orphelins de l'Éden

10.03.2008

inepties

L'héroïne du roman qui m'a fait pouffée de rire ce matin dans l'autobus autour de 6h55, au moment où elle bouillait de désir naïf pour l'homme en face d'elle, cherche le vent d'ouest. Elle parcourt la ville de Montréal en interrogeant tous ceux qu'elle croise sur son chemin pour le dénicher afin de le ramener dans son village natal. Eh bien, parfois, la réalité et la fiction auraient avantage à s'entraider en emmêlant leurs trames. Parce que cette dame âgée avec qui je me suis retrouvée dans l'ascenseur pendant quelques minutes sur mon heure de dîner m'a interpellée en me parlant du vent froid de l'hiver. Une façon comme une autre pour nouer un fil ténu de conversation.

Froid, oui. J'ai même enfiler ma tuque et mes mitaines ce matin en empruntant mon nouveau parcours de marche inauguré la semaine dernière. Les gens que je croisais tremblotaient et une paire d'yeux a bien failli m'arracher mon bonnet à son profit. La seule ainsi vêtue, je n'avais aucun regret, du genre qu'une âme qui se soucie du regard des autres aurait peut-être eu. En grande frileuse, j'assume totalement ma tenue douillette.

M. est installé sur l'ilôt. J'entends les bulbes, tubercules et crucifères se faire trancher à coups de lame achevant chaque mouvement sur le bois de la planche à découper. M. est le maître des soupes. Il arrive toujours à concocter une soupière pleine qui réchauffe l'estomac de bonnes choses aux parfums bien assortis.

Ce froid donc, il m'enveloppe et m'invite à languir l'abandon à la fatigue. Ce soir, dans les bras de mon amoureux, sûrement la poitrine écrasée sous le poids agréable et chaud de Nougat le gros chat, je ne ferai pas grand-chose. Je laisserai mon esprit vogué sur les ondes télévisées et tôt, je me glisserai dans un sommeil peuplé, ni de réalité ni de fiction mais de songes étranges, pourtant naturels pour cette case horaire.

La voilà cette poésie qui s'infiltre dans mes divagations bien maigres. Combien j'aimerais vous raconter cette histoire pas possible d'un âne qui a bloqué la circulation sur une île importante de la Méditerranée autour de midi hier parce qu'il n'avait pas eu sa ration de graminées à la même heure que d'habitude et que, chargé lourdement de toute manière par son propriétaire cruel, il a décidé de figer sur place, aussi impressionnant que la femme de Loth, cette statue de sel rendue telle par curiosité malsaine ou était-ce par inquiétude impie? Combien j'aimerais vous dire le cafouillis de véhicules rendus complètement inutiles devant cet animal obstiné obstruant le carrefour principal de la ville principale de cet île principal avec un culot magistral, et poursuivre en vous détaillant les dizaines de minutes à tenter de déplacer l'animal attelé transformé en béton armé, et encore avec le dénouement gentil provoqué par l'arrivée d'une fillette tendant sa galette d'avoine à la pauvre bête aux longues oreilles basses.

Mais je sens l'oignon se dorer les pelures dans la marmite et je sens bien que demain, en cordant le bois chez maman, l'effort me ravivera de fait par l'électrochoc cartésien induit par cette organisation de la matière organique à emboîter avec la parfaite maîtrise spatiale typique d'une adepte de tétris qui excelle. Le froid, l'effort, la famille. Rien de tel pour réveiller un franc-parler et chasser cette lassitude infusant mes mots. Se taire, maintenant, avant de vous perdre à tout jamais.

1 Comments:

At 7:23 p.m., Anonymous Anonyme said...

Cet âne, était-il à lire vos lignes et comme moi, absorbé de tel façon que seule la faim pouvait ramener sur ses pattes. J’ai déjà hâte à dimanche soir. Bon samedi à tous.

ZinDaCup

 

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