orphelins de l'Éden

10.23.2008

il paraît qu'on récolte ce que l'on sème

Entourée d'un vidéaste-metteur en scène-monteur, d'un apprenti-monteur-acteur et d'un peintre-danseur, j'ai participé à un souper d'anniversaire tout à fait fantastique hier soir. Jl. était célébrée par onze amis tous venus souligner l'importance de sa présence dans leur vie. Nous avons mangé pareil à des convives royaux et ri de bon coeur au fur et à mesure que les réparties fusaient. À la fin du repas, Jl. a ouvert ses cadeaux. Ses deux collègues lui ont offert un Sauternes. Jl. a lancé à l'intention de son amoureux Tv. qu'ils pourraient la partager avant de concevoir leur deuxième enfant. Là, à ce moment bien précis, j'aurais dû me taire, laisser la proposition de Jl. faire planer leur imagination. Mais voilà, j'ai cru bon d'ajouter un bémol. Moi et ma foutue grande gueule.

J'ai ajouté sérieusement que de boire une bouteille la même soirée qu'ils tenteraient une grossesse ne serait pas une bonne idée car selon mon ostéopathe, l'alcool augmente l'acidité des corps ce qui, conséquemment, diminue l'efficacité du processus de fécondation. Les spermatozoïdes perdraient l'immunité de leur longévité propre à un milieu basique. Ouf. Gazant. Ultra gazant. Tant et tellement qu'une des deux collègues de Jl. qui voulait sans doute détendre l'atmosphère subitement devenue par trop doctorale clama que l'alcool avait été de la partie lors de ses deux conceptions. De son côté, Jl. a surenchéri en affirmant que sa fille avait été conçue pendant une soirée bien arrosée.

J'oublie.

J'oublie qu'autour de moi, personne d'autre que nous ne semble avoir de la difficulté à concevoir un enfant, que mes manies et théories factices visant une santé optimale ne sont d'aucune aide devant cette évidence aussi évidente qu'un nez au milieu d'un visage: aucun foetus ne s'implante dans moi. Bien sûr, mon entourage ne manque ni compassion ni d'empathie, mais disons que je n'aime pas ressasser le sujet. Pas envie de tomber dans ce que j'appelle la victimite, pas envie de susciter la pitié, pas envie de générer over and over again le malaise de cette incapacité. D'ailleurs, je vous avais promis de ne plus vous emmerder avec ça. Mais il fallait bien vous tenir un peu au courant.

Alors voilà, j'oublie que les questions que nous nous posons, personne ne se les pose. J'oublie que cela n'intéresse pas ceux qui réussissent à perpétuer leur génétique avec une simplicité désarmante. Cela ne les intéresse pas parce que ça ne les concerne pas. Ça serait peut-être pareil pour n'importe quel autre souci qui marginalise. N'empêche que plus le temps passe, plus je constate notre isolement à vivre cette épreuve. M. est un bon partenaire d'épreuve. Grâce à Dieu.

Je continue donc à prendre ma température à tous les jours à 5 h 30 tapantes, samedi et dimanche inclus. Je trace tranquillement mes courbes de température. J'identifie mon ovulation. Je prends du vitex à partir de ce moment. Et nous faisons l'amour avec amour. Parce que non nous ne sommes pas stressés outre mesure. Cette fameuse réplique que tout un chacun me sert quand j'ose aborder le sujet parce que la question bébé survient - "Oh tu sais quand tu laisseras aller, quand tu décrocheras, tu tomberas enceinte" - je la défléchis avec ce raisonnement:

A - Je sais que tout le monde le fait en se basant sur l'histoire d'une amie d'un ami qui est tombée enceinte après trois ans d'attente et de rendez-vous en clinique de fertilité quand enfin ils avaient opté pour l'adoption parce que les médecins n'arrivaient pas à déceler le pourquoi du non fonctionnement de leur procréation. Genre de mythe urbain sympathique qui est mieux que de se retrouver avec le silence souvent trop lourd pour l'interlocuteur embarrassé.

B - Vivant la situation de visu, je sais que nous ne sommes pas obsessifs. Seulement, je crois qu'il est normal de se poser des questions dans un premier temps et ensuite de chercher à trouver des pistes de solution. Vouloir un enfant, ce n'est pas comme hésiter entre deux teintes pour le salon. Nous y allons à notre rythme parce que non ce n'est pas quelque chose de facile à avaler. La reproduction, ça interpelle notre fonction de base. Sommes-nous disfonctionnels? Nous le saurons bientôt. Nous en aurons le coeur net.

Pourquoi nous retrouver dans l'oeil de cet ouragan? Avons-nous offensé les dieux et si oui, pourraient-ils nous guider sur le chemin du repentir? On en vient à se demander ce genre de connerie. Très judéo-chrétien comme schème d'appréhension. Se flageller pour expier une faute karmique qui expliquerait cette incapacité à enfanter. Bien sûr, M. et moi, nous n'avons pas partagé ce genre de réflexion. C'est seulement dans ma tête de linotte que ça pourrait naître. Malgré tout, je le répète, je n'obsède pas. Disons seulement qu'au moins une fois par jour, pour X, Y raison, je suis confrontée à mon utérus en grève. Comment ne pas pousser un soupir de découragement une fois de temps en temps? Comment ne pas me laisser gagner par ce découragement un peu plus à chaque mois où je saigne?

Je tiens à vous dire maintenant que je n'accepterai aucun commentaire suite à ce message. Je sais que ma douleur est palpable. Cela suffit pour tout le monde.

2 Comments:

At 2:47 a.m., Anonymous Anonyme said...

Je me permets de te dire que je t'aime ma Lu. Oui, la situation ds laquelle tu vis presentement est tres difficile car tout le monde dans ton entourage tombe enceinte en 2 secondes...
En esperant que votre rencontre avec le specialiste pourra trouver la raison pour laquelle c'est plus long dans votre cas. Et quand le grand jour arrivera, je pense que toute la ville de Montreal va faire une grosse fete en votre honneur! Lache pas ma Lu, le grand jour arrivera, promesse de ta grande soeur.
Bxo

 
At 12:46 a.m., Anonymous Anonyme said...

Allô la belle Lu :)
Tu veux devenir maman ! c'est extraordinaire. Tu as bien le droit d'être frustrée de l'attente, de pleurer, de brayer et tout le reste. Après tout c'est le reste du monde qui prend pour acquis la conception n'est ce pas ? Seulement 24 heures dans le mois pour concevoir ! C'est un miracle d'y arriver, un miracle qui est pris pour acquis. Est-ce que ce tu as commencer à créer ton rêve dans le réel ? La chambre de bébé est commancé ? Pourquoi pas ! C'est ton droit de vouloir être maman et nous avons le privilège de faire ce qui nous fait envie, même faire la chambre de son bébé. Meilleur que la visualisation à mon avis. Et si tu balaçais ton thermomètre pas la fênetre (au figuré bien sur) et te consentrais sur la chambre de ton bébé :)
Je t'embrasse fort
Cri xoxo

 

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