orphelins de l'Éden

4.30.2008

la cigogne, le chou

Bon, ça y est, je peux enfin en parler ici, dans cet espace. Ma soeur G. est enceinte. Elle vient de l'annoncer à nos collègues du onzième. Alors ça va maintenant, la digue est ouverte.

Cela étant dit, je peux aussi enfin vous révéler ce qu'a été mon premier projet. Le voilà:

Un bonnet de nouveau-né. J'ai choisi la couleur abricot puisque nous ne connaissons pas encore le sexe de cet ange qui arrivera parmi nous au mois de novembre, selon le planning.

Ma soeur a entendu son coeur battre pour la première fois lundi dernier. Elle dit que le sien a fait trois tours à ce moment-là. Elle porte bel et bien un minuscule humain dans son ventre, qui lui, gonfle tranquillement, mais sûrement.

Vous vous souvenez quand j'ai parlé d'envie il y a un peu plus d'un mois? Eh bien, je venais d'apprendre qu'elle était enceinte. Et moi, en soeur égocentrique, j'ai été envieuse. Sachez cependant que j'ai maté l'ennemi et M. et moi, nous sommes revenus à l'adage "chaque chose en son temps". Ça engorge moins l'énergie vitale, ça la pollue beaucoup moins surtout.

Je suis heureuse pour ma soeur G., elle qui en voulait tellement un bébé, depuis tellement longtemps. Mariée pendant dix ans à un homme qui remettait toujours à plus tard le moment parfait pour se lancer dans cette aventure de couple qu'est l'enfantement, elle entendait le tic-tac de son horloge biologique depuis quelques années déjà. Un de ses rêves est en train de se réaliser. Elle rayonne et avec elle, son amoureux Rb., rayonne aussi.

Il paraît que Rb. a été la star auprès des enfants de ma soeur B. lorsque lui et G. sont allés passer un mois à Hong Kong avec eux. Tant et tellement que Wiwi, le plus petit de deux enfants, qui prononce quelques mots pour l'instant, a fini par appeler Rb. par son prénom. Il faut dire qu'Em., sa soeur aînée, cherchait toujours Rb. dans le vaste appartement. Ma soeur G. est enchantée d'avoir vu son homme en action avec des tout-petits.

Alors voilà, notre famille grandira sous peu. Notre prochain Noël comptera un petit être de plus au sein de notre clan. Une nouvelle binette à admirer. Des nouvelles péripéties à suivre attentivement, jusqu'au jour où nous réaliserons tous que le temps file à vive allure. Hier encore, nous n'étions que cris et pleurs, biberons et bras.

4.28.2008

notre coin du monde

Le voyage. Bises de San Francisco de mon amie Jl.. Et puis samedi, en visite chez Fr., notre ancien voisin d'en dessous, j'apprends que la nouvelle voisine de palier part la semaine prochaine pour dix jours en Espagne pour marcher un segment de Compostelle. Et ma soeur G. qui revient tout juste de Hong Kong. Le voyage. Il y a longtemps.

Mon dernier long périple remonte à six ans lorsque je suis allée trois mois au Togo. Je me souviens des termitières immenses dressées sur le bord des sentiers de terre rouge qui nous menaient à l'école où mon amoureux de l'époque et moi enseignions là-bas ni la religion ni la morale, mais plutôt quelque chose s'apparentant aux débats éthiques, selon une méthode dynamique, celle de la philosophie pour enfants. Les élèves, presque aussi âgés que nous, installaient leur table de travail en cercle et selon des thèmes, devaient construire une discussion autour d'une question élaborée par le groupe, acceptée par consensus et puis explorée sous tous ses angles. Cette méthode toute simple apprend l'écoute et pousse tout un chacun à s'ouvrir aux apports des autres, à leur langage, à leur structure de pensée. Les règles sont assez peu nombreuses, mais elles permettent un échange riche et allant de l'avant. En effet, une fois que la question est adoptée, il faut lever la main pour demander la parole. Le tour de parole est noté et accordé lorsque l'interlocuteur a terminé son exposé. Aussi, lorsqu'arrive notre tour, il est impossible de faire marche arrière dans la discussion en voulant par exemple rebrousser chemin à un point soulevé par le deuxième interlocuteur de la communauté de recherche - nom donné au groupe qui s'adonne à cette méthode - lorsque vous êtes le sixième à prendre la parole. En plus, lorsqu'un apport est fait, il n'est pas permis de nourrir la discussion par des ouï-dire, du genre "mon oncle Henri a déjà vu des fleurs carnivores en action et donc, je crois que les végétaux ne sont pas des êtres si paisibles que ça au fond". L'oncle Henri n'est pas là, donc nenni, ça ne passe pas.

Mais revenons au voyage. Dernièrement, M. et moi, nous zieutons du côté de l'Islande. Cet État insulaire nous attire avec sa nature à l'état brut, malgré les paysages de l'est striés de tuyauterie complexe des fonderies d'aluminium et une moyenne annuelle de température oscillant autour de 5 degrés Celcius. Reykjavik, la capitale la plus septentrionale au monde, est reconnue comme étant "sans fumée" puisque la géothermie est le mode d'énergie préconisé dans la ville, où le bâtiment le plus élevé est la Tour de Hallgrímskirkja, une église. Étrangement, Reykjavik signifie "baie des fumées" en islandais puisque les premiers colons y remarquèrent d'abord les vapeurs d'une source thermique. C'est cette ville traversée par une rivière à saumons qui a pondu des talents musicaux comme Bjork, Sigur Ros, Amiina et Mùm. C'est surtout eux qui nous ont mis la puce à l'oreille quant à ce pays nordique pas très touristique.

Pour quand le voyage? Seul l'avenir nous le dira. Surtout que l'Île de l'Islande est située sur la dorsale médio-océanique et qu'une éruption de la cheminée volcanique qui la nourrit en énergie géothermique la ferait disparaître de la carte, littéralement. Mais ça, c'est sûrement pour dans très longtemps. Je pense que nous pourrons fouler son sol avant cela. Mais nul ne sait de quoi est fait le lendemain.

4.26.2008

ailleurs, ici

Samedi matin et rien de planifier pour ces deux jours de repos, à part pour un petit tour en ville pour que M. passe aux mains de Ml., ma nouvelle coiffeuse. Après, parce que nous serons juste à côté et qu'il y a une éternité que nous ne sommes allés au restaurant, nous irons casser la croûte Aux Vivres. Finalement, demain, nous allons dire un coucou à ma soeur G. et son amoureux, s'il est là, de retour depuis peu de Hong Kong. C'est tout pour le planning.

Entre-temps, je me lancerai peut-être dans la préparation de mon jardin. Il me faut d'abord replonger dans mes livres de jardinage pour voir à quel moment je devrais procéder à l'ensemencement. M-H, ma conseillère-cultivatrice, m'éclairera sans doute.

Et puis, je suis allée m'étendre sur une table pour me faire piquer à des points stratégiques afin de résorber ma tendinite du bras droit. À la clinique, un homme Asiatique aux cheveux poivre et sel m'a questionné sur mon mal, mon état de santé. Il m'a fait des recommandations en m'expliquant que le traitement d'acupuncture allait remplir mon verre d'eau, mais que malheureusement, puisque je travaille 40 heures semaine, la brèche au fond du verre allait rouvrir pour créer une fuite. Selon lui, il est pourtant possible, avec quelques traitements, de stabiliser la situation pour faire cesser la douleur, la brûlure. Il m'a recommandé d'utiliser une souris ergonomique, le genre dont seul le pouce suffit pour faire bouger la flèche sur l'écran pour ainsi réduire les mouvements du bras. M. et moi étions allés chez Bureau en Gros pour essayer de me trouver une souris de ce genre-là. Je parlerai à mon employeur pour qu'ils en achètent quelques-unes, compte tenu que nous sommes au moins cinq à souffrir de ce mal au onzième. En plus, l'acupunteur-consultant m'a encouragé à commencer à développer la dextérité de ma main gauche. Tiens, tiens, ça aussi j'y avais déjà pensé.

Après la consultation, je suis passée dans une salle exiguë et je me suis étendue. Un autre Asiatique a pénétré et très doucement, il s'est adressé à moi en français. Je lui ai dis que c'était la première fois que j'allais vivre un traitement aux aiguilles. Très gentiment, il m'a expliqué les possibles sensations et puis, il a procédé à planter les fines tiges métalliques à des points précis: deux aux poignets gauche, une dans mon troisième oeil, une à la pointe de mon crâne, une au creux de chacun de mes talons et plusieurs sur mon bras droit. Fr., l'acupuncteur très poli, les enfonçait nettement, en les tapant d'un petit outil du genre marteau. Quand il a planté la première à la hauteur de mon coude droit, une brûlure a irradié mon muscle. Je crois que mon mal se roulait en boule à cette place, très exactement.

Traversée d'aiguilles de métal, je suis restée immobile pendant quinze minutes. Fr. avait installée une lampe chauffante à la hauteur de mon poignet droit. Je ne me suis pas endormie. Paraît-il que ça arrive souvent pendant ce moment d'attente. L'énergie nouée circule mieux tout à coup et se faisant, détend l'individu. Détendue, je l'étais.

Fr. est revenu pour retirer les aiguilles une à une en prenant bien soin de nettoyer chaque micro perforation. Pour boucler le traitement, il m'a massé le bras avec une huile fleurant le Tiger Balm. Du bout des doigts, il a fouillé sous ma peau pour triturer mes tendons. Oh tout le bien que ça m'a fait. Je l'ai remercié et il a répondu "je vous en prie". Joli.

En sortant de la petite pièce, devant le comptoir de la réception, Jm., l'acupuncteur-consultant, m'a installé des "patchs" aux endroits sur mon bras où c'était le plus douloureux. Ces collants médicamentés libèrent une substance qui réchauffe le muscle. Il m'explique que je dois les porter pour atténuer la douleur. Prochains rendez-vous, lundi et mercredi. Traitement intense pour en augmenter l'efficacité et parce que je n'ai qu'un corps, il me faut bien le soigner. Sans le bon fonctionnement de ma machine, mon esprit n'est plus libre. Il devient prisonnier de l'illusion créé par les influx nerveux qui rechignent. De ça et de toutes les autres barrières que l'on élève à force d'éducation. L'ouverture d'esprit est le meilleur remède. No doubt about it.

4.24.2008

de tout et de rien

Plein de petites choses raboutées ensemble trameront le message d'aujourd'hui.

D'abord, parce que Red, un collègue-ami, m'a dit qu'il connaissait quelqu'un qui avait réussi à se débarrasser de sa tendinite grimpante grâce à l'acupuncture, j'ai booké un rendez-vous avec un manipulateur d'aiguilles pour demain après-midi. Cette personne, semble-t-il, était absolument dithyrambique quant à cette approche holistique. Ça tombait bien parce que pas plus tard qu'il y a deux semaines, S. m'a fait parvenir les coordonnées d'une acupunctrice que sa cousine avait consultée. Un coup de téléphone et le tour fut joué.

À part cela, mon projet de tricot s'est bouclé hier soir. Toute fière, j'ai coupé le dernier fil sans faire de noeuds. Sl., God, m'a dit qu'un tricot n'a jamais de noeuds. On coud pour faire des zigzags jusqu'à ce que le fil soit étourdi. Quand elle a prononcé cette phrase, j'avais l'impression de recevoir un enseignement fondamental qui est venu imprégner ma matière grise. Nd., une tricoteuse, a dit de moi que je rayonnais quand j'eus terminé. Je suis assez fière du résultat. Bientôt, je vous le promets, je pourrai vous révéler ce qu'est ce fameux premier projet.

Aussi, en rentrant du travail cet après-midi, je me suis installée devant mon écran pour venir à vous. Mais avait, j'ai fait un saut de crapaud dans ma boîte de courriels pour réaliser que j'ai reçu un "sincèrement désolé" d'une des deux maisons d'édition qui ne m'avait pas encore donné de feed-back. Voici une copie du dit message:

Nous vous remercions de nous avoir adressé votre manuscrit. Nous sommes au regret de vous faire savoir qu'il ne peut être retenu, ne correspondant pas aux critères de nos publications. Le récit est certes intéressant et attachant mais insuffisant pour une publication. Malgré le caractère original de la construction, l'ensemble manque de fermeté et de maturité. N'hésitez pas à nous faire parvenir vos prochains manuscrits. Avec nos regrets, nous vous prions de croire, chère Madame, en l'assurance de nos sentiments les meilleurs.

Le comité de lecture

Alors voilà pour ça.

Finalement, ce soir, c'est le commencement de l'étape deux pour nos Canadiens en série, en route vers la Coupe. Ce matin, j'ai rencontré Jn., un des quatre garçons de la famille guatémaltèque qui habite devant le paradis. J'ai appris qu'eux non plus n'ont pas le câble. Il se peut qu'il vienne regarder la partie avec nous et avec lui, peut-être d'autres de ses frères. Ce serait sympa.

Je file donc à ma quiche et j'envoie un bonjour télépathique à ma soeur G. et son amoureux qui sont dans l'avion en ce moment, de retour de Hong Kong après un mois là-bas. Demain, ils viendront peut-être faire un tour. Ils reviennent et c'est l'été. Comme ils le souhaitaient. Décidément, c'est fort le mental.

4.22.2008

Pachamama


Parce que c'est elle qui nourrit et elle qui s'ouvre pour nous recevoir une fois mort, elle qui abreuve autant qu'elle inspire, je m'incline. Je baise ta poussière à chaque bouchée ingérée et je me régale des beautés des espèces qui te parcourent et de celles qui s'agrippent à ton écorce. À tous les jours, je sais que c'est de toi que je viens, que c'est de ton sein que je bénéficie du temps pour te contempler. Chère mère. L'ultime. La vie.


4.20.2008

une petite vite

Court message parce que mon bras est encore en rémission.

Mon amoureux extraordinaire m'a impressionné ce week-end. Monsieur a refait à neuf la toiture de notre cabanon. Un bardeau à la fois, il a cloué sous le soleil franc l'ensemble de la surface. Seul. Comme un pro. Dans la douche, cet après-midi, son corps nu m'a tiré le sobriquet suivant: ma napolitaine. Le rouge rose de ses coups de soleil, le blanc de son corps dissimulé tout l'hiver, le brun de ses cheveux. Adorable. J'y ai gouté à ma napolitaine. Ben quoi, il faut bien se pratiquer si on veut un ti-bébé.

4.18.2008

fourmillement

Je dois vous dire à quel point cette journée a été belle. Je dois vous dire à quel point je suis ravie, de retour au paradis.

Mes yeux s'ouvrent à 5 h 29 ce matin. Je suis en congé parce que je travaille en fin de semaine. Mais je dois me rendre en ville tôt pour me mettre dans une file d'attente qui me mènera à une salle d'attente, puis à une petite pièce, la 1, 2, 3 ou 4, pour me faire faire une prise de sang. Bonne habitude pour maintenir une bonne santé.

Je quitte la maison chaussée de mes sandales - je vous l'avais bien dit hier! - et vêtue de ma jupe de Gitane, mais il fait un peu froid au petit matin alors j'enroule mon écharpe en laine d'alpaga et je boutonne ma veste aux airs de Vietcong. Direction centre-ville de l'Île.

Après la file, dans la salle d'attente, je rencontre M-Hl. avec qui j'ai vécu un stage au Togo il y a six ans je crois. Elle me parle d'elle, de sa fille, de son amoureux, de sa carrière, de son accouchement extra difficile et compliqué. Je parle peu. J'habite St-Hubert-on-the-beach, je travaille au onzième, j'aimerais qu'un embryon s'accroche à mon utérus.

Mon nom est appelé après le sien et une dame très calme qui a ouvert la fenêtre de sa salle de travail où elle prélève me perfore le creux du bras droit pour remplir trois fioles de mon liquide de vie écarlate. Elle a le choix entre trois belles veines qu'elle me dit.

Je sors. Maintenant, j'ai faim. Je suis à jeun depuis plus de douze heures. Je gruge la chair juteuse d'une mangue orange que j'avais apportée pour cela justement. Je marche vers une superbe boulangerie dans le Vieux-Montréal, là où le pain est roi, les viennoiseries, duchesses. Un palais pour tout gourmand avide d'un endroit empreint de beauté. Je vais chez Olive et Gourmando. Je prends place à la fenêtre, juchée sur un tabouret, tournée vers la rue de pierres ancestrales avec ouverture sur le fleuve. Dans les rayons du matin qui s'éveille, je me régale de rôties de pain de levain exquis beurrées de confiture maison de framboises recouvertes de tranches de Cheddar Perron accompagnées d'un verre de lait de soya transformé en chocolat chaud Valrhona mousseux. Parce que j'ai les yeux plus grands que ma panse, je décide de mettre ma brioche au chocolat noir et bananes dans un sac de papier pour plus tard.

Je suis maintenant en direction du nouveau salon de coiffure où j'irais dès aujourd'hui me faire transformée de temps en temps par coups de ciseaux. C'est Ml. qui sera ma coiffeuse, elle qui vient du Témiscamingue et à qui je dis, lorsqu'elle me l'apprend, que c'est la troisième personne à me parler de cette région en l'espace des quelques heures écoulées depuis mon réveil hâtif. Il y a eu mon monsieur régulier à l'arrêt d'autobus avec qui j'ai parlé d'oiseaux, encore, et qui m'a dit que dans son coin de pays, en Abitibi, il n'a pas remarqué autant d'espèces de volatiles qu'ici, sans doute à cause de la végétation que je lui fais remarquer. Et puis, il y a eu M-Hl. qui m'a appris qu'elle a vécue deux ans à Val-D'Or pour y rejoindre son amoureux d'abord et ensuite tomber en amour avec cet endroit.

Les cheveux courts joliment coupés, je descends la St-Laurent pour aller chez Blank. Là, le vendeur sympathique me fait essayer différents modèles et me conseille, moi qui n'aime pas beaucoup passer à la cabine d'essayage d'ordinaire. Je me gâte aussi en m'achetant un beau collier, moi qui n'en porte pas depuis des années. Le beau temps m'inspire, c'est certain.

Et parce que j'ai eu un de ses maux de dos à cause de mes chaussures gentilles pour l'environnement, mais pas gentille pour ma lombalgie, il y a deux semaines, je décide de poursuivre sur la Main jusqu'à la Godasse. Là, je revois une paire de baskets aux airs de chaussures de grand-père avec laquelle j'étais déjà un peu tombée en amour lorsque je l'avais aperçue chez La Cordée il y a deux semaines. Je repars avec la dite paire de baskets après une sympathique discussion échangée avec le vendeur à propos des produits Patagonia. Je ne savais qu'ils faisaient des chaussures, il ne savait qu'ils faisaient des vêtements. Maintenant, nous nous sommes tous les deux instruits. Une trophollaxie axiologique en quelque sorte. Les meilleures, surtout par une belle journée ensoleillée.

Justement, le soleil est bon alors je termine mon périple chez Meu-Meu, après un arrêt d'abord chez Renaud-Bray, où je me procure une petite B.D. de la Pastèque. À la crémerie, le maître glacier exulte de convivialité derrière le comptoir. Je succombe pour deux parfums - fromage et coulis de bleuets et citron et zeste confit bio - que je vais savourer dans le petit coin de verdure sur Rivard, à deux pas de la station Mont-Royal. Pendant que je déguste mes boules qui ramollissent tranquillement, j'écoute la conversation qu'une jeune femme et un jeune homme ont, installés au banc public non loin du mien. Elle parle de l'eau, de sa qualité au robinet, de l'aberration de la boire en bouteille, ressource qui se fait pomper des aqueducs et filter selon elle. Elle raconte même qu'un voisin à elle a pelleté sa neige dans la rue hier pour finalement se lever ce matin et achever le boulot en arrosant l'asphalte pendant une heure avant qu'elle n'aille lui demander de fermer le flot s'il vous plaît parce que mes enfants n'auront plus de cette ressource dans vingt ans si vous continuez. L'homme, malheureusement, lui a dit de se mêler de ses affaires. Mais la jeune femme semble pleine de cette énergie revendicatrice et elle tient bon. Il faut faire bouger les choses sinon personne ne le fera qu'elle dit. Son interlocuteur est d'accord.

Et je rentre au paradis, avec une bouteille d'eau dans mon sac réutilisable Blank, plein de vêtements fabriqués au Québec, d'une B.D. dessinée par un illustrateur dont je détiens maintenant le seul exemplaire qu'il y avait dans tout le vaste réseau du libraire, d'un exemplaire de l'Itinéraire défrayé à un vendeur qui m'a avoué être dans la lune, d'une paire de baskets en cuir et liège dont la boîte est demeurée chez le détaillant qui allait la recycler, et d'une viennoiserie sublime fabriquée par des amoureux des bonnes choses. Je sais que l'eau en bouteille est une aberration chère étrangère, mais je mourrais de soif sous le soleil d'avril, moi qui marchais depuis des heures. Et les fontaines publiques que je connais étaient bien loin. N'oublie pas, il y a toujours une multitude d'éléments nécessaires avant de faire tomber le couperet du jugement. Dans un cas comme dans l'autre, le couperet coupe toujours. Sépare plutôt que de réunir. Toujours, heureusement, il y a par contre la formulation qui passe le message en douce, avec ouverture et amour d'autrui. De specimen de l'espèce à un autre. Sans division. Les trophollaxies axiologiques sont les meilleures, garanti.

4.17.2008

kermesse

Enfin il est revenu ce souffle solaire, tout en bises sur notre corps de bête au sang chaud. La liberté du temps doux, l'allégement, la révélation des mollets, des pieds, des épaules, des bras. Leur blancheur du printemps, l'impatience de cette haleine parcourant les monts et vallées de notre véhicule, leur communion. Sueur et vent réunis sous l'Astre. L'exhalation après la traversée du désert blanc des derniers mois. Les hormones, les parfums naturels, les effluves des fleurs.

Oui, mon bras va mieux pour ceux et celles qui se demandent si je suis encore contrainte de pratiquer le morse avec l'index et le majeur de ma main gauche. Ma maman m'a tancée lorsqu'elle a su que je souffrais. Va chercher de l'arnica qu'elle m'a sommée. Ce que j'ai fait. Cinq boulettes homéopathiques fondent depuis mardi en soirée sous ma langue matin, midi et soir. En plus, je m'enduis au même moment l'épaule et le coude de gel homéopathique à base de cette plante surtout utilisée pour soigner l'arthrose et les ecchymoses. Effet placebo peut-être, combiné à un ralentissement de productivité au onzième, mais la douleur s'est résorbée.

Alors, je vaque à mes occupations. J'assiste ainsi à mon cours de tricot d'hier soir et mon projet avance. Je sais faire des diminutions maintenant. J'ai aussi commencé à compter. Ça se complexifie et je tente de comprendre le plus possible. Sl., God, a beaucoup aidé Hg. hier soir. Elle tricote des bas pour bébés, de toutes petites choses adorables. À écouter God faire les mathématiques pour que Hg. arrive à réaliser son talon, je me suis dit que les bas, ça irait à beaucoup, beaucoup plus tard. Bien que God affirme que des bas, ça se fait tout seul. Hum-hum. Beaucoup plus tard.

Et puis, je continue à m'émerveiller de tous ces oiseaux qui sont revenus avec mars et avril. À la mi-mars, ce sont les quiscales bronzés qui ont commencé à faire leur apparition aux cimes des arbres, en passant de l'un à l'autre de ces hauts êtres cannelés par vol plané gracieux révélant leur queue à l'extrémité carrée et déployant leurs ailes noires. Les tourterelles sont revenues environ au même moment avec leur hululement typique, posées sur les fils électriques, voisinant quelques pigeons montréalais égarés. Et puis, nos oiseaux mythiques sont aussi de retour depuis quelques semaines. Les cardinaux rouge vif au ramage élaboré. Depuis deux matins, à l'arrêt d'autobus, nous sommes trois habitués à les apercevoir et à en discuter. Je leur dis que je pense que ces deux mâles, ce sont les petits devenus les adolescents du couple que je voyais beaucoup l'an dernier. Bien sûr, il y a les roselins aussi et les bruants. Mais eux, ils ont tenus bons tout l'hiver. J'allais oublier les merles d'Amérique aux gorges orangées qui sont venus il y a deux semaines picosser notre parterre humide à la recherche de lombrics engourdis, à tel point que M. pensait que nous étions visiter par des taupes troueuses. Je lui ai dis que c'est le bec de ces oiseaux qui avancent par terre tels de petits soldats, la tête fière et les ailes pliées vers le bas en deça leur corps, qui avaient perforées l'herbe pourrie révélée par la fonte tant espérée des congères. Merveilleuse nature qui poursuit son cours après la dormance imposée par le froid.

À vos sandales, à vos camisoles, à vos pantalons trois-quarts! Nos gênes puisent dans le continent africain. Ils peuvent enfin renouer avec cette mémoire ancestrale et crier: à nous l'été!

4.15.2008

vivement mon rendez-vous du 16 mai chez l'ostéopathe

Mon corps n'est plus que mon bras droit brûlant, mon épaule droite brûlante, mon coude droit brûlant. J'écris de ma main gauche en égrainant les mots du bout des doigts. Ma tendinite a grimpé. Le mal invisible élance mes fibres musculaires bien que ce soit mes tendons qui soient probablement enflés. Dure matinée au onzième où mon esprit entêté à produire n'a pas respecter les limites de son véhicule qui commence à crier en symptômes que j'ai besoin de prendre ça un peu plus cool. Mes vacances n'arrivent que dans deux mois. La dernière fois que j'en pris pour plus de quatre jours consécutifs remonte au mois de juin de l'an dernier, à ces dix jours loin du onzième consacrés au déménagement de l'appartement au paradis. Pas de tout repos. Voyez-vous, ma soeur B. vient cet été avec les enfants et je veux passer le plus de temps possible avec eux, donc j'accumule les heures dans ma banque de congé. Tenir bon encore un peu.

Ce midi, en marchant pendant mon heure de dîner, j'ai vu mes premières fleurs de parterre. Des éclats violet, blanc et jaune au bout de courtes tiges vertes. Sous le ciel infini, mon coeur a gonflé, surtout que j'étais la seule coiffée de ma tuque parce que je trouvais le fond de l'air bien frais ma foi et que mon corps tout entier frissonne si le vent court dans mes pavillons. Ceux et celles qui me croisaient devaient penser que je suis née sous les Tropiques, surtout ce gars en bermuda et en coton ouaté tout à fait à l'aise dans ce maigre dix degrés d'avril. D'accord, le Soleil était impérial, mais je tiens à mon confort d'animal frileux.

J'écourte ce message parce que mon handicap gâche mon plaisir, mais avant, une dernière chose. J'ai déjà eu l'intuition qu'il me faudrait un jour utiliser ma main gauche avec autant de dextérité que ma droite pour écrire. D'ailleurs, j'avais même un peu pratiqué pendant des semaines à former des lettres, comme je me souvenais l'avoir appris en première année primaire, soigneusement. J'ai manqué de volonté pour persister. Comme quoi il faut toujours s'écouter, même si on ne comprend pas tout de suite ce que l'on veut au juste.

4.13.2008

dénouement de manigances

Il fait une sieste mon beau fêté. Vingt-sept ans, on a pas ça à tous les jours. En fait, on a ça une fois dans une vie, comme tous les autres chiffres qui déterminent à partir d'un fameux jour que voilà, nous sommes une nouvelle somme vers de nouvelles multiplications d'expériences et de nouvelles divisions de notre désordre intérieur pour une meilleure compréhension de chaque morceau de notre mécanique spirituelle.

Alors il se repose. Il faut dire que nous nous sommes mis au lit à 2 h du matin, une fois que ses amis ont secoué leurs corps amortis par l'alcool et la fatigue pour les faire passer le pas de la porte.

Le plan du week-end, c'était:

- vendredi soir: spectacle de Daniel Bélanger, ça vous le savez.

- samedi matin: faire les courses pendant que monsieur dort pour ne pas qu'il voit les victuailles qui allaient servir à l'élaboration du repas surprise du soir; convaincre M. de faire le ménage dès mon retour en disant qu'il vaut mieux s'en débarasser tout de suite; se rendre en ville pour aller faire imprimer sur un t-shirt une image dans une boutique spécialisée dans ce genre de concept (mais la boutique était fermée pour rénovation, ce qui nous a quand même permis d'aller chercher un chocolat chaud aux Chocolats de Chloé et de nous choisir quatre précieux cubes chocolatés - pâte d'amande, poivre de Schechuan, piment d'Espelette, basilic - que nous avons dégustés avec ses amis en fin de soirée après les avoir séparés chacun en six morceaux).

- samedi après-midi: de retour à la maison, je lui ai cuisiné un gâteau aux bananes et à la confiture d'airelles pour notre supposé souper en tête-à-tête et nous nous sommes mis à la popote pour préparer ma soupe préférée (une recette que M. a inventée qui a comme base du bouillon de légumes et un sachet de crème de quinoa). À ce moment-là, J., notre ancienne charmante voisine, est arrivée. M. n'a pas compris sur le coup qu'elle était là pour son anniversaire, surtout qu'elle arrivait seule. Parce qu'il faut savoir que nous avons pris une résolution de groupe entre anciens voisins. Notre chimie nous a tous tellement plus que nous avons fait le serment de nous revoir maintenant à chaque anniversaire d'un de nous puisque nous sommes tous séparés à présent de ce lieu qui a vu naître notre amitié collective. Alors M. comprend enfin que j'ai organisé un souper surprise. Mais il est un peu inquiet parce que ses amis l'ont contacté le matin même pour lui demander ce qu'il faisait dans la soirée pour son anniversaire et il ne sait pas si les deux groupes vont bien se mêler. Ses amis viennent écouter le hockey et je savais que nous finirons bien par regarder la partie aussi entre anciens voisins considérant que Ps. notre ancien charment voisin, est un accroc du sport et que c'est tout de même les séries. Alors, je balaie les inquiétudes de mon amoureux. Tout ira bien.

- samedi soir: maintenant que Sm. et Ps. sont arrivés, nous nous installons pour le repas. Au menu, la soupe en entrée et pour le plat principal une création: saumon badigeonné de pesto rosso cuit en papillote, servi sur lit de riz sauvage aux grains mélangés (noir, rouge, court, long) lié de parmesan et accompagné d'asperges passées sous le gril et de noix de pin grillées. Unanimement, nous parlons de délice. Trois minutes avant la partie, les amis arrivent et nous descendons pour prendre place autour du foyer où M. avait installé l'antenne sur le poste télé afin de capter CBC. À un moment, nous avons tenté d'écouter la radio pour suivre la partie en français, mais, je l'ai appris hier, il y avait un décalage de quelques secondes entre l'image et le son, les jeux étant révélés à l'avance par les ondes radio par rapport à l'image sur l'écran. Pendant le deuxième entracte, Ps. nous raconte que lui, son cousin, son beau-frère et un ami de longue date sont allés voir une partie des Canadiens à Buffalo il y a quelques week-ends et qu'ils se sont retrouvés totalement par hasard dans le même hôtel que les joueurs de l'équipe, qu'ils ont eu la chance de rencontrer dans le hall et avec lesquels ils ont piqué une jasette, rien de moins. Ps. étant un orateur né, c'est comme si nous y étions.

- samedi près de minuit: Ps. et J. se sont endormis, lovés sur un divan en bas; Sm. boit un café avant de reprendre la route; les amis de M. écoute de la musique qu'il leur fait découvrir; je suis une petite abeille qui happe les bouteilles de bières et les verres de vin dès qu'ils sont déposés, vides. Lorsque nous nous mettrons au lit, tout sera impeccable ou presque.

- dimanche matin: parce que je sais que son père et sa blonde, D., viennent bruncher pour l'anniversaire de M. Bien sûr, monsieur n'est pas au courant et j'use d'astuces pour faire retarder le moment de la faim. À 7 h, il se réveille et comme un enfant impatient, il me demande où est son cadeau. Il sait qu'il existe parce que je lui ai déjà dit que je l'avais trouvé il y a presque un mois et demi. Je lui dis qu'il est caché, mais que la carte est dans son bureau de travail. Il va la chercher et revient la lire dans le lit. Ensuite, le voilà parti dans une chasse au trésor à la recherche de son cadeau. Il trouve le premier paquet pour apprendre qu'il y en a un deuxième. Après plusieurs minutes de fouille, il revient au lit avec deux cadeaux de forme identique. Dans chacun se trouve une montre, lui qui porte la même depuis qu'il a l'âge de quinze ans tel un objet sacré. Les deux montres sont des répliques de modèles des années 80. Au moment de l'achat, je ne suis pas arrivée à arrêter mon choix alors je suis partie avec les deux. Une d'elles est une montre-calculatrice qui fait tellement lui, monsieur l'informaticien. Il est heureux de ses cadeaux. Bizarrement, son père, qui revient d'une croisière dans les Îles des Caraïbes, lui offre aussi une montre. M. a maintenant l'embarras du choix et le mince tiroir de notre table de chevet, vide jusque-là, est devenu un parking de bracelets-montres.

- dimanche soir: souper chez la mère de M. à venir. Ma grand-mère, qui a téléphone M. pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, lui a volé le punch. Mais ça va chère grand-maman, toutes les autres surprises ont réussi.

Et je suis pleine de bonheur pour cet être que j'adore.

4.11.2008

lettre à

Bonjour, je me présente, je suis une fanatique de Daniel Bélanger. Non, je ne me suis pas arrachée les cheveux de sur la tête ce soir à Longueuil lors de sa fantastique prestation qu'il a livrée entouré de ses acolytes, mais oui il m'a définitivement portée là où il fait bon d'être. J'ai fredonné ses mots et j'ai tapé du pied à chaque air entamé, même les plus lents. Je suis donc une admiratrice comblée.

Pourriez-vous lui dire à quel point sa générosité m'a soufflée. Deux rappels et de nombreux extra offerts en riffs et en solos tout aussi ludiques et planants les uns que les autres. Et lui, l'artiste à la verve éblouissante, le guitariste émérite, la voix claire comme une pluie de cristal liquide. Soufflée, comblée. Je l'ai déjà dit.

Pourriez-vous aussi lui dire qu'il m'a bien fait rire avec ses histoires de taupes rongeuses de racines d'épices à steak et d'aisselles d'or. Lui dire qu'il m'a tiré une larme en interprétant de Dis tout sans rien dire et que son fameux couplet qui nous rappelle que "la fin de l'homme ne sera pas la fin du monde" m'apaise.

Mes félicitations à cette force en tournée dans le Québec qui a grand besoin d'artiste de cette trempe, celle des gens qui n'ont pas peur de se montrer sensible et engagé, avec une volonté impressionnante et une spiritualité certaine, malgré tous les doutes qui assaillent.

Merci, je voudrais que vous lui disiez merci. Je te dis merci, à toi le passeur, merci.

Ludivine

sur un strapontin

Ô joie, ce soir, c'est une sortie que j'attendais depuis des mois. Nous allons voir Daniel Bélanger, le vrai, en chair et en os, au Théâtre de la Ville de Longueuil puisqu'il faut bien participer à la vie culturelle de la rive-sud lorsque l'on est Hubertoise. Daniel Bélanger, c'est mon auteur-compositeur québécois favori, toutes catégories confondus. Derrière lui, mes autres coups de coeur, les Serge Fiori, les Daniel Boucher, les Jérôme Minière (peut-on dire qu'il soit Québécois?), les Fred Fortin le talonnent de près, mais lui, ses mots, ses mélodies, tout m'émeut. Pour moi, ces albums, ce sont Les Insomniques s'amusent et L'Échec du matériel et tous ceux entre les deux, à part pour Déflaboxe qui m'a beaucoup déçu, à tel point que j'en suis venu à l'occulter.

De son premier album sorti en 1992, je me souviens du premier extrait que j'ai remarqué parce qu'il tournait constamment sur les radios: Sèche tes pleurs. Je me souviens qu'il ait tenu bon au sommet du 6 à 6 de CKOI pendant des semaines, pour ne pas dire des mois. À toutes les écoutes, je me prenais à admirer une nouvelle tournure, un nouveau mariage de mots, de sonorités. Et à chaque fois, la fin de la chanson me laissait pantoise, bien que je la connaissais. J'ai tout aimé de cet album qui a tourné en boucle dans mon discman des mois de temps, assez pour me convaincre que je devais suivre cet artiste de près. À cette époque, il est même apparu à l'émission de Sonia Benezra, outillé de sa guitare sèche et entouré d'un tapis de pétales de roses, mise en scène d'un kitsch absolu. Après cette apparation, je ne me souviens que d'une autre prestation télévisuelle en dehors de galas. Daniel Bélanger est un artiste discret qui mise sur la force de son art pour communiquer avec son public.

Pourtant, je ne l'ai jamais vu en concert. Bien sûr, j'ai beaucoup écouté Tricycle, son album live triple. Je sais par cette écoute qu'il est animé d'un humour assez particulier, qu'il est un genre de comique introverti. Il suffit de se rendre aux plages cachées à la fin de chacune des trois galettes pour s'en rendre compte.

Il me reste une chose à découvrir de lui, son livre intitulé Erreur d'Impression. Je me souviens qu'il en ait dit à l'époque que c'était une excellente lecture de wc. L'humble drôlatique. Ce soir, je respirerai le même air que toi génie qui m'a déjà fait dire "oh mon Dieu" du temps que je travaillais au Café Chapter's au centre-ville et que je t'avais aperçu dans l'allée de magazines en face d'où je concoctais mes latte. Tu m'avais entendue et tu avais choisi de disparaître, reconnu. Oh mon Dieu, oui.

4.09.2008

chance pure et adoration totale

Le fan fini est heureux comme un pape depuis environ 10 h 05 ce matin. Heureux comme un pape parce que son groupe culte Radiohead s'en vient en ville et nous nous trouverons devant l'autel sacré qui sera érigé au Parc Jean-Drapeau le 6 août prochain. Heureux comme un pape aussi parce que nous avons obtenu les billets par internet, après avoir bombardé le site pendant cinquante minutes sans arrêt, en mobilisant trois ordinateurs. Heureux parce que le nombre de billets en vente aujourd'hui était limité et que c'est parce que monsieur visite les sites dédiés aux dieux qu'il a su que nous pourrions avoir une chance de devancer la masse qui sautera sur le téléphone et l'internet samedi midi, le moment de vente officiellement annoncé par les médias. L'anniversaire de M. est dimanche, il ne pouvait espérer de meilleur cadeau.

M. est aux anges, je le sais. Même s'il est au boulot, loin de moi, je sens qu'il flotte sur un nuage. Pour lui, il n'y a pas de plus grand plaisir que d'assister à une performance live de son groupe phare. Phare parce que leur musique a vraiment été une bouée de sauvetage pour ce grand timide introverti. Je le sais, je le comprends. C'est pour ça d'ailleurs que la dernière fois qu'ils sont venus à Montréal, à la Place-des-Arts, et que nous avions appris que les billets allaient être mis en vente le jour où nous devions être dans le train de retour de New York, donc dans l'incapacité de tenter notre chance, nous avons écourté notre voyage à la Grosse Pomme d'un jour. Oui, nous étions revenus un jour plus tôt que prévu pour peut-être obtenir des billets dans une salle de 2 000 places. Au moment de la mise en vente, nous avions appris qu'un deuxième soir avait ouvert et, après avoir bombardé l'internet et appuyé sur le bouton de recomposition un millier de fois, j'avais réussi à avoir la ligne. Ce fut un moment magique qui permit à mon fan fini d'aller les voir les deux soirs de suite puisque sur le coup, j'eus l'idée de demander à la préposée si la limite de deux billets par personne s'appliquait à la transaction ou à chaque soir. Elle me répondit à chaque soir et ainsi, avec un air ahuri, mon amoureux comprit qu'il allait pouvoir témoigner de leur prestation les deux soirs. Face à l'immense déception de tous ses amis qui avaient tenté leur chance en vain, M. compatit en disant qu'il y allait un soir seulement pour ne pas enfoncer le clou dans la plaie.

M. a à nouveau sa place au soleil.

4.08.2008

billet de loto

Avec l'arrivée des V de bernaches, je franchis le cap du 300e message blogue. Beaucoup de mots pour décrire un peu de vie. Je suis privilégiée de pouvoir profiter de mon incarnation pour saisir toutes les splendeurs, peinarde. C'est une fenêtre sur ce regard de gratitude que je tente de transmettre par cet espace. En espérant que le courant passe et vous inspire à votre tour la reconnaissance. À ce sujet, le courant passe dans les deux sens vous savez. J'apprends énormément ici. C'est principalement pour cette raison que la rédaction d'un message au deux jours est devenue ma dose de drogue douce tout autant que ma panacée de l'âme. Au risque de me répéter, je vous aime chers lecteurs.

Sur ce, laissez-moi vous raconter une petite anecdote en rapport avec notre soirée d'hier soir au onzième. Mon équipe de travail et moi pianotions sur nos claviers quand, tout à coup, Nk., mon ami-collègue, rentre de sa petite pause en nous posant cette question: quand vous allez au guichet, lisez-vous le relevé bancaire format coupon qui était destiné à l'utilisateur qui vous précédait? Nous quatre de répondre que non, habituellement, nous le mettons de côté ou mieux, nous le glissons dans la fente placée là pour cet usage. Nk. me tend alors un coupon. Au début, mes yeux ont de la difficulté à saisir toutes les informations numériques imprimées sur le bout de papier rectangulaire, puis, peu à peu, le nombre représentant la balance du compte se précise: 9 823 678,54 $. Neuf putain de millions (en fait, près de dix) dans un compte chèque, pas un compte épargne avec une possibilité de revenu (souvent minime, mais avec une somme pareille, le 3 % d'intérêt ferait gonfler le magot assez rapidement), non, dans le compte qui sert habituellement à acheter du lait à l'épicerie. Nous sommes interloquées. Nk. dit qu'il n'a pas vu à qui appartenait le relevé, mais lorsqu'il est rentré dans l'institution bancaire, une vieille dame en sortait. Westmount habite définitivement des richards.

Nous nous sommes mis à rêver en groupe. Avoir neuf millions dans un compte en banque, ça ouvre beaucoup de portes. Parce que ne nous leurrons pas, l'argent, malgré toute la charge négative qui lui est attribuée, facilite la concrétisation dans la matérialité.

Par exemple, plus tard dans la soirée, je rejoins H., une collègue amicale, à la cuisine. Elle regarde l'émission Visite Libre à Télé-Québec. Je reconnais la maison japonaise de L'Île Bizard d'un épisode en rediffusion. H. apprécie les surfaces vitrées et la netteté des volumes. Je lui parle de l'épisode de la semaine dernière sur lequel nous sommes tombés M. et moi par hasard en zappant, comme la majorité des fois que nous ouvrons notre télévision à cinq canaux. Je tente de lui décrire la maison de la ferme Boréalis, située en Estrie. Sur cette terre agricole, les propriétaires ont décidé d'élever des boeufs Highland et du bison. D'ailleurs, leurs élevages est en voie de certification biologique. Mais là où je veux en venir, c'est à la maison qu'ils ont fait dessiner par un architecte et ensuite ériger sur le site de l'ancienne maison. Un bijou d'habitat renfermant la chaleur du bois, la simplicité des lignes pures, la beauté de la lumière et de la vue sur les vallons verts, la convivialité d'un espace commun immense et l'intimité des chambres nichées dans les flancs. M. et moi avons craqué pour cette construction originale et confortable. Nous avons tenté d'estimer les coûts nécessaires à la réalisation d'un tel projet et bien sûr, notre chiffre s'est élevé bien au-delà de nos moyens. L'argent, une partie de ce neuf millions, je le prendrais pour nous faire construire un bijou de maison conçu from scratch et sur toute la ligne en puisant dans nos valeurs.

Entre-temps, le paradis nous convient bien amplement remarquez. Nous l'avons choisi parce qu'il répondait à l'équation de nos valeurs justement et de notre budget réunis. Plus nous y vivons, plus il nous ressemble. Les projets pour l'embellir à notre goût et l'entretenir correctement s'alignent à une vitesse folle. Avec le beau temps, les outils devront être manipulés à nouveau pour le maintenir en bon état. Avec neuf millions, je crois qu'il serait facile de devenir mous et paresseux. Il faut bien une mince consolation.

4.06.2008

chassé-croisé

J'ai les yeux un peu collés ce matin. Moi la couche-tôt et la dormeuse de huit heures, j'ai eu une courte nuit de vendredi à samedi et hier, nous avons reçu des amis. Aujourd'hui, le mot d'ordre, c'est mollo la lu.

Malgré le dérèglement de la routine qui fout l'énergie en l'air, j'ai eu une belle soirée vendredi et une belle journée samedi. À m'écouter, on dirait un poupon de trois mois à qui il ne faut pas changer les petites habitudes sinon, c'est fini, plus de dodo régulier et une journée suivante ponctuée de pleurs. Il faut croire que ça fait partie de vieillir que de tenir à la régularité de son rythme circadien.

La vieille que je suis donc devenue a fait un véritable pèlerinage vendredi soir. La semaine d'avant, Ct., une amie-collègue, nous avait proposé à Vr, une autre amie-collègue, et moi d'aller souper les trois ensemble. Ct. et Vr. ont toutes de jeunes enfants. Pas besoin de préciser ici que la routine, ça leur connaît. Donc, justement, pour une rare fois depuis des années, elles ont décidé de sortir.

Vendredi matin, quand je suis arrivée au onzième et que je les ai vues toutes les deux sur leur 36, je me suis dit que j'aurais donc dû garder ma chemise propre, dont j'avais finalement décrété le port inconfortable juste avant de quitter pour le boulot. En fouillant dans le panier à linge sale - oh sacrilège! - j'avais retrouvé ma longue camisole grise de coton à enfiler sous mon chandail à côtes en torsades mauve pastel aux manches longues avec mes pantalons vert olive en velours côtelés larges. Inutile de dire que je détonais sérieusement par rapport à leur look de femmes en noir de la tête au pied, décorée de breloques brillantes et maquillée pour avantager leur best feature - bien que ce soit deux belles femmes au naturel - et grimpée sur leur talon, moi chaussée à plat de mes bottes grises Salomon. Ct. m'a assuré me préférer comme j'étais là, c'est à dire moi-même. Ct. a le rire facile et un coeur pur.

Vr. avait déniché l'endroit où nous allions partager une bonne bouffe: le Nuevo sur Mont-Royal, un bar à tapas dans l'air du temps. Mais puisque nous quittons le onzième à 15 h 30, il fallait combler le creux et j'ai suggéré nous rendre au Boudoir. Premier lieu de pèlerinage. Non pas que j'aie beaucoup fréquenté l'endroit, disons seulement que Ludivine plus jeune a passé là quelques soirées mémorables. Donc Ct. et Vr. s'y rendent pendant que de mon côté, je vais renflouer mon porte-monnaie à la Caisse. Quand je pénètre le débit de boisson, le premier être que je vois installé à une table, c'est Él., un ami-collègue de l'université, mes études en enseignement moral et religieux remontant à environ huit ans. Nous nous saluons avec une franche accolade et nous nous promettons de partager un verre un peu plus tard.

Je rejoins donc mes amies-collègues et nous sirotons nos pintes en parlant tranquillement de choses de filles d'abord - poils indésirables principalement - et ensuite de l'endroit, de nos souvenirs rattachés ici. Vr. dit que c'est le lieu de son premier rendez-vous avec Ad., un amoureux qui l'a marquée au fer rouge passion. Je n'ose pas leur confier ce à quoi je pense quand je reviens ici. Même à vous, tout ce que je dis, c'est que c'est là que ma rupture avec Dn., un amoureux important dans ma vie, a commencé à s'incarner. Finalement, nos souvenirs dans cet endroit, nous ramène à notre passé amoureux, ce qui revient à dire que l'émotion est la meilleure estampilleuse de neurones.

Él. vient se joindre à notre tablée après que je sois d'abord aller briser le cercle de ses collègues enseignants en l'en extirpant. En tête-à-tête, nous parlons un peu de ces nombreuses années qui viennent de passer, de là où nous en sommes, de là où nous pensons vouloir nous diriger. Il est fiancé, comme moi. C'est d'ailleurs le sujet de sa bague qui brise la glace lorsqu'il se joint à nous trois peu de temps après. Il nous raconte que la bague a été créée à partir d'une alliance retrouvée sur l'Île de Crète et qui, selon une théorie, aurait pu surgir d'aussi loin que trois milles ans avant J-C d'une société appelé l'Atlantide. Et nous voilà lancés, lui et moi, dans des sujets comme ces êtres humains mythiques qui auraient été surdéveloppés physiquement et intellectuellement, pour ensuite passer au tantrisme, cette forme de sexualité sacrée, et toucher brièvement à celui des sorcières. Ct., curieuse et intéressée, alimente le discours par ses questions pendant que Vr. écoute surtout et sourit. Il faut dire qu'Él. est un orateur naturel, tout à fait à sa place dans l'enseignement. Je te souhaite, cher être exceptionnel, un endroit où ton arbre de savoir pourra prendre racines et se concentrer sur l'essentiel de l'acte de transmission, pas sur le cafouillage des taches morcelées en enseignement.

Nous quittons le Boudoir pour nous diriger vers notre souper, égayées par cette rencontre et l'alcool qui nous a détendues. Au Nuevo, nous nous installons sur une banquette en demi-cercle juchée par rapport aux tables sur le plancher. Là, nous commandons un drink à base de champagne servi dans des coupes immenses et nous partageons de nombreux plats - le principe même d'un repas tapas. Les confidences se livrent prudemment au sein de notre groupuscule. À un moment, Ct. dit que ça fait du bien de pouvoir faire confiance. Il n'y a pas de meilleur ciment entre les êtres.

Après le repas, les miss veulent poursuivre la soirée, aller prendre un autre verre, sortir un peu plus tard. Il n'est que 20 h 30, alors je leur suggère de nous diriger au Bily Kun, ce bar aux airs de thermes, à trois coins de rues. Quand nous passons la porte, une table semble nous attendre comme par magie dans cet endroit déjà passablement bondé. Ct. et Vr. s'installent et leurs yeux parcourent l'endroit en se gavant de toute cette vie sociale qui vibre autour d'elles. Elle se commande un demi-litre de vin rouge qu'elles partagent et je déguste une pinte d'un mélange de noire - mon type de bière préféré - et de cidre. Le mélange des deux alcools donnent un verre superbe dans lequel le liquide clair - le cidre donc - occupe le fond tandis que la bière noire semble reposée dessus. La magie des rencontres des masses volumiques.

Là, nos voix se haussent parce que la musique et la foule épaississent les ondes sonores. Quand, quelques heures plus tard, je sortirai de là, ma gorge sera enrouée comme lorsque je débutais un stage en enseignement. Ct. me permet d'utiliser son cellulaire et c'est ainsi que mon amie Sr. et un ami à elle, Tm. l'Irlandais voyageur du globe depuis toujours, viennent nous rejoindre au Bily Kun. Quand Sr. arrive, elle s'installe à côté de moi et me dit que ça lui fait tout drôle d'être de retour ici, un endroit qu'elle n'a pas du tout fréquenté depuis cette fois où, il y a de nombreuses années, sa soeur An. était montée sur le bar central après avoir fait le tour des tables en catimini pour demander à tout le monde leur participation à ce bonne fête qu'elle a commencé à chanter pour Cr., son amie. L'émotion estampilleuse.

Ct. et Vr. désirant aller tâter le pouls d'un bar dansant environnant, nous avons quitté Sr et Tm. afin de nous rendre au coin de Rachel et St-Denis. Là, je savais qu'il y avait un bar, même si l'endroit avait changé de vocation depuis le Dogue de mon temps. Après un brin de jasette avec le doorman sympathique, nous sommes montées à l'étage gratuitement - avantage à cette incursion tâteuse de pouls - et Sunday Bloody Sunday jouait. J'ai souri, ravie de contaster que nous étions dans un endroit familier juste à cause de cette musique de notre adolescence. Bien sûr, la clientèle était en moyenne plus jeune que nous, nous les femmes dans leur jeune trentaine. Mais nous avons quand même été nous bouger les fesses sur Push it de Salt'n Pepper avant qu'elles ne décrètent que ça y était, elles en avaient eu assez pour leur besoin d'émancipation.

Un dernier arrêt avant de rejoindre nos véhicules a eu lieu. Nous sommes allées manger une poutine au Frites Alors coin Rivard. Une vraie fin de veillée se termine toujours avec une bonne dose de gras indigeste. Là aussi, les souvenirs sont revenus à la charge. J'ai revu mes deux amies de mon adolescence bosser derrière le comptoir, il y a plus de dix ans. Pendant que nous attendions notre plat brun, Daniel Bélanger flottait dans l'air et je n'ai pu m'empêcher de penser que vendredi prochain, M. et moi allons le voir en concert.

Vers l'avant, toujours vers l'avant.

4.03.2008

en rafale

Quelques événements lancés au gré de leur apparition dans mon cerveau qui doit agir vite compte tenu que chaque minute avant ma deuxième soirée tricot consécutive et le souper et la vaisselle à recommencer éternellement est comptée:

£ De retour du travail à 4 h 30 cet après-midi, j'aperçois un postier (pas celui qui fait habituellement ce trajet, plus tôt d'ailleurs) qui me remet une carte postale en provenance de Jérusalem. Mon amie Ch., qui revient cet été, après être partie pour de nombreuses années à l'étranger, fait présentement le tour du monde et elle m'envoie une deuxième carte, la première étant parvenu de Tanzanie il y a quelques mois. Toujours une tonne d'amour dans ses mots. Merci.

# Ma mère m'appelle hier pour me dire qu'elle est heureuse de lire que j'ai finalement décidé de lâcher prise et ajoute qu'elle m'aime. Si je vais bien, elle va bien qu'elle me dit. Merci.

& Mon beau-frère Bb., qui est à Hong Kong, greffe un superbe mot à mon précédent message blogue et il me rappelle ma fonction d'être humain: m'émerveiller des rencontres humaines que je fais, de la nature plus grande que tout, de l'abondance tout simplement. A real eye opener. Merci.

* M-H m'offre généreusement des semences de toutes sortes (qu'elle me décrit avec force détails pour que je comprenne un peu mieux le potentiel de chaque végétal dont elle a soigneusement recueilli la progéniture de récoltes antérieures) pour mettre en branle mon jardin dès que le moment propice surviendra. Des légumes, des fines herbes, des fleurs multicolores. Merci.

] Cht., mon amie-collègue, me tend un petit paquet d'aluminium avant-hier pour que je déguste son contenu. Elle a fabriqué ce qu'elle appelle une terrine au chocolat. J'engloutis littéralement ce cadeau décadent hier soir avant d'aller au tricot. Merci.

¬ Mon amoureux est plus beau que jamais. Il a retrouvé sa coupe d'été courte des débuts de nos amours qui fait ressortir ses taches de rousseur et ses beaux yeux brun-roux.

± Pendant que je marche dans une ruelle longeant le parc Westmount ce midi, j'entends un "kok-kok-kok" sec provenant des hauteurs. Je fige. Je sais que c'est un oiseau. Je sais aussi que c'est un chant que je n'ai jamais entendu auparavant. Je me tourne lentement. Je fouille les arbres du regard. J'aperçois une tache rouge vif surmontant un long corps noir. Je pense d'abord que la tache est son bec. Au même moment, une miss s'avance dans la ruelle et dans mon excitation, je tends mon bras vers elle pour la transformée en complice de cette vision unique. Malheureusement, la miss ne bronche pas et m'ignore placidement. Pour elle, branchée sur son Ipod, portant de larges lunettes fumées, vêtue de pantalons jogging et chaussée de Huggs, je suis une chose qu'il lui faut ignorer. N'empêche que l'oiseau prend son envol et dans les airs, il est majestueux. Je reconnais un grand pic. Mon premier à vie. La miss poursuit sa marche et je reprends la mienne. À un autre tantôt peut-être.

4.01.2008

décrocher

Pas de poisson d'avril. Mais de la joie à enfin sentir la brise s'adoucir et à voir courir les rigoles.

Ce midi, j'avais l'intention d'aller au marché Atwater, mais la pluie en a décidé autrement. Je me suis retrouvée dehors tout de même, à piquer une jasette avec Sl., un collègue que je ne vois qu'occasionnellement, quand le hasard en décide ainsi. Il travaille au douzième, juste au-dessus du onzième, nécessairement Sl., je le connais par ma soeur B. À l'époque, elle déménageait et il s'est retrouvé là, à donner un sérieux coup de main. Nous nous sommes côtoyés à quelques reprises par la suite, quand j'allais voir ma soeur surtout et qu'il était là.

Sl. m'écoute lui dire que je suis à deux doigts de laisser tomber mes rêves. Il m'écoute. Il essaie de m'encourager en me disant qu'il ne faut pas avoir d'attentes, qu'il faut savoir se satisfaire de ce que l'on a, que tout vient à point. Je n'en peux plus. Je vous assure. C'est pour ça que j'arrête dès aujourd'hui de rabâcher les mêmes complaintes. C'est fini. Je n'ai plus l'énergie de tenter un nouvel essai. Je suis fragilisée à chaque fois. Je saurai me satisfaire de ce que je suis aujourd'hui: une femme amoureuse dans son paradis, entourée d'une famille aimante, employée au onzième, blogueuse, lectrice, cuisinière, en bonne santé, vivant dans l'abondance répondant à tous mes besoins.

Pour ceux et celles qui ne la connaissent pas, je vous présente la pyramide de Maslow. Elle est une représentation des besoins de l'humain. Celui à la base, est bien sûr le plus important puisqu'il est le fondement même qui supporte tous les autres niveaux et ainsi de suite. Aussi, si les besoins des niveaux inférieurs ne sont pas comblés, on ne peut parvenir à combler ceux des autres niveaux. Les besoins physiologiques sont les fonctions de base: respirer, boire, manger, évacuer, dormir, etc. Au deuxième niveau, il y a ceux de la sécurité: abri, revenu, famille, physique (face à la violence par exemple), psychologique, etc. Suit le besoin de l'appartenance: aimer et être aimé, avoir des amis, se sentir accepté dans un groupe, etc. Vient ensuite celui de l'estime de soi que l'on comble par le respect de soi et des autres, l'accomplissement par un travail, avoir des objectifs, etc. Le dernier niveau, celui qui chapeaute l'ensemble en jouant le rôle de cerise sur le sundae, c'est la réalisation de soi qui mène un individu à améliorer le monde en y ajoutant son grain de sel par la poursuite d'apprentissages.

Est-ce que je sais que j'améliore le monde? J'ai déjà cru que je pourrais y parvenir plus clairement avec mon écriture. Oui, je sais que mon blogue existe et que l'exercice n'est pas mal en soi. Beaucoup, c'est déjà beaucoup. Plus du moins que là où j'en étais lorsque j'ai demandé à l'univers d'être lue un jour il y a quinze ans de cela. Sans parler de l'apprentissage du tricot. Un ourson en points jersey, ça tire toujours un sourire. Et non, ce n'est pas mon projet, mais peut-être dans quelques années, qui sait?