orphelins de l'Éden

8.30.2007

l'ange noir

J'entends le clapotis que font les lapées de Nougat le gros chat. Depuis que nous lui redonnons ces pilules de dexasone, son appétit est revenu, plus féroce que jamais. Après sa dernière visite chez le vétérinaire, qui remonte à presque un mois maintenant, M. avait pris la décision de ne plus lui donner ces cachets, proche parent de la cortisone, parce que, disait-il, le prise de médicaments raccourcit sa longévité. Eh bien, au bout d'une semaine et demie à la voir se lécher de façon maniaque, j'ai flanché et je lui ai donné sa petite pilule. Il en restait deux dans le flacon. Il fallait que je renouvelle la prescription.

J'ai donc fait transférer ses dossiers dans une clinique vétérinaire près du paradis pour faciliter nos prochaines visites et pouvoir avoir la dite prescription le plus rapidement possible. Après quelques appels entre moi, la technicienne de la nouvelle clinique et celle de l'ancienne, nous avons finalement compris que le médicament pour mon chat n'était pas disponible chez le vétérinaire de la rive-sud. Là, la technicienne m'a proposé d'aller chercher le médicament chez Jean Coutu. C'est ainsi que sur le nouveau flacon de dexasone, il y a d'inscrit Nougat *** (mon nom de famille). M. et des collègues ont fait des blagues en me disant d'essayer d'envoyer le reçu à mes assurances. Ce serait le boutte de la marde comme dirait l'autre.

Depuis que madame reprend son médicament, elle est un ogre. Elle dévore ses graines et sa molle comme si ça faisait des jours qu'elle n'avait rien ingurgité. Je la guette parce que la dernière vétérinaire que nous avons rencontrée m'a bien dit que Nougat le gros chat était sur le bord d'une hyperthyroïdie et qu'un des symptômes, c'est justement un appétit insatiable. Si elle perd du poids, je saurai qu'il nous faudra sans doute lui donner un nouveau médicament en plus de celui pour ses démangeaisons. La pauvre, elle vieillit et comme le chantait ma grand-maman la semaine dernière:

Une pilule
Une p'tite granule
Une crèm'
Une pomade
Y'a rien de mieux mon vieux,
Si tu te sens malade*

Au moins, mon chaton se sent mieux justement. Elle s'écrase à nouveau d'un bout de plancher au lit sans obséder à propos de sa peau qui lui pique. Nous voyons à quel point la dexasone la soulage. Elle se léchait tellement qu'elle s'était fait un bobo sur le bedon. Depuis, la gale a enfin guéri et son poil a même recommencé à pousser un peu plus sur son ventre et ses pattes.

Cet animal, c'est mon amour. Notre relation est forte et discrète. Quand elle grimpe sur moi pour se blottir sur mon ventre et ronronner, j'en profite. La dernière fois que c'est arrivé, j'ai demandé à M. de prendre une photo de nous deux. Maintenant que nous avons notre divan de cuir et qu'elle a fait une coche dessus avec ses griffes arrière, elle ne monte plus souvent quand nous y sommes assis. De toute façon, nous ne passons pas beaucoup de temps dans le salon. Quand j'écris, je suis dans la pièce orange et souvent, M. est à son ordinateur. Il y a donc moins d'occasions pour elle de se rouler en boule sur nous. Mais à toutes les nuits, elle vient dormir à nos pieds ou sur notre oreiller. Souvent M. passe son bras autour d'elle et la tire contre son visage pour l'enfouir dans son pelage de peluche, même s'il est allergique. Ces fois-là, elle tire ses pattes d'avant dans un signe de bien-être et elle roucoule comme un pigeon au soleil. Nougat le gros chat, au fond, c'est l'ange du paradis.

*paroles de S. Archambault, de la chanson Remède Miracle