orphelins de l'Éden

10.09.2008

mandala

D'une ville enfouie sous l'épaisse noirceur d'un matin pluvieux, Montréal, à l'heure du midi, est redevenue colorée avec ses toits d'églises verdis, ses condominiums aux briques rouges, ses touffes de végétation aux teintes automnales. Les nuages encore épais couraient rapidement, poussés par un vent venu de l'ouest.

Finalement, on peut dire que le vent souffle aussi socialement. L'économie fait que plusieurs mangent leurs bas, sans mauvais jeu de mot. Elle provoque un revirement dans la campagne électorale. Faites que les jours passent à la vitesse de l'éclair d'ici là et que la tendance s'amplifie et se maintienne.

D'ailleurs, avez-vous remarqué la chute évidente du prix de pétrole à la pompe depuis la semaine dernière? Drôle de coïncidence quand on se souvient qu'une des attaques les plus redondantes servies par les chefs de l'opposition pendant les débats de la semaine dernière justement concernaient les faveurs accordées par le gouvernement conservateur aux pétrolières. Entre vous et moi, est-ce que les pétrolières aimeraient voir un autre chef que Harper élu mardi prochain? Non, bien évidemment que non.

Aujourd'hui, c'est Yom Kippur. Pendant ma marche du midi, j'ai croisé plusieurs Juifs vêtus sobrement et élégamment qui revenaient d'une célébration à la synagogue. Sur les ondes radios à l'aurore, un correspondant en Israël expliquait que les rues étaient vides en ce jour solennel à l'exception de quelques enfants enfourchant leur bicyclette. Même les banques sont fermées aujourd'hui là-bas. Remarquez, la bourse de New York était aussi fermée le jour suivant le lundi noir d'il y a trois semaines parce que c'était Rosh Hashanah ce mardi-là.

Le monde est à l'image des individus. Parmi plusieurs événements, il faut arriver à départager selon ses valeurs. Besoins spirituels, besoins matériels, tous deux décortiqués en sous-éléments selon nos priorités. Avec Jl. au téléphone pendant ma petite pause du matin, nous parlons un peu des contradictions qui brouillent parfois notre mode de vie. Déchirée entre des valeurs familiales et des valeurs de subsistance, il faut arriver à continuer avec cohérence. Trouver l'équilibre entre les différentes cellules qui constituent nos vies. Conjuguer notre individualité avec notre identité sociale et ce sous l'influence de multiples facteurs tels que les patterns hérités de notre éducation, les conventions, les obligations. Il faut une éternité pour démêler un tant soit peu les morceaux de notre puzzle et une autre pour débuter à les emboîter et une troisième afin de débuter à avoir une vue d'ensemble. Sans parler de l'éternité qu'il faut pour réaliser que l'image qui se forme dans le puzzle représente une boîte cartonnée contenant une infinité de pièces à démêler un tant soit peu. Heureusement, sourire ne prend que le temps de sourire.