orphelins de l'Éden

10.05.2008

les derniers soubresauts des fourmis

Tirée d'un gros dodo, qui m'a valu la visite de nombreux songes étranges, dont un où 46 jeunes gens envahissaient ma cours arrière pour accomplir les travaux de préparation avant l'hiver parce qu'ils avaient choisi par hasard notre maison pour orchestrer cet acte généreux, je regarde ma journée à venir, ce premier dimanche du dernier mois des récoltes dans notre coin du monde, et je sais que j'abattrai cette énorme besogne accompagnée de mon amoureux. Il y a des jours comme ça où la barre est haute et malgré tout, on réussit à sauter par-dessus, exténué, mais fier de notre médaille au cou.

Aujourd'hui, il faut fermer le jardin, planter les vivaces que maman, aidée de son amoureux Jc., nous a fait don hier, relever une partie du terrain pour éviter l'accumulation des eaux de pluie à la jonction de la fondation du paradis. Les mains dans la terre donc. Bien emmitouflés.

Deux journées de labeur extérieur de suite puisque hier, nous avons cordé le bois de maman en prévision de l'hiver. Pendant que nous travaillions à empiler les bûches, ma soeur G. et grand-maman popotait dans l'antre, bien au chaud. Ainsi, nous avons partagé deux bons repas tous ensemble. Tous, mais pas tout à fait. Quand ma soeur B. a appelé depuis Hong Kong pendant le repas du soir, nous sachant réunis pour la corvée, sa voix nous a révélé à quel point elle aurait aimé être avec nous et bien sûr ma B., nous aussi toi et ta petite famille, vous nous manquez tous. Énormément. G., qui a habité dix ans loin du noyau familial, a encore répété à quel point il est difficile de ne pas être là, avec l'ensemble, à de telles occasions.

Pourtant ma B., quand j'empilais les bûches, j'ai pensé à toi à plusieurs reprises. Je me souviens de la dernière fois que nous avons accompli la corvée pendant que tu étais encore parmi nous. Ce jour-là, j'ai pris une photo de nous toutes avec mon appareil manuel, n'ayant pas encore passé au numérique. Tu quittais quelques semaines plus tard. Je me souviens que toi et moi, nous nous sommes retrouvées seules à emboîter les bouts de bois à plusieurs reprises pendant la journée et que nous avons jasé et ri. Ce feeling de cette fois-là, il m'accompagnait hier. Tu étais là ma B., rieuse et resplendissante.


L'automne donc. Avec ses couleurs et ses pommes. D'ailleurs, la fin de semaine prochaine, ce sera le plaisir d'aller les cueillir. Je m'inquiétais de notre retard à le faire, mais Jc., qui a déjà travaillé dans un verger, m'a rassuré en me disant que les Cortland, elles sont meilleures après un premier gel. Maman est convaincue qu'il est pour cette semaine ce fameux saisissement des sols. La fin de semaine prochaine, nous aimerions aussi aller chercher des volailles dans la fermette d'une tante à M. Samedi dernier, il y avait une célébration du côté de la famille de Cl., maman de M. Tantes, oncles, cousins et cousines, tout ce beau monde se sont retrouvés pour remettre à jour les informations sur l'un et l'autre de visu. Pendant le souper, nous avons partagé la table avec deux couples formés par deux des soeurs de Cl., donc deux tantes de M. J'ai passé un bon moment à discourir avec Cd., l'amoureux de Fr. et j'ai aussi découvert que la tante de M., Pl., et Cld., son amoureux, habitent sur une terre où ils font l'élevage de volailles de toutes sortes - cailles, canards, oies, dindes, poules - qu'ils nourrissent de bons grains. Ils procèdent aussi à l'emballage des volatiles proprement abattus et vendent cette chair qu'ils ont engraissé avec soin. Nous les contacterons pour nous rendre chez eux et faire le plein en prévision des mois à venir. Surtout, j'ai comme mission particulière de revenir avec l'oie qui servira à nourrir les invités du réveillon de Noël qui aura lieu chez ma soeur G. et Rb., son amoureux, qui seront depuis peu, parents du petit Lc.

Lundi prochain, je peux affirmer que nous pourrons rendre grâce en connaissance de cause, ayant été bien nourris par les produits de la terre des mois qui viennent de filer et s'étant préparer aux mois plus difficiles en engrangeant quelques-uns de ceux-ci. Fins prêts pour les marmites fumantes et les joues rouges.