orphelins de l'Éden

10.31.2008

vision

En travaillant aujourd'hui, mon esprit a erré. Sautillant d'une idée qui menait à une autre, je suis arrivée à penser que si j'avais mon mot à dire dans un regroupement d'individus vivant ensemble selon certaines règles de vie, du genre une communauté reliée par des valeurs similaires, je proposerais ceci: quand un membre du groupe aurait besoin d'un remontant moral, l'ensemble se réunirait pour se concentrer sur la guérison spirituel de cet être affaibli en se recueillant soit par la prière, soit par la visualisation, soit par la méditation. Chaque participant contribuerait à augmenter l'intensité énergétique d'une entité vivante en la bombardant d'amour, de réconfort, d'enveloppement.

Et puis, cette pensée m'a amenée à revisiter une parenthèse de ma vie survenue entre les rues Bélanger et Jean-Talon, sur l'avenue Papineau, qui a pris lieu il y a environ cinq ans. Je me souviens que j'étais avec mon amoureux, près du véhicule. Je ne sais plus comment cet homme et moi avons commencé à parler, mais je me souviens qu'il était hispanophone et qu'il s'exprimait dans un anglais approximatif. Je crois qu'il sortait de l'église à deux pas de là, institution religieuse que je n'avais jamais vraiment remarquée avant ce moment, bien que je venais d'habiter le coin pendant quatre ans. L'homme parlait avec exaltation. Nous en sommes rapidement arrivés à la foi. Il m'a dit qu'il avait vécu un miracle, un véritable miracle, du genre de celui qui a permis l'érection de l'Oratoire. Il m'a raconté que quelqu'un dans son village natal, une femme, était tombée gravement malade. Grabataire, elle en était à rendre l'âme lorsque tous les villageois se sont réunis pour prier collectivement pendant toute une nuit. Un peu comme une veillée mortuaire, mais avant que l'âme ne quitte pour de bon. Un dernier cri du coeur lancé à cette force vitale qui insuffle tout et chaque chose. Entends-nous t'implorer de demeurer dans elle encore un peu plus longtemps, réponds à notre requête de gens l'aimant et lui souhaitant un sursis. L'homme croit au miracle parce qu'au petit matin, la femme a repris du mieux et a poursuivi sa vie encore quelques années, complètement remise sur pieds malgré l'avis des scientifiques qui l'avait condamnée à six pieds sous terre, sans possibilité de s'en tirer.

Puis mon esprit a repensé à cette autre conversation échangée avec un autre étranger, dans un salon de thé de la rue Émery cette fois-là. Le jeune homme et moi jouions au go. Pendant que nous déployions nos stratégies à la chinoise, nous parlions de nos croyances, de nos espoirs, de nos impressions d'humains sur cette croûte. Il me raconta qu'il avait lu quelque chose à propos d'une manifestation pacifique qui avait eu lieu dans la région de la ville de Washington il y a plusieurs années maintenant. Des milliers de gens s'étaient réunis pour prier ensemble dans les endroits publics. Pendant cette période de recueillement à grande échelle, le niveau de criminalité avait baissé de façon si significative dans la cité habituellement minée par une sourde agressivité que la corrélation avait été rendue évidente. Claire et nette. Le taux vibratoire de l'ensemble, concentré sur une fréquence paisible et positive, avait influé sur l'énergie collective des autres humains se trouvant dans un rayon de proximité significatif.

Imaginez le pouvoir de tous les monastères de la Terre réunis ensemble, ces châteaux forts de la bonne vibration. Imaginez maintenant de changer nos façons de nous comporter dans les familles et d'adopter ce genre d'option, ce genre de transfusion empathique pour un de la meute. Imaginez tous les rapprochements certains, tous les maux pansés. Reste à savoir si l'humain, l'homme, l'individu, l'individualiste, est rendu là, s'il est prêt à mettre de côté son nombril pour devenir un canal, un transmetteur, un capteur. Et puis d'abord, qui de nos jours se recueillent consciemment, intentionnellement? Qui osent partager ces expériences avec leur entourage? En dehors des regroupements spirituels, qui s'aventure sur le chemin de la connection avec le grand tout, le grand manitou? Qui parle à lui-même sous les réverbères d'une rue endormie?