orphelins de l'Éden

12.31.2007

dernières heures

Il y a deux jours, il m'a proposé, pour le dernier jour de l'an, d'aller patiner sur les sentiers glacés du Domaine de la forêt perdue*. Enthousiaste, j'ai préparé l'itinéraire et téléphoné à plusieurs restaurants au coeur de Trois-Rivières pour s'assurer de bien manger après notre effort physique. Ce matin, le cadran a donc sonné à 7 h pour nous tirer du lit. Moi, avec mon nez champlure au washer défectueux, lui avec l'énergie qu'il faut pour prendre la route par une température hivernale, heureusement. Oui, je suis un peu malade. Mon loup est aux petits soins depuis notre retour, mais avant cela, il faut partir.

Alors nous quittons pendant qu'il neige et qu'il vente et que dieu que la 20 est à peine dégagée. Nous suivons les traces laissées par tous les pneus qui nous ont précédé sur la route. M. a l'impression de faire du quatre roues. À toutes les fois qu'il doit procéder à un dépassement, il dit que son coeur s'arrête parce que la direction donne un coup en traversant en diagonale la neige entre les traces. Tranquillement mais sûrement, nous poursuivons notre chemin jusqu'à la 55 nord que nous remontons vers le pont Laviolette que M. trouvera donc beau, avec son haut chapeau de cowboy. Cette fois, nous sommes seuls sur la voie, cependant que des véhicules nous croisent en sens inverse. Depuis que nous sommes partis, Múm explose en sons aigüs dans toutes les directions dans l'habitacle roulant. Le groupe islandais connaît la beauté des paysages enneigés et leur musique les accompagne parfaitement.

Sur le bord de la route, une pancarte brune rectangulaire annonce aux passants que voilà, ici gît et s'agite la Rivière Blanche. Plusieurs kilomètres plus loin, une même pancarte nous annonce la même rivière et j'imagine le coude gigantesque du cours d'eau gazouiller dans le silence des terres agricoles au repos. En pleine méditation, une autre pancarte me tire de ma rêverie. Celle-là, verte, pointe vers un village au nom pas possible de Précieux-Sang. Par ici les vampires, les litres vous attendent au chaud près des cheminées. Vraiment, il n'y a qu'au Québec pour retrouver des désignations de hameaux aussi colorées. D'où le plaisir de sortir pour les découvrir et les égrainer ces chapelets d'arrière-pays.

On traverse le pont, on traverse la ville, on monte la 157, on enfile nos patins, je sors mon Pentax old school pour saisir notre joie sur pellicule sans que le froid ne me brise mon envie de faire de la photo en faisant disjoncter ma carte-mémoire. Nous patinons dans une pinède par moments, dans des allées de bouleaux à d'autres. Un groupe nombreux et disparate que nous croisons régulièrement semble arriver tout droit de l'Île Maurice parce qu'ils pourraient être des parents de Tv. À sa tête un homme vêtu d'une tunique toute blanche, une tuque vissée sur sa chevelure noire luxuriante, un sourire permanent et une femme, de blanc aussi vêtue, qui patine magnifiquement bien tandis que tous les autres ont les jambes flageolantes. M. me surprend en se déplaçant aisément sur la surface bleutée qui sillonne le boisé. Un saut et le voilà glissant par derrière, un autre saut et le revoilà filant à toute allure en esquissant des pas gracieux et agiles. Il me dit que c'est son expérience d'adolescence à faire du rollerblade extrême qui lui rend cette assurance. Je lui envie cette souplesse du mouvement.

Après une heure et demie à virailler dans le labyrinthe, nous retirons les lames, vannés et affamés. Nous repartons avec de la farine de sarrasin, le produit que nos deux coupons reçus en payant notre entrée nous ont permis de choisir. Nous aurions pu prendre du miel aux pacanes ou une mini-bouteille de sirop d'érable, mais la perspective de nous régaler de galettes l'a emporté.

Nous dînons au Rubis Rouge, un resto sur la rue Des Forges et M. me dit que s'il avait repéré le Jean-Coutu derrière chez sa tante, il aurait pu reconnaître sa maison. Le saumon est cuit à point, fondant dans sa sauce à l'ail rôti et aux agrumes. Avant de reprendre la route, nous dénichons une bouteille de champagne dans la SAQ à deux pas de là pour l'offrir au papa de M. chez qui nous allons souper demain.

De retour au retour. Je prends une douche bien chaude parce que j'ai évacué toutes les toxines de mon corps par l'effort et qu'il me faut à présent faire peau neuve. La soupe aux légumes et à l'orge mijote pendant que le rouge nouveau préféré de mon amoureux décante afin de libérer ses sulfites. Peau neuve lui aussi avant de plonger dans nos gosiers.

Ma soeur B. appelle de Hong Kong au moment précis où je précipite des biscuits soda au romarin en miettes dans mon bol fumant. Ma belle Em. me souhaite une bonne amie parce que, B. m'explique-t-elle, elle ne dit pas le mot année. Juste d'entendre sa voix délicate, ça fait mon année. Cette douce journée sera mon amie pour le nouvel an.

Santé, paix, jouissances et réjouissances. Pour vous.

*domaine de la forêt perdue

12.30.2007

cage d'oiseau

Dans le soleil du matin, un geai bleu passe en flèche pour aller se poser sur les branches basses d'un des deux majestueux sapins élevés qui cachent la devanture de la maison de la famille guatémaltèque. Son plumage bleu vibrant de mâle prêt à se pavaner apparaît en éclair au travers les amas épineux. Il saute du pied à la cime et s'envole vers la gouttière. De là, il plane jusqu'à la cime de l'autre arbre, trouve quelque chose à se mettre dans le bec et décolle dans un grand trait dynamique. Dehors, il fait froid. Au sol, les amas d'eau au sol de la veille se sont transformés en surfaces glacées concassées et grises. Le dernier dimanche de l'an.

Nougat le gros chat respire régulièrement dans son sommeil. Je vois son ventre se soulever en vague continue sous son pelage noir lustré. Elle partage sans doute un gène avec les grandes corneilles sombres comme la nuit sans lune qui rôdent à l'arrière du paradis. Hier, une d'elles s'est déposée sur la clôture de notre balcon. M. me l'a fait remarquer en m'avouant que ces oiseaux lui font peur. De son oeil rond, elle nous observait l'observer de derrière la porte patio. Bien qu'elles aient en effet un air funeste, la richesse profonde de leur plumage ténébreux brillant dans le jour me fait les trouver belles avant tout.

Et puis, de petites mésanges aux ventres blancs vivotent en pairs de temps en temps dans le décor endormi de notre cour enfouie sous la neige. Avec elles, des bancs d'étourneaux aux reflets verts et dorés s'accrochent aux fils électriques dans l'attente d'une opportunité à plonger dans l'espace arrière d'un voisin en biais qui doit leur laisser de la nourriture. Avant-hier, nous avons même eu l'opportunité de revoir notre oiseau mystique en couple. Les cardinaux, le mâle rouge vif et la femelle au bec orange, sautillaient d'une branche dégarnie à l'autre dans notre arbuste dans le coin de notre terrain.

Il faudrait que je me décide à redonner des graines et des pains de suif à tous ces volatiles bravant l'environnement hostile des mois de gel. Bien sûr, je sais que nos amis les écureuils, Chip et Munk surtout, ce couple qui court à journée longue d'un côté à l'autre des clôtures communes des cours, en profiteront aussi pour mettre leurs pattes griffées sur le butin. Mais à les voir blottis sur eux-mêmes, la queue au vent, je me dis à présent grand bien leur en fasse car eux aussi se joignent au règne qui cherche à débusquer la nourriture moteur de vie.

Le partage ne doit pas connaître de limites s'il est une fidèle expression de son principe même. L'idéal n'existe que pour faire pâlir la réalité. Et cette réalité se résume à faire ce que l'on peut, ce qui est déjà beaucoup. Dans cet esprit, bonne préparation à l'élaboration de vos résolutions bien que chaque jour soit une opportunité en soi. Cependant, la volonté a peut-être besoin de rappels ponctuels pour s'assurer de déplacer des montagnes. La concentration des énergies sur un défi à relever nous guide inévitablement au dépassement de nous-mêmes. De là, le marasme de l'insatisfaction n'a plus autant d'emprise puisque l'effort accompli appelle à la sérénité et à la reconnaissance. Je vous souhaite donc, pour le nouvel an, la métamorphose vers votre identité véritable. Tiens, je me la souhaite aussi en passant parce que nul n'est à l'abri de l'oubli.

12.28.2007

renouer avec le onzième

Eh voilà, je reprends du service, je réintègre les rangs. Dans moins de trois heures je serai de nouveau à l'orée d'un quart de travail de huit heures. Allez hop, à pieds joints dans le rythme. Courses, cuisine, voyagement, boulot, dodo. Qu'il fût bon ce congé. Délicieuses ces journées aux horizons sans bloc préprogrammé dévorant mes cases horaire. Travailler pour me nourrir, me loger, me sentir en sécurité. Gagner mon pain pour pouvoir le partager en retour quand l'occasion m'est donnée de gâter les miens ou de surprendre un itinérant ou un musicien de métro. N'empêche, délicieuses ces journées. Exquis ces moments à vivoter. Comme hier au Musée Contemporain avec Sr., revenue de cinq semaines au Venezuela depuis peu, à passer d'une pièce à l'autre, d'une projection présentant les terres tibétaines à un montage vidéo amusant articulé autour du rôle du téléphone dans le cinéma à un piano argenté synchronisé aux mouvements des spectateurs émerveillés par le joueur fantôme à l'exposition principale mettant en vedette les oeuvres de Vik Muniz, moine moderne, génie rigolo, allumeur de conscience. Courez-y, ça se termine le 6 janvier. L'art, ça fait bondir l'esprit. C'est bon pour le coeur. Rien de mieux pour terminer ou commencer l'année en beauté.

12.26.2007

projection

La visite est partie à 21 h tapantes hier soir. Deux repas partagés en commun plus tard. Deux jeux joués, plusieurs cadeaux développés, des cartes décachetées, une conférence vidéo échangée. Tout cela ensemble. Il y avait maman et grand-maman qui sont arrivées les premières après que maman se soit un peu égarée dans les rues en pointe de tarte de la rive-sud. Et puis, Cl., la maman de M., et Rc., l'amoureux de Cl., ont franchi le seuil du paradis, suivis de près par Am., la soeur de M. qui a dû filer à 15 h 30 pour aller travailler à l'hôpital toute de blanc vêtue. Ma soeur G. et Rb., mon beau-frère, ont appelé quand nous terminions le dîner pour dire qu'ils se changeaient et s'en venaient. Le matin même, ils étaient à Québec. Et puis, vers l'heure du souper, Hong Kong nous a contactés, ma soeur B., son mari Bb., leurs enfants, Em. et Wiwi.

Tout ce beau monde a jasé, passant d'un sujet à l'autre, verre à la main, eau, vin, crème de pommes, au salon, à la cuisine, dans la pièce orange. Maman ce matin au téléphone pour m'appeler pour nous remercier de notre accueil m'a dit que M. et moi, nous les avions bien reçus. Elle a parlé du regard de fierté sur le visage de Cl. regardant son fils, l'hôte de cette réunion, besognant pour s'assurer du confort de ses invités dans sa maison.

Le paradis, parlons-en puisqu'il y a un an, nous ne connaissions même pas encore son existence et voilà que 365 jours plus tard, nous y festoyons entourés de ceux et celles que nous aimons. La vie, le temps, le changement. Dans un an, où nous auront-elles menés ces boussoles obligées? Ma soeur a fait un toast aux bouches de plus qui se joindront peut-être à nous d'ici là. Peut-être. Pourquoi pas? Des bébés, un conjoint pour maman.

Quoi d'autre? Rendez-vous dans un an.

12.24.2007

bulle

Une veille de Noël extra smooth. Un lever paresseux, un ménage intense, mais agréable, une sieste, une omelette patates et poireaux, des courses de dernière minute et puis maintenant, M. a trouvé des vidéos de Paul McCartney en concert sur You Tube et les airs qu'on connaît par coeur s'enchaînent.

Dans mon bas de Noël, j'ai découvert une paire de mitaines pour le four et un instrument pour soulever les pointes de tarte sans utiliser des gros mots. Moi, je lui avais mis des bas dans son bas. Les bas de Julie. Ces chaussettes rayées fabriquées dans la région de Charlevoix dans une maison couleur citron sont devenues les chouchous de M. Ça fait sortir son petit côté Où est Charlie. Il adore.

Ce soir, on ouvre une bouteille de mousseux et on mange en tête-à-tête. Sous la pleine lune, la lune des longues nuits. Et près d'elle, l'étoile, l'étoile du conte chrétien, celle qui brille de tous ses feux. Prions pour que cette région du monde qui accueille des musiciens Israéliens et Palestiniens réunis ce soir à Bethléem trouve la paix de cette lumière éternelle, cette lueur d'espoir pour un monde où l'Humain aime au-delà de tout. Prions en exagérant nos souhaits d'équité, nos envies d'abondance saine et nos désirs de sérénité. Avec un peu de chance, nous nous prendrons au jeu et nous serons pris au sérieux.

12.22.2007

la preuve

du fond du coeur

Debout à 6 h même si je suis en congé. Mon horloge est ainsi réglée. En six jours, elle aura le temps de se détendre un peu les aiguilles pour me permettre de me lever au moins en même que le soleil, pas avant.

Pendant la nuit, le grelot au bout de la queue de la souris mauve de Nougat le gros chat s'est fait tinter le bedon. Ting, ting, ting. Depuis que je l'ai déballée hier pour la déposer sur le plancher de la cuisine, c'est la folie. C'est Cht. ma collègue et amie qui lui a offert ce petit cadeau de Noël fait à la main par une artisane qui utilise de la laine biologique pour tricoter le petit corps long proche parent d'une chaussette. M. pense qu'il y a de l'herbe à chat dans son ventre. à voir Nougat le gros chat l'adorer en se frottant le visage sur elle, je pense qu'il a raison.

J'aurais dû tenir le coup et la mettre dans le bas de Noël de Nougat le gros chat offert l'an dernier par Cht., sa marraine d'adoption si j'en crois la tendance. D'ailleurs, M. m'a reproché ne pas l'avoir attendu avant de lui offrir son jouet mou. Pour son papa, oh la la, ce n'est pas drôle sa boule d'amour. Le bas ressemble à une mitaine avec des ovales blancs simulant des coussinets de pattes de chat. Adorable. Avec une guirlande or et argent entortillée autour de la rampe du garde-fou qui nous empêche de chuter dans les escaliers dans l'entrée, j'ai fait tenir nos trois bas. Dans celui de M., il y a quelque chose qui le bombe. Il a deviné que ce petit extra vient du Salon des Métiers d'Art. C'est le seul indice qu'il a.

Et puis aujourd'hui, nous offrons un cadeau de Noël. Jl. et Tv. emménagent bientôt dans leur nouveau nid. Nous nous avons proposé notre aide pour peinturer. Le cadeau de l'entraide. Je repense à J., mon ancienne voisine, qui a maintenant une chronique les dimanches entre 18 h et 18 h 45 à l'émission Génération Speed à CIBL 101,5 pour une consommation responsable qui a justement suggéré ce type de gestes il y a deux semaines plutôt que l'habituelle étrenne dénichée en magasin moyennant de beaux dollars, souvent inexistants puisque empruntés sur une carte de crédit. Elle avait aussi suggéré des cadeaux faits maison du genre des confitures concoctées en plein dans la belle saison ou encore des présents provenant du commerce équitable, par exemple sous l'enseigne des Dix Mille Villages, rue St-Denis.

Moi aussi j'ai déjà reçu un premier cadeau - exception faite de cette merveille mauve qui a tinté toute la nuit destinée à mon animal chéri - des mains de Vr. une autre collègue et amie. La torbinouche m'a abonné au magazine culinaire de Ricardo, son héros. Maintenant, je pourrai moi aussi admirer l'ingéniosité de ces recettes savoureuses toutes simples imprimées sur papier lustré, passer d'un mets à l'autre l'imagination complètement survoltée. Mmmmmmm. Donner avec l'autre en tête, on le fait parce que l'on connaît le plaisir de recevoir quelque chose qui correspond à nous, véritablement. Se faire dire par l'autre "je sais qui tu es et ce qui te branche vraiment", ça touche, inévitablement. Dire "je t'aime, le sais-tu?"

12.20.2007

missive

Demain, dernier jour de travail avant un congé de six jours.
Putain de merde que ça va être bon.
Le onzième va me rendre folle.
Décrocher, sinon, je saute les plombs.

12.18.2007

neuf

Dans une semaine à la même heure, nous serons tous attablés dans la cuisine autour de la dinde préparé le matin même par grand-maman, notre doyenne, celle qui sait combien de temps faire rôtir l'oiseau en fonction des livres de chair qui le constituent. Je crois que j'en mangerai un peu. Il y a longtemps que je n'ai dérogé à mon végétarisme et puis, j'aime bien la viande blanche. Grand-maman préparera ses tartes au sirop d'érable, ma soeur G. va faire des cupcakes, son classique. Aujourd'hui, j'ai commencé à faire les courses en conséquence. Je suis revenue à la maison avec un gros morceau de fromage au lait cru du Madelinot Pied-de-vent et un autre de Baluchon, un bio de St-Anne-de-la-Pérade. Dans ma besace, j'avais aussi deux beaux pains aux noix de Première Moisson sur lesquels tartiner les fromages onctueux, une bouteille de crème de pommes du Domaine Pinnacle pour réchauffer la visite en après-midi et du nougat à la lavande et un second à la fleur de sel pour la dent sucrée de ma maman.

Sous le sapin, deux cadeaux occupent maintenant le plancher. Ils sont bien perdus sur les lattes, mais nous avons choisi d'opter pour un échange de cadeaux, autant du côté de ma famille que de celle de M. Deux cadeaux, ceux que j'offre, attendent donc leur heureux ou leur heureuse. Il ne me faut laisser aucun indice, je sais que des paires d'yeux qui liront ces lignes seront présentes mardi prochain. Alors, les cadeaux attendent des êtres asexués, un peu comme l'est l'ange qui domine le salon du haut de l'arbre odorant. Dans sa robe rouge sang semblable à une débarbouillette, ses cheveux blonds et son visage de plastique il ressemble plus à rien du tout si vous voulez mon avis, mais bon, c'est lui que j'avais à jucher là.

M. revient de sa partie de hockey sur glace. Il est extatique. C'était sa première fois sur une véritable patinoire, patins aux pieds. En sortant de la douche chaude parce qu'il était détrempé à son arrivée, il déclare qu'il se déplace rapidement sur ses lames. Fouich! Fouich! Je le vois mon beau loup s'amuser comme un petit fou.

L'année prend fin enfin. Je ne regretterai pas cette 2007 qui m'a écorché le coeur et l'esprit. L'année qui vient est celle du renouveau selon la numérologie. Une année 1, ce sont les commencements, les mises en branle. Derrière moi donc les coups durs et droit devant, une belle page blanche immaculée, pareille aux bordées impressionnantes laissées là par une nature inspirée. La plus forte malgré tout, toujours et pour l'éternité. Au-delà de nos croyances, au-delà de nos comportements infantiles, au-delà de notre complexe de supériorité, la nature, plus forte. À nous de la remercier par humilité et pourquoi pas le faire justement dans une semaine lorsque nous serons tous réunis pour célébrer? Il est grand le mystère, elle est belle la vie. Youpi.

12.16.2007

fière allure

Mon beau sapin, roi des forêts, que j'aime ta verdu-re. Sans oublier ton odeur de résineux qui embaume notre paradis depuis hier soir. Nous t'avons choisi parmi tes pairs, tous des beaumiers, ceux aux rubans bleus, comme toi, aux branches plus éparses, et ceux aux rubans rouges, plus touffus et plus dispendieux. C'est l'homme aux épaules carrées sorti de sa campagne où tu as sans doute poussé qui nous a expliqué la différence entre les deux catégories. À en voir, nous avons opté pour tes semblables et puis pour toi parce que, pensions-nous, les décorations seraient plus faciles à installer sur tes branches et à contempler le résultat, nous avions raison. Nous t'avons glissé, toi et tes sept pieds, dans Jasmine la Fit et tu trônes à présent dans le coin de notre salon en véritable maître des lieux. Il était temps que tu viennes chez nous, sinon, nous aurions passé des fêtes sans la charge de ton symbole. L'arbre de Noël, toi mon beau, serait un axis mundi, rien de moins, un lien entre les trois niveaux cosmiques: le monde supérieur (le ciel), la Terre et le monde inférieur (les morts). Pour nous, maintenant, tu scintilles de tes lumières, orné de parures brillantes qui flottent au bout de tes branches et debout dans une base superbement sculptée d'un St-Nicolas, d'un cheval de bois, de cadeaux et d'une poche aux cordons dorés choisie par mon amoureux qui voulait qu'elle dure jusqu'à ce que nos futurs enfants puissent l'admirer. C'est vrai qu'elle est belle. À te voir, il est clair que tu fais partie d'un rite qui donne du sens à ce temps de l'année fouetté par des bourrasques qui décoiffent. À te voir, je me dis qu'il n'y a rien de plus merveilleux.

12.14.2007

nuit blanche, nez rouge

Je mange mes toasts au beurre de pinottes, à peine réveillée d'un bon neuf heures de sommeil de plomb. Il est 15 h 44. Ce matin, j'étais dans la douche à la même heure qu'à mon habitude quand je commence une journée de travail, 5 h 40. Seulement, quand je me suis mise au lit tout de suite après, ça faisait un peu plus de 24 heures que j'étais debout. La nuit passée, j'ai participé à Opération Nez Rouge.

Vr., ma collègue et amie, est venue me chercher à 19 h 45 au paradis, direction Stade Olympique. Là, une armée réduite et efficace de bénévoles s'activaient dans le hall touristique. C'est là que se trouve la centrale. Neuf personnes du onzième s'y étaient donné rendez-vous pour 20 h 30. Pendant que Nk., mon collègue et ami, remplissait de la paperasse et faisait circuler une grille dans laquelle nous devions inscrire nos noms et date de naissance, nous attendions Hr., collègue et ami aussi, le retardataire du groupe. C'est avec lui que Vr. et moi avons vécu cette expérience Nez Rouge. Après la séance d'informations où le fonctionnement de nos rôles respectifs est expliqué, nous avons paqueté nos petits - dossards rouges enfilés, radio walkie-talkie, pochette pleine de documentation à remplir et à offrir à chacun de nos raccompagnements. Hr., avions-nous déterminé, serait l'escorte, c'est-à-dire celui qui suit le véhicule du client à bord d'une voiture empruntée au bureau; Vr. serait la chauffeuse de la voiture du client, manuelle ou automatique; moi je choisis toujours le rôle d'accompagnatrice, celle qui doit communiquer avec la base et noter les informations des clients à accompagner, celle qui remplit les reçus, qui ramasse les dons, qui fouille dans l'atlas pour trouver les coins reculés ou inconnus. Près à l'aventure, nous avons pris la route après avoir salué les deux autres équipes formées de nos collègues et amis. Nous étions l'équipe 25, 2-5 à la base, nous sommes en chemin pour ramasser notre première cliente, 10-04. Bien reçu équipe 25, 2-5, au plaisir de vous entendre.

Notre cliente #1 se trouvait à la Cafétéria, restaurant sur St-Laurent, hauteur Prince-Arthur. En fait, elle s'y trouvait jusqu'à quelques minutes avant que nous n'arrivions. Le serveur qui avait appelé Nez Rouge pour elle ne l'avait pas vue partir, mais une autre serveuse nous expliqua qu'elle était sortie et avait fumé une cigarette en tournant à l'avant du restaurant jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse tout à coup. Il devait être 22 h environ et les appels rentraient au compte-goutte à la centrale alors la répartitrice nous demanda de rester disponible sur le Plateau. Plusieurs équipes patientaient comme nous. Sur les ondes, une équipe dans le coin de Dorval tentait de convaincre la répartitrice de les faire revenir vers la civilisation tandis qu'une autre, tout aussi rigolote, se comparait à trois réparateurs Maytag. La bonne humeur était au rendez-vous ce soir, sans aucun doute.

Les appels ont commencé à rentrer. Chacune des équipes devaient noter les coordonnées de leur prochaine mission. Vous partirez du centre-ville pour aller à Boisbriand, vous partirez de Laval pour aller à Vaudreuil, vous partirez de Montréal Nord pour aller à Longueuil. Une équipe, la 8, hérita d'un raccompagnement à Hemmingford. Les moutons noirs de la soirée étaient trouvés. Une équipe leur lança à la blague que le zoo Safari était fermé à cette heure-ci. Leur périple serait le deuxième plus laborieux de cette nuit de bénévolats. La palme revient selon moi à l'équipe 26, une autre du onzième. À un moment, en revenant de notre premier vrai raccompagnement de la soirée qui nous avait amené à Carignan, l'équipe 24, la troisième du trio bureau, nous informa que l'équipe 26 venait de prendre le fossé avec le véhicule du client. Il faut dire pour leur défense que la neige tombait à plein ciel et que les routes étaient très mauvaises. Nous-mêmes roulions à ce moment à pas de tortue sur la 30 avec une visibilité réduite. L'équipe 26 attendait une remorque. Il devait être environ minuit et demi.

Nous sommes allés à Ste-Julie ramasser une fille qui arrivait de Ste-Hyacinthe. Le point de relais était un stationnement de restaurant St-Hubert. Avec cette étudiante en santé animale, nous revenions à Montréal, coin Papineau et St-Zotique. De là, nous partîmes pour le Club de Golf Métropolitain à Anjou pour ensuite nous rendre à Mascouche. Après un arrêt pipi et essence, nous devions revenir au Stade chercher un jeune homme qui avait fêté au sommet du mât pour le raccompagner chez lui à Ste-Dorothée. En route vers là-bas, l'équipe 24 nous informa qu'ils faisaient présentement leur dernier tour tandis que l'équipe 26 expliqua sur les ondes que la remorqueuse venait de repartir et qu'ils rentraient au bercail. L'équipe de Hemmingford était embourbée dans la neige devant la maison de leur client.

Hr. estima notre kilométrage de la nuit à un aller retour Ottawa-Montréal. Vr. était claquée et j'étais à présent tombée dans un état de léthargie évident. Il était maintenant 4 h 45. Nous rapportâmes nos petits à la centrale pour reprendre la route une dernière fois, direction maison, lit, sommeil bien mérité. L'équipe de Hemmingford revint à la centrale juste un peu avant nous avec un don faramineux de 200 $. Un record sans doute pour cette Opération Nez Rouge qui reverse les donations dans la Fondation du Cégep Vieux-Montréal. Quand nous nous retirâmes, il y avait encore cinq équipes sur la route. Et la bonne humeur sur les ondes était encore au rendez-vous.

12.12.2007

tic tac

De retour à mes vieilles amours. Les deux mains dans l'eau chaude pour une vaisselle de marmites et d'ustensiles de bois, je me suis réjouie des airs jazzés diffusés sur l'antenne d'Espace Musique au 100,7 FM. Installée pour vous jaser un brin, ma tête balance encore d'un côté à l'autre au rythme de la cymbale. Flashback à l'appartement rue St-André. Seulement maintenant, c'est au paradis que nous habitons et ici, il va faire froid cette nuit et là-bas, par une nuit pareille, il n'aurait pas fallu dormir les fesses à l'air par risque de se les coller par mégarde en pleine nuit au mur glacé parce que mal isolé.

Nougat le gros chat a rencontré son nouveau vétérinaire hier soir. Docteur J. a répondu à toutes mes interrogations par rapport à la santé de mon animal. J'ai aimé son franc-parler, un mélange de connaissances et d'expérience. Nous avons fait le tour de plusieurs aspects du problème de Nougat: nourriture, causes possibles, bilan sanguin, santé buccale. Madame va d'ailleurs se faire détartrer les dents à la mi-janvier. Son premier brossage à vie. Oui, je sais, je suis une mère bien ingrate. Mais honnêtement, je n'y avais jamais pensé avant le rendez-vous du mois d'août dernier. Certains vétérinaires et techniciens m'avaient déjà recommandé de le faire, mais je ne comprenais pas pourquoi vraiment. Docteur J. a été clair: votre chatte vieillit et des bactéries proliférant dans sa bouche pourraient se jeter dans des organes vitaux. Si ceux-ci sont affaiblis pour une raison x ou y, ces bactéries pourraient tuer votre animal adoré. Alors moi, je ne veux pas ça du tout. Nougat le gros chat doit vivre encore au moins dix ans. À moi de prendre les moyens pour.

Bon alors, je vous laisse, parce qu'au paradis, nous avons un problème de drain de bain congestionné et de bouchon impossible à dévisser. Je dois trouver la recette gentille pour l'environnement à base de bicarbonate, de vinaigre et d'eau bouillante si je me souviens bien. Tiens, je crois que j'appellerai maman pour qu'elle me refile les proportions inscrites dans le livre de Madame Chasse-taches.

Dormez au chaud tous et toutes, ils annoncent des températures glaciales sous le croissant de lune. Raison de plus pour se coller ou se faire plaisir en s'emmitouflant dans un pyjama bien moelleux. Et puis, le froid, ça plonge encore plus profondément dans les abysses d'un sommeil réparateur. Rien de mieux pour une journée extra longue demain. L'aventure Nez Rouge se répète pour moi pour une deuxième année consécutive. Mais avant, je prends encore le plaisir de mes rêves étranges et engourdissant. Chaque moment de mes 24 heures vaut son pesant d'or.

12.10.2007

désert

Ça y est, la date est arrivée. Le 10 décembre. Le troisième depuis que dans mon rêve cette femme aux cheveux courts et blancs qui était Dieu m'a dit que je serais publiée. Dommage. J'y avais un peu plus cru cette année. Qui sait, peut-être était-ce aujourd'hui qu'un des trois éditeurs à qui j'ai fait parvenir mon foutu manuscrit s'est dit: Eh bien, ça me plaît bien ce petit tas de choses à remanier alors je dis oui. Oui, je veux un oui. S'il vous plaît petit Jésus, donnez-moi un oui. Quelque chose qui fasse en sorte que je tienne bon, une paille, un fétu, un nano-espoir, petit Jésus, s'il vous plaît.

12.08.2007

multiplication

Mes pieds sont appuyés sur la grille du foyer. Les braises rougeoient et quelques flammes déploient leur ailes de papillons lumineux. Aujourd'hui, c'était un peu comme un dimanche. On a mangé un pamplemousse. M. a fait cuire son bacon. On a roupillé collés de tout notre long sur le divan orange. Douchés, nous sommes sortis dans la journée resplendissante gorgée de vitamine D. J'ai remis les disques à notre voisin d'en face Ls. Il me les avait refilés la semaine dernière parce que j'étais allée lui parler un peu en rentrant du travail vu qu'il était installé dans sa voiture pour écouter de la musique et fumer une cigarette. Depuis les quelques mois que nous sommes installés au paradis, nous le voyons souvent assis derrière son volant, à regarder le temps passé sous forme de véhicules arrêtant au stop ou d'oiseaux planant d'un toit à l'autre. Ls. est contemplatif. Depuis que lui et Mn., un des quatre frères de la famille guatémaltèque d'en face étaient venus se présenter à M. et moi le jour où nous attendions Jl., Tv. et Tl. qui venaient au paradis pour la première fois sur le balcon d'en avant, je l'ai salué à quelques reprise, mais à un moment, je me trouvais ridicule de conitnuer sans le connaître plus qu'il ne le faut, surtout que l'été, il y a souvent de ces amis avec lui. J'aime bien avoir le sentiment de faire des gestes non parce qu'ils sont corrects selon des règles de civisme, mais parce qu'ils sont sentis, animés de sincérité. Cela étant dit, je suis une personne respectueuse des règles de civisme, il n'y a pas de mal à cela, mais dans le cas de saluer les gens de mon voisinage, je préfère le faire pour une raison plus authentique. Que voulez-vous, c'est comme ça.

Bon alors, la semaine dernière, je décide de me diriger vers lui. Ce soir-là, il neige de gros flocons dodus et puis je me suis dit que je voulais lui suggérer de la musique depuis un petit moment déjà parce que je sais qu'il en écoute beaucoup et que je pense qu'il pourrait apprécier en découvrir davantage. Que voulez-vous, c'est comme ça. Parfois, j'ai des intuitions par rapport aux gens qui m'entourent, comme si un message secret me parvenait quant à la façon de les approcher. Pour Ls., je me suis dit que l'album de Deadbeat et de Justice pourraient peut-être l'intéresser et puis, c'est tout, je les lui ai suggérés. Comme ça, de fil en aiguille, lui de l'autre côté de sa vitre de voiture baissée à demie, nous avons commencé à discuter de techno, des genres différents, lui fan de trance, moi préférant le drum and bass, le dub aussi. Je lui ai parlé des raves du temps de mes années de cégepienne parce qu'il n'est jamais allé dans une soirée orchestrée autour des maîtres des platines. Cet été, nous l'inviterons à se joindre à nous pour un piknic electronik, peu coûteux, au grand air, en après-midi, avec une vue imprenable sur la ville. Que des avantages vraiment.

Alors aujourd'hui, je lui rapporte les disques qu'il nous avait prêtés, des galettes de musique d'électro gentil, parfait pour une trame de fond lors d'une réception. D'ailleurs, je lui dit q'on les a écoutés quand on a reçu des gens la fin de semaine dernière. De son côté, il n'a pas aimé Deadbeat, l'album dub, mais a apprécié Justice, ce groupe électro qui brûle les planches dans les clubs newyorkais dernièrement.

M. et moi marchons ensuite jusqu'à l'épicerie en passant par le Parc de la Cité. Là, des skieurs glissent dans les traces qui disparaissent là où les pas s'accumulent. M. a des fourmis dans les jambes. Il répète en boucle qu'il veut faire du ski de fond, je veux faire du ski de fond, je veux, du ski de fond. À un moment, nous aidons un homme assez âgé à se relever parce qu'il est tombé dans un tournant en pente descendante. L'homme semble surpris de se retrouver là, recroquevillé sur son flanc. Ils nous remercient et M. s'inquiète de le voir reprendre son mouvement en direction du boisé, seul. Ça ira, que je lui dis, il sera plus vigilant, garanti.

À notre retour, Ls. sonne au paradis. Il apporte un nouvel album. Celui-là m'intéresse. Infected Mushroom. J'ai entendu parler d'eux, mais je ne connais pas leur musique. Sur la pochette je lis le titre Converting vegetarians. Je l'invite à rentrer pour faire le tour de notre nid. Il avoue n'avoir jamais visité l'intérieur de la maison, lui qui habite sur la rue depuis toute sa vie. Avant, nous explique-t-il, il habitait un peu plus loin, juste à côté du parc, dans une maison mitoyenne à une autre. Il y est resté 14 ans. Et puis, sa mère a vu que la maison dans laquelle ils vivent maintenant était en vente et voilà, ils y sont depuis. Ls. trouve les lieux agréables et il nous dit que nous bien ici. Avant qu'il ne quitte, je dis que maintenant, nous attendons des bébés - non, je ne suis pas enceinte. Il dit que c'est normal, que c'est le cycle de la vie, vu que nous avons reçu la vie, il faut la donner à notre tour. Je sens que dans cette personne, que nous commençons à découvrir, il se cache d'infinis trésors avec des perles en multitude. L'autre, il n'y a rien de plus essentiel puisque c'est par là que passe la co-naissance. Seul, je ne suis qu'un reflet, avec, je deviens substance.

12.07.2007

dénouement inespéré

Vous vous souvenez de ma paire de jeans de la collection Levis Eco en coton biologique sur laquelle j'avais flashée? Eh bien, je n'ai jamais pu mettre la main dessus parce que le modèle que je voulais, mais surtout dans la taille que je voulais - un 10M s'il vous plaît - s'est écoulé et n'a pas été renouvelé par le fabricant. M. a barré Levis il y a plusieurs années justement parce que le modèle qu'il aimait avait été discontinué du jour au lendemain. Mais bon. Pendant ma saga "commande le vêtement pour rien parce que plus personne ne le tient nulle part ou réserve-le au Carrefour Laval pour finalement apprendre qu'il a été vendu", je me suis rendue environ trois fois au magasin du Centre Eaton. À toutes les fois, j'ai expliqué que ce jeans, je le voulais parce que c'est un vêtement gentil pour l'environnement, surtout quand on sait qu'un quart de tous les pesticides et insecticides utilisés sur la planète Terre sert à la culture du coton, coton que nous ne mangeons pas certes, mais ces substances chimiques ne se limitent pas à la plante, elles se volatilisent dans l'atmosphère en voyageant sur des kilomètres et des kilomètres, étouffent les sols arables jusqu'à leur désertification, polluent les cours d'eau en se faufilant jusqu'aux nappes phréatiques et dans les gouttes de pluie, sans parler de la santé des travailleurs dans ses champs et de la faune et de la flore qui ont le malheur d'exister au lieu exploité. La troisième fois, quand j'ai demandé s'il y avait un modèle similaire dans le magasin, mais d'une autre collection, la vendeuse m'a pointé une paire très dispendieuse en faisant un air contrit. Très dispendieuse en effet. Le double de ce que j'allais payer pour la paire de mon coeur. Sur le coup, je n'ai même pas essayé ce jeans.

Parce que quand j'ai su que je devais faire un x sur la paire de mon coeur, j'ai poursuivi mes recherches. J'ai découvert la compagnie montréalaise Second* qui fabrique leurs vêtements - incluant des jeans - ici-même. C'est en tombant sur un article paru dans le Elle Québec et publié sur le net que j'ai su qu'elle existait. En me rendant sur le site de la compagnie, j'ai aimé quelques modèles, mais il m'aurait fallu appeler la maison-mère pour savoir où trouver leurs vêtements, bien que je crois qu'ils m'auraient dirigés sur Chabanel, là où elle a pignon sur rue. Il faut comprendre qu'un vêtement fabriqué ici, c'est du travail à l'échelle locale, mais aussi de bonnes conditions pour l'ouvrier du textile. Montréal était une capitale dans le merveilleux monde du textile il y a quelques années. Si vous allez faire un tour St-Laurent et Bernard et que vous tournez à droite, vous verrez toutes ces manufactures délabrées aux locaux inoccupés. Les compagnies sont parties chercher une main-d'oeuvre peu coûteuse dans les pays sous-développés. Hélas.

Heureusement, de plus en plus d'entrepreneurs québécois ont décidé de renverser la vapeur. Je pense ici au Blank*, au Message Factory*, au Oöm Ethikwear* de notre belle province. Ces compagnies fabriquent des vêtements éthiques en s'engageant dans la voie du développement durable - concept qui a vu le jour en 1987 dans le Rapport Bruntland.



Je m'éloigne, alors je reviens à mon envie d'avoir une nouvelle paire de jeans, vu que ma paire des dernières années a définitivement rendu l'âme, la fourche éventrée. Je me dis, pourquoi ne pas essayer cette paire dispendieuse qui ressemble au modèle désiré? Bien que ce ne soit pas mon jeans écologique, au moins j'allais encourager une compagnie qui a pris des initiatives proenvironnementales. M. me propose même de me l'offrir pour cadeau de Noël, sachant qu'elle fait un trou dans un budget.

Je me rends donc chez Levis hier après-midi parce que mon party de Noël du onzième est ce soir et je voulais avoir ce foutu pantalon. La chemise que je me suis achetée pour être coquette s'agencerait superbement avec lui. Au magasin, là pour la quatrième fois, je rentre dans la cabine avec le modèle dispendieux et un modèle similaire disponible pour la moitié du prix. J'essaie les deux et je dois m'avouer que le modèle coûteux est vraiment beau sur moi. Je demande à la vendeuse pourquoi il beaucoup plus cher. Elle commence par me dire que le tissu est un denim de qualité obtenu à partir d'un coton originaire de la Turquie - comme les jeans Mavi d'ailleurs. Bon. Ensuite, poursuit-elle, les modèles dans cette collection - Levis Capital E en passant - sont dessinés par des designers Italiens. Mais encore? Viens l'argument béton qui me fait presque hurler de joie tellement ma quête se termine parfaitement: les vêtements de cette collection sont fabriqués aux États-Unis, dans une optique éthique. J'exulte. Tout ce temps, ce jeans était là et je ne le savais même pas. Payer plus cher dans ce cas me fait même plaisir. Surtout que ma philosophie côté fringue comprend l'aspect payer plus pour une meilleure qualité et conséquemment, un moins grand besoin côté quantité.

Force est de constater que Levis* ne mise pas beaucoup sur l'aspect éthique de la collection côté marketing, même pas sur son site internet. Il parle de la qualité du tissu, de sa conception, sans jamais mentionner qu'il est fabriqué par des travailleurs respectés et justement rénumérés, sans oublier les fait suivants: les vêtements de cette collection sont aussi écologiques en ce que le kilométrage du cycle de conception des vêtements se trouve réduit de la récolte à l'assemblage en nécessitant moins d'allées et venues, que les teintures utilisées dans le vêtement sont obtenues à partir d'un procédé naturel d'où la belle couleur indigo et que certains boutons et fermetures éclair soient recyclés de d'autres paires. Sur l'étiquette de mon jeans beaucoup plus beau que la paire de mon coeur, il est écrit, made in USA et souhaitons que bientôt Levis fera le saut pour allier biologique et éthique.

* www.secondclothing.com
* www.portezblank.com
* www.messagefactory.ca
* www.oom.ca
* www.levis.ca

12.05.2007

tout

De temps à autre, j'aime vous dire à quel point il me fait plaisir de vous savoir là, présents. J'épie le moment où un commentaire est laissé par x ou y. Je vous lis à mon tour, heureuse d'avoir suscité ce désir de communiquer par l'écrit. Je vous remercie donc. En bonne et due forme. Merci de revenir lire mes petits coups d'oeil, mes battements de paupières presque, de me laisser les vôtres en retour parfois. Et puis, on continue.

On poursuit notre route sur le dos du destin. On s'accroche à ses ailes pour admirer les paysages qui défilent ou on crispe nos doigts sur son plumage en se disant que les turbulences vont bientôt cesser. On file. Vers l'avant, le lendemain, même si c'est aujourd'hui qu'il faut apprécier, tout saisir pendant qu'il en est encore temps. J'ai l'opportunité de vivre dans un pays en paix où les uns et les autres sont libres. Libres avec des limites bien sûr. Là où la liberté de l'autre commence, la mienne s'arrête ou se contient. Mais ces limites n'existent plus quand notre liberté s'exprime par le bien, le beau et le bon. Bien au contraire. Sourire à un inconnu, dire merci avec sincérité, complimenter quelqu'un, offrir une petite bouchée sucrée à un collègue, avoir un discours positif, tous ces gestes simples sont à la portée de tous. Contaminer son entourage de bonheur paisible. Rien de plus efficace pour créer un climat d'ouverture, dans lequel l'énergie circule mieux, par lequel les relations humaines deviennent des occasions privilégiées basées sur un amour universel ramené au plancher des vaches comme dirait ma mère.

Depuis que mon père est décédé il y a 18 ans, bientôt 19, j'aspire à un monde meilleur où même la souffrance trouve sa raison d'être, en fait, où surtout la souffrance est explicable. La spiritualité, celle de toutes traditions religieuses confondues, recèle des clefs, indéniablement. Depuis que l'Homme est Homme, il a fallu s'expliquer les choses qui nous entourent, trouver des mots pour ceci et cela, comprendre quelle plante guérie et quelle autre empoisonne, trouver une fonction à chaque chose, à chaque étape du cycle de vie, mort incluse. Souvent, je repense à Siddharta Gautama, à ce jour où il est sorti de son palais, prison dorée ultime dans laquelle son père, rendu anxieux par la possibilité évoquée par un oracle quelques jours après la naissance de son fils unique voulant que cet héritier le succéderait sur le trône pour régner sur le pays ou deviendrait une figure spirituelle reconnue mondialement pour la sagesse de ses enseignements, le gardait confiné en le gavant de tous les plaisirs possibles à profusion, animaux exotiques, fruits juteux et mûris à la perfection, jeux, femmes, amis, fêtes. Ce jour-là, il échappa à la surveillance de son père et de sa garde personnelle et sortit de l'enceinte du seul lieu qu'il avait connu. Il parvint à un village et vit un homme à la tignasse blanche marchant avec peine. Il venait de découvrir la vieillesse. Plus loin, il aperçut un mendiant couvert de pustules. C'était la maladie. Finalement, il vit une famille effondrée près d'un bûcher sur lequel brûlait un corps enveloppé dans un linceul. La mort. Gautama revint au palais où sa femme venait d'accoucher de leur enfant. Il l'embrassa et lui dit qu'il reviendrait lorsqu'il aurait compris pourquoi la vieillesse, la maladie et la mort faisaient partie du grand tout. Gautama devint L'Illuminé, le Bouddha, lorsqu'au bout de plusieurs années de recherche spirituelle auprès des plus grands maîtres hindus et des régimes de vie extrême, il eut l'intuition du juste milieu et finalement, vaincu l'illusion du samsara pour accéder au nirvana. Bouddha demeura parmi les humains pour propager son enseignement et permettre à d'autres de se libérer.

Parce que la peur qui s'installe en nous nous fait perdre de vue le but. Le bien, le beau, le bon qui subliment toutes souffrances et manques. Être libres d'être heureux parmi les autres.

12.03.2007

alerte blanche

Blanc, tout blanc. Je ne me souviens pas d'un paysage d'hiver aussi lumineux. À part chez ma mère, dans le nord, là où les accumulations impressionnent plus qu'au sud, dans la grande ville, où, aussitôt posée, la neige se fait cochonner par la petite roche concassée et la pollution des tuyaux d'échappement. Je crois qu'il est tombé plus de neige en deux semaines que pendant tout l'hiver dernier. J'ai l'impression de vivre dans une boule décorative brassée en permanence.

Sortie ce matin vers 7 h 20 pour enlever une première couche, mes pieds sont disparus dans cette masse légère comme de la plume. M. s'est attaqué au banc de neige dans l'entrée tandis que je m'affairais dans les paliers en pavé uni menant à la porte du paradis. Sur la rue, toutes les maisons à quelques exceptions près ont un abri Tempo ou deux collés l'un à l'autre pour former un long tunnel. Certains ont des poteaux colorés de chaque côté de leur entrée pour indiquer au déneigeur de telle compagnie qu'ici, il faut passer la pelle mécanique. Quelques-uns ont l'abri plus les poteaux. Ceux-là, ils n'aiment vraiment pas pelleter. Nous, ont a quatre pelles, pas de poteaux ni d'abri. L'été, c'est le gazon, l'hiver, la neige. Ça tient branché sur la saison.

Bref retour sur le souper de samedi soir. Tout s'est bien déroulé. On a bu, on a mangé. Pour digérer, M. a sorti sa guitare de Guitar Hero. C'est son nouveau dada. Tout le monde s'est réuni dans la pièce orange et à chacun leur tour, les joueurs se sont relayés devant l'écran sur lequel défilait les notes à coller pour accumuler des points, mais surtout, pour devenir guitariste l'espace d'une chanson. Un genre de karaoke instrumental. Le papa de M. a appelé hier pour nous remercier de l'accueil. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas pu profiter d'un repas avec ses deux enfants.

À l'heure qu'il est, beaucoup d'enfants profitent du décor enchanteur parce qu'ils n'ont pas d'école aujourd'hui. Certains parents s'arrachent peut-être les cheveux pour concilier travail et famille. Qu'à cela ne tienne, quand ils verront leurs enfants aux joues rougies installés à table pour le dîner, j'espère que leurs soucis seront supplantés par la joie contagieuse de leur progéniture.

12.01.2007

le fleuve de la vie

Samedi matin. Aujourd'hui est un grand jour. C'est l'anniversaire du papa de M. Nous l'avons invité à souper au paradis. Il sera accompagné de Dn., cette femme pour qui il a quitté son existence auprès de Cl., la maman de M., il y a deux étés. Ce sera la première rencontre entre M. et Dn. Parce qu'il faut avancer dans la vie, savoir pardonner, je sais que tout ira bien. Bien sûr, l'atmosphère risque d'être un brin tendu, mais j'ai paré à la situation en dégotant de bonnes bouteilles. Advienne que pourra et pouvoir est à portée de tous, surtout de mon superhéros préféré.

Petits derniers paragraphes pour souligner ces quelques derniers jours d'incursions de gentilles coïncidences dans mon existence:

A- Lundi passé, je vais à la bibliothèque pour ressortir avec un bouquin intitulé Animal, Vegetable, Miracle de Barbara Kingslover et sa famille. Dans l'autobus, je commence la lecture et puis j'arrive à une phrase qui reprend la même idée que Ar., l'amoureux de M-H, m'a présentée en primeur dans ma vie une semaine auparavant voulant qu'en anglais les mots différencient l'animal des parties de la bête mangées par la suite. Par exemple, beef devient steak ou hamburger.

B- Plus loin dans le bouquin, le dernier paragraphe du chapitre d'introduction, est consacré à nul autre qu'Alexis Zorba, le personnage central du dernier livre que je viens de lire. L'auteure le cite, rien de moins, pour évoquer sa sagesse brute.

C- Hier, Hr., un collègue et ami, me demande si j'ai lu un livre intitulé Suite française dont il oublie le nom de l'auteure, une femme qui devait écrire cinq livres sur un même sujet, mais qui a été assassinée après son deuxième, selon ce qu'il a entendu dire. Non, je n'ai même jamais eu vent de tout cela, ni du livre, ni de cette histoire tragique. Eh bien, ce matin, en lisant le Voir, j'arrive à une entrevue avec Jérôme Minière où monsieur Coeur répond à la question "quel serait ton plus récent coup de coeur: C'est un livre qu'on m'a offert il y a un an ou deux, mais que je viens juste de lire." Vous aurez compris que livre est Suite française d'Irène Némirovsky.

D- Toutes les péripéties relatées dans le message précédant. Et au fait, vous savez où étaient mes foutues clefs? Dans mon sac à dos tout ce temps, bien que je sois spécifiquement arrêtée au parc pour fouiller tous ses compartiments dans tous ces recoins. Qu'on me dise après qu'il n'y a pas de plus grand dessein.