orphelins de l'Éden

11.21.2007

critique

L'intuition. Quand elle se manifeste, je ne peux que remercier l'univers. Petit clin d'oeil qui me signifie que je suis bien en contact avec le cours des choses. Alors ce soir, en revenant, installée sur mon siège dans l'autobus, inconfortablement, l'idée me vient d'envoyer un courriel à Sm., mon ancien voisin d'en bas, pour lui demander s'il a eu le temps de lire mon manuscrit, que je lui ai envoyé il y a trois semaines, et comment il l'a trouvé. Flash subit. Intuition très certainement puisque lorsque j'arrive à la maison, la lumière du répondeur clignote et c'est la voix de Sm. qui me dit qu'il aimerait bien me parler de mon texte. Je compose son numéro, il répond. Rapidement, nous en venons au fait. Il commence en me disant que j'utilise des beaux mots pour décrire - drôle de hasard ce commentaire laissé sur mon dernier message sur le terme diaphane bien utilisé, hein voisin? - et puis, je coupe dans le bouquet de roses et je dis "mais...?"

Mais pour un texte qui est supposé m'exciter, ça n'a pas fonctionné. Voilà, c'est dit. Je ne fais pas monter la sève. J'arrive au but de façon trop abrupte, je lèse l'imaginaire, en fait, je ne le suscite même pas. Mes mots ont laissé son érotisme en plan. Il m'encourage en disant qu'avec un peu de travail, ça ira, que j'y suis presque, que la façon dont mes personnages prennent vie est originale. Moi, je le remercie non sans avoir un peu discuté parce qu'il ne veut pas me blesser et tout à la fois, il ne veut pas encenser quelque chose qui le laisse indifférent. Vraiment une franchise comme la sienne, ça ne court pas les rues. Mon orgueil se débat un peu en disant que d'autres m'ont fait la critique d'être trop expéditive et que je voulais reproduire cet aspect brut des rapports sexuels, trop souvent beurrés de miel épais. Je lui dis aussi, que pas plus tard qu'hier, je me suis fait moi-même la critique d'aller à ce que je veux dire sans prendre la peine de broder. Vlan dans les dents, je fais comme ça et un univers littéraire, ça demande un peu de rembourrage, je sais parce que je lis et que j'aime m'attacher. Dans mon cas, c'est comme si l'idée supplantait la mise en scène et qu'une fois jetée, mon intérêt passait à la prochaine sans prendre la peine de mettre de la chair sur l'os. C'est ma faiblesse d'auteur. Je le sais Sm. Tu as vu juste Sm. Peut-être que c'est pour ça que la vie ne me donne pas de signe positif quant à mon rêve de publication, peut-être qu'elle veut me protéger.

Bien sûr, tout se travaille. Il ne suffit que de se relever les manches et de travailler. Essuyer l'échec et travailler. Recommencer. Travailler. Bien sûr. Parfois, cependant, le courage n'inspire plus. On s'assoit dans un banc de neige, on gèle et on oublie qu'on a déjà eu des doigts pour créer, des pieds pour avancer, des fesses pour danser. On gèle. Petit à petit, le coeur s'atrophie, l'air se raréfie, le sang s'épaissit. On gèle. Jusqu'au prochain printemps. Mais on gèle quand même. Jusqu'au prochain printemps.

2 Comments:

At 9:18 p.m., Anonymous Anonyme said...

Il y a un acheteur pour chaque chose à vendre!!! Alors il y a des lecteurs pour chaque livres publiés c'est une loi de l'univers, ne désespère pas, tout est mouvement, création, la chaleur reviendra j'en suis certaine NC

 
At 10:04 p.m., Anonymous Anonyme said...

L.,

Je ne connais pas tes autres textes mais l'univers sexuel est très différent d'une personne à l'autre. Ce qui excite une personne peut justement éteindre ou même répugner une autre.

Et puis comme je l'ai dit, je ne connais pas tes autres textes, mais dans celui que j'ai vu, tes choix de mots et tournures de phrases sont superbes (selon moi). Je trouve que tu es talentueuse et suis convaincue que tu trouveras ta place un jour. Laquelle, ça personne ne le sait. Mais elle n'est certainement pas dans un banc de neige.

ziwi =)

 

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