orphelins de l'Éden

9.15.2008

l'oignon

Nouveau rendez-vous chez mon ostéopathe, A-M. En lui montrant mes courbes de température, elle voit que quelque chose ne va pas, elles sont trop en dents de scie. Elle me demande si je prends ma température à tous les matins, à la même heure, avant même de me lever du lit. Oui, à tous les matins, non pas toujours à la même heure puisque je me lève plus tard la fin de semaine et non, pas avant de me lever du lit, mais plutôt au moment du premier pipi de la journée. Alors, voilà, je dois recommencer l'exercice pour arriver à plus de précision. D'accord. Aussi, je lui parle de ma prise de vitex. Elle me conseille plutôt de la limiter à la deuxième moitié de mon cycle, c'est-à-dire à partir de mon ovulation jusqu'au début de mes règles. Selon elle, c'est dans cette période que je suis en phase progestogénique et c'est là que mon corps a besoin du coup de pouce donné par le vitex. Bon, d'accord. Ah oui et il est préférable de l'ingérer le soir avant de me mettre au lit, plutôt que le matin à la première heure. Semble-t-il que le vitex provoque l'endormissement. Entendu.

Tout ça, c'est avant même de passer à la table où A-M palpe mon corps pour y déceler les noeuds et les tensions. D'abord, elle me replace le bassin puisqu'il n'en fait qu'à sa tête et se désaxe entre chaque séance. Ensuite, elle se concentre sur mes cervicales qui causent ma tendinite. Après plusieurs manipulations, A-M est satisfaite.

Arrive le moment de l'examen interne, là où se trouve mon utérus, à l'intérieur donc et qui, la dernière fois, était contorsionné. Cette fois, même chose. A-M me confirme que mon utérus, qui siège dans mon bassin, subit la torsion de ce dernier. Mon squelette est comme ça depuis que je suis sortie du bedon de ma maman, quand la tête d'un de mes fémurs n'était pas emboîté dans l'articulation coxo-fémorale.

Cette fois cependant, il y a une différence dans les manipulations que me fait A-M. Je sens une douleur lorsqu'elle palpe mon ovaire droit d'abord. Elle me demande de respirer, ce que je fais tout en essayant de penser à autre chose. Puis, elle passe à l'ovaire de gauche et là, la douleur est insupportable. Elle masse la région nouée pour tenter de libérer la tension. Elle me demande à nouveau de respirer, d'envoyer de l'air dans ses doigts. J'essaie, j'essaie fort, mais le mal l'emporte et je ne peux retenir mes pleurs.

De là, d'une question à l'autre, tout déboule. En gros, j'ai peur de la grossesse. Vous direz, mais oui, il est normal d'avoir peur puisque c'est de l'inconnu. Mais justement, pour moi, c'est presque de l'ordre de l'inconcevable. Bon, reprenons du début. Avant la peur, il y a le fait que je suis un être humain un peu particulier en ce qui concerne mon identité sexuelle. Ouf. Non, je ne suis pas lesbienne. Ce que je veux dire par rapport à mon identité sexuelle, c'est tout simple. Habituellement, on est soit dans le camp du sexe féminin, soit dans le camp du sexe masculin. Dans mon cas, évidemment, je suis supposée être dans le camp féminin sauf que voilà, je me sens neutre. Je suis un être humain, un point c'est tout. Mes seins et mes menstruations me classent dans la gent féminine, mais dans ma tête, je suis neutre. Ni l'un ni l'autre. Je n'ai jamais trouvé ça difficile de vivre dans cette neutralité, mais maintenant que je dois utiliser mon corps de femme pour enfanter, tout ce que je n'ai jamais eu à faire face, remonte à la surface avec urgence.

Bizarrement, en parlant avec A-M, qui continue à masser le noeud, une brèche apparaît dans mon autocensure et la douleur s'envole. Une autre pelure d'identifiée, une nouvelle nourriture pour l'esprit à mâcher.

Alors voilà, le morceau est craché. Déjà, d'avoir mis des mots sur cette crainte sourde qui m'habitait, c'est un pas de plus vers ce fameux moment où je serai enfin le nid de l'âme qui viendra se lover en moi en toute quiétude. Je sais que Dieu m'aime de vouloir me faire grandir à coup de prises de conscience. Dans l'adversité d'aujourd'hui, il m'épargne des ratés demain.