d'aller déjeuner - gaufre avec sirop d'érable, céréale de maïs servie avec du lait d'amandes ou rôties beurre d'arachide et confiture aux petits fruits, avec le sacro-saint verre de jus - pendant que papa se douche et se prépare à aller travailler, tout ça sur fond de nouvelles radio-canadiennes.

Autour de 8 h, je fais la vaisselle et je commence à m'avancer dans la préparation du souper. Par exemple, je coupe les légumes qui entrent dans la composition du plat au menu ou je bourre ma mijoteuse des ingrédients qui composeront notre repas du soir.

Autour de 8 h 30 - 8 h 45, j'appelle An. ou Oa., l'une ou l'autre de mes voisines, pour savoir si nous nous réunissons ce matin-là et déterminer où. Plus souvent An. qu'Oa. en fait, tout simplement parce qu'elle est toujours partante pour une rencontre tandis que ma voisine Ukrainienne doit quelques fois dans la semaine utiliser son temps de la matinée pour cuisiner. Quoi qu'il en soit, Bo. et moi, nous sortons presque à toutes nos matinées maintenant ou nous recevons, selon. Tant et tellement que tu te rends dans l'entrée si je ne t'ai pas encore annoncé notre départ ou la visite qui s'en vient pour aller ramasser tes bottes l'air de me dire, aller maman, déguédine. Une fois réunis avec les amis, c'est la fête. Les garçons jouent pendant que les mamans papotent. Quelle chance de les avoir rencontrés tous.

Vers 11 h 20, nous sommes de retour à la maison ou la maison se vide, selon. Là, soit le dîner se réchauffe pour se faire déguster vers midi, soit la sieste si tu es vraiment fatigué comme ce matin par exemple.

Ta sieste qui dure entre deux et trois heures et s'étire parfois jusqu'à trois heures et demie. À ton réveil, c'est la collation. Dernièrement, tu adores les smoothies en boîte que j'achète chez Costco - eh oui, nous sommes devenus membres pour réduire notre budget en cette année de mon congé sans solde. Un par jour, c'est la règle que j'ai établie parce que s'il n'en tenait qu'à toi, tu en aurais toujours un entre les mains.

Au moment de la collation, je rappelle An., ma voisine Brésilienne et nous fixons une heure de rencontre pour aller faire marcher les boys dans le grand parc ou se revoir pour un autre play date comme elle dit s'il pleut. Oa. et Mx. sortent un peu plus tard que nous et parce que je dois être de retour à la maison pour environ 4 h 30 pour cuisiner, c'est avec An. et É. que nous passons la plupart de nos après-midi.

De retour au paradis, je cuisine et papa revient du travail. Nous nous attablons autour de 17 h 15 - 17 h 30 depuis que les journées rallongent. À 18 h, je ferme la cuisine et nous sortons marcher les trois ensemble ou nous jouons en écoutant le jazz d'Espace Musique.

Vers 19 h, je me douche et tu prends ton bain à ma suite. Installé dans la baignoire, enfoui dans la mousse, c'est un moment de bonheur avec ton papa.

Une fois ton pyjama enfilé, tu files à ton lit où la tétée de la nuit t'attend. Tu t'endors doucement vers 20 h pendant que je me surprends parfois à penser comment tes pleurs pouvaient me sembler interminables parfois avant que tu ne t'endormes pour la nuit lorsque tu étais plus petit. Heureusement, la mémoire est faculté qui oublie.

4.04.2011

renaissance


Cet ange rencontré hier dans la grande serre du Jardin Botanique, je te l'offre mon cher neveu tout neuf qui est passé ce midi sous le bistouri. Qu'il soit le symbole de cette nouvelle métamorphose, le début de ta vie avec ce visage qui est le tien à partir d'aujourd'hui.

4.02.2011

se redécouvrir par l'autre qui nous découvre

J'écris comme je veux. Ici, c'est chez nous. C'est ma voix. C'est ce qui me vient lorsque la page blanche brille devant moi. Si ça mêle de trop de mots, c'est peut-être parce que:

A - je me sentais l'envolée lyrique;
B - j'avais envie de décrire différemment quelque chose qui revient souvent comme idée;
C - j'ai raté complètement mon coup cette fois-là et que j'aurais mieux fait de ne rien "poster" du tout.

Je l'ai dit il y a un peu plus d'une semaine, dernièrement, il y a eu un creux. Pas toujours facile d'alimenter un espace blog sur une base aussi régulière. Il faut se renouveler constamment en entretenant le lien qui me mène à vous tout en restant fidèle à moi-même en tant que blogueuse, sans trop tourner en rond.

Mais voilà, je ne suis pas une superstar qui vit à cent mille à l'heure, plutôt une maman à la maison au milieu d'une rive-sud dortoir qui n'a d'excitant dernièrement que les quelques V d'oies qui reviennent du sud en cacardant à tue-tête leur retour au ras des nuages. À part que mon fils se développe sous mes yeux comme la plus belle des créations qu'il m'ait été de croiser au cours de mon existence et que je bâtisse de belles amitiés sur une base quotidienne à force de les nourrir de rencontres et de conversations.

Ici, ce n'est pas un lieu de sarcasme ni de négativisme, ce n'est pas l'adresse de débats d'actualité ni celle de digressions intellectuelles qui se vautrent dans le refroidi des théories, ce n'est pas non plus le terreau de la vantardise ni celui de la consommation effrénée.

Ici, je fais un effort pour voir une lumière à chaque fois, pour vivre simplement un bonheur tangible, pour souligner la beauté de la feuille, de la boue, du ciel, du hasard qui fait bien les choses et qui me fait dire que je suis à ma place en ce moment. Je n'ai jamais eu la prétention d'autres choses.

Si un jour mon garçon décide d'éplucher les billets que j'aurai gardés en mémoire grâce à un dispositif technologique qui lui paraîtra terriblement désuet, c'est parce qu'il en aura envie, et libre à lui alors de sauter des lignes, des paragraphes voire des jours au complet si le coeur lui en dit. Car s'il n'y trouve ne serait-ce qu'une phrase qui s'accordera avec son esprit, l'exercice aura eu sa raison d'être.