orphelins de l'Éden

11.02.2007

polaroid

En fouillant dans un de mes cahiers, je tombe sur un texte que je n'ai pas relu souvent. En fait, chose assez rare, en le parcourant des yeux, aucun souvenir ne s'y rattache. Pas de lieu, pas de circonstance. Fait étrange parce que ma mémoire bien particulière garde dans un tiroir précis tous les petits fils qui me lient à mes pontes littéraires. Celui-là pourtant, il m'échappe et tout à la fois, il m'appartient. C'est un poème.

Je suis où il n'y a que de l'amour
endormi parmi les rochers en chair d'arbre et les pierres devenues papier de larmes
de l'amour caché au coeur de la tempête
un état suspendu, tout en merveilles, paisiblement.
Je marche, les orteils sur la rosée du midi,
paresseuse de quitter ces lieux éternels.

Et puis, ça me revient en vous le retranscrivant. Je crois que j'étais dans le cimetière Côte-des-Neiges quand je l'ai écrit. Je m'étais installée au pied d'un arbre, sur sa racine. Tout près, il y avait des pierres tombales impeccablement alignées, des pierres de soldats tombés au combat. C'est non loin de cet endroit aussi que la clôture en fer forgé est englouti par un autre arbre, un arbre patient et déterminé à ne pas laisser cet obstacle diriger sa trajectoire de croissance. L'arbre au pied duquel j'ai tracé le poème de ma main est placé près d'un chemin de gravier. Là, le sol est dénivelé parce que le cimetière s'accroche au mont en harmonie avec sa nature. Je me souviens que la terre sentait la pluie.