orphelins de l'Éden

1.31.2009

parenthèse

J'ai la gorge enrouée. Au onzième, la journée a été folle. Beaucoup d'informations à transmettre. J'ai donc mis mon chapeau de madame-la-professeure avec plaisir parce qu'elle est toujours en moi cette persona acquise sur les bancs de l'université. Madame la professeure.

J'ai la gorge enrouée comme lorsque j'avais plusieurs groupes à rencontrer dans une même journée et que je devais me présenter, présenter le contenu du cours, présenter le planning de l'année à venir. Présenter. Décrire. Parler pour clarifier. Répondre. Des mots et des mots. Les cordes vocales qui vibrent des heures durant, ça finit par gratter la luette. Aujourd'hui j'ai fait une Céline de moi-même.

Autrement, la journée a aussi été bonne. Beaucoup de détente malgré la charge de travail pas possible. L'atmosphère est demeurée sympa et ensemble, nous nous sommes retroussés les manches pour tenter de maîtriser la situation.

Quand est venue l'heure de quitter, j'ai salué joyeusement à la ronde en lançant: "Bonne semaine et gardez le moral." Certains, comme vous peut-être à l'instant, on alors appris que je quitte demain pour ne revenir que vendredi prochain au paradis. Déplacement professionnel. Ça fait sérieux comme ça, mais c'est ça bien exactement. Le onzième m'envoie ailleurs au Canada pour parfaire mon engagement vis-à-vis ma carrière. L'exercice risque d'être intéressant.

Là où je vais, il vente beaucoup semble-t-il et il fait froid, très froid. Aussi, il paraît qu'il y a de gros lapins qui se promènent un peu partout. Je tenterai d'en saisir un spécimen ou deux sur caméra pour vous les exhiber à mon retour. Quand je pense que ma soeur B. et toute sa petite famille sont présentement sur Bali à se gorger d'un coin terrestre tout simplement hallucinant, je me dis qu'en comparaison mon voyage est bien aride. Mais au moins, je prendrai l'avion et j'aurai l'impression de nouveau pour quelques jours.

Avec M., nous avons discuté d'une astuce pour que je vous transmettre des messages via son courriel. Nous verrons bien si le fonctionnement s'avérera chose possible une fois sur les lieux. Si j'ai accès à un poste de travail, je vous communiquerai live par voie de mon chéri. Sinon, vous n'aurez de signe de vie de ma part que vendredi soir ou samedi prochain. D'ici là, j'ouvre grand mes yeux. Je vais ailleurs et je serai seule dans ma tête pour la majorité du temps parce que même mes relations interpersonnelles des prochains jours seront de l'ordre du ailleurs étant exclusivement nées de rencontres avec des étrangers. Je pars avec de la nourriture plein ma valise, mon costume de bain aussi pour profiter de la belle piscine art déco qui me sera accessible. Je pars avec mon appareil photo, en espérant pouvoir l'utiliser malgré le froid extrême selon les prédictions. Je pars avec des bouquins pour m'occuper dans l'avion. Je pars avec une valise pleine de vêtements propres. L'habit ne fait pas le moine, mais lorsque la tenue de ville est obligatoire, on fait un effort pour nettoyer un peu son style. Surtout quand on a une tendance grano relax comme moi. Ah oui, j'oubliais, je pars aussi avec mon anglais en mode "default language" sur mon disque dur intra-crânien. Brisure dans mon quotidien, mais continuité sur ma ligne du temps. J'enregistre dès demain 13 h.

1.29.2009

disciple de la discipline

Sous le soleil semblable à un jaune d'oeuf dans ce ciel tout blanc, je suis allée patiner. L'idée m'est venue que je pourrais profiter des rayons pour occuper les heures de cet après-midi paisible et je suis partie à pied en direction du grand parc, un patin au bout de chaque bras.

Parce que j'étais en congé aujourd'hui. Au onzième, les choses bougent enfin et me revoilà donc dans l'obligation de suivre la rotation inscrite sur l'horaire. Puisque je serai au boulot ce samedi, j'ai donc profité de ma journée pour passer un peu de temps avec moi.

J'avoue que j'ai laissé filer les heures du matin devant l'écran de l'ordinateur à passer d'un site à l'autre. C'est si facile de s'égarer dans le monde virtuel. Si facile de perdre pied dans l'effritement des minutes sans volonté. Bien que mes recherches aient été fondées sur des buts, j'ai eu l'impression malaisée d'improductivité.

Alors j'ai refilé mon habit de neige après le dîner et je suis sortie nettoyer l'entrée de la mince couche blanche qui s'était déposée vers la fin de la tempête d'hier soir après que M. et moi ayons pelleté un bon coup avant de nous mettre au lit vers 22 h 15. Tranquillement, un balancement de pelle après l'autre, je me suis soûlée d'air franc à mon rythme. Ensuite, j'ai posé la pelle et j'ai filé là où il y a un huit de glace d'aménagé pour les Hubertois.

Arrivée à la roulotte où l'on peut enfiler habituellement nos patins, je me suis cognée le nez sur une porte barrée. Décidée à profiter du beau moment pour glisser avec amusement, je me suis trouvée un coin du banc de neige autour de l'anneau glacé et j'ai enfoncé mon postérieur de tout mon poids pour créer une chaise qui me permettrait de me déchausser et de me rechausser aussitôt. Une rebelle à St-Hubert-on-the-beach. Regardée là, cette fille contrevient à l'horaire d'inscrit sur la porte. Elle tournoie toute seule au milieu de l'immense espace public. Ma foi, elle semble prendre plaisir à commettre ce délit.

Plaisir, oui. En avançant sur la surface bosselée et marquée de crevasses à éviter pour ne pas bêcher face première, je pensais à mon chéri, léger comme une plume sur ses patins. Dimanche soir dernier, lui, sa soeur Am. et moi, nous sommes allés profiter des superbes installations à disposition des citoyens de Sainte-Julie. M. volait littéralement, rapide, adroit, dégourdi. Sa soeur et moi, nous nous sommes amusées à tenter de reproduire quelques-unes de ces acrobaties, elle avec davantage de courage que moi. Am. a aussi exercée des sports plus extrêmes dans sa jeunesse, de la planche à neige entre autres. L'agilité et la désinhibition de M. lui viennent quant à lui de ses années à faire du rollerblade de rampe.

À utiliser ma force motrice pour me mouvoir sur l'anneau, je pensais donc à mon chéri. Je l'entendais me dire: "Plie tes genoux, porte ton corps un peu plus vers l'avant." Je l'ai revu m'imitant dimanche soir. Bon dieu que j'ai ri. Apparemment, je ressemble à un quatre par quatre sur patins. J'ai donc pratiqué. Profitant de cette aire déserte, j'ai répété mes changements de direction en croisant mes pieds un devant l'autre. Mes gestes manquent d'assurance, mais à force de les faire, ils s'installeront dans moi pour devenir naturels, apparentés à la souplesse des mouvements réflexes.

Au bout d'une grosse demi-heure, j'ai rechaussé mes boîtes et j'ai bouché mes oreilles des écouteurs qui cracheraient les mélodies qui m'accompagneraient jusqu'à la maison, en empruntant le long chemin pour le retour. Bertrand Cantat a entonné Des armes et je me suis sentie si vivante au coeur de cet espace blanc, même si c'est un meurtrier qui m'émouvait. Ces paroles, cette voix, elles me sont rentrées dedans, véritable dose de poésie totalement en synchronisme avec l'instant. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Il ne le savait pas non plus Bertrand que l'alcool, sa jalousie, sa violence feraient disparaître Marie. Mais c'est comme ça parfois. Les événements nous dépassent. Même si au fond, ce sont nos sentiments qui motivent nos gestes. Et que plus que l'on pratique des gestes émanant de bons sentiments, plus ils deviennent naturels et garant de notre volonté réflexe. Humain, maîtrise-toi.

1.27.2009

battement d'ailes

Un projet de recherche. Une collaboration. J'avais raison, ça sentait l'universitaire. Et je me réjouis d'avoir été sélectionnée parmi une panoplie de candidates potentielles, même si c'est le hasard qui t'a menée ici Laurence, à cet espace personnel que j'engraisse régulièrement, pareille à la vieille sorcière dans un des contes des frères Grimm. Il faut croire que tu es à présent bien dodu, prêt à te faire dévorer par la loupe scrutatrice de cette gentille chercheuse.

Bien sûr, je dis cela, mais nous n'en sommes encore qu'à un menu lien de rien du tout tissé à partir d'un échange de courriels polis. Bonjour Laurence. Bonjour Ludivine. Oui, je suis intéressée par ton projet. En attendant, j'imagine.

J'imagine ce que ce sera de te rencontrer toi, jeune femme à l'esprit allumé. Évidemment, j'essaie d'anticiper quelles questions surviendront, comment sera structuré ce dédale d'informations recueillies que tu voudras sans doute passer dans le moulinet du point focal de ta thèse.

Bien sûr aussi, cette invitation inusité survient et ce qu'elle a d'étonnant, c'est qu'elle répond complètement à cette constatation que notre monde, celui que nous construisons tous chacun dans notre quotidien, celui qui s'édifie au gré de nos valeurs et de nos actions, eh bien, notre monde est perméable, ouvert à celui de tous les autres mondes qui s'exposent.

Est-ce que je m'expose plus parce que je blogue? Peut-être. Est-ce que je me dévoile impudiquement? Exagérément? Inutilement? Pourquoi est-ce que je le fais? Pourquoi est-ce que je reviens ici à tous les deux jours pour déballer mon instant en l'encapsulant en mots? Vous qui me suivez depuis des semaines, des mois, des années, vous, vous avez peut-être des réponses à force de me lire.

Je crois que ce véhicule, il est pareil à une bonne paire d'yeux ou à un sourire sincère. Cet espace, il est pareil qu'une conversation impromptue sur un banc public avec un étranger. Mondes perméables. Cette bulle que j'occupe un peu plus au fil du temps, elle vit au-delà de moi. Elle allonge ses tentacules et vous rejoint. Parfois plus que d'autres. Ce blogue, il me surprend aussi. C'est mon début de réponse.

1.25.2009

obstacles franchis avec succès

Bon, récapitulons:

- Nous avons été chanceux dans notre malchance.

- Je vis avec le plus beau des réparateurs Maytag.

- Tout est bien qui finit bien.

Voilà en résumé ce à quoi notre journée d'hier a ressemblé. Maintenant, quelques détails pour mettre de la chair sur les os.

Tel que mentionné plus tôt cette semaine, notre samedi était totalement concentré sur les invités que nous devions recevoir pour souper. Mon amie-collègue Cht. avec son mari Bn. étaient attendus autour de 16 h 30 au paradis.

Alors après le réveil petit-déjeuner suivi du café de M., nous sommes sortis faire les courses. Premier arrêt: chez Tau; deuxième: la SAQ; troisième; le marché où il y a le poissonnier et la fruiterie où nous compléterions les achats. Alors entre cette succursale de la SAQ où M. pensait n'être jamais allé auparavant et le marché, il nous a fallu passer par une rue résidentielle. Une petite parenthèse ici pour dire que lorsque nous sortons ensemble à bord de Jasmine la Fit, c'est M. qui est derrière le volant. Moi, j'aime être passagère, même si je prends de plus en plus plaisir à conduire. Donc monsieur conduisait tranquillement, mais tout à coup, il dit: "La police me court après." Moi qui n'avais rien vu des derniers mètres parcourus parce que j'étais quelque part dans ma tête j'imagine, je me réveille et en effet j'aperçois dans le miroir sur mon côté une voiture tous gyrophares enflammés qui nous colle aux fesses.

Monsieur l'agent arrive et M. est nerveux. C'est une histoire de stop roulé. M. se défend faiblement d'avoir bien effectué l'arrêt. Mais bon, l'agent demande quand même les immatriculations du véhicule. Dans la pochette où nous les rangeons, il y a les papiers de plusieurs années d'accumulées. M. n'arrive pas à trouver le bon carré bleu. Monsieur l'agent l'aide. Il demande ensuite les papiers d'assurance. M. ne les a pas dans son porte-monnaie. Je fouille dans le mien, mais ceux que j'ai sont expirés depuis le 31 novembre 2008. Monsieur l'agent nous dit: "Si vous me dites que vous n'avez pas vos papiers d'assurance, je vous donnerai cette infraction - d'un montant de 30 $ - plutôt que celle pour l'arrêt non effectué - d'un montant de 150 $ plus trois points de démérite." Nous n'avons pas les papiers monsieur l'agent et merci beaucoup, beaucoup pour votre gentillesse. Il dit: "On fait ce genre d'arrangement pour les gens comme vous." Ah bon. Je pense que c'est plutôt parce que vous êtes un agent comme ça. Donc merci encore.

Chanceux dans notre malchance.

De retour au paradis, on farfouille pour mettre à jour la paperasse des assurances dans nos porte-monnaie et on prend le ménage par les cornes. Mais avant nous dînons et pendant la préparation du repas, la cuisinière décide de perdre le nord parce que de la vapeur d'eau évacuée par une marmite attendant de recevoir les pâtes s'est infiltrée dans le tableau de bord électronique. Foutument mal conçu cet appareil supposément top. Puisque c'est la troisième fois en deux ans qu'elle nous fait ça, je ne m'énerve pas trop et je continue à utiliser les ronds. Ensuite, j'enfourne les poivrons rouges qui serviront à rehausser le potage de ce soir. Et nous entamons les taches ménagères. Et nous nous douchons. Et arrive l'heure où je dois m'atteler pour de vrai à mon fourneau pour compléter l'entrée, le dessert ensuite et finalement le repas principal, mais oh Dieu du ciel, mes ronds ne fonctionnent pas. Kaput. Panique à bord du Titanic. Il est 15 h 45 et j'appelle Cht. pour annuler la soirée jusqu'à nouvel ordre. Elle, toujours la voix pleine de sourires lumineux, me dit qu'elle comprend, qu'ils feront d'autres plans et me souhaite que ça se règle pour nous.

Un foyer sans feu, moi, ça me fout les jetons. Vous auriez dû me voir me décomposer, me transformer en chose inerte à chaque tentative infructueuse pour remettre la bête en marche. M., doté d'une patience à toutes épreuves, défait d'abord les panneaux à l'arrière de l'appareil pour voir s'il n'y a pas quelque chose de brûlé dans le réseau électrique. Il appuie ensuite sur multitude de touches pour tenter de trouver un message d'erreur. Moi, je suis attablée devant le manuel d'utilisation de l'appareil et je n'en reviens tout simplement pas qu'il soit si mal conçu. J'apprends qu'on appelle l'espace de travail sur le dessus une table de cuisson, mais rien de plus instructif quand à la manière de la remettre en marche. Parce que le four, le ventre de la bête, fonctionne lui. Le problème est vraiment situé sur le dessus.

Le temps passe. M. va sur Internet pour trouver des solutions dans la communauté mondiale pendant que j'appelle le magasin où nous avons acheté l'appareil il y a deux ans. Désolé, puisque vous vous n'êtes pas prévalu de la garantie prolongée, vous devez faire affaire avec le concepteur de votre appareil maintenant. Voici le numéro, on s'en lave les mains et merci bonsoir. M. persévère, mais je broie de plus en plus du noir. Cette journée va nous coûter chère.

Mais mon homme, qui a appelé sa soeur pour lui demander si nous pouvions venir cuisiner chez elle, se repositionne devant la bête pour une dernière tentative. Il appuie sur une nouvelle multitude de boutons et lit les instructions du guide des erreurs possibles qu'il a fait apparaître de je ne sais où et après plusieurs minutes de travail consciencieux, il réussit. Putain de merde, il en arrive à bout. Moi, je pleure de gros sanglots de soulagement. Le feu est revenu. Sans que ça nous coûte le chiard pas possible d'une maison sans four ni un traître sou pour cet appareil neuf de mes deux. Mon homme est un génie. Je pleure de joie aussi de l'avoir à mes côtés.

Je vis avec le plus beau réparateur Maytag.

M. me dit: "Rappelle-les." Cht. et Bn., après mon premier appel, avaient maintenant bel et bien de nouveaux plans. Mais Cht., la voix pleine de sourires, me dit qu'elle me rappelle tout de suite pour me dire s'ils viennent ou non. Le téléphone sonne à peine une minute plus tard et elle me dit: "Nous partons dans quinze minutes." Mon coeur bondit. L'épuisement de la dernière heure et quarante-cinq minutes s'évanouit. Je dois faire un gâteau aux marrons, préparer la crème aux bananes qui l'accompagnera, poursuivre l'élaboration de mon potage à la courge poivrée et aux poivrons rouges grillés, préparer le saumon au pesto rosso en papillotes, apprêter les bok choy et le riz rouge, et griller les noix de pin. L'adrénaline est dans le plancher. M. monte la table, va pelleter l'entrée et me donne un coup de mains dans la cuisine. Ils arrivent. Nos invités franchissent la porte du paradis. Je les remercie à plusieurs reprises. Eux aussi sont contents d'être là. La soirée que nous partageons est chaleureuse, détendue, en mot, mémorable.

Tout est bien qui finit bien.

1.24.2009

co-naître

Ces questions: Qu'est-ce qui se passe de bon pour toi? Comment vas-tu? Ces courtes phrases pour introduire la conversation, pour engager l'échange, ces courtes phrases, elles ne m'inspirent pas autre chose qu'un "ça va". Alors je détourne l'attention vers ce que vit l'autre personne, mon interlocuteur. Et ça marche toujours. Ça fonctionne parce que les mots ne bloquent pas dans leur gorge comme ils le font pour moi. Je crois que si j'écris, c'est pour les débloquer et leur laisser se relever à leur rythme.

Pourtant, je ne suis pas de type introverti. En groupe, je prends ma place. Certains diront même que je la prends trop. Par exemple, certains de mes collègues rigolent avec le fait que j'ai toujours quelque chose à rajouter, une information glanée dans un article ou apprise par voie de documentaire. Malgré tout, je ne suis pas du genre à bouffer l'énergie collective. Je ne suis pas avide d'attention. Je prends ma place en demeurant branchée à ce que chacun apporte à l'échange et j'essaie de faire progresser la conversation vers du positif ou un angle nouveau.

D'ailleurs, je suis pourtant de type introverti. J'observe beaucoup. J'attends de percevoir ce qui se cache derrière les paroles, je tente de détecter les petits gestes véritablement révélateurs, les expressions du faciès qui ne trompent pas. Les mots que quelqu'un prononce sonnent faux lorsqu'ils cachent autre chose ou ils sont contredits par tout le non verbal de celui qui parle. Heureusement, la plupart du temps, les gens s'expriment avec une franchise naïve, cependant qu'ils ne soient pas toujours dans cet état d'observation qui permet de prendre le pouls véritable de la conversation, cet état que l'on appelle l'empathie.

L'empathie ne se limite pas à être à l'écoute de ce que l'autre dit - ce qui s'appelle plutôt de la sympathie et qui est déjà beaucoup en soit. L'empathie signifie aussi cette écoute par l'observation globale de ce que dégage l'individu, de son niveau de confort à prendre part à la conversation. L'empathique tente de se syntoniser à l'interlocuteur afin de percevoir son degré d'appréciation à être là, dans ce moment. L'empathique peut ainsi comprendre si quelqu'un camoufle de l'insécurité par des paroles pompeuses ou par trop savantes. Il peut aussi vivre le malaise de celui qui ne socialise pas souvent et qui a plutôt tendance à se satisfaire du silence. Il peut comprendre quand quelqu'un n'a pas une grande estime de lui-même et ainsi pallier à la situation en glissant ici et là des mots sincères qui peuvent devenir de véritables cadeaux. L'empathie est une science. Il faut des années et des années, des mises en situation et des mises en situation, avant de commencer à peut-être maîtriser cette habileté de l'âme. Parce que je considère que de se brancher à la source de ce qu'est l'autre pendant un échange, tout en demeurant présent soi-même, incarné dans le moment, ça relève de la spiritualité. C'est un affinement de la conscience, un don qui, par la grâce de Dieu, nous a tous été légué en tant que membres de l'espèce humaine. Il faut un coeur pour voir, des yeux pour ressentir, des oreilles pour percevoir, un esprit pour reconnaître, une parole pour accueillir. Et l'amour. Il faut l'amour pour son prochain.

1.22.2009

écraser pour se décrasser

Samedi prendra fin la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac. Si je profite de cet événement d'actualité pour nourrir les lignes qui suivent, c'est que je me compte parmi les chanceux à ne m'être jamais rendue accroc de cette affliction. La cigarette tue mais elle pollue aussi et elle pue. Elle transforme en toxicomane, elle enlaidit, elle fait circuler de l'argent qui transige dans les poches de ceux qui n'ont pas votre santé à coeur.

Je suis heureuse d'avoir été un peu influençable lors de ma sixième année au primaire. Ce jour-là, j'étais chez mon amie An. Elle était déjà une jeune fille entreprenante, audacieuse et originale. J'avoue qu'à cet âge-là, sa personnalité si déterminée comparée à la mienne faisait son effet sur moi. Alors quand elle m'a suggéré de tirer sur la cigarette qu'elle venait d'allumer dans la pièce qui servait de chambre d'amis dans l'appartement de la rue De Lorimier qu'elle habitait avec sa mère et l'amoureux de celle-ci, j'ai fermé les lèvres autour du filtre et j'ai aspiré. Instantanément, mon contact avec l'oxygène, ce lien auquel on ne pense jamais tant qu'il existe par nos fonctions primaires, s'est tari, asséché et pour cette grosse seconde-là, j'ai cru mourir. Puis, j'ai craché tout mon soûl. Prochaine chose que je savais, mon corps s'était précipité d'instinct à la source d'eau la plus près - lire ici l'évier de la salle de bain - et j'aspirais le liquide, sachant inconsciemment que presque la majorité de cette transparence est composée d'oxygène. J'ai gobé goulée après goulée pour me ramener à la vie. Cette bouffée de fumée-là, elle venait d'une More menthol. Des années et des années plus tard, j'ai su que la menthe a la propriété de dilater les alvéoles permettant ainsi une pénétration encore plus profonde de la fumée dans l'appareil respiratoire. Chanceuse dans mon expérience qui s'est avérée un véritable turn-off qui m'a marqué au fer rouge.

Mais en fait, peut-être pas tout à fait assez rouge le fer parce que lors de ma première année au cégep, quelqu'un m'a initié au cigarillo à saveur de rhum. À l'époque, on pouvait les trouver en tabagie et il n'y en avait pas une panoplie de saveurs comme aujourd'hui. De nos jours, les bonzes de l'industrie du tabac ont flairé la bonne affaire en faisant l'association "jeunes" et "cigarillos à saveurs adoucissantes", au grand dam des parents qui tentaient jusqu'alors de décourager leurs enfants en leur disant que fumer, ça ne goûte pas bon. Quoi qu'il en soit, quand j'ai essayé ces petits cigares, j'ai beaucoup, beaucoup aimé leur goût. Tant et tellement que je suis allée m'en acheter un paquet que j'ai tout fumé en buvant de la bière dans les heures de la soirée qui a suivi. Il y avait huit cigarillos dans le paquet et quand je me suis rendue au dernier, j'ai eu un de ses maux de coeur pas possible qui m'a fait me précipiter à une cuvette pour régurgiter tout mon soûl. Bonne chose parfois d'être de tempérament excessif. Et décidément pas due. Grand ouf de soulagement.

Je remercie donc mon système qui n'a jamais voulu accepter cette pollution. Grâce à mon corps sensible, je suis libre face à cette substance asservissante. Je souhaite à tous les fumeurs de s'offrir le cadeau de briser leurs fers et de revenir aux avantages d'un monde sans fumée. Vous verrez, l'exhaltation du high naturel que fourni une bonne respiration vaut l'enfer qu'il vous faudra traverser pour revenir à cette restauration de votre cordon ombilical avec l'atmosphère. Du courage.

1.20.2009

je me souviens

Ce jour-là, je me suis réveillée avec une image dans ma tête. Pendant la nuit, j'ai rêvé que j'allaitais un poupon tout doux parce que recouvert d'un pelage blanc comme ceux des peluches soyeuses.

Ce jour-là, j'étais installée sur la banquette de l'autobus au petit matin, en direction vers le boulot au onzième dans la métropole. Je lisais un passage de mon livre, celui où l'enfant soldat de la Sierra Leone, encore assailli par des migraines aiguës et des flashbacks terrifiants, entrait dans sa phase de réhabilitation psychologique.

Ce jour-là, j'ai demandé à ma patronne si nous aurions le droit de regarder le téléviseur de 11 h 50 à 12 h 10, le temps de suivre l'investiture du 44e président des États-Unis à faire son entrée sur la scène mondiale. La permission ayant été accordée vu le rythme lent du onzième, nous étions nombreux à retenir notre souffle à chaque phrase prononcée par cet homme charismatique à l'énergie zen au dire de ma mère.

Ce jour-là, maman n'allait pas très bien justement quand elle m'a téléphonée juste avant que le Téléjournal ne ressasse les événements historiques des dernière heures. Elle voulait que je tende l'oreille et je l'ai fait. Mais j'avoue que je lui ai demandé de pouvoir écouter un peu de la couverture médiatique. Elle a bien sûr accepté, s'excusant presque de m'importuner avec ses tracas. Mais je l'ai rappelée tout de suite les reportages achevés et même avant, laissant défiler les images sans son sur l'écran pendant la poursuite de notre conversation, comme elle d'ailleurs puisqu'à un moment elle m'a dit que Jack Layton avait pleuré pendant le discours de Barack Obama, ce que je venais de voir moi aussi. Nous étions syntonisées sur la même chaîne.

Ce jour-là, j'ai reçu en avant-midi une enveloppe d'Ir., la belle-maman de mon ami-collègue Nk. Dans cette enveloppe, il y avait une recette que j'avais demandée la veille à Nk. parce qu'il venait de me faire goûter à une bouchée de cette douceur et que je pensais que ce serait le dessert parfait pour le repas de samedi soir, moment où M. et moi recevrons Cht. et son mari au paradis pour célébrer l'anniversaire de cette amie-collègue. Non, je ne révèle pas la surprise. Cependant, je peux vous dire que la surprise fut mienne lorsqu'au haut de la page sur laquelle Ir. avait manuscrit la recette d'une calligraphie pleine de caractère, je lus sa requête voulant que je lui fasse parvenir deux recettes québécoises en échange. Eh bien. Je me creuse encore les méninges pour décider lesquelles je lui transmettrai. Amusant chère dame.

Ce jour-là, j'ai regardé les flocons tomber doucement dans la noirceur du petit matin. J'ai aussi appris que le chapiteau qui a été monté à côté du Centre Bell dans les deux dernières semaines servira à accueillir les fêtards du match des étoiles qui aura lieu ce week-end. J'ai partagé avec des collègues des noix achetées sur l'heure du dîner au marché Atwater. Des amandes au chocolat noir et amer et des pistaches en écales assaisonnées au sel de mer et aspergées de jus de citron. Ce jour-là, j'ai nommé mon amoureux de son plein prénom en m'adressant à lui, ce qui l'a surpris parce qu'habituellement nous ne nous nommons ainsi l'un et l'autre que lorsqu'il y a tempête dans l'air. En fait, son prénom dans ma bouche m'a aussi surprise que lui. C'est sûrement parce que je lui parlais en rapport avec une tâche ménagère. Ce jour-là, j'ai parlé de mon rêve de visiter l'Islande un jour avec un collègue qui part bientôt pour le Mexique. J'ai téléphoné ma grand-maman pour partager notre conversation hebdomadaire. Elle m'a dit qu'elle était allée à la messe qu'elle avait demandée pour souligner le onzième anniversaire du décès de mon grand-père. J'ai aussi parlé avec ma soeur G. qui m'a dit qu'elle avait un bon bébé, heureux, malgré ses premiers vaccins reçus aujourd'hui. J'ai terminé la dernière demi-heure du visionnement du film La graine et le mulet que j'avais entamé la veille au soir. Le malaise transmis par le dénouement m'était presque insupportable et il m'a fallu me retenir pour ne pas avancer la trame, chose qui ne m'effleure pour ainsi dire jamais l'esprit.

De ce jour-là, il me faudra me rappeler les larmes qui me sont montées aux yeux quand j'ai entendu les mots de cet homme qui suscite tant d'espoirs. L'énergie, l'émotion. L'évolution.

1.18.2009

s'amuser, c'est pas compliqué

Pendant que des muffins au chocolat et aux framboises cuisent dans le ventre brûlant du four et que la dernière brassée de lavage se fait brouetter de l'autre côté de la cloison de la pièce orange, un M. amorti regarde une émission culturelle et je m'assois pour pondre en mots mes impressions du court séjour en Estrie. Franchement réussi. À part pour la tempête colérique qui nous a brouillés M. et moi dans Jasmine la Fit un long et intense moment désagréable parce que nous n'arrivions pas à trouver le foutu Centre des services du Mont Orford où nous avions rendez-vous avec les autres partants pour une virée de raquette en nature et que le temps filait, cette escapade en dehors du paradis fût, eh bien, paradiasique.

Quand nous sommes enfin arrivés au point de rencontre, pas un collègue en vue. Nous avons pris place à une table pour engloutir nos sandwiches au milieu d'une foule d'adeptes de ski de fond habillés de la tête au pied de vêtements techniques moulants. Une véritable culture du spandex noir. Avec nos manteaux matelassés disons que nous détonions un tant soit peu. Mais vraiment, nous ne sommes pas du genre à nous faire du mouron pour ce genre de conformisme.

Finalement, un collègue est apparu. Lui aussi s'est mis à invectiver le manque d'indications routières pour justifier son retard. C'était Pt., quelqu'un avec qui nous avions enfiler les raquettes lors de la réunion de mars dernier. Il nous a expliqué que son amoureuse était restée à l'hôtel pour étudier. Puisque personne d'autre ne s'est présenté, nous sommes allés louer l'équipement et nous avons commencé notre randonnée à trois.

Croyez-le ou non, la laie sinueuse sur laquelle moi et Pt. avons bien failli laisser notre système cardio-vasculaire était baptisé "le sentier de la chouette". M., le meneur de notre trio, qui portait sa nouvelle tuque hibou qui fait ressortir l'or dans ses yeux, était donc une espèce de mascotte du plein air. D'ailleurs, plusieurs visages se sont fendus d'un grand sourire lorsqu'ils croisaient mon bel amour. Un peu de fantaisie, ça fait pétiller les coeurs à tous coups.

Après l'activité accomplie - parce qu'il faut ici parler d'accomplissement vu la pente ascendante qui n'en finissait plus de finir - nous avons mis le cap sur Bromont, plus précisément sur l'hôtel, la chambre, la douche, l'eau chaude qui nous attendait. La chambre qui nous a été attribuée avait un plafond cathédrale et un foyer, un grand lit aux draps doux et des produits de bain à base de protéines de soya. Une nuit quatre étoiles.

Juste avant le souper, nous sommes sortis pour trouver des collègues. Nous sommes tombés sur un couple avec lequel nous avons cliqué l'an dernier et ils nous ont invité à leur chambre pour un verre. Il n'y avait pas de foyer dans leur chambre, mais plutôt une mezzanine avec un divan en cuir. Choyés.

L'heure venue, nous sommes descendus dans la salle aménagée pour le partage du repas et ce qui allait se transformer en party plus tard. Après plusieurs bises et bonne année échangés, les convives se sont installés autour des tables rondes, selon des groupuscules nés des fonctions communes de certains collègues dans la PME. Nous étions donc dans l'équipe software. Le repas fut délicieux, composé de plats à base de produits locaux. La conversation fut également délicieuse, composée principalement de l'humour bon enfant de Nr., conjoint de Nc., femme à l'humeur douce.

Une fois le dessert chocolaté terminé, les lumières furent tamisées et Al., le fils du patron de la boîte, qui occupe aussi un poste dans l'entreprise, a branché deux laptops à un mixer et des baffles, et la musique a commencé pour ne s'arrêter qu'à 1 h 30 du matin. Bien sûr, il a fallu un certain temps pour dégourdir les participants, réchauffer l'ambiance, lâcher notre fou collectivement. Mais une fois partie, les danseurs se sont désinhibés et vraiment, ça été un bon moment. M. a même réussi à relever un espèce de défi personnel qui avait pour objectif de s'établir une solide réputation de danseur au sein de ses collègues. Sur un air plus techno, il a littéralement occupé le centre de la piste de danse pour y rebondir avec rythme sous le regard médusé de l'ensemble. Audacieux le mec.

Nous nous sommes réveillés tôt pour aller petit-déjeuner pareils à des rois dans une salle commune avec vue sur les pistes. Nc. et Nr. qui étaient là en même temps que nous, mais installés plus loin, se sont arrêtés à notre table pour nous saluer. Salut vous deux, à l'année prochaine. Et merci à tout le monde. Parce que le plaisir partagé est un plaisir décuplé.

1.16.2009

grand nord

Glacial, oui. Les trois jours qui viennent de passer ont confiné les pauvres humains que nous sommes à leurs intérieurs chauffés. Dieu merci pour l'électricité qui anime nos plinthes.

Demain, autre journée de froid extrême prévue par le bulletin météo. Température exceptionnelle, mais que fait-on lorsque l'on a des plans qui ne peuvent être déplacés? Demain, M. et moi, en compagnie de d'autres de ses collègues et de leurs conjoints, nous allons skier. Fond de skier. Comme l'an dernier, tous les employés de la PME où mon chéri s'échine à semaine longue, sont invités à faire une activité d'hiver en journée pour ensuite souper tous ensemble et crécher sous un même toit. Cette fois, l'hôtel où nous fermerons nos poings dans nos lits à la fin de la veillée festive est à Bromont.

À l'instant où j'écris ces lignes, les plans ont changé. M. rentre tout juste du boulot et il paraît que maintenant, nous allons faire de la raquette, comme l'an passé donc. La plupart s'est désistée pour cause du froid extrême annoncé. M. pense que certains vont même ne pas se présenter du tout pour faire de la raquette. Nous verrons bien.

D'ici là, nous devons faire les courses de la semaine pour arriver avec un frigo plein dimanche. Nougat le gros chat restera toute seule pour une nuit. Parions qu'elle ira trouver refuge sous la couette.

Si vous sortez ce week-end, soyez prudents. Vêtez-vous adéquatement et faites attention à ce que votre nez ne glace pas. Vous en aurez besoin quand le printemps ravivera toutes les effluves des matières. Bientôt.

1.14.2009

l'or dans tes yeux

Le froid. Transformant l'air d'aujourd'hui en une matière rigide plongeant jusqu'à mes poumons qui se vidaient ensuite en condensation glacée sur la laine de mon foulard molletonneux. Enfouie sous l'épaisseur de mon manteau doudoune, la fourrure de mon capuchon, les cavités moelleuses et chaudes de mes mitaines, la laine synthétique de mes bottes mocassin et de ma peau bleue, j'ai profité du beau soleil de l'heure du midi pour aller marcher. Une heure plus tard, je n'en pouvais plus de la chaleur qui me faisait suer sous ma pelure isolante intégrale.

Pendant la marche, j'ai constaté assez rapidement que peu nombreux étaient les piétons qui avaient eu le courage de braver ce coup de froid. Les gens que je croisais étaient vêtus convenablement, avec à peu près juste les yeux de dévoilés. Au fond, par des jours pareils, tous les Québécois portent la burka.

À un moment, sur une rue de belles maisons gigantesques, juste après celle d'entre elles où le terrassement est toujours époustouflant pendant les jours chauds et dont j'ai remarqué dernièrement des ma-petite-pouliche aux crinières multicolores plantées dans le manteau blanc à côté des protège-rosier, j'ai vu une femme se dirigeant vers moi, de la direction opposée. En la regardant une milliseconde de plus, mon oeil a accroché sur sa tuque originale. Par-dessus ses cheveux argentés, il y avait un visage de singe. Rigolote cette coiffe d'hiver, avec ses petites oreilles, son air de bas de laine, son sourire de grandes dents définissant la courbe du front.

Le but de ma mission de ce midi était de me rendre à une boutique précise pour voir s'il y avait une paire de chaussures que j'aime parce que je les possède déjà depuis le printemps dernier et dont j'aurais voulu avoir une autre copie pour pouvoir continuer à étirer le plaisir de les porter. Une fois rendue là, j'ai bien réalisé que je devrais poursuivre mes recherches. Mais juste en rentrant, j'ai remarqué les tuques accrochées sur un pan du mur et j'ai cherché un exemplaire complètement noir avec des cache-oreilles. Malheureusement, les seules intéressantes étaient bardées du logo de la marque et comme je n'aime pas l'idée d'être une pub ambulante, j'ai laissé tomber. C'est M. qui m'avait dit au début de la saison froide qu'il aimerait avoir une tuque noire avec cache-oreilles. Alors depuis, mon oeil reste ouvert pour combler mon chéri. Parce que je suis comme ça.

De retour sur la rue bordée de boutiques, j'ai repris ma marche, mais à peine trois vitrines plus loin, mon oeil tomba sur une panoplie de tuques "animales". Le singe de la femme aux cheveux argent étaient là, avec un chat rouge et une souris mauve je pense. J'ai jeté mon dévolu sur un hibou couleur or pour mon amoureux. En revenant vers le onzième avec le cadeau dans mon sac, je me suis dit qu'au pire, s'il ne l'aimait pas, elle deviendrait mienne.

En vidant mon sac de retour à la maison, j'ai installé la tuque sur la rampe dans l'entrée. M. est arrivé quelques minutes seulement après, et comme ça, il a pris la tuque et l'a enfilée en comprenant tout de suite qu'elle était pour lui. Depuis, il la porte encore, deux heures plus tard. Chouette.

1.12.2009

miss jolie



Un petit mot sur Nougat le gros chat. Parce qu'elle va beaucoup mieux notre boule de poils adorée et qu'il y avait un moment maintenant que je ne vous avais donné des nouvelles sur son état de santé.

À tous les soirs donc vers 19 h, madame demande sa dose de 7 mg de prednisone à son papa, qui réussit à lui projeter dans la gueule avec une facilité déconcertante, outillé tout de même d'un lance pilule. Il faut dire que le lien qui unit ces deux-là est terriblement fort. Elle lui fait confiance et il la dorlote tout plein. L'important c'est que la médication a complètement fait cesser ses vomissements et que ses démangeaisons, bien que plus dérangeantes que lorsque nous lui administrions de la dexaméthasone, semblent sous contrôle.

Bien sûr qu'elle vieillit notre chérie et que nous devrons un jour accepter de nous en séparer, mais pour l'instant, le bon Dieu nous a tous accordé une extension d'amour partagé. Joie.


1.10.2009

multiplication du lien

Il y avait deux galettes des rois sur la table. Une provenant de chez Pain Doré et l'autre apportée par Pl. et Sd., deux Italiens, qui étaient allés la cueillir dans une pâtisserie italienne justement. Dans notre assiette, nous avons donc chacun eu deux parts pour goûter et comparer, prétexte tout indiqué pour se bourrer le bedon un peu plus. Le décret est tombé assez facilement: la version italienne, bien que dérogeant de la traditionnelle mixture à base de pâte d'amandes parce que contenant une fine couche de confitures aux griottes, s'est avérée plus soyeuse en bouche, davantage fondante. Aussi, chère soeur B. dite Reine de la galette de Hong Kong, sache j'ai hérité d'une part contenant une figurine, mais le bébé de Pl. a chigné et je lui ai tendu mon assiette. À son tour, son fils a chouiné - tel père tel fils donc - et Pl. lui a refilé l'assiette contenant l'objet miniature permettant la désignation du porteur de couronne.

Juste avant que nous nous installions tous autour de la table pour partager ce délicieux moment, j'ai parlé des heureux hasards dont je vous ai fait la mention précédemment: message blog - invitation - ma soeur B. qui a aussi vécu le rituel. J'en suis venue à un autre aspect de la tradition qui veut qu'un enfant s'installe sous la table pour désigner à qui ira la part coupée. Dans ma lecture, j'ai appris que cette façon de faire remontait à l'époque du Moyen-Âge. L'innocence de l'enfant assurait un véritable dénouement aléatoire menant au couronnement. Md., l'hôtesse Française de la rencontre d'hier, s'est exclamée que dans sa culture, cet aspect du rituel est encore pratiqué et donc, Yh., son fils d'un peu plus de deux ans, s'est retrouvé à toucher les genoux - et à les croquer quand l'envie lui prenait - des convives pour déterminer le tour de service.

Après le repas, GM et moi, nous nous sommes dirigées à un petit restaurant turque dans Verdun. GM étant la fesse gauche de ma soeur B., elle est pour ainsi dire une amie de toute la famille et puisque avant-hier j'ai flashé sur le fait que son anniversaire arrive à grands pas, je l'ai spontanément invitée à souper après le partage de la galette. Nous nous sommes donc retrouvées attablées dans un coin du bistro à la turque à l'ambiance enveloppante pour déguster une assiette de mezzés et poursuivre avec une assiette de raviolis maison fourrés de fromage salé servis dans une sauce crémeuse à base de noix de Grenoble. Un ravissement de raffinement culinaire. En nous régalant, nous avons partagé une conversation constructive à propos de son voyage récent à Hong Kong auprès de B. et de toute la petite famille là-bas, de ses deux filles qui ont mon âge, de nos aspirations personnelles. Cette femme n'est pas née de la dernière pluie comme elle dit et sa compagnie est toujours un moment à chérir.

Le plus drôle, c'est que plus tôt dans la journée, bien avant que nous ne déterminions le lieu du souper, je me suis portée volontaire pour faire la tournée des employés du onzième pour ramasser les contributions obligatoires de 2 $ pour les porteurs de jeans du vendredi. Une employée m'a tendu une pièce de la grosseur d'un 5 ¢ pour me faire une blague. Lc. ne se souvenait plus de quel pays provenait la pièce et en inspectant la face découverte dans le creux de ma paume, j'ai opté pour la Turquie puisqu'il y avait un croissant de lune aux pointes menant à une étoile. De fait, en tournant la piécette, le mot Turkey a confirmé ma supposition et voilà, le soir même, je me suis retrouvée à découvrir des spécialités de la gastronomie de ce pays. How weird is that?

Petit chapelet d'événements qui s'égrainent mystérieusement sous mes yeux,
continue à me fasciner par ta magie simple qui me fait sourire paisiblement.
Ton langage de signes me conforte dans l'immensité et me lie à l'instant.
Tu me transformes en vigile du plus précieux trésor.
Jette ton ancre dans toutes les consciences.
Émerveille le plus grand nombre.
Ensemble, nous consoliderons la synergie qui mène à la science du Coeur, du Corps et de l'Esprit.
Amen.

1.08.2009

sous la dent

Mon cerveau est en bouillie. Une bouillie pour chat toute molle. Raison: j'ai lu toute la journée, plongée en véritable folledingue dans le second tome d'une trilogie bien ficelée. Autre raison permettant des heures de lecture d'affilées: le rythme lent au onzième.

Alors j'en profite pour dévorer les pages de cette brique de papier qui pèse une tonne dans mon sac fourre-tout. Mais Dieu quel plaisir de faire connaissance avec les personnages sortis tout droit de l'esprit de Stieg Larsson, auteur et journaliste Suédois, décédé subitement juste après avoir remis les trois pavés formant les aventures de Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist. La série Millenium occupe donc mes moindres temps libres.

Mon appétit pour ces pages qui attendent d'être parcourues et découvertes me fait penser à une de mes premières boulimies littéraires. Je devais être en troisième secondaire et je me revois dévorer Le Fléau de Stephen King et puis son terrifiant, Ça. Totalement absorbée, l'esprit complètement siphonné par le désir de poursuivre et d'aller au bout de l'intrigue. Certains bouquins ont ce pouvoir sur moi de ne pas me laisser me reposer d'eux.

Sur un tout autre sujet, demain, à l'heure de l'apéro, je suis invitée par un ami-collègue à me rendre chez lui pour être du nombre des convives qui partageront une galette des rois. Pas possible comme le timing est encore trop parfait pour le laisser filer incognito. Donc le soir de l'Épiphanie, je vous écris à propos de cette tradition et le lendemain, je reçois le coup de fil qui me convie. Il y a des années et des années que je n'ai participé à ce plaisant rituel et voilà, il suffisait que je vous en parle pour qu'il revienne me charmer.

Autre point amusant par rapport au timing pas possible de ce dernier message blog, ma soeur B. qui habite Hong Kong et qui compte de nombreuses amies Françaises a elle aussi été invitée à partager une galette des rois juste après avoir lu mon message depuis l'autre bout de la planète. Elle a été celle qui fût décrétée reine pour avoir trouvé la fève dans sa part de gâteau. Elle est celle qui a porté la couronne. Dernier lien: la femme de cet ami-collègue qui m'a invitée est Française et B. s'est faite dire par plusieurs de ses amies que pour nombre d'entre eux, membres du peuple Français, la tradition de la galette dure pour tout le mois de janvier.

Le temps des fêtes se poursuit donc. Réjouissons-nous. Et pourquoi pas pour toute l'année un coup parti.

1.06.2009

héritage

Jour de l'Épiphanie. Aussi dit jour de la Théophanie. Jour des Rois parce que les mages qui ont accompli un long périple guidés par une étoile éclatante arrivent enfin à l'enfant Jésus. Ils offrent à cet être spécial de l'or, pour son rôle de majesté, de l'encens, pour rappeler qu'il est de Dieu, et de la myrrhe, utilisée alors pour embaumer les morts et qu'elle évoque la matérialité et la temporalité de cet enfant céleste incarné. Jour aussi de la galette contenant une fève séchée.

Petites, maman nous faisait parfois le cadeau de cette tradition. Du moins, je me souviens de quelques fois où chacun de nous s'est attablé devant une part de gâteau divisé en morceaux égaux les uns aux autres. Celui ou celle qui trouvait la fève ou la figurine dans sa part était couronné roi. Je me souviens d'une couronne en papier doré.

Anciennement, c'est le 6 janvier qui concluait officiellement le temps des fêtes. Avant cela, avant que le 25 décembre ne devienne ce jour de la Nativité qui le supplanta en importance, c'était le jour unique de célébration. Épiphanie pour manifestation ou théophanie pour manifestation de Dieu. Aujourd'hui, peu nombreux sont ceux qui se souviennent encore de la signification de cette date au calendrier.

Qu'est-ce qu'une date au calendrier? Un chiffre dans une grille, un nombre auquel sont rattachés des souvenirs collectifs ou personnels, historiques ou anecdotiques. M. et moi, nous nous sommes procurés notre calendrier pour l'année hier soir. Pour la deuxième fois, nous l'avons dégoté à la place la plus improbable pour faire un tel achat: au Maxi, là où nous allons uniquement pour faire le plein de papier de toilette, d'essuie-tout et de kleenex. L'année dernière, nous étions tombés sur un présentoir rempli de calendriers étiquetés à 50 % de rabais et nous étions reparti avec douze mois d'art inuit à accrocher. La tradition de posséder un calendrier et de l'afficher pour l'avoir sous les yeux à la première occasion, qui s'est instaurée il y a quatre ans lorsque mon amie Jl. m'avait offert un calendrier bourré de quelques oeuvres de Mucha, un dessinateur art déco sur lequel j'avais flashé au début de ma vingtaine, s'est donc poursuivie lorsque M. a choisi pour ces mois à venir un objet pictural signé John Lennon. Sous le chiffre 6 du mois de January, il y a d'écrit "Epiphany". En anglais, théophanie s'écrirait theophany et le prénom Tiffany serait apparamment dérivé de lui. Saviez-vous que le nom Tiphaine existe pour prénommer une femme dans la langue française? Moi, je l'ai appris il y a quelques instants à peine.

Maintenant, nous pourrons écrire les dates importantes de notre année. Inscrire aussi nos rendez-vous: médecin, dentiste, coiffeur, conseiller financier, ostéopathe. Qui sait ce qui sera inscrit sur ce calendrier lorsque l'année prochaine, à date similaire, je le fermerai pour le ranger dans mon sac de cuir qui en contient à l'heure qu'il est trois autres d'années passées?

1.04.2009

mon homme à moi

Maman et son amoureux, Jc., viennent nous visiter aujourd'hui. Alors hier, M. a voulu fignoler quelque chose et nous avons travaillé à la concrétisation de son idée pendant des heures. Je dois avouer que mon homme m'impressionne de plus en plus autour du paradis. Oui monsieur est manuel. Ingénieux aussi.

D'ailleurs, je lui ai dit hier matin quand il m'a montré un plan sommaire de ce à quoi il avait rêvé pendant la nuit comme mécanisme pour fixer les haut-parleurs du cinéma-maison sur les murs, en plus d'avoir l'option de les faire pivoter. Un vrai patenteux. Je lui ai dit qu'il me faisait penser à mon père qui est dans les cieux. De son vivant, il aimait assembler des inventions qui avaient ainsi germé dans sa tête. Papa et M. auraient eu ça en commun.

Chez Rona, M. et moi avons cherché les équerres, les vis, les boulons, les papillons nécessaires au montage. Une fois la caisse passée, nous avons réalisé que si cette idée fonctionnait, nous économiserions un peu plus de deux cents dollars par rapport à un système de supports vendu dans une grande surface que M. avait d'abord acheté, mais que nous avons rapporté parce que trop mal conçu.

Pendant trois heures, M. a calculé les mesures, percé les murs avec des mèches pour installer des vis fortifiées, manipulé panoplie d'outils. Moi, j'étais principalement là pour m'assurer que le tout soit à niveau. Mais l'important, c'est qu'il n'y ait eu qu'un seul moment de tension vers la toute fin, quand après plusieurs petits pépins, une vis a brisé dans le mur. Il était rendu 21 h 15 et nous étions fatigués. Mais M. a désamorcé le tout avec sa sagesse humoristique innée. Quand tout fut terminé et que l'ensemble s'avéra très bien accompli, nous sommes allés nous brosser les dents, satisfaits.

Dans la salle de bain, M. a dit quelque chose à l'égard du fait que ça avait été agréable de réaliser ce projet et qu'il aimait bien habiter une maison pour accomplir de genre de tâche, surtout maintenant qu'il sentait que je lui faisais davantage confiance. Ensuite, il a enchaîné en concluant que c'est surtout que j'ai besoin de comprendre et qu'il l'a saisi. Alors, maintenant il m'explique un peu plus et répond à mes questionnements lorsqu'ils surviennent. Moi, je ne peux que me réjouir d'avoir un homme tel que lui entre les mains. Un homme qui sait comment me prendre.

1.01.2009

vlan!

Irons, irons pas. Ça été comme ça toute la journée d'hier. M., qui était fatigué et qui ne voulait pas sortir dans le froid glacial de la nuit noire, disait que non. Moi, désireuse de me défoncer à fond la caisse sur un plancher de danse pour commencer la nouvelle année, je disais oui. Alors à sept heures du soir, M. s'est dirigé vers le lit pour dormir jusqu'à 21 h 30 selon notre alarme et je l'ai suivi. Je n'y croyais pas encore. J'en étais même venue à lui dire que ça allait, je comprenais, on pourrait se reprendre un autre tantôt, lors d'un futur événement techno. Debout deux heures et demie plus tard, nous ressemblions à des fantômes en pyjamas. Écrasés tout emmitouflés devant le téléviseur pour écouter la revue de l'année selon Infoman, je n'y croyais vraiment plus. Mais quand le Bye Bye très ordinaire à mon goût a débuté, M. s'est levé et il a dit: "C'est bon, on y va." Wow, il était environ 23 h 40.

Nous nous sommes vêtus rapidement, comme si chacun de nous avait déjà planifié son accoutrement plus tôt dans la journée. M. a enfilé une paire de jeans bleu délavé de style relax et son hoodie rayé rouge et noir. J'ai sauté dans une paire de pantalons hyper confortables Lululemon, passé une camisole genre tube long avec bretelles et zippé par-dessus une veste bleu royal aux détails rose fluo. Dans mes pieds, j'ai décidé de briser la nouvelle paire de chaussures au look totalement old school trouvées hier en après-midi pour une bouchée de pain. Quand la vendeuse a constaté mon choix, elle m'a dit que c'était un excellent pour faire des sports du genre badminton. Moi, c'était pour porter à mes pieds ce printemps et, oh surprise, pour aller danser.

Danser. Cette drogue physique qui me chicote une fois aux quelques mois qui tombent dans le néant. Bouger tout mon corps, le secouer en suivant cette musique complexe qui le guide dans le mouvement. Sentir les vagues naître de mon ventre et s'étendre à mes bras, à mes jambes, à ma tête, à mes pieds. Fermer les yeux aux sons gonflés à bloc, mais harmonieux de la ligne directrice et des sonorités subtiles qui s'accrochent à elle. Ne pas savoir où la musique va. La suivre comme l'on suit l'odeur du pain chaud pour trouver la mie fondante. Ronronner de plaisir quand tout s'aligne: la musique, le mouvement, mon corps dans l'énergie. Alors, nous allions danser pour commencer l'année.

C'est dans Jasmine la Fit, en direction du pont Jacques-Cartier, que nous nous sommes souhaités des voeux de nouvel an très courts et très sobres. Aucune ombre de tristesse, juré. Juste une politesse conventionnelle échangée entre amoureux.

L'endroit de la fête avait été révélé le jour d'avant seulement, soit le 31 en soirée. Grâce à Google map, nous savions exactement où nous devions conduire notre bagnole bien-aimée. Le quartier où nous nous dirigions n'était en fait qu'au sud de notre ancien patelin. À deux pas du parc Père-Marquette, juste devant une route menant je ne sais où portée sur d'immenses piliers de béton que j'aurais donc dû aimé croquer dans mon appareil photo, surtout dans cet éclairage étrange créer par les projecteurs de la ville, nous avons tiré une porte difficile à ouvrir pour nous engouffrer dans le lieu désigné par les organisateurs de la soirée.

À l'intérieur, à l'entrée, nous avons contribué chacun d'un billet vert, tarif peu coûteux considérant que c'était une soirée du nouvel an, et le garçon recueillant les fonds nous a souhaité une bonne année en marquant notre main droite d'un trait doré. Ça y est, nous étions là.

L'endroit était typique des raves organisés du temps où ces événements étaient undergrounds et borderline sur le plan légal. À l'époque, lorsque j'étais cégepienne, j'avais compris que les lieux d'une soirée techno n'étaient révélés que 24 h à l'avance parce qu'ainsi les policiers n'avaient pas assez de temps d'émettre un mandat nécessaire pour pénétrer dans l'enceinte temporaire investie par les fêtards. Depuis de nombreuses années maintenant, les raves sont devenus des événements très lucratifs et mainstream prenant lieu dans des méga-salles, du genre le Palais des Congrès ou le Stade Olympique. Peu nombreux sont les événements comme ceux d'hier soir, encore frileux par rapport à la loi parce que les organisateurs ne se sont pas procuré de permis d'alcool pour vendre leur bière à prix d'amis, en plus de prolonger la fête jusqu'à 10 h du matin.

Mais peu importe tout ça, la soirée valait le détour. Dans cette shop désaffectée aux planchers de béton et aux plafonds surélevés, des tours de son étaient dressées et des tables étaient montées pour l'attirail technologique des DJ et des VJ de l'alignement préétabli. Il y avait des fresques réalisées par des graffiteurs pour habiller le squelette brut de la bâtisse et la faune était composée de jeunes gens au style assez difficile à décrire: pantalons parachutes noirs, coiffures dreads, manteaux sur-dimensionnés ou chandails ajustés mais pas trop noirs aussi, foulards tendance emo autour du cou, leg warmers courts aux chevilles, tuques péruviennes sur la tête. Un étrange look hétéroclite dont j'ignore s'il a un mot pour le désigner. Quoi qu'il en soit, eux, entre eux je veux dire, ils doivent sûrement en utiliser un pour se définir. En revenant, M. m'a donné sa théorie sur leurs vêtements. Il pense qu'ils se les fabriquent. Oui, sûrement.

Alors, pour en venir à l'essentiel, sachez que lorsque j'arrive à ce genre d'opportunité pour danser, je dépose mon sac ou mon manteau et je danse. Aussi simplement que ça. Je danse. Beaucoup, beaucoup, je bouge, j'ondule, je me ferme les yeux, je m'éclate, j'évacue l'énergie et je la gobe, je fais circuler l'électricité qu'il y a dans l'air. Pendant trois heures, sans arrêt véritable, nous avons donc dansé. Là, au milieu de jeunes appartenant à une sous-culture sous le radar, j'étais pleine d'une intemporalité délicieuse. Redevenue organique. Discourant avec les esprits sur un autre niveau le temps d'une transe. Le temps de décrocher de la ligne du temps.