dénouement inespéré
Vous vous souvenez de ma paire de jeans de la collection Levis Eco en coton biologique sur laquelle j'avais flashée? Eh bien, je n'ai jamais pu mettre la main dessus parce que le modèle que je voulais, mais surtout dans la taille que je voulais - un 10M s'il vous plaît - s'est écoulé et n'a pas été renouvelé par le fabricant. M. a barré Levis il y a plusieurs années justement parce que le modèle qu'il aimait avait été discontinué du jour au lendemain. Mais bon. Pendant ma saga "commande le vêtement pour rien parce que plus personne ne le tient nulle part ou réserve-le au Carrefour Laval pour finalement apprendre qu'il a été vendu", je me suis rendue environ trois fois au magasin du Centre Eaton. À toutes les fois, j'ai expliqué que ce jeans, je le voulais parce que c'est un vêtement gentil pour l'environnement, surtout quand on sait qu'un quart de tous les pesticides et insecticides utilisés sur la planète Terre sert à la culture du coton, coton que nous ne mangeons pas certes, mais ces substances chimiques ne se limitent pas à la plante, elles se volatilisent dans l'atmosphère en voyageant sur des kilomètres et des kilomètres, étouffent les sols arables jusqu'à leur désertification, polluent les cours d'eau en se faufilant jusqu'aux nappes phréatiques et dans les gouttes de pluie, sans parler de la santé des travailleurs dans ses champs et de la faune et de la flore qui ont le malheur d'exister au lieu exploité. La troisième fois, quand j'ai demandé s'il y avait un modèle similaire dans le magasin, mais d'une autre collection, la vendeuse m'a pointé une paire très dispendieuse en faisant un air contrit. Très dispendieuse en effet. Le double de ce que j'allais payer pour la paire de mon coeur. Sur le coup, je n'ai même pas essayé ce jeans.
Parce que quand j'ai su que je devais faire un x sur la paire de mon coeur, j'ai poursuivi mes recherches. J'ai découvert la compagnie montréalaise Second* qui fabrique leurs vêtements - incluant des jeans - ici-même. C'est en tombant sur un article paru dans le Elle Québec et publié sur le net que j'ai su qu'elle existait. En me rendant sur le site de la compagnie, j'ai aimé quelques modèles, mais il m'aurait fallu appeler la maison-mère pour savoir où trouver leurs vêtements, bien que je crois qu'ils m'auraient dirigés sur Chabanel, là où elle a pignon sur rue. Il faut comprendre qu'un vêtement fabriqué ici, c'est du travail à l'échelle locale, mais aussi de bonnes conditions pour l'ouvrier du textile. Montréal était une capitale dans le merveilleux monde du textile il y a quelques années. Si vous allez faire un tour St-Laurent et Bernard et que vous tournez à droite, vous verrez toutes ces manufactures délabrées aux locaux inoccupés. Les compagnies sont parties chercher une main-d'oeuvre peu coûteuse dans les pays sous-développés. Hélas.
Heureusement, de plus en plus d'entrepreneurs québécois ont décidé de renverser la vapeur. Je pense ici au Blank*, au Message Factory*, au Oöm Ethikwear* de notre belle province. Ces compagnies fabriquent des vêtements éthiques en s'engageant dans la voie du développement durable - concept qui a vu le jour en 1987 dans le Rapport Bruntland.
Je m'éloigne, alors je reviens à mon envie d'avoir une nouvelle paire de jeans, vu que ma paire des dernières années a définitivement rendu l'âme, la fourche éventrée. Je me dis, pourquoi ne pas essayer cette paire dispendieuse qui ressemble au modèle désiré? Bien que ce ne soit pas mon jeans écologique, au moins j'allais encourager une compagnie qui a pris des initiatives proenvironnementales. M. me propose même de me l'offrir pour cadeau de Noël, sachant qu'elle fait un trou dans un budget.
Je me rends donc chez Levis hier après-midi parce que mon party de Noël du onzième est ce soir et je voulais avoir ce foutu pantalon. La chemise que je me suis achetée pour être coquette s'agencerait superbement avec lui. Au magasin, là pour la quatrième fois, je rentre dans la cabine avec le modèle dispendieux et un modèle similaire disponible pour la moitié du prix. J'essaie les deux et je dois m'avouer que le modèle coûteux est vraiment beau sur moi. Je demande à la vendeuse pourquoi il beaucoup plus cher. Elle commence par me dire que le tissu est un denim de qualité obtenu à partir d'un coton originaire de la Turquie - comme les jeans Mavi d'ailleurs. Bon. Ensuite, poursuit-elle, les modèles dans cette collection - Levis Capital E en passant - sont dessinés par des designers Italiens. Mais encore? Viens l'argument béton qui me fait presque hurler de joie tellement ma quête se termine parfaitement: les vêtements de cette collection sont fabriqués aux États-Unis, dans une optique éthique. J'exulte. Tout ce temps, ce jeans était là et je ne le savais même pas. Payer plus cher dans ce cas me fait même plaisir. Surtout que ma philosophie côté fringue comprend l'aspect payer plus pour une meilleure qualité et conséquemment, un moins grand besoin côté quantité.
Force est de constater que Levis* ne mise pas beaucoup sur l'aspect éthique de la collection côté marketing, même pas sur son site internet. Il parle de la qualité du tissu, de sa conception, sans jamais mentionner qu'il est fabriqué par des travailleurs respectés et justement rénumérés, sans oublier les fait suivants: les vêtements de cette collection sont aussi écologiques en ce que le kilométrage du cycle de conception des vêtements se trouve réduit de la récolte à l'assemblage en nécessitant moins d'allées et venues, que les teintures utilisées dans le vêtement sont obtenues à partir d'un procédé naturel d'où la belle couleur indigo et que certains boutons et fermetures éclair soient recyclés de d'autres paires. Sur l'étiquette de mon jeans beaucoup plus beau que la paire de mon coeur, il est écrit, made in USA et souhaitons que bientôt Levis fera le saut pour allier biologique et éthique.
* www.secondclothing.com
* www.portezblank.com
* www.messagefactory.ca
* www.oom.ca
* www.levis.ca
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