orphelins de l'Éden

4.17.2008

kermesse

Enfin il est revenu ce souffle solaire, tout en bises sur notre corps de bête au sang chaud. La liberté du temps doux, l'allégement, la révélation des mollets, des pieds, des épaules, des bras. Leur blancheur du printemps, l'impatience de cette haleine parcourant les monts et vallées de notre véhicule, leur communion. Sueur et vent réunis sous l'Astre. L'exhalation après la traversée du désert blanc des derniers mois. Les hormones, les parfums naturels, les effluves des fleurs.

Oui, mon bras va mieux pour ceux et celles qui se demandent si je suis encore contrainte de pratiquer le morse avec l'index et le majeur de ma main gauche. Ma maman m'a tancée lorsqu'elle a su que je souffrais. Va chercher de l'arnica qu'elle m'a sommée. Ce que j'ai fait. Cinq boulettes homéopathiques fondent depuis mardi en soirée sous ma langue matin, midi et soir. En plus, je m'enduis au même moment l'épaule et le coude de gel homéopathique à base de cette plante surtout utilisée pour soigner l'arthrose et les ecchymoses. Effet placebo peut-être, combiné à un ralentissement de productivité au onzième, mais la douleur s'est résorbée.

Alors, je vaque à mes occupations. J'assiste ainsi à mon cours de tricot d'hier soir et mon projet avance. Je sais faire des diminutions maintenant. J'ai aussi commencé à compter. Ça se complexifie et je tente de comprendre le plus possible. Sl., God, a beaucoup aidé Hg. hier soir. Elle tricote des bas pour bébés, de toutes petites choses adorables. À écouter God faire les mathématiques pour que Hg. arrive à réaliser son talon, je me suis dit que les bas, ça irait à beaucoup, beaucoup plus tard. Bien que God affirme que des bas, ça se fait tout seul. Hum-hum. Beaucoup plus tard.

Et puis, je continue à m'émerveiller de tous ces oiseaux qui sont revenus avec mars et avril. À la mi-mars, ce sont les quiscales bronzés qui ont commencé à faire leur apparition aux cimes des arbres, en passant de l'un à l'autre de ces hauts êtres cannelés par vol plané gracieux révélant leur queue à l'extrémité carrée et déployant leurs ailes noires. Les tourterelles sont revenues environ au même moment avec leur hululement typique, posées sur les fils électriques, voisinant quelques pigeons montréalais égarés. Et puis, nos oiseaux mythiques sont aussi de retour depuis quelques semaines. Les cardinaux rouge vif au ramage élaboré. Depuis deux matins, à l'arrêt d'autobus, nous sommes trois habitués à les apercevoir et à en discuter. Je leur dis que je pense que ces deux mâles, ce sont les petits devenus les adolescents du couple que je voyais beaucoup l'an dernier. Bien sûr, il y a les roselins aussi et les bruants. Mais eux, ils ont tenus bons tout l'hiver. J'allais oublier les merles d'Amérique aux gorges orangées qui sont venus il y a deux semaines picosser notre parterre humide à la recherche de lombrics engourdis, à tel point que M. pensait que nous étions visiter par des taupes troueuses. Je lui ai dis que c'est le bec de ces oiseaux qui avancent par terre tels de petits soldats, la tête fière et les ailes pliées vers le bas en deça leur corps, qui avaient perforées l'herbe pourrie révélée par la fonte tant espérée des congères. Merveilleuse nature qui poursuit son cours après la dormance imposée par le froid.

À vos sandales, à vos camisoles, à vos pantalons trois-quarts! Nos gênes puisent dans le continent africain. Ils peuvent enfin renouer avec cette mémoire ancestrale et crier: à nous l'été!