orphelins de l'Éden

12.05.2007

tout

De temps à autre, j'aime vous dire à quel point il me fait plaisir de vous savoir là, présents. J'épie le moment où un commentaire est laissé par x ou y. Je vous lis à mon tour, heureuse d'avoir suscité ce désir de communiquer par l'écrit. Je vous remercie donc. En bonne et due forme. Merci de revenir lire mes petits coups d'oeil, mes battements de paupières presque, de me laisser les vôtres en retour parfois. Et puis, on continue.

On poursuit notre route sur le dos du destin. On s'accroche à ses ailes pour admirer les paysages qui défilent ou on crispe nos doigts sur son plumage en se disant que les turbulences vont bientôt cesser. On file. Vers l'avant, le lendemain, même si c'est aujourd'hui qu'il faut apprécier, tout saisir pendant qu'il en est encore temps. J'ai l'opportunité de vivre dans un pays en paix où les uns et les autres sont libres. Libres avec des limites bien sûr. Là où la liberté de l'autre commence, la mienne s'arrête ou se contient. Mais ces limites n'existent plus quand notre liberté s'exprime par le bien, le beau et le bon. Bien au contraire. Sourire à un inconnu, dire merci avec sincérité, complimenter quelqu'un, offrir une petite bouchée sucrée à un collègue, avoir un discours positif, tous ces gestes simples sont à la portée de tous. Contaminer son entourage de bonheur paisible. Rien de plus efficace pour créer un climat d'ouverture, dans lequel l'énergie circule mieux, par lequel les relations humaines deviennent des occasions privilégiées basées sur un amour universel ramené au plancher des vaches comme dirait ma mère.

Depuis que mon père est décédé il y a 18 ans, bientôt 19, j'aspire à un monde meilleur où même la souffrance trouve sa raison d'être, en fait, où surtout la souffrance est explicable. La spiritualité, celle de toutes traditions religieuses confondues, recèle des clefs, indéniablement. Depuis que l'Homme est Homme, il a fallu s'expliquer les choses qui nous entourent, trouver des mots pour ceci et cela, comprendre quelle plante guérie et quelle autre empoisonne, trouver une fonction à chaque chose, à chaque étape du cycle de vie, mort incluse. Souvent, je repense à Siddharta Gautama, à ce jour où il est sorti de son palais, prison dorée ultime dans laquelle son père, rendu anxieux par la possibilité évoquée par un oracle quelques jours après la naissance de son fils unique voulant que cet héritier le succéderait sur le trône pour régner sur le pays ou deviendrait une figure spirituelle reconnue mondialement pour la sagesse de ses enseignements, le gardait confiné en le gavant de tous les plaisirs possibles à profusion, animaux exotiques, fruits juteux et mûris à la perfection, jeux, femmes, amis, fêtes. Ce jour-là, il échappa à la surveillance de son père et de sa garde personnelle et sortit de l'enceinte du seul lieu qu'il avait connu. Il parvint à un village et vit un homme à la tignasse blanche marchant avec peine. Il venait de découvrir la vieillesse. Plus loin, il aperçut un mendiant couvert de pustules. C'était la maladie. Finalement, il vit une famille effondrée près d'un bûcher sur lequel brûlait un corps enveloppé dans un linceul. La mort. Gautama revint au palais où sa femme venait d'accoucher de leur enfant. Il l'embrassa et lui dit qu'il reviendrait lorsqu'il aurait compris pourquoi la vieillesse, la maladie et la mort faisaient partie du grand tout. Gautama devint L'Illuminé, le Bouddha, lorsqu'au bout de plusieurs années de recherche spirituelle auprès des plus grands maîtres hindus et des régimes de vie extrême, il eut l'intuition du juste milieu et finalement, vaincu l'illusion du samsara pour accéder au nirvana. Bouddha demeura parmi les humains pour propager son enseignement et permettre à d'autres de se libérer.

Parce que la peur qui s'installe en nous nous fait perdre de vue le but. Le bien, le beau, le bon qui subliment toutes souffrances et manques. Être libres d'être heureux parmi les autres.