Depuis mon paradis qui me donne des airs d'insulaire par temps froid puisque dévéhiculisée - je sais, c'est un mot inventé... Boris Vian, sors de ce corps -, je rentre en contact avec le monde extérieur pendant la journée beaucoup pas mal grâce au téléphone. C'est mon life line pour reprendre cette expression du millionnaire télévisé ou mon fil d'Ariane pour reprendre celle du Minotaure terrorisant.
Au bout de ce fil, il y a des amies, ma famille. Quand l'appareil téléphonique s'éveille en sonneries, Bo. lève la tête comme un daim en forêt percevant un craquement lointain. Il me jette ensuite un regard qui me dit: maman, la manette à laquelle tu parles s'anime.
Très régulièrement, je parle avec Jl., mon amie de presque toujours si l'on calcule qu'elle est dans ma vie depuis les dix-sept dernières années. Jl., maman de K. qui va avoir bientôt six mois et de Tl., sa grande fille de cinq ans qui a commencé l'école cette année, c'est un vrai beau rayon de soleil. Avec elle, pas de faux-semblant ni de tournage en rond, mais toujours cette douceur respectueuse propre au non jugement qui illumine son coeur. Du lundi au vendredi, nous nous parlons de trois à quatre fois, pour de bons blocs au chrono, selon ce que nos garçons nous permettent, selon aussi nos humeurs bien sûr. Nos conversations se construisent à partir de nos valeurs, de nos choix de vie, de nos aspirations profondes, bref, elles nous nourrissent véritablement.
Une autre amie avec qui je communique souvent, c'est Ol., cette voisine Ukrainienne qui fait bel et bien partie de ma vie au quotidien à présent. En fait, toute la petite famille, Ol., Ol. son mari, et Mx., leur garçon de deux mois l'aîné de Bo., fait partie de nos vies, celles de notre petite famille. Bien sûr, puisque Ol. est à la maison comme moi et que nous habitons à quelques minutes l'une de l'autre, nous nous rejoignons aussi parfois au petit parc pour parler tranquillement, tout en veillant sur nos trésors qui s'activent chacun selon leurs envies. Ol. m'explique comment est la vie dans son pays d'origine et me pose une tonne de questions sur la mienne. Son coeur est si pur que cela se sent à des milles à la ronde. Souvent, je remercie Dieu de cette rencontre fortuite qui me permet de socialiser intelligemment et simplement pendant mon congé de maternité prolongé.
Ma famille par téléphone le jour, c'est ma maman à son boulot, ma grand-maman une fois semaine, en matinée si elle n'est pas sortie marcher ou sinon, assurément sur l'heure du dîner qu'elle prépare et prend quelque part entre 11 h et midi. C'est aussi depuis peu ma soeur G. à la maison parce que son deuxième garçon, A., est sur le point de se montrer le bout du nez. Nous nous faisons des coucous, histoire d'actualiser les évènements qui alimentent nos vies respectives, petits et grands.
Rares sont les échanges téléphoniques après 17 h au paradis ou même pendant le week-end, à part ceux avec ma soeur B. au moins une fois semaine puisqu'elle travaille le jour. Ce temps est consacré à notre petite vie familiale, à profiter de nous trois réunis. Moi, M. et Bo. Cellule bienheureuse flottant sur le dos d'un cerf-volant connecté à la planète par l'invisible.