orphelins de l'Éden

10.29.2008

au bout de toute chose il y a un dénouement

Nous revenons d'un autre rendez-vous chez le vétérinaire. Malgré un bilan sanguin # 1 confirmé avant-hier et deux nuits d'affilée sans vomissement, la magie fut rompue par la découverte de flaques séchées dans le couloir et sur notre lit à mon retour du boulot cet après-midi. L'étape suivante, c'était une radiographie pour identifier la présence d'anomalies probables, du genre masses. Dans la cuisine, à l'arrivée de M., avant le rendez-vous, nous avons décidé que si des masses étaient trouvées et qu'elles étaient cancéreuses, nous ne revenions pas avec elle au paradis ce soir. Encore des larmes mes amis. Je peux vous confirmer que mes canaux lacrymaux sont bien débloqués dernièrement. Avant de quitter, sans être mélodramatiques, nous avons pris notre première photo de petite famille, M., Nougat le gros chat dans ses bras, et moi, la tête appuyée sur son épaule, les yeux rougis.

En gros, nous sommes revenus avec elle après une heure trente à la clinique. Le vétérinaire nous a interprété l'image en noir et blanc sur laquelle le squelette et les organes de notre chérie étaient mis à nu. Voyez ici ces deux vertèbres sont soudées, ce qui veut dire que votre vieille chatte a perdu un peu de sa souplesse. Je vous en fais mention parce que c'est là, même si ça n'a rien à voir avec les vomissements. Aussi, je tiens à souligner que sa vessie ici, ses reins là, la pointe photographiée de son foie que nous apercevons à gauche, son estomac juste à côté, tout ça semble en bon état, de formes normales, bonnes nouvelles donc. Enfin, dans le côlon, on peut apercevoir les nombreuses crottes rondes qui attendent à la queue leu-leu le moment de leur expulsion, mais là, juste là, vous voyez ici, je veux dire, comment vous expliquez... regardez les lignes blanches que je pointe du bout de mon crayon, elles là, elles ne sont pas supposées être visibles à ce point. Habituellement, comme ailleurs dans l'intestin, les parois ne sont pas assez épaisses pour apparaître clairement sur le film. Habituellement, on comprend la démarcation parce que des tuyaux ombragés se détachent de l'ensemble. Hors, ces lignes blanches, elles sont anormales et leur existence pourrait être à l'origine des vomissements. Que sont-elles exactement? Des amas de cellules anormales qui peuvent être contrôlées par médication. Pour déterminer leur épaisseur et leur degré d'avancement, vous pourriez faire faire une échographie. Ah, vous dites que les soirs où votre animal reçoit sa dose de cortisone pour son problème de prurit concordent avec les nuits d'accalmie, exemptes de régurgitation. En effet, votre question est bonne, la médication qui peut contrôlée ce problème d'épaississement de la paroi de l'intestin grêle est à base de cortisone. Bien sûr, les doses devraient être augmentées et ajustées pour le confort de votre animal par rapport à ce qu'elle ingurgite déjà.

Nous avons donc quitté avec une prescription en poche et beaucoup d'espoir. Oui de l'espoir parce que Nougat le gros chat vit en prenant de la cortisone depuis un peu plus de deux ans maintenant et que les symptômes secondaires qui étaient susceptibles d'apparaître dès lors ne se sont jamais pointés le bout du nez depuis. Pas de diabète précipité par un débalancement hormonal. Bilan sanguin # 1 l'attestant. D'ailleurs, le vétérinaire nous a avoué être surpris par les résultats spic and span de notre chat âgé. En soi, c'est assez inhabituel. Moi, ce que j'en comprends, c'est que notre chaton d'amour, il est encore là pour rester. Surtout que les fameuses doses de cortisone pour contrôler son prurit étaient minimales, tant et tellement que les vétérinaires rencontrés depuis qu'elle a commencé son traitement sont toujours surpris de constater que les faibles doses que nous lui administrons suffises pour contrôler ses démangeaisons. Surprise sur surprise, Nougat le gros chat nous confirme qu'elle est d'une espèce bâtarde aux gènes bétons. Alors comme la première fois pour son problème de prurit, nous arriverons à trouver la zone confort de notre chérie pour que cesse ses vomissements. En plus, le médicament qu'elle prendra à présent couvrira les deux problèmes et il n'y aura pas vraiment de différence d'avec avant. Enfin, c'est ce qu'on espère. On espère surtout que ses vomissements cessent, que ses démangeaisons soient contrôlées, qu'elle retrouve la tranquillité de ses vieux jours à se rouler en boule.

Parce que oui la médication peut soulager suffisamment pour poursuivre l'existence d'un être cher au-delà d'une maladie. Bien sûr, nous sommes loin de parler d'acharnement dans ce cas-ci. Nous nous serions acharnés si une masse avait été repérée et qu'après avoir procédé à une aspiration infructueuse, il aurait fallu passer à une biopsie sous anesthésie générale pour déterminer si elle était cancéreuse, tout ça avec la poursuite des vomissements. Est-ce que nous encourageons l'industrie phamarceutique en nous rendant au comptoir du Jean-Coutu pour faire remplir un flacon de petites pilules? Je crois sincèrement que nous utilisons cette ressource avec discernement.

À ce sujet, chère M-H, dans ton commentaire laissé suite à mon dernier message, tu t'excusais de devoir me ramener sur le droit chemin, celui de la mort digne si tel devait être le cas, celui qui ne me ferait pas tomber dans le piège de l'aveuglement sentimentaliste au profit d'une industrie qui roule sur l'or sur le dos des maux. Je suis désolée de te dire ici que cette montée de lait de ta part m'a fait réalisé à quel point notre amitié est jeune. Je pensais que tu savais déjà que je ne suis pas de ceux qui vont à leur pharmacien ou à leur médecin les yeux fermés, la langue tendue. Je ne communie pas niaisement avec cette business qui déresponsabilise l'individu et le déconnecte de sa propre santé, de son propre corps en remettant tout le pouvoir du diagnostique entre les mains des praticiens à la blouse blanche. Je suis de ceux qui participent au mieux de leur capacité à leur remise sur pied quand besoin de le faire survient. Je fouille et farfouille, je questionne, je contre-vérifie, je teste des moyens alternatifs, je lis, je m'informe et puis, quand toutes mes pistes me mènent au recours de la médecine moderne, j'y vais en connaissance de cause, en tant qu'être sachant aller au bout de son mal en l'abordant bien en face, les yeux dans les yeux. Comme mon amie-collègue Cht. a dit après avoir lu ton commentaire, sûrement que le deuil de ton Figaro, chère M-H, est remonté à la surface à la lecture de mes lignes et que c'est pour ça que tu t'es emportée. Sûrement. Pour ça et parce que tu pensais que je dérapais, d'où ton désir de m'aider avec amitié, à ta façon. Merci. Sache que mes décisions ne sont pas prises à la légère ni les solutions adoptées sans avoir d'abord pesé leurs conséquences. Je suis une enfant d'Hippocrate. Même pour aborder la santé de Nougat le gros chat.