orphelins de l'Éden

4.06.2008

chassé-croisé

J'ai les yeux un peu collés ce matin. Moi la couche-tôt et la dormeuse de huit heures, j'ai eu une courte nuit de vendredi à samedi et hier, nous avons reçu des amis. Aujourd'hui, le mot d'ordre, c'est mollo la lu.

Malgré le dérèglement de la routine qui fout l'énergie en l'air, j'ai eu une belle soirée vendredi et une belle journée samedi. À m'écouter, on dirait un poupon de trois mois à qui il ne faut pas changer les petites habitudes sinon, c'est fini, plus de dodo régulier et une journée suivante ponctuée de pleurs. Il faut croire que ça fait partie de vieillir que de tenir à la régularité de son rythme circadien.

La vieille que je suis donc devenue a fait un véritable pèlerinage vendredi soir. La semaine d'avant, Ct., une amie-collègue, nous avait proposé à Vr, une autre amie-collègue, et moi d'aller souper les trois ensemble. Ct. et Vr. ont toutes de jeunes enfants. Pas besoin de préciser ici que la routine, ça leur connaît. Donc, justement, pour une rare fois depuis des années, elles ont décidé de sortir.

Vendredi matin, quand je suis arrivée au onzième et que je les ai vues toutes les deux sur leur 36, je me suis dit que j'aurais donc dû garder ma chemise propre, dont j'avais finalement décrété le port inconfortable juste avant de quitter pour le boulot. En fouillant dans le panier à linge sale - oh sacrilège! - j'avais retrouvé ma longue camisole grise de coton à enfiler sous mon chandail à côtes en torsades mauve pastel aux manches longues avec mes pantalons vert olive en velours côtelés larges. Inutile de dire que je détonais sérieusement par rapport à leur look de femmes en noir de la tête au pied, décorée de breloques brillantes et maquillée pour avantager leur best feature - bien que ce soit deux belles femmes au naturel - et grimpée sur leur talon, moi chaussée à plat de mes bottes grises Salomon. Ct. m'a assuré me préférer comme j'étais là, c'est à dire moi-même. Ct. a le rire facile et un coeur pur.

Vr. avait déniché l'endroit où nous allions partager une bonne bouffe: le Nuevo sur Mont-Royal, un bar à tapas dans l'air du temps. Mais puisque nous quittons le onzième à 15 h 30, il fallait combler le creux et j'ai suggéré nous rendre au Boudoir. Premier lieu de pèlerinage. Non pas que j'aie beaucoup fréquenté l'endroit, disons seulement que Ludivine plus jeune a passé là quelques soirées mémorables. Donc Ct. et Vr. s'y rendent pendant que de mon côté, je vais renflouer mon porte-monnaie à la Caisse. Quand je pénètre le débit de boisson, le premier être que je vois installé à une table, c'est Él., un ami-collègue de l'université, mes études en enseignement moral et religieux remontant à environ huit ans. Nous nous saluons avec une franche accolade et nous nous promettons de partager un verre un peu plus tard.

Je rejoins donc mes amies-collègues et nous sirotons nos pintes en parlant tranquillement de choses de filles d'abord - poils indésirables principalement - et ensuite de l'endroit, de nos souvenirs rattachés ici. Vr. dit que c'est le lieu de son premier rendez-vous avec Ad., un amoureux qui l'a marquée au fer rouge passion. Je n'ose pas leur confier ce à quoi je pense quand je reviens ici. Même à vous, tout ce que je dis, c'est que c'est là que ma rupture avec Dn., un amoureux important dans ma vie, a commencé à s'incarner. Finalement, nos souvenirs dans cet endroit, nous ramène à notre passé amoureux, ce qui revient à dire que l'émotion est la meilleure estampilleuse de neurones.

Él. vient se joindre à notre tablée après que je sois d'abord aller briser le cercle de ses collègues enseignants en l'en extirpant. En tête-à-tête, nous parlons un peu de ces nombreuses années qui viennent de passer, de là où nous en sommes, de là où nous pensons vouloir nous diriger. Il est fiancé, comme moi. C'est d'ailleurs le sujet de sa bague qui brise la glace lorsqu'il se joint à nous trois peu de temps après. Il nous raconte que la bague a été créée à partir d'une alliance retrouvée sur l'Île de Crète et qui, selon une théorie, aurait pu surgir d'aussi loin que trois milles ans avant J-C d'une société appelé l'Atlantide. Et nous voilà lancés, lui et moi, dans des sujets comme ces êtres humains mythiques qui auraient été surdéveloppés physiquement et intellectuellement, pour ensuite passer au tantrisme, cette forme de sexualité sacrée, et toucher brièvement à celui des sorcières. Ct., curieuse et intéressée, alimente le discours par ses questions pendant que Vr. écoute surtout et sourit. Il faut dire qu'Él. est un orateur naturel, tout à fait à sa place dans l'enseignement. Je te souhaite, cher être exceptionnel, un endroit où ton arbre de savoir pourra prendre racines et se concentrer sur l'essentiel de l'acte de transmission, pas sur le cafouillage des taches morcelées en enseignement.

Nous quittons le Boudoir pour nous diriger vers notre souper, égayées par cette rencontre et l'alcool qui nous a détendues. Au Nuevo, nous nous installons sur une banquette en demi-cercle juchée par rapport aux tables sur le plancher. Là, nous commandons un drink à base de champagne servi dans des coupes immenses et nous partageons de nombreux plats - le principe même d'un repas tapas. Les confidences se livrent prudemment au sein de notre groupuscule. À un moment, Ct. dit que ça fait du bien de pouvoir faire confiance. Il n'y a pas de meilleur ciment entre les êtres.

Après le repas, les miss veulent poursuivre la soirée, aller prendre un autre verre, sortir un peu plus tard. Il n'est que 20 h 30, alors je leur suggère de nous diriger au Bily Kun, ce bar aux airs de thermes, à trois coins de rues. Quand nous passons la porte, une table semble nous attendre comme par magie dans cet endroit déjà passablement bondé. Ct. et Vr. s'installent et leurs yeux parcourent l'endroit en se gavant de toute cette vie sociale qui vibre autour d'elles. Elle se commande un demi-litre de vin rouge qu'elles partagent et je déguste une pinte d'un mélange de noire - mon type de bière préféré - et de cidre. Le mélange des deux alcools donnent un verre superbe dans lequel le liquide clair - le cidre donc - occupe le fond tandis que la bière noire semble reposée dessus. La magie des rencontres des masses volumiques.

Là, nos voix se haussent parce que la musique et la foule épaississent les ondes sonores. Quand, quelques heures plus tard, je sortirai de là, ma gorge sera enrouée comme lorsque je débutais un stage en enseignement. Ct. me permet d'utiliser son cellulaire et c'est ainsi que mon amie Sr. et un ami à elle, Tm. l'Irlandais voyageur du globe depuis toujours, viennent nous rejoindre au Bily Kun. Quand Sr. arrive, elle s'installe à côté de moi et me dit que ça lui fait tout drôle d'être de retour ici, un endroit qu'elle n'a pas du tout fréquenté depuis cette fois où, il y a de nombreuses années, sa soeur An. était montée sur le bar central après avoir fait le tour des tables en catimini pour demander à tout le monde leur participation à ce bonne fête qu'elle a commencé à chanter pour Cr., son amie. L'émotion estampilleuse.

Ct. et Vr. désirant aller tâter le pouls d'un bar dansant environnant, nous avons quitté Sr et Tm. afin de nous rendre au coin de Rachel et St-Denis. Là, je savais qu'il y avait un bar, même si l'endroit avait changé de vocation depuis le Dogue de mon temps. Après un brin de jasette avec le doorman sympathique, nous sommes montées à l'étage gratuitement - avantage à cette incursion tâteuse de pouls - et Sunday Bloody Sunday jouait. J'ai souri, ravie de contaster que nous étions dans un endroit familier juste à cause de cette musique de notre adolescence. Bien sûr, la clientèle était en moyenne plus jeune que nous, nous les femmes dans leur jeune trentaine. Mais nous avons quand même été nous bouger les fesses sur Push it de Salt'n Pepper avant qu'elles ne décrètent que ça y était, elles en avaient eu assez pour leur besoin d'émancipation.

Un dernier arrêt avant de rejoindre nos véhicules a eu lieu. Nous sommes allées manger une poutine au Frites Alors coin Rivard. Une vraie fin de veillée se termine toujours avec une bonne dose de gras indigeste. Là aussi, les souvenirs sont revenus à la charge. J'ai revu mes deux amies de mon adolescence bosser derrière le comptoir, il y a plus de dix ans. Pendant que nous attendions notre plat brun, Daniel Bélanger flottait dans l'air et je n'ai pu m'empêcher de penser que vendredi prochain, M. et moi allons le voir en concert.

Vers l'avant, toujours vers l'avant.

2 Comments:

At 7:55 p.m., Anonymous Anonyme said...

Je voulais t'appeler ce week end mais je sors à peine de l'hôpital (allergie alimentaire). Je t'embrasse et on se parle bientôt.

xxx J

 
At 10:37 p.m., Anonymous Anonyme said...

Girls night out !!! ta soeur danse encore a Push it !!!

BF

 

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