orphelins de l'Éden

1.24.2009

co-naître

Ces questions: Qu'est-ce qui se passe de bon pour toi? Comment vas-tu? Ces courtes phrases pour introduire la conversation, pour engager l'échange, ces courtes phrases, elles ne m'inspirent pas autre chose qu'un "ça va". Alors je détourne l'attention vers ce que vit l'autre personne, mon interlocuteur. Et ça marche toujours. Ça fonctionne parce que les mots ne bloquent pas dans leur gorge comme ils le font pour moi. Je crois que si j'écris, c'est pour les débloquer et leur laisser se relever à leur rythme.

Pourtant, je ne suis pas de type introverti. En groupe, je prends ma place. Certains diront même que je la prends trop. Par exemple, certains de mes collègues rigolent avec le fait que j'ai toujours quelque chose à rajouter, une information glanée dans un article ou apprise par voie de documentaire. Malgré tout, je ne suis pas du genre à bouffer l'énergie collective. Je ne suis pas avide d'attention. Je prends ma place en demeurant branchée à ce que chacun apporte à l'échange et j'essaie de faire progresser la conversation vers du positif ou un angle nouveau.

D'ailleurs, je suis pourtant de type introverti. J'observe beaucoup. J'attends de percevoir ce qui se cache derrière les paroles, je tente de détecter les petits gestes véritablement révélateurs, les expressions du faciès qui ne trompent pas. Les mots que quelqu'un prononce sonnent faux lorsqu'ils cachent autre chose ou ils sont contredits par tout le non verbal de celui qui parle. Heureusement, la plupart du temps, les gens s'expriment avec une franchise naïve, cependant qu'ils ne soient pas toujours dans cet état d'observation qui permet de prendre le pouls véritable de la conversation, cet état que l'on appelle l'empathie.

L'empathie ne se limite pas à être à l'écoute de ce que l'autre dit - ce qui s'appelle plutôt de la sympathie et qui est déjà beaucoup en soit. L'empathie signifie aussi cette écoute par l'observation globale de ce que dégage l'individu, de son niveau de confort à prendre part à la conversation. L'empathique tente de se syntoniser à l'interlocuteur afin de percevoir son degré d'appréciation à être là, dans ce moment. L'empathique peut ainsi comprendre si quelqu'un camoufle de l'insécurité par des paroles pompeuses ou par trop savantes. Il peut aussi vivre le malaise de celui qui ne socialise pas souvent et qui a plutôt tendance à se satisfaire du silence. Il peut comprendre quand quelqu'un n'a pas une grande estime de lui-même et ainsi pallier à la situation en glissant ici et là des mots sincères qui peuvent devenir de véritables cadeaux. L'empathie est une science. Il faut des années et des années, des mises en situation et des mises en situation, avant de commencer à peut-être maîtriser cette habileté de l'âme. Parce que je considère que de se brancher à la source de ce qu'est l'autre pendant un échange, tout en demeurant présent soi-même, incarné dans le moment, ça relève de la spiritualité. C'est un affinement de la conscience, un don qui, par la grâce de Dieu, nous a tous été légué en tant que membres de l'espèce humaine. Il faut un coeur pour voir, des yeux pour ressentir, des oreilles pour percevoir, un esprit pour reconnaître, une parole pour accueillir. Et l'amour. Il faut l'amour pour son prochain.

1 Comments:

At 12:43 a.m., Anonymous Anonyme said...

Très beau message, "right on the dot."
Ressentir le niveau de confort/inconfort de l'autre à prendre part à la conversation, glisser des mots en guise de cadeau... et d'un autre côté, en tant qu'interlocuteur, on est souvent si préoccupés de paraître le plus neutre possible, donc tentant de camoufler nos vraies réactions. Tout ça rend les conversations un défi à tenter de décortiquer.

 

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