orphelins de l'Éden

11.25.2007

lieu de culte

Mon loup est debout. Il rôde dans la cuisine. Jus, rôties, café. Sinon, il n'est pas "parlable". Il a paressé jusqu'à 11 h. C'est son luxe ce péché mignon. Moi pendant ce temps, je lis et j'écris. Vivre à deux, ça demande des espaces de solitude. Je profite de tous ces matins où mon corps se lève avant le sien pour engraisser mon coco friand de culture et de découvertes.

Hier, j'ai remis à Nk., mon collègue et ami, le livre Alexis Zorba. Quand il m'en avait parlé il y a un peu plus d'un mois, j'étais en plein dans Les Bienvaillantes, brique monumentale s'il en est une. J'ai lu un bouquin tampon entre ce pavé et le récit initiatique romancé basé en Crête, un roman d'une auteure Nigérienne relocalisée en Angleterre. Nk. m'avait présenté Alexis comme étant son meilleur livre lu à vie. D'ailleurs, sur la page de garde dans la copie qu'il m'a refilée, une dédicace à l'intention de sa femme lui souhaitait une bonne lecture l'air de dire "après ceci, tu me connaîtras mieux". Nk. a découvert l'oeuvre dans sa version originale grecque. Il a vu le film aussi mettant en vedette Anthony Quinn dans le rôle de l'hurluberlu inspirant qu'est Zorba. Moi, c'est à Fr., mon ancien voisin d'en-dessous, que j'ai pensé tout au long de ma lecture. Grand, décontracté, extraverti et sensible, je n'ai pu m'empêcher d'établir le parallèle entre les deux. Tant et tellement qu'à l'approche de l'anniversaire de Fr., je sais que c'est cette oeuvre littéraire que je vais lui offrir en hommage à sa liberté.

Et puis, j'aimerais bien aller au cinéma. Il y a longtemps que je ne me suis assise sur un siège dans une pièce à l'écran géant. En fait, de moins en moins je les fréquente ces salles de projection. Je leur préfère le confort de mon salon, où je suis assurée de ne pas me faire gâcher mon expérience cinématographique par des spectateurs irrespectueux. Même dans des cinémas de répertoire réputés, j'ai eu la malchance de tomber sur des commentateurs chiants. Je me souviens d'une fois au Cinéma Du Parc où je me suis fait rembourser mon billet parce qu'une femme expliquait le déroulement de l'action à son mari gâteux. Kippur relatait des événements politiques qui ont pris place en Israël en 1973. Ce couple avait dû vivre de visu les faits mis à l'écran. Moi, j'aurais bien aimé pouvoir les absorber sans interruption. Je leur ai demandé de baisser le ton par deux fois. La troisième fois, je quittais pour de bon.

La même chose s'est reproduite à tellement d'occasions que j'ai bien failli écrire un mot du lecteur dans un journal populaire pour prier les bousilleurs de délices simples de bien vouloir rester chez eux. Mais parce que je ne suis pas de nature vindicative, j'ai opté pour la paix dans mon nid. Bien sûr, il me faut attendre la mise en boîte des bobines avant de voir les oeuvres du septième art, mais au final, la rotation s'établit et je profite du plaisir de la découverte avec quelques mois de retard. Mieux vaut tard que jamais.

Aussi, un second facteur m'a convaincu de demeurer à la maison pour vivre mes expériences cinématographiques. En fait, c'est la raison principale qui a affecté mon rapport à cette sortie culturelle. Quand les bonzes de l'industrie ont décidé d'ouvrir des centres de divertissement et conséquemment de faire grimper le prix des billets en flèche, mais surtout de faire crever les petites salles aux programmations diversifiées agglomérées au centre-ville les unes après les autres, je pense ici au Loews, à L'Égyptien, au Faubourg, au Complexe Desjardins, à Alexis-Nihon, au Palace, j'ai pris position et j'ai choisi de ne pas encourager ces mégacentres uniformisants même si parfois, un film de Woody Allen ou Wes Anderson est à l'affiche dans l'une des nombreuses salles de ces monstres hallucinants.

Parce qu'il est évident que dans les salles, le cinéma d'auteur fut supplanté par les productions hollywoodiennes qui font rouler l'économie. Heureusement Daniel Langlois a ouvert les portes de L'Ex Centris à peu près en même temps que cette invasion et le Cinéma Du Parc, maintenant dans les mains de Roland Smith, tient le coup malgré justement plusieurs coups durs. Quant au Cinéma Beaubien, anciennement Le Dauphin, allez faire un tour sur son site internet pour découvrir sa délicieuse programmation et sa mission de quartier. Sans mentionner les nombreux festivals qui mettent de l'avant les oeuvres d'un cinéma différent qui explique le monde par des visions personnelles branchées sur ce qui nous entoure tous. Il existe une autoroute ultraperformante, mais aussi un chemin de campagne. En tant que voyageuse, je choisis celui qui me permet d'admirer plutôt que celui qui me jette de la poudre aux yeux. Merci au ciel, j'ai encore l'option.

2 Comments:

At 5:40 p.m., Anonymous Anonyme said...

Oui c'est très désolant, ces ciné-complexes monstres qui ont bouffé tant d'autres pour n'offrir que moins de choix finalement. Par contre, je trouve que le cinéma AMC a souvent des films profonds et étrangers (allemands, indiens...) ce qui me pousse à y aller souvent. =)

ziwi

 
At 5:41 p.m., Anonymous Anonyme said...

Ziwi ajoute:

Et surtout, en version originale avec sous-titres. Quel délice!!! =)

 

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