orphelins de l'Éden

9.24.2008

dédoublement

Ça y est, le soleil a bel et bien tiré la couverture sous son menton. Seule une trace mauve trahit sa présence de l'autre côté du globe. Je te remercie grand Astre pour cette chaleur parfaite diffusée aujourd'hui en ce jour d'automne parfait.

En marchant ce midi pendant la pause dîner, je me suis gorgée de luminosité, les yeux plissés en pâte d'oies. À mes pieds, des crottes d'oies, grosses comme des merdes de chiens de petite taille jonchaient l'immense terrain de l'endroit où nous demeurons tous. Petites bouteilles de savon, petite chambre d'hôtel, grosses crottes d'oies.

Dans ce lieu où nous sommes réunis pour la conférence moi et les cinquante-sept autres invités, il y a tout sous un même toit: nos chambres, la salle de conférence, la cafétéria, le pub, la piscine, etc. Dans les couloirs, je croise des gens de tout horizon, allant des militaires vêtus de leur uniforme camouflage aux religieux portant leur col romain. Tout ce beau monde a abouti ici, au milieu de nulle part, pour discuter de choses concernant leur microcosme.

Malgré cette obligation a être avec les autres, je me retrouve seule. Non pas que je sois mise de côté par l'ensemble, bien au contraire. Plutôt, j'ai besoin de ma solitude pour trouver la force de retourner dans le groupe, replonger dans cette dynamique forcée, bien qu'agréable. Je me retire sans bruit, avec discrétion. Je vais marcher ou je m'assois sur un banc à l'extérieur en plein soleil aux pauses de quinze minutes. Aux heures de repas, je prends place près de quelqu'un si quelqu'un que je reconnais il y a. Sinon, je m'assois seule et j'ouvre un livre. Je profite du repos qui est à portée.

Hier soir, l'ensemble a décidé de se réunir en soirée pour partager des verres. Ne buvant plus beaucoup, pour ne pas dire plus du tout, j'ai choisi de retourner à ma chambre après le souper, de m'enrouler dans une couverture moelleuse et d'ouvrir la télé pour me gaver d'images filantes. Ce matin, la femme prenant place à ma gauche pendant ces jours de présentation de toutes sortes m'a dit qu'elle a été malade à 4 h du matin. Je lui ai conseillé de boire beaucoup d'eau pour éviter le mal de bloc. Finalement vers midi, elle a commencé à reprendre du poil de la bête comme on dit, tant et tellement qu'elle a reparlé de boire ce soir même. À l'heure où j'écris, la petite fête recommence à nouveau pour sans doute se terminer aux petites heures du matin.

Eh bien ma petite personne, elle n'a pas envie de se rendre là-bas pour nouer conversation avec tout un chacun, surtout pas avec un verre à la main. Ce n'est pas dans ma nature. J'aurai les meilleurs moments en résumé demain matin et ça me convient tout à fait.

Mais si je ne m'écoutais pas, je lèverais mes fesses et je me rendrais là-bas, parce qu'il paraît que ces get together sont l'occasion idéale pour créer des alliances professionnelles. Mais justement, je crois qu'il y a d'autres moyens de créer des liens. Entre autres, saisir l'opportunité de jaser avec l'un et l'autre lorsqu'elle se présente ou en provoquer poliment. Je peux dire que j'ai rempli le mandat que mes employés m'ont confié. J'ai été une bonne ambassadrice en déployant une humeur rieuse et pertinente et j'ai réussi à influencer le cours des discussions à ma façon.

Vendredi, je serai de retour au onzième. Reste à voir ce que les patrons voudront que je fasse des informations que je ramènerai. Quoi qu'il en soit, j'aurai dormi la nuit de jeudi avec mes amours et ma petite routine de petite personne reprendra son cours paisible. Bien qu'il ne se soit jamais interrompu. Je suis ce que je suis. Ici, ailleurs. Là où je suis.